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 Merry Noël a tutti !

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MessageSujet: Merry Noël a tutti !   Merry Noël a tutti ! Icon_minitimeDim 20 Déc 2009 - 12:21

Bonjour, chers amis du forum des rêves.
Surmontant ma timidité et stimulée par ces jolies chutes de neige, j'ai eu l'intention de participer au concours d'écriture. Ah ah ! me disais-je, le Père Noël, quel beau sujet... Et j'ai travaillé, je me suis dépêchée pour finir à temps ce récit farfelu, mais mon histoire était finalement beaucoup plus longue que ce qui était demandé.
Mais comme je l'ai écrite en pensant à vous, je la poste dans d'autres pages en vous souhaitant un very joyeux Christmas !




Merry Noël a tutti !


J’amène mon 747 en bout de piste.
Autorisation de décoller. Pleins gaz. À deux cent quatre-vingts kilomètres/heure, l’avion quitte le sol. À quinze mille pieds, cap 2-8-0, destination Vancouver. Décollage impeccable.
Quand papa a acheté notre ordinateur, il a installé des programmes spécialement pour moi : Clic et clic, Vive l’adjectif ! et Clic et clic et trois fois trois. Ces programmes devaient, paraît-il, me permettre de faire des progrès géants à l’école. Je n’ai rien remarqué de tel ; ma maîtresse, Mme Auquel-Torchon, non plus.
Et puis papa a installé d’autres logiciels : World of Aviator, Envol-Delirium et Pilots know why birds sing. Je connais, je crois, presque tous les aéroports du monde. Mon copilote c’est Buddy, mon dalmatien en peluche. Et je m’appelle Marion.

Le soir de Noël, il y avait une dépression atmosphérique sur l’Atlantique nord. Vent à 58 km/heure. De l’autre côté de la fenêtre, la neige tombait à l’oblique.
— Comment le Père Noël fait-il pour voler par un temps pareil ? demandai-je.
— Il a sur son traîneau les instruments de navigation les plus perfectionnés, a répondu papa. Il dispose des meilleures cartes-météo et les satellites lui donnent sa position minute par minute. En plus, la nuit de Noël, tous les aiguilleurs du ciel sont à leur poste, prêts à écarter les avions de sa route. C’est comme cela qu’il n’a jamais d’accident.

C’est un grand bruit dans le jardin qui m’a réveillée. Comme une grosse branche d’arbre qui casserait et une étagère chargée de petites voitures qui tomberait. Le père Noël avait des ennuis. Oui, qui d’autre pourrait se trouver dehors à cette heure ? J’ai mis mon anorak, mes moonboots et mes moufles, j’ai pris Buddy et je suis sortie. Le traîneau était couché sur le côté, les jouets renversés et le Père Noël assis dans la neige.
— Je sais ce qui s’est passé, dis-je.
— Pas moi, a constaté le Père Noël.
— Vous vous êtes posés vent de travers, le courant d’air du vallon a pris le traîneau par en dessous et l’a renversé. Vous n’avez pas observé ma manche à air ?
J’avais pourtant planté exprès sur le bord de la pelouse un grand tuteur de rosier avec un ruban attaché au sommet. Le Père Noël a levé les yeux.
— Tiens non, a-t-il remarqué.
Il s’est lentement remis debout en faisant des ooh, la… ! Je me suis inquiétée :
— Vous êtes-vous fait mal ?
— Cette roulade dans la neige a réveillé mon lumbago.
— Voulez-vous que je vienne avec vous ? Vous resterez assis dans votre traîneau et je porterai les cadeaux. En plus, je connais les approches de tous les aéroports du monde.
— Cool !... a fait le grand renne de tête. Sauf que nous, on se pose rarement sur les aéroports.
— Peu importe ! a tranché le Père Noël, avec mon dos, ce soir toute aide est la bienvenue. Monte et merci.
— Alors ok, a dit le grand renne. Bienvenue à bord ! Moi, c’est Olaf.
Buddy et moi sommes montés sur le siège du traîneau. C’était tout en bois avec des petits trucs sculptés. Il n’y avait aucun instrument : pas de compas, pas d’altimètre, pas de variomètre, pas le moindre horizon artificiel, pas de Landing System… Rien de rien.
— Mais où sont les instruments ? On m’avait dit que vous aviez sur votre traîneau les outils de navigation les plus perfectionnés.
Le Père Noël a eu l’air ennuyé.
— Il est vrai que l’Organisation des Nations Unies m’a fait cadeau d’un traîneau moderne avec des machins partout. Je n’y comprends rien. Alors je laisse le traîneau neuf dans mon garage. Je prends le vieux en cachette pour ne pas les froisser. Tous les ans, un gentil monsieur vient faire la révision du neuf et me demande si tout fonctionne bien et je réponds que oui, oui, à merveille, pour ne pas lui faire de peine.
— Mais comment faites-vous pour piloter ?
— Je navigue à vue, comme Magellan. Et les rennes sont des migrateurs, ils ont le sens du voyage. Allons-y, les enfants, on décolle !
Les rennes sont partis au galop sans se soucier du sens du vent, de la longueur de la pelouse ni de quoique ce soit. Le traîneau a rebondi deux ou trois fois et s’est envolé incliné comme le wagon des montagnes russes.
— Vous décollez toujours comme cela ? ai-je demandé
— C’est plus fun, a répondu Olaf.
— Où allons-nous ? demandai-je encore.
Le Père Noël a sorti de sa poche une liasse de papiers froissés et une paire de lunettes en demi-lune.
— Voyons… Maintenant, c’est Paris, puis l’Italie et la Terre-Adélie.
Aussitôt les rennes se sont mis à chanter :

