Atelier d'écriture Communauté d'écrivains en herbe |
| | Le cercle des pensées | Chapitre 2 | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mer 11 Avr 2012 - 16:20 | |
| Le cercle des pensées - Synopsis Miya est une jeune infopeintre française, d’origine japonaise, qui vit au jour le jour. Fauchée, malade, elle accumule les dettes et les problèmes, ce qui l’oblige parfois à des extrêmes tel que le vol. Elle compense ses malheurs grâce à l’humour, l’extravagance et le cynisme. Miya est également férue de musique et amatrice de bons livres. Bref, je ne pouvais pas tomber sur meilleur candidate… Chapitre 1.A ; 1.B : “Une bonne lecture”, non mais franchement…Après une cavalcade dans la galerie marchande de Chinatown, déclenchée par l’escamotage discret d’un CD, Miya arpente, pensive, les allée du centre commercial. Finissant par n’acheter qu’un seul livre, à crédit, elle rentre chez elle quelque peu fatiguée. Le soir même, suite à une intense séance de peinture, elle découvre une lettre insérée entre les pages de son bouquin. Une lettre vraiment étrange… Chapitre 2.A ; 2.B ; 2.C ; 2 D : Mais alors… C’est vrai ?Miya rumine ses derniers soucis durant la matinée du lendemain, tentant en vain de ne pas y penser. Afin de se changer les idées, elle accepte une sortie avec ses amis, Aeris et Natanael, qui n’aura finalement pas lieu ; car elle découvre que l’auteur de la missive n’est autre qu’un écrivain reconnu ! Elle file chez elle pour la récupérer, dans l’espoir de la vendre à un amateur. Entre temps, le voisin de la jeune femme, fanatique, fou à lier, fouine et espionne, dérobant ses poubelles et collectionnant ses vêtements. Des pensées vicieuses et attirantes lui traversent l’esprit. Il pourrait… Miya entre au pôle emploi, où elle ne s’attarde pas, se fait même jeter par le vigil à cause d’un discours peut-être un peu trop cru. Accompagnée de l’androgyne Alex, et poussée par les renseignements de la lettre, elle tente de retrouver une bibliothèque de livres rares en plein arrondissement privé. Le premier essai est une catastrophe ; une course-poursuite endiablée avec les forces de l’ordre, des os cassés et du sang par flopées ; ils se débarrassent de quatre policiers armés ! Blessés et exténués, ils se cachent dans une ruelle pour récupérer. La jeune femme continue seule son expédition, Alex ne souhaitant pas parcourir les alentours de champ-de-mars la nuit. Au terme d’une partie de cache-cache, d’ombre chinoise et d’escalade, Miya va parvenir, enfin, à son objectif. - Lieux visité:
Chinatown ; Olympiade 1 ; Olympiade 2 ; Olympiade 3. --- Cité d'Antin - 9ème arrondissement ; Cité de l'Alma - 7ème arrondissement.
- Tenue préférée de Miya:
Une Jupe type flamenco ; donc que le bas de la robe, et un peu plus courte ; couleur noir avec 'mèches' comme ses cheveux teints. Un chemisier à frou-frou, mais plutôt manches courtes, avec des teintes violettes. Un seul ou deux brassards, plus fins, moins épais, avec le même espèce de collant qui ressemble à un bas résille pour les bras. ^^ Et puis le fedora/borsalino... Je sais pas, j'ai pensé à une barrette à fleur, un chapeau à plume, un fascinator, un bandeau, un bandana ; elle serait peut-être mieux sans rien dans les cheveux.
Ajoutons un collier de fake-saphir apparent, et elle peut défiler.
Dernière édition par Lemli le Ven 1 Juin 2012 - 12:16, édité 14 fois |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mer 11 Avr 2012 - 21:55 | |
| Ton texte fait froid dans le dos, surtout parce que malheureusement il sonne vrai... Pour une amoureuse des livres et de l'écriture, imaginer un tel futur ne peut qu'être douloureux, mais quand on voit la façon dont notre langue se perd peu à peu aujourd'hui, il pourrait bien ne pas relever de l'utopie dans quelques années ou quelques décennies.
