Atelier d'écriture
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Atelier d'écriture

Communauté d'écrivains en herbe
 
AccueilRechercherS'enregistrerDernières imagesConnexion
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Le présent de Noël

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous



Le présent de Noël  Empty
MessageSujet: Le présent de Noël    Le présent de Noël  Icon_minitimeVen 16 Déc 2011 - 18:12

Une douce chaleur émanait du feu où une belle flambée crépitait, et pourtant, le vieil homme avait froid.
Il sentait la fin proche et son esprit ne pouvait trouver le repos. Il avait été prêt, si prêt du but à atteindre…

Une larme roula le long de sa joue fripée et la jeune garde malade s’empressa de l’essuyer avec un sourire compatissant.
Même la présence silencieuse de la douce enfant blonde, qui le veillait depuis plus d’une année à raison de quelques heures par semaine, ne parvenait plus à apaiser sa douleur. Dans quelques minutes, la fin du siècle s’achèverait et tous ses efforts auraient été vains.

Le carillon de l’horloge entama le premier des douze coups de minuit et la jeune fille se leva pour aller chercher le cadeau qu’elle avait soigneusement choisi pour le vieil homme.

Caressant du regard les objets qui couvraient les meubles, les étagères et le sol, créant un désordre impressionnant, elle s’étonna encore une fois de la patience qu’il avait dû falloir au professeur pour réunir tous ces vestiges du passé : ces boîtes, bibelots, breloques, livres et parchemins.

Elle saisit l’imposant paquet vert entouré du ruban rouge et l’apporta avec un sourire chaleureux.
Lorsqu’elle se rassit, le douzième coup de minuit tinta, arrachant un râle au vieillard. Elle déposa sur la table basse, qu’elle avait débarrassé, son présent.

« J’espère que cela vous fera plaisir car il s’agit d’une pièce rare. D’une pièce unique en fait. »

Il ne put répondre. Il n’en avait plus la force. La belle enfant ouvrit le paquet à sa place sachant qu’il était désormais incapable du moindre mouvement.
Lorsqu’elle eut arraché le papier, car elle était fort impatiente de voir la réaction du vieil homme, elle ouvrit la boîte de carton et sortit une longue amphore de presque un mètre.

Un frisson parcourut le vieil homme qui sentit soudain le souffle lui manquer.

La surface de glaise était parcourue de milliers de minuscules cristaux orange irisés. Ils semblaient palpiter en reflétant la lumière des flammes qui brûlaient dans la cheminée et celles des bougies réparties dans la pièce.
Le sourire de la jeune femme s’agrandit.
A l’une des anses était attaché le reste d’un vieux couvercle, mélange de cuir et de terre, couvert de symboles, signes et dessins fort étranges.

« Il en manque un morceau » s’excusa la garde malade, l’air contrit, mais déjà, le vieil homme n’écoutait plus. Ses yeux devenus vitreux, fixés sur le morceau de parchemin qui sortait du récipient, revoyaient bien des extraits de sa vie. Images violentes et douloureuses pour la plupart.
La transmission de ce vieux manuscrit, découvert par son grand-père, qui le lui avait confié sur son lit de mort, alors qu’il n’avait pas fêté ses quinze ans. Héritage familial dont son père n’avait pu en avoir la garde car interné dans un asile.
Le début de la quête.
L’étude de cette langue ancienne qui n’était nulle part enseignée ou plutôt son déchiffrage.
Le secret de son père, qui médium, n’avait pu supporter le contact de l’ouvrage qui semblait avoir traversé les siècles et les siècles.
Secret trop lourd qui depuis des décennies le murait dans un silence douloureux.
Secret révélé dans les pages noircies que l’homme sans raison écrivait jours et nuits pour exorciser cette douleur qui jamais ne cessait et qu’il ne parvenait à crier.
Secret confirmé par la découverte de ce parchemin, retrouvé au sommet du mont SINAI, qui reprenait ligne par ligne les écrits de son père : « Alors Dieu maudit le porteur de Lumière et le bannit des Cieux, puis il enferma les anges déchus pour les punir, mais Lucifer s’était échappé. Bien des siècles plus tard, lorsque Dieu envoya son fils sur terre pour racheter les péchés des hommes, le porteur de Lumière guida les rois mages jusqu’à l’enfant. Et Balthazar, roi noir à la barbe encore plus noire, qui régnait sur Tarse et l'Égypte, apporta de la myrrhe, parfum funèbre, annonçant ainsi la mort terrestre du Christ. Et Balthazar en ouvrant l’Urne libéra les esprits des anges déchus que Lucifer avait caché sous la myrrhe. Les démons se répandirent sur terre mais sans leurs corps ils furent contraints de s’incarner dans des objets car peu d’entre eux avaient la force de dominer une âme... Objets maudits. Possédés. Alors Dieu donna la possibilité aux hommes de chasser définitivement les démons s’ils parvenaient à réunir les principaux chefs des enfers et à les enfermer dans l’Urne de Balthazar. Chaque fin de siècle, à l’heure de naissance du Christ, une chance de Rédemption leur était donc offerte… »