À Paris, à Paris,
Il est passé par ici,
Entre les tours de Notre-Dame,
Il repassera par là…
Le traîneau du Pèèère Noëëël… !

Olaf s’est interrompu :
— Père Noël, je vois la Tour Eiffel, on descend ?
— Et comment! Et on se presse encore. Vous avez vu l’heure ?
— On y va. Yaaaaa !
Les rennes ont plongé vers le sol. À vingt mètres à peine, ils ont rétabli le vol horizontal et le traîneau s’est posé en zigzaguant et bringuebalant sur la pelouse du Champ de Mars. Tu m’étonnes qu’avec des descentes et des atterrissages comme ça, ils se soient explosés devant notre maison ! Mais le Père Noël et son équipage avaient l’air très contents d’eux-mêmes.
— C’est bien les enfants ! Maintenant, au travail en vitesse !
Le père Noël a ressorti sa poignée de lettres froissées. « Alors… Jean, rue du Regard, Guitar-Hero Ultim ; Christine, rue Malebranche, un mouton range-pyjama… » Nous avons fait vite. Le Père Noël me passait les paquets et je les portais dans les maisons en passant par les balcons, chacun ayant laissé sa fenêtre poussée sans tourner l’espagnolette. Le père Noël était ravi et se frottait les mains.
— C’est bon, mes amis… Nous rattrapons le temps perdu. Voilà déjà Paris terminé … Allons, en route pour l’Italie !

— À Venise, nous ne faisons que passer, a expliqué le Père Noël quand la lagune est apparue à l’horizon. Une de mes amies s’occupe des cadeaux. Nous venons juste lui dire un petit bonjour.
À cet instant, deux mains grises de suie se sont posées devant ses yeux :
— Coucou ! Devine qui est là…
— Juste Ciel ! s’est exclamé le Père Noël, une pirate de l’air... Nous sommes faits.
Il a pris l’une des mains de la pirate et l’a baisée cérémonieusement :
— Joyeux Noël, ma chère !… Tout se passe bien, chez toi ?
Une grande dame vêtue de tissus de toutes les couleurs mais noircie comme une ramoneuse a passé sa tête entre le Père Noël et moi.
— À merveille, mon chéri, j’ai presque fini.
Elle m’a regardée avec curiosité,
— Mais, dis-moi, tu as une nouvelle petite amie, et mignonne comme tout, encore… Tu me laisse une petite place, carina ?
Elle a enjambé le dossier du banc et s’est assise entre nous.
— Marion n’est pas « une nouvelle petite amie », Madame, a dit le Père Noël. Elle est un pilote expérimenté. Elle est venue pour m’aider.
— Ça c’est gentil, mignonne. Le Père noël est terriblement imprudent. Chaque année, je meurs d’inquiétude qu’il lui arrive un accident.
Le père Noël a haussé les épaules :
— Moi, imprudent ?... Moi, des accidents ?... Je n’ai jamais d’accidents, n’est-ce pas, les rennes ?
— JA-MAIS ! ont répondu les rennes en chœur.
— Sono buono, ragazzi… Mais nous arrivons à San-Giorgo-Maggiore. Sois gentil de me déposer devant ce groupe de cheminées, les roses, là-bas. Il me reste encore ce dernier quartier à faire.
Le traîneau a ralenti auprès des cheminées roses et la Befana a sauté avec légèreté :
— Ciao ciao ! Et bon Noël a tutti !
— Joyeux Noël ! avons-nous répondu tous ensemble.

— Cap au Pôle Sud, les petits, a dit le Père Noël. J’ai des commandes pour la base Dumont d’Urville.
— Mais, observai-je, Dumont d’Urville est un centre de recherche scientifique. Il y a des enfants, là-bas ?
— Non pas, mais les savants gardent leur âme d’enfants. Nous avons donc…
Il défroissait une boule de papier chiffonnée :
— Donc, donc… Ah voilà !... « Youri, astronome, le chevalier Pégase et son armure ; Leila, géologue, la poupée du Petit Prince ; Adrien, zoologue spécialiste du manchot empereur, une boîte de magie. »
Nous étions au-dessus du Sahara, cap au 190, quand Olaf a annoncé :
— De la visite ! Les bons à rien de Shloubs…
Le père Noël regardait attentivement un groupe de points lumineux à gauche.
— En effet, ce sont eux.
— Qui sont les Shloubs ? demandai-je.
— Les Shloubs sont les habitants de l’astéroïde Shloubar. Olaf les appelle des bons à rien, mais ce n’est pas vraiment leur faute : il n’y a rien à faire sur Shloubar sauf jouer aux jeux vidéo. Alors ils s’ennuient et tout ce qui se passe dans l’atmosphère terrestre les passionne. Il y a quelques années, ils se sont mis en tête de m’accompagner dans ma tournée. Le désastre ! ils m’ont semé une pagaille monstre... Alors, pour me débarrasser d’eux, j’ai eu l’idée de leur donner de nouveaux jeux pour leurs consoles. Quand ils ont un jeu neuf, ils ne peuvent résister à l’envie d’aller l’essayer tout de suite. Regarde sous le banc, il y a un carton pour eux…
Une douzaine de vaisseaux shloubs dont les moteurs évoquaient des mobylettes sans pot d’échappement sont venus se presser autour du traîneau.
— Bonsoir, Père Noël ! On vient vous aider, vous voulez bien ?
Les Shloubs ont des tignasses hirsutes de toutes les couleurs et des yeux d’une jolie couleur verte, allongés comme ceux des chats.
— Salut, les handicapés du boulot ! a dit Olaf. C’est pas devenu trop fatigant, la fainéantise ?
— Salut, le crétin de cervidé ! a répondu un Shloub à la chevelure d’un gracieux bleu des mers du sud. Tu la supportes toujours aussi bien, ton absence totale de cerveau ?
— Les enfants ! a dit le Père Noël, on ne se chamaille pas la nuit de Noël. Tenez, les Shloubs, venez chercher vos cadeaux, et joyeux Noël sur Shloubar !
Les Shloubs ont sauté de fusée en fusée se sont agglutinés autour de mon carton, chacun essayant d’extraire une ou plusieurs boîtes avant les autres :
— Mortel ! j’ai Cauchemar Parental !
— Moi, Frigo Intruders !
— Et moi, Kaspanar le Splendor ! a clamé triomphalement une Shloubette aux cheveux rose pastel.
Quand ils ont eu tous au moins un jeu, ils ont consenti à réintégrer leurs engins.
— Vous voulez vraiment pas un coup de main ? a insisté la Shloubette rose. Z’allez à Dum’Dur ? On y va pour vous, si vous voulez…
— Merci, mon petit chou ! a répondu Olaf, mais, ici, on n’engage pas les givrés du joystick.
— Pas de quoi, demeuré d’attelage ! a répliqué la shloubette. Ton encéphale, ça le vexe pas d’avoir la tronche d’un pois chiche ?
— La paix ! a réclamé le père Noël. Les petits, vous êtes mignons, mais quand on a reçu des jeux tous neufs, il faut aller jouer.
— C’est vrai ça, c’est vrai ! Merci, Père Noël, et à bientôt !
Leur vrombissement s’est éloigné dans la nuit noire. Le Père Noël a murmuré :
— Ils sont un peu fatigants, mais ils ont un bon fond…