J'aime ton style d'écriture, il est très fluide, le texte se lit bien et vite, les mots s'enchaînent. Même s'il se suffit à lui-même, je serais curieuse d'en connaître la suite... peut-être voir quelqu'un découvrir cette lettre et se lancer à la poursuite de ces livres précieux ? Si tu l'écris, je serai ravie de la lire. |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mer 11 Avr 2012 - 23:37 | |
| Eh bien, en voilà une apocalypse que je n'avais encore jamais rencontré. La fin de l'humanité par la mort de son imagination, de son art, du fait de la disparition des livres. C'est assez intelligent comme idée, et comme l'a dit Abigaelle c'est plutôt dans l'air du temps. Difficile de juger véritablement l'intrigue sur ce qui me semble n'être qu'un préambule à l'histoire à proprement parler, néanmoins vu l'univers que tu dépeinds et son originalité, on peut être en droit d'attendre de belles choses. Pour ce qui est du texte en lui-même, c'est fluide et agréable à suivre. L'aspect journal va, j'imagine, disparaître par la suite, néanmoins il faut bien avouer que tu as bien maîtrisé cette forme, sans en faire trop ni rendre l'ensemble indigeste. En revanche, je ne vois pas tes "images vides" comme tu dis, et je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est. Bonne continuation, je lirai la suite avec grand plaisir. |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 12 Avr 2012 - 9:05 | |
| Merci². Abigaelle ; en mon sens, si nous pouvons lire cette lettre, c'est qu'elle a été découverte par quelqu'un. Mais en ce qui concerne la suite, je n'ai jamais songé à en faire une, façon nouvelle ; car deux jours plus tard, j'avais les bases de deux romans, rien que ça (la suite de l'histoire, et l'histoire de L. Xinlorrn avant cela). Ce serait un défi d'en faire le squelette sur le forum, que j'aimerais bien relever, si le temps me le permet. Cry noir ; pour ma part, j'ai déjà lu (après avoir écrit ce texte) un livre qui relatait cette idée : "Farhenheit 451". Même si c'est différent, par le fait que 'mon gouvernement' s'y prend secrètement, ne détruit que les livres dérangeants, et que Bradbury s’arrête à peu près ou je commencerais (la révolution) ; j'ai été émerveillé de voir que j'avais de bonnes idées. ^^ Sinon, pour les images vides, tant que tu ne vois rien, tout va bien. En fait, il faut désactiver le BBCode pour que ça foire.
Dernière édition par Lemli le Jeu 12 Avr 2012 - 9:35, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 12 Avr 2012 - 12:25 | |
| Evidemment, faire le parallèle avec F451 est facile, à ceci près que pour lui il s'agit avant tout de décrire un monde enchainé, brisé. Le fait qu'il s'arrête plus ou moins au moment décisif de la révolte est une preuve que le cheminement de son héros avait bien pour but cette rebellion, et qu'une fois celle-ci lancée, elle serait implacable. Etant donné que tu commence justement à la naissance de cet esprit de rebellion (enfin, tout dépend de qui récuperera la lettre) j'imagine que ton but n'est pas simplement de nous rappeler tous les malheurs d'un peuple sous le joug d'un gouvernement totalitaire. Dans Fahrenheit, Bradbury (je l'ai jamais lu, donc je peux pas l'affirmer) parle avant tout de l'asservissement de la population par la destruction des livres. Si tu reprends cette idée en y développant avant tout la mort de l'imagination et de l'art, et la façon de les faire réapparaitre (donc post-révolution) ça peut être drolement bien.
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 12 Avr 2012 - 16:07 | |
| Entre ton texte et celui de Chymaille, l'humanité est bien avancée . Rien à ajouter par rapport à ce qui a été dit, le texte est bon et je lirai aussi la suite si tu venais à l'écrire. |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Dim 15 Avr 2012 - 11:45 | |
| Et, mais c'est bien, c'est vraiment bien ça !
C'est un prologue, c'est ça ? Et ensuite, tu choisiras toujours Lucien L.Xinlorn comme narrateur, ou celui qui trouvera la lettre ? Dans le deuxième cas, ça promet d'être super, une enquête, une recherche, les relations avec l'état et la police... ça a dû potentiel tout en étant vraiment original !
Un film/roman à te conseiller : Balzac ou la petite tailleuse chinoise. Période de Mao en Chine, deux adolescents découvrent une valise de livres dans un camp de travail. Une valise pleine de livres de Twain, Stevenson, Balzac, Maupassant, Hugo... et ils apprennent à rêver, à voir le monde autrement que par le socialisme et le travail forcé. Ils découvrent la littérature et leur univers entier change. Je n'ai que vu le film, mais c'est vraiment magnifique, et ça colle un peu avec ton projet : un monde privé de livres, une découverte et une révélation.
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Lun 16 Avr 2012 - 16:27 | |
| Très bonne histoire, et vraiment dérangeante. De toute façon, si la situation dont tu parles arrive, on sait tous qui seront les membres du "Cercle des pensées" |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Lun 16 Avr 2012 - 16:45 | |
| Ilàan : il me semble, malheureusement, que cet texte n'aura pas de suite... |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mar 17 Avr 2012 - 10:01 | |
| Mais si, mais si. ^^ Le texte qui suit serait le véritable début de l'histoire ; à mes yeux, il faut d'abord présenter la personne qui va trouver la lettre, afin d'avoir un minimum d'affinités. Surtout qu'elle est quelque peu spéciale, je me suis fais plaisir sur ce coup là. Sinon, je n'ai pas voulu faire trop long, j'essaye de couper au bon endroit et de m'habituer à la largeur du forum (qui raccourcit la longueur des paragraphes). Dîtes-moi si c'est tout petit ridicule, j'en mettrais un peu plus par message. Chapitre 1 : "Une bonne lecture", non mais franchement... Il était là, tout neuf, tout seul, derrière la vitrine ; le dernier album d’Ako Akira – qu’est-ce qu’elle est belle ! Moi j’étais là, rêveuse et seule, tout à côté. Il y avait cette voix, ce visage, cette lumière, qui m’attiraient, qui me narguaient ; et ce gros lard de vendeur qui reluquait ma jupe. Bref, je l’ai volé. Je me suis fait piquer. On m’appelle la Chanceuse... Je n’avais jamais parcouru la galerie marchande de Chinatown un lendemain de nouvel an. C’est sale, ça pue et il fait froid. En plus, j’ai des vigiles au cul. Ça m’apprendra, au moins à mettre des pantalons. Je percute un balayeur de plein fouet, il me hurle des choses en mandarin. Remarque, il peut gueuler ce qu’il veut, je suis d’origine japonaise ; pour moi, le chinois c’est du coréen ! Mon disque à la main, je continue à fuir, tout droit, toujours tout droit. Les passants – touristes ! – ne s’écartent pas assez vite de mon chemin, je me faufile, zigzague, provoquant d’autres cris et des grognements d’indignation. Je ne sais pas où en sont les grands malabars, mais je n’ai pas envie de me retourner. Ça m’obsède tellement que je manque de rater l’allée principale, le soleil m’accueille avec chaleur lorsque je m’y engage. Je n’entends aucune série de pas précipités, sauf les miens. Où sont-ils ? Je n’y crois pas, je les ai semés ? « Baka ! Regarde où tu vas ! » Mes genoux heurtent violemment l’étalage d’une boutique, ni une ni deux, je me retrouve allongée parmi les daïkons et les pe-tsaïs. Allez messieurs-dames, elle est fraîche mon adolescente, elle est bonne, dix-sept euros seulement ! La honte. Par-dessus le marché, je déteste le chou... Le commerçant vient me dépêtrer de cette situation, et s’assure que je n’ai rien de cassé. Il n’y a vraiment que les vieux pour être gentils. Je l’ignore, surveillant plutôt les alentours. Pas de vigiles, de gardes, d’hommes en noir ; juste des acheteurs stupéfaits de ma petite voltige. Ça serait bien la première fois qu’on me lâche aussi vite. Ils n’aiment pas la musique d’Akira ou quoi ? Bizarre. Mais bon, je ne vais pas me plaindre ! Aïe, ma jambe. Voilà que je boite maintenant, c’est pas ma journée. Je sors péniblement de la galerie. Des bourrasques de vents malmènent mes longs cheveux bruns. Non, auburn, j’ai oublié ma couleur de ce matin. Avec des mèches blondes et châtains. L’influence de l’infopeintre, sans doute. Fatiguée par tant d’émotion, je me laisse glisser le long d’un mur, une façade de restaurant. Sans faire attention à mon ventre réclamant, je pose mes yeux sur l'album. Mince, j’ai abimé la photo... Attends, c’est quoi ce bordel ? Pourquoi il est si léger ? C’est pas vrai ! C’est une saloperie de trompe-l’œil ! Y a pas de doute, Miya la Chanceuse, c’est bien moi...