Il se souvint de sa joie lorsqu’enfin il avait déchiffré l’écrit et l’avait rapproché de ceux de son père. Et de sa tristesse de ne pouvoir partager sa découverte avec celui qui lui avait donné la vie.

Il se souvint du premier objet qu’il avait trouvé. Si rapidement. Si facilement. L’Etoile du Matin. Et de l’esprit qui en était sorti et avait monnayé sa liberté contre l’engagement de lui permettre de réunir tous les objets qu’il désirerait. Du pacte conclut avec son sang et celui de l’entité. Qu’il était jeune alors. Qu’il était fou. Jeune inconscient qui croyait en la chance.

Il avait alors patiemment réuni tous ces objets que l’on disait maudits, ensorcelés, possédés, puis tandis que depuis quelques années il recherchait en vain l’Urne de Balthazar pour accomplir la prophétie, sa santé s’était dégradée de façon irrémédiable en quelques dizaines de mois. Il avait continué de faire fouiller les quatre coins de la terre par d’autres, n’étant plus capable de se déplacer, mais aucun de ceux qu’il avait envoyé n’avaient retrouvé cette amphore, et voici que la jeune garde malade la lui apportait alors que le douzième coup de minuit avait sonné et qu’il était au seuil des portes de la mort.
Trop tard !

Alors que son regard se voilait et que les ténèbres obscurcissaient son esprit, il ne pensa pas un instant que la vie lui jouait un mauvais tour.
Non, il savait que le destin n’avait rien à voir dans ces faits.
Il comprit qu’il n’avait été que le jouet du porteur de Lumière. Comment avait-il pu imaginer un instant pouvoir lutter contre un ange ? Même déchu.

La jeune fille passa doucement une main fine sur les paupières ridées du vieillard, les fermant à jamais.
Demain, tout serait vendu aux enchères ou donné à des œuvres caritatives.
Aux quatre vents dispersé.

Elle avait déjà pris toutes les dispositions nécessaires, et pour la dernière fois les cris emmanant des objets s’étaient tus.
Ils savaient que bientôt ils seraient de nouveau libres. Définitivement. Car l’Urne originelle était entre les mains de leur maître. Désormais, ils pourraient quitter leurs prisons à leur gré et agir comme bon leur semblait.

Avec un sourire, la belle garde malade tira de sa poche un morceau de terre et de cuir recouvert d’inscriptions. Celui qui manquait au couvercle de l’amphore. Entre ses mains, elle le pulvérisa sans aucun effort apparent, mettant fin à la malédiction qui pesait sur tous les siens depuis des siècles et des siècles.