À Dumont d’Urville, il faisait jour. Oui, à Noël, au Pôle Sud, c’est le jour austral. Je me suis glissée par une toute petite fenêtre et j’ai déposé les cadeaux sur une table, devant un minuscule sapin planté dans un verre à dents.
— Dépêchons-nous, a dit le Père Noël, il fait très froid ici.
— Et encore, c’est l’été, a observé Olaf.
Puis nous sommes repartis vers le nord. Un arrêt aux îles Kerguelen. « Et après, un sacré boulot, a dit le Père Noël : Madagascar, Maurice et les Indes. »

Nous naviguions cap au nord-est, vitesse de croisière. Le vent était tiède. l’Océan Indien, illuminé par la lune, brillait comme un miroir. Le Père Noël s’est adossé à son siège :
— Comme tout cela est beau…! a-t-il murmuré.
— Pas le temps de rêver ! a soudain dit Séraphin, le second renne. Alerte Phlox à cinq heures !
Il montrait des points lumineux, derrière nous à droite. Le père Noël s’est levé d’un coup et sorti des jumelles.
— Des Phlox pillards !... Pleins gaz, les enfants ! On plonge, on vole au ras de la mer et on se pose sur la première plage qui se présente !
Le traîneau a basculé dans le vide comme s’il tombait. À dix mètres de la crête des vagues, les rennes ont redressé et nous sommes partis en vol horizontal à une vitesse étourdissante.
J’ai pensé : « Si un bateau, une île ou simplement une grosse vague se trouve sur notre chemin, Dieu nous aide ! »
— Ces Ploc sont dangereux ? demandai-je, accrochée à mon banc.
— Des Phlox ! Des Phlox de la planète Phlox ! a répondu le Père Noël, criant tant la vitesse créait de vent. Ce sont des bandits sans foi ni loi ! Sur Phlox, les jouets ont une valeur considérable. Ils veulent nous voler la cargaison. Notre chance est qu’ils supportent mal l’atmosphère terrestre. La pression est trop élevée pour eux et leur déclenche des crises d’asthme. Au sol, nous sommes à peu près en sûreté mais, encore faut-il trouver un endroit où se poser. C’est pour cela qu’ils attaquent toujours au-dessus de la mer.
La situation était terrible : les Phlox se rapprochaient et on ne distinguait toujours pas la côte indienne. Enfin Olaf a signalé :
— La côte de Malabar, droit devant.
— Fais de ton mieux, mon grand, a dit le Père Noël.
Au même instant, un vaisseau Phlox nous a rejoint et s’est stabilisé à notre hauteur. Le Phlox qui pilotait nous examinait, le regard mauvais. Et soudain, sous mon bras, il a vu Buddy ! Ses petits yeux roublards ont brillé de convoitise. Un dalmatien en peluche !... Ça se revend une fortune sur le marché de Phlox… Il a tendu hors de son vaisseau son bras violet et poilu et agrippé Buddy.
— Ah non ! ai-je crié, pas Buddy !
Soudain, à mes pieds, j’ai aperçu la canne du Père Noël. Je l’ai attrapée d’une main et j’ai frappé, vlam ! de toutes mes forces sur le moche bras violet du Flox.
Il a lâché prise avec un couinement :
— Ah ! Attention, elle est armée, la petite peste ! Gare, ça va chauffer !...
La tronche menaçante, il a relancé son moteur pour revenir à l’attaque. À cet instant, Olaf a annoncé :
— La plage ! Tenez-vous !
Le traîneau a touché le sable à pleine vitesse. Il a rebondi, zigzagué. Les rennes ont essayé de garder le contrôle de leur course folle. Ils sont parvenus à ralentir un peu, mais, soudain, l’un deux a trébuché et ils sont tombés les uns sur les autres. Le traîneau s’est retourné d’un coup. Le Père Noël, la cargaison et moi avons roulé dans le sable. Le traîneau renversé a glissé encore quelques mètres, puis tout s’est arrêté.
Les Phlox, comme des vautours, tournaient au-dessus de nous. Le Père Noël s’est relevé et est allé en clopinant ramasser sa canne qui avait voltigé sur la plage. Il s’est campé devant le traîneau accidenté.
— Pirates ! Forbans ! a-t-il crié la tête levée. Essayez de voler les cadeaux et vous tâterez de ma canne !
— Si vous tentez de poser vos engins, on en fait de la ferraille ! a ajouté Olaf.
J’ai lancé à mon tour :
— Elle est ratée votre attaque ! Tas de bronchitiques miteux, vous n’êtes même pas capable de respirer sur cette plage ! Alors, partez !
Les Phlox tournoyaient toujours, mais on sentait de l’indécision là-haut. Ça discutait. Enfin, ils se sont décidés : le raid sur les jouets du père Noël était manqué. Ils ont fait demi-tour et disparu dans la nuit