Faire les magasins en vue de se consoler, lorsqu’on n’a pas de quoi se procurer un CD, quelle idée débile. Bien sûr, il y a toujours le moyen de chaparder, mais j’ai déjà donné ! Reste la négociation, si le produit en question à au préalable été volé par le vendeur. Sinon, on peut s’arranger avec le patron, sauf si c’est un pervers. Avec tout ça, j’ai le choix entre un pack de bières, une place de cinéma, un chat et un téléphone jetable. Franchement, il faut que je trouve du boulot... Ou alors, je fais le casse du siècle et je dévalise l’hypermarché des frères Tang. Ouais, je vais plutôt aller manger au MacDo. Pendant que mon estomac crie victoire, je m’aperçois que mes jambes ont continué de trainer sans mon accord. Je suis encore dans la boutique, mais où, le trou noir. Et pourquoi des panneaux indicateurs en chinois pour nous vendre des choses traduites en français ?! Bandes de racistes ! De toute façon, tout est “made in taïwan”... Ah, littérature. Dis donc, mes pieds sont drôlement intelligents ; ça fait un moment que je n’ai pas acheté un bon livre. Pourtant, j’aime bien lire, dans le creux des couvertures, au réveil, avant de m’endormir. Je pourrais peut-être poursuivre ma série préférée, Les aventures des fiers de hache. Je dois avouer, je suis fière d’être arrivée au bout, trois tomes, plus que trois tomes et j’aurais fini. Pas une mince affaire que celle là ! Oh, mais quelle gourde ! Je vais payer avec quoi ? Bon, chapardage ou marchandage. Et si je prenais un crédit sur une semaine ? Mon exposition va certainement me rapporter une petite cagnotte. Allez, vendu ! Á nous deux, Zangdar !
Dernière édition par Lemli le Jeu 24 Mai 2012 - 9:24, édité 9 fois |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mar 17 Avr 2012 - 13:47 | |
| L'histoire continue, tant mieux, et avec l'introduction de la personne qui va découvrir la lettre, ça part sur les chapeaux de roue.
Ton texte est toujours aussi fluide, très vivant, on se représente bien ton personnage et on ressent vite de l'empathie pour elle.
