par la fenetre

c'est la petite heure du réveil
petits yeux, petits cœurs
on n'est pas frais
c'est le moteur du premier bus
au petit matin
celui qui ronronne et qui chauffe la machine
mais le jour se refuse encore
et les bruits étouffent
entre le froid et dans la neige
les volets clos des immeubles
se défendent du gel des nuits d'hivers
et nos cauchemars sont lourds, son pleins
comme une mauvaise bête
aux traitreuses saillies

aujourd'hui
c'est une pie joue les équilibristes
devant ma fenêtre ouverte
entres les branches d'un bouleau
un brin d'arbre dans le bec
elle essaye des coins et des coins
sautille et s'énerve
d'un seul coup
le printemps est pressé
et la femelle est à son affaire

oui le printemps déboule
et débouche les oreilles de la ville
le poupon sur sa balançoire
l'enfant à la trottinette
les ados sur le terrain de basket
et le chat qui observe
à l'affut
la vie est un stand de tire
ou se lancent déjà les premiers ballons
c'est une course vers le ciel
qui fait boum
la violette
la jonquille
les pensées dressent leurs têtes
vers les premières abeilles.
l'air est léger
transporte les premières odeurs
d'une terre qui se réchauffe à toute allure
et tu es dans la course
puisque tu es vivant
le sang
monte aux joues
le sang
bat les tempes
comme une marée interne
sauf qu'ici
notre lune est le soleil

tout bouge
tout est plus neuf: des couleurs des rues aux robes des filles
tout remue et tout tangue
au creux de ton ventre

oui le printemps croque la vie
et je ne crois pas aux résignations
les cheveux blancs se teignent
les cheveux blancs s'arrachent
les voila volant dans le ciel
la pie passe et attrape

dans un arbre
se mêlent au nid
mousse et herbes vertes
brindilles et fils
cheveux roux, cheveux blancs
cheveux gris, cheveux blonds
qu'importe la couleur
puisqu'ils se balancent
doucement dans le vent
du printemps

Je commente rarement la poésie, mais ce petit texte m'a vraiment plu. J'aime bien la sincérité, le fait que tu ne mettes pas de ponctuation, et que tu mettes parfois des rimes, et parfois non, simplement à l'instinct.

La "musique" des mots m'a assez vite emporté, et j'ai trouvé intéressante l'image de la vieillesse et du stress balayé par le printemps (et la pie qui le représente).

Voila, je ne sais pas si c'était utile comme commentaire. ^^

quand j'ecris c'est comme une musique que j'ai en tête (j'espere ne pas faire trop pretentieuse,mais c'est vrai)
je compare souvent mon micro a un piano
du reste j'ecris toujours en musique, une musique soigneusement selectionnée
le probleme est l'atterissage,lorsque je peinds ou j'ecris je suis tres à l'ouest et une bonne partie de mes problemes psy vient de là
être à l'ouest est a la fois une aide,a la fois un handicap dans la vie courante
pour finir,
le stress oui, je vais vais sur mes 49 ans et c'est exactement le vertige du temps qui passe et le refus de perdre sa jeunesse (le vertige..je passe mon temps a ecouter des musiques de bashung)
bien a toi harkey

Coucou,

Comme hardkey j'ai adoré ce poème, sa découpe, son rythme. Il est plein d'images et de couleurs, on comprends trés bien ce que tu énnonces.

Citation :

l'air est léger
transporte les premières odeurs
d'une terre qui se réchauffe à toute allure
et tu es dans la course
puisque tu es vivant
le sang
monte aux joues
le sang
bat les tempes
comme une marée interne
sauf qu'ici
notre lune est le soleil

par exemple ce passage est puissant avec la manière dont tu l'a découpé. J'ai tendance à mettre des virgule à tout bout de champs personnellement, et pour une fois je dois bien avouer que là ça ne m'embête pas. ^^

Et j'adore la dernière moitié, en partant du passage que je cite