Nous, nous avions de la casse et des blessés. Cendrillon, une rennette grise pleurait :
— Je ne peux plus poser la cheville....
— Et moi, a ajouté Séraphin, je ne peux plus bouger l’épaule.
— Et un patin du traîneau est cassé, a constaté le Père Noël. J’ai ma boîte à outils mais encore nous faudrait-il une pièce de bois…
Nous étions tous navrés : le voyage s’arrêtait-il là ?
Mais une voix grave et basse s’est élevée dans l’ombre derrière nous :
— Si c’est une pièce de bois qui vous fait défaut, vous êtes tombés au bon endroit.
Un éléphant nous avait rejoints à pas silencieux et contemplait lui aussi le traîneau brisé.
— Nous sommes dans la plantation de bois de Zam-Zama, bois de charpente, bois de marine. Si vous voulez m’accompagner jusqu’à la scierie, nous trouverons ce qu’il vous faut.
Le Père Noël est parti avec l’éléphant. Ils ont rapporté une planche et deux tasseaux, sorti la scie et le rabot, et se sont mis au travail.
— Quel bois magnifique ! s’exclamait de temps en temps le Père Noël.
— Le meilleur de toute la côte de Malabar, commentait l’éléphant.
Enfin l’éléphant a remis le traîneau à l’endroit et rechargé les cadeaux.
— Merci un million de fois, a dit le Père Noël. Dites-moi, Monsieur l’éléphant, Cendrillon et Séraphin peuvent-ils rester ici ce soir ? Nous reviendrons les chercher demain.
— Ils sont les bienvenus, a dit l’éléphant, mais allez-vous tirer le traîneau à huit au lieu de dix ?
— Il le faudra bien, a dit Olaf. Et il nous reste le tiers de la planète à parcourir avant l’aube. On se remuera le lard, voilà tout.
— Si j’osais…
— Oui ?
— Eh bien, ma compagne Nadia et moi n’avons jamais volé, c’est vrai. Mais, pour ce qui est de tirer, nous ne craignons personne.
Une gracieuse éléphante se tenait un peu en retrait.
— Vous êtes super, tous les deux ! a dit Olaf. Vous verrez : voler est simple comme chou. Le secret, c’est de fournir assez de puissance pour quitter le sol, ensuite, en l’air, tout est facile ! Vous n’aurez qu’à vous mettre derrière moi et me suivre. Comment vous appelle-t-on, camarade ?
— Kim.
— Eh bien, Nadia et Kim, bienvenue a bord ! Pour décoller, c’est archifacile : on se met face au vent, on court et, quand on a assez de vitesse, on s’envole.
Nous sommes remontés dans le traîneau, nous avons couru face au vent
— avec les éléphants, on avait l’impression d’un tremblement de terre — et, puissant et majestueux comme un avion gros porteur, le traîneau s’est enlevé.
Comme ils l’avaient annoncé : pour tirer, Nadia et Kim, étaient à leur affaire. Nous avons parcouru le continent indien en moitié moins de temps qu’il en faut d’ordinaire.
Le Père Noël et les rennes étaient ravis de leur nouvel équipage : qui eût dit que les éléphants seraient aussi efficaces ?
Les éléphants n’étaient pas moins heureux : qui eut dit qu’il fût aussi joli de voler ?
Grâce à eux, un peu avant l’aube, il ne nous restait plus que la ville de Vancouver et la tournée serait finie.

Nous descendions du nord en suivant les montagnes. Et soudain il m’a semblé reconnaître deux silhouettes familières parmi les montagnes… Deux pics qui se dressaient en vis-à-vis.
« Mais oui ! pensai-je, celui-ci, c’est le Mont Houlala, et celui-là, c’est le Mont Houlékorn !... C’est vrai que sur World of Aviator, j’ai fait un vol vers Vancouver hier… »
— Marion ! a appelé Olaf, toi qui connais tous les aéroports, tu connais ces montagnes-là ?
— Oui, dis-je, Ce sont le Mont Houlala et le Mont Houlékorn.
— Et qu’y a t’il entre les deux ?
— La passe Oxasoufle. Un piège pour les avions. Le vent s’engouffre dedans comme dans un entonnoir. Il faut toujours prévoir de passer à distance.
J’étais assez fière de ma science aéronautique. Olaf a continué :
— Tu veux apprendre un raccourci pour aller à Vancouver ? Nous connaissons un chemin secret.
— Vraiment ?
— Vraiment. Nous passons dans le col Oxasoufle.
— À travers la passe ? Mais doit y être emporté comme un brin de paille.
— Oui. En quelque sorte, c’est ça.
— Père Noël, demandai-je, vous faites vraiment cela ?
— Bien sûr ! Cela nous gagne un temps formidable. Et puis, ça fait plaisir aux rennes.
Et véritablement : Olaf a viré de bord et nous a dirigé vers la passe.
« Il est fou ! » pensai-je.
— Il faut passer le plus bas possible, a-t-il expliqué en criant par-dessus son épaule, c’est le meilleur ! Le vent est plus fort ! Kim, Nadia, Marion, préparez-vous à découvrir la pure beauté de la vitesse !
Tout de suite, on a senti l’accélération du vent. Nous avons eu l’impression d’être aspirés vers l’avant. Le bruit du vent s’est fait de plus en plus fort, c’était comme un grondement, il aurait fallu crier pour se faire entendre. Nous allions de plus en plus vite, comme emportés par des rapides. Et soudain, la vitesse s’est faite irrésistible, vertigineuse. Le traîneau tremblait de toutes ses membrures. Nous étions entrés dans le défilé. À quelques dizaines de mètres, de chaque côté, les rochers et les pentes de neige des deux monts défilaient avec une vitesse effrayante…
— Youla-ï-you ! ont chanté triomphalement les rennes et, malgré le vent, leur chant a résonné, amplifié par les échos du col.
Le Père Noël riait. C’était magnifique et affolant.
Et soudain, tout s’est calmé. Nous étions sortis du col. Le fracas du vent s’est tu. Emporté par son élan, le traîneau glissait à grande vitesse dans l’air calme, froid et limpide. La lune à l’horizon se couchait sur l’Océan Pacifique. La magnifique ville de Vancouver, tout illuminée, s’étendait devant nous.
— Eh bien, qu’en pensez-vous, mes amis ? a demandé Olaf
Nous sommes restés un instant sans voix. Finalement c’est Kim qui a trouvé :
— Colossal ! a-t-il dit.
Le Père Noël a ressorti ses lunettes et sa dernière liasse de papiers chiffonnés.
— Ce n’est pas tout de prendre du bon temps, les enfants, nous avons encore du travail. « Tommy, 1234 Pacific Street, une baleine gonflable pour jouer avec à la piscine ; Liz, 5 mois, c’est un bébé celle-là, une étoile de mer en peluche… »
— Kim, a appelé Olaf, tu connais l’histoire de la chaise ?
— Non, a répondu kim, intéressé.
— Eh bien : elle est pliante ! Ha ha !
Les rennes se sont esclaffés à tel point que le traîneau a fait une chute de dix mètres comme si nous étions tombés dans un trou d’air.
— Elle est excellente, a dit Kim. Puis-je à mon tour… ?
— Et comment, ami Kim !
— Voilà : le rat a une petite amie, son prénom, c’est Miette. Mais Miette fait un faux mouvement et est saisie d’une crampe. Que fait le rat ?
Chacun s’est mis à chercher.
— Le rat… Voyons, que fait le rat… ? s’interrogeaient les rennes.
Soudain le Père Noël s’est écrié :
— Ne dites rien, j’ai trouvé !... Eh bien : le rat masse Miette ! Ah, comme c’est drôle !
L’équipage a été secoué d’une telle rigolade que le traîneau a chuté de vingt mètres supplémentaires.
— Faites donc attention, Kim, a dit le père Noël en s’essuyant les yeux entre deux gloussements. Si vous en connaissez beaucoup comme cela, nous allons encore une fois nous retrouver au sol.

Le père Noël m’a passé les commandes pour rentrer à la maison. Le jour se levait quand nous sommes arrivés au-dessus de notre maison. Le vent était tombé et ma manche à air pendait droit vers le sol. Le ciel était rose et le soleil qui sortait tout juste de l’horizon teintait la neige en orange.
Je voulais que mon atterrissage soit parfait. J’ai fait décrire au traîneau un grand cercle pour l’amener précisément face au plus grand axe du jardin. Qu’elle est petite notre pelouse, vue d’en haut ! Attention, les éléphants sont lourds, la distance d’atterrissage sera plus longue… Je laisse descendre lentement… Attention aux arbres… Le traîneau touche la neige sans heurt. On laisse glisser bien droit… On freine… Et on s’arrête en bout de piste. Bien droits.
— Joli ! a dit le Père Noël.
Olaf s’est retourné :
— Pas mal. Y avait de l’idée.

Buddy et moi, nous sommes rentrés sur la pointe des pieds. Tout le monde dormait encore dans la maison. Un peu plus tard dans la matinée, quand nous avons ouvert les cadeaux, dans l’un de mes paquets, j’ai trouvé deux lettres :

Chère Marion,
Merci pour ton aide.
P.N.

Salut Commandant !
Potasse bien les techniques de vol.
Nous comptons sur toi pour la prochaine tournée.
Olaf, Maître d’Équipage.
P.S. : Je compte passer par le défilé Olalalak-el-Panik.
re P.S. : et amène Buddy.
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MessageSujet: Re: Merry Noël a tutti !   Merry Noël a tutti ! Icon_minitimeMar 22 Déc 2009 - 17:46

ET ben j'ai trouvé l'histoire charmante et amusante Smile Avec un ton très enjoué agréable en cette saison.
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MessageSujet: Re: Merry Noël a tutti !   Merry Noël a tutti ! Icon_minitimeDim 17 Jan 2010 - 11:12

Merci Senor Gringo, Smile
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MessageSujet: Re: Merry Noël a tutti !   Merry Noël a tutti ! Icon_minitime

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