Tu as attisé ma curiosité, j'ai hâte de lire la suite. |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mar 17 Avr 2012 - 23:47 | |
| Intéressant, tu présentes ton nouveau personnage et tu prouves une fois pour toutes que tu maîtrise le présent à la première personne, c'est bien, drôlement bien. Bon pas grand chose à dire, j'aime assez les réflexions de ton héroine, un caractère bien-trempé, tant mieux, avec un sujet privilégiant la litterature je m'attendais à une écolière bien sage et qui se retrouve dans les bouquins. C'est bien mieux comme ça ! J'ai hâte de voir comment tu vas nous présenter la découverte de ce satané bouquin et la façon dont va réagir la dite Miya |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 19 Avr 2012 - 18:30 | |
| Merci². La suite avec la découverte de la lettre (mise en spoiler puisque vous l'avez déjà lue), un peu brusque, je devrais peut-être retravailler les derniers paragraphes. Sinon, j'utilise des mots japonais pour les insultes (quand elle perd son sang-froid) ; mais je ne connais rien au japonais, alors je fais confiance au très peu fiable Internet.Chinatown n’est pas terrible, et la capitale est carrément moche, mais je suis tombée amoureuse des Olympiades. Encerclé de toutes parts, caché aux yeux des profanes, ce lieu respire le calme et la modestie. La mosaïque des dalles de marbre, les toits de pagodes qui dissimulent les commerces… Pour moi, la culture profonde de mon pays d’origine, de cœur, est concentrée à cet endroit. Autour, c’est la surface, mais là, ce sont les sentiments. Purée, c’est beau ce que je dis… Par contre, les tours qui les surplombent me donnent envie de vomir ! Ça sent les basses-fosses de Paris à plein nez ! Quels imbéciles peuvent être assez niais pour louer ici ? Á part les jeunes femmes mélomanes, ravissantes, talentueuses, bien entendu. J’entre dans mon appartement, lessivée par cette matinée. M’affalant sur le canapé, je respire… Décompresse et me laisse emporter par le silence. Quelques minutes de pureté, d’innocence. Bon, au travail ! Ako en musique d’ambiance, volets fermés et lumière tamisée, je vérifie mes mails, mes messages, mon courrier. Rien ; pas grave, j’ai l’habitude. Délicatement, je prends ma tablette graphique, mon pinceau. Alors, des images somptueuses parviennent à mon esprit, cascade de pierres précieuses se jetant dans un gouffre sans fond ; salle de miroirs réfléchissant une aurore boréale ; Olympiades ; lac opalescent sous la lumière du crépuscule. D’un coup, mon bras s’anime, dessine, il virevolte au son symphonique de ma chanteuse préférée. Je ne sais pas ce que je fais, ou très vaguement. Les couleurs, les formes, c’est mon subconscient qui choisit à ma place. C’est comme ça depuis toujours. Après tout, l’art n’a pas à être compliqué et détaillé. Les émotions ne s’expliquent pas, elles se contemplent ; même si ce n’est pas l’avis de mon producteur. Les heures défilent, je ne m’en aperçois pas, concentrée ; jusqu’à ce que mon portable sonne dans ma poche. Je fais un bond digne d’un chat effrayé, pour un peu, je me serais accrochée au plafond ! La tablette m’échappe des mains, elle s’envole littéralement et se fracasse sur le carrelage du salon. « Shimatta ! Tais-toi, Bakayarô de téléphone, ou je te balance par la fenêtre ! » Examinant le tableau numérique, je constate l’écran fêlé, le plastique rayé, la disparition de ma peinture en cours. Les larmes me montent aux yeux. Quelques-unes, échappées, coulent le long de mes joues et viennent s’écraser sur un coussin. Parmi les objets de la pièce, j’ai défoncé ma seule source de revenus, mon âme, ma seule amie ! Je suis vraiment un cas désespéré… Le SMS responsable finit de m’achever : plus d’argent sur mon compte. Bordel, tout ça pour ça ?! Je sais que je suis fauchée, paumée, pas la peine de me prévenir ! J’en ai marre, marre de cette galère, de ce merdier ! Soudain, mes poumons se bloquent, je n’arrive plus à respirer. Non, pas encore ! Vite, je m’allonge sur le sol glacé et frappe ma poitrine à coups de poings. Cinq secondes passent, je commence à étouffer ; dix secondes, j’ai tellement peur. Ça va s’arrêter… Ça s’est toujours calmé… Quinze secondes… Puis j’inspire subitement, je tousse, je crache. Mes muscles se détendent et je tremble de partout. Je reste un moment sans bouger, sans penser. Au moins, ma colère s’est dissipée. Mais ces crises vont me tuer, un jour ou l’autre ! Crises d’angoisses, selon le médecin ; mes parents affirment que ce sont les radiations qui ont détérioré mes organes, lors de la catastrophe de Fukushima, quand j’étais gamine. Lesquels ont raison ? Je ne sais pas, je ne veux pas le savoir. Je voudrais juste que ça s’arrête, par pitié… C’est curieux, de là où je me trouve, la maison me paraît plus intéressante. Toutes les teintes violettes sont différentes, vivantes. Les meubles modernes se précisent, les murs bougent. Les murs bougent ? La vache, réveille-toi ma belle, tu débloques ! Allez, lève-toi ! Je m’assieds sur la table basse. Ah non, sur Les aventures des fiers de hache. Je l’attrape, le regarde, caresse sa couverture. J’aime faire ça, c’est apaisant ; et j’en ai besoin ! Mais qu’est-ce que… Pourquoi il y a une lettre ? Une lourde enveloppe tombe dans ma main, l’en-tête élégante, cachetée, mais sans le moindre timbre. Il se passe quoi là, un canular, une caméra cachée ? Méfiante, je l’ouvre et commence à lire :- Spoiler:
« – Je vais te crever, bâtard ! Surpris, je lève les yeux du livre. Deux adolescents traversent le rayon en courant, l'un tentant d'attraper l'autre, et tous deux avec un sourire aux lèvres. Ce n'est rien, Lucien. Juste un choix de langage inapproprié pour l'évènement ; allié à une évolution effrayante de l'éducation. Ou peut-être parce qu'ils n'ont jamais rien fait d'autre que de s'injurier dans cette partie du magasin. Peut-être qu'ils n'ont même pas remarqué qu'il y avait des livres, ici. Malheureusement, cela semble devenir le cas d'un nombre exponentiel de personnes. Enfin, en ce qui concerne les romans. Bien entendu, les mangas et les bandes dessinées ont beaucoup plus de succès. Lorsque je les interroge sur cette préférence, ils me répondent que c'est mieux, parce qu'il y a des images... Cela n'est pas sans rappeler les enfants de cinq ans qui lisent des bouquins illustrés, pour l'éveil de leur esprit, et pour s'ouvrir au monde qui les entoure. C'est pareil avec les jeunes, sauf qu'ils s'éveillent à coups de shurikens et de poings dans la gueule... Un froissement de tissu ramène mon regard dans l'allée. Une charmante demoiselle s'approche, l'air intéressée. Après quelques coups d'œil dans les différentes rangées, elle se tourne vers un employé et demande : – Excusez-moi ; j'aurais besoin d'un livre pour l'université, il s'appelle... Oui, je me disais aussi. Cela serait bien la première fois que je vois une personne de moins de vingt ans faire preuve d'enthousiasme, à la vue de ces tonnes de pages. Les seules qui franchissent le pas vers l'imaginaire sont souvent âgées de plus de cinquante ans. Peut-être parce que ce genre ne s'est étendu qu'après leur naissance. Peut-être qu'ils ont eu le temps de voir les horreurs de ce monde, donc de vouloir se réfugier dans la beauté d'un nouveau. - 13 mars 2016.J'aimerais me tromper. J'aimerais tellement être dans le mauvais magasin, à la mauvaise heure, à la mauvaise saison ; comme ce fut le cas dans le paragraphe précédent. Malheureusement, j'ai fait le tour de ces endroits. La poussière s'entasse sur les étagères, sur les pages et les reliures ; seulement déplacées par le vent soufflant d'un morne cimetière, où rien ne bouge, rien n'avance. Je devrais plutôt me rendre à l'évidence... Notre lutte a échoué. L'humanité a perdu ses rêves, sa capacité de rêver. Je soupire. Ma tactique est vouée à l'échec, je le sais, mais elle reste la dernière à laquelle j'ai pensé. Je tourne le dos aux caméras de surveillance et sort une lettre de mon manteau. Le plus discrètement possible, j'ouvre