Alors qu’elle, ou plutôt Il allait sortir, Lucifer sembla se raviser et prit le parchemin qui se trouvait dans l’Urne. Il avait faillit oublier l’âme. Un pacte est un pacte et n’avait-il pas rempli sa part du marché ? Sur son front un scintillement sembla briller telle une émeraude. Lorsqu’il sortit de la maison, le reflet sombre et éthéré que lui renvoya la vitre gelée n’avait plus rien d’un ange. Ou peut-être si. L’image d’un ange déchu.
Revenir en haut Aller en bas
rallyebaba
Roi des posts ? Oui, ça me va
rallyebaba


Féminin Nombre de messages : 2156
Age : 104
Loisirs : rater, rater et pour changer échouer
Date d'inscription : 06/10/2011

Le présent de Noël  Empty
MessageSujet: Re: Le présent de Noël    Le présent de Noël  Icon_minitimeSam 17 Déc 2011 - 16:51

Géniale Smile C'est super bien écrit. La fin est vraiment belle en plus.

_________________
Il meurt lentement; celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux. Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, celui qui ne se laisse jamais aider[...] Il meurt lentement celui qui devient esclave de l'habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère. Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements. Ou qui ne parle jamais à un inconnu.  Il meurt lentement; celui qui ne change pas de cap lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a fui les conseils sensés. Vis maintenant! Risque-toi aujourd'hui! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d'être heureux! Pablo Neruda.

Lis un millier de livres et tes mots couleront comme une eau de source. Lisa See - Fleur de Neige
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Le présent de Noël  Empty
MessageSujet: Re: Le présent de Noël    Le présent de Noël  Icon_minitimeSam 17 Déc 2011 - 20:13


merci Embarassed
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Le présent de Noël  Empty
MessageSujet: Re: Le présent de Noël    Le présent de Noël  Icon_minitimeMar 20 Déc 2011 - 15:37

L'ensemble est très bien écrit, facile à lire. L'histoire est sympa, quoi que triste.

Juste quelques remarques de formes :

Citation :
la jeune garde malade
il faudrait mettre un tiret entre garde et malade parce que là à la première lecture on prend "malade" pour un adjectif
"la jeune garde-malade"

Citation :
Une larme roula le long de sa joue fripée et la jeune garde malade s’empressa de l’essuyer avec un sourire compatissant.
Une larme roula le long de sa joue fripée que la jeune garde malade s’empressa de d’essuyer avec un sourire compatissant.

Citation :
Caressant du regard les objets qui couvraient les meubles, les étagères et le sol, créant un désordre impressionnant, elle s’étonna encore une fois de la patience qu’il avait dû falloir au professeur pour réunir tous ces vestiges du passé : ces boîtes, bibelots, breloques, livres et parchemins.
Si je peux me permettre, cette phrase est trop longue. Peut être la pièce mériterait-elle une description plus fournie ; la partie "Caressant du regard les objets qui couvraient les meubles, les étagères et le sol, créant un désordre impressionnant," est maladroite, revois la deuxième proposition.

Citation :
ces boîtes, bibelots, breloques, livres et parchemins.
j'aimerais bien que tu les caractérise, que tu leur donne une vie ; comment sont-ils ? plein de poussières ? etcetc

Citation :
Elle déposa sur la table basse, qu’elle avait débarrassé, son présent
= débarasséE ; tu devrais mieux écrire : "Elle déposa son présent sur la table basse, qu’elle avait débarrasséE."

Citation :
qui semblait avoir traversé les siècles et les siècles.
Je pense que une seule fois mention de "les siècles" serait suffisante : qui semblait avoir traversé les siècles.

Pas vraiment grand chose à dire sur le reste.

Je ne suis pas très fan de ce genre de phrases de fin cependant.
Citation :
n’avait plus rien d’un ange. Ou peut-être si. L’image d’un ange déchu
. Très (trop) cliché à mon goût, mais ce n'est que mon opinion.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Le présent de Noël  Empty
MessageSujet: Re: Le présent de Noël    Le présent de Noël  Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Le présent de Noël
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Merry Noël a tutti !
» Le temps, l'histoire, le futur, le passé et le présent
» Moi, j'aime pas noël !!!
» Un matin de Noël.
» noël en banlieue

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Atelier d'écriture :: Au coin du feu :: Archives fantastique/bit-lit-
Sauter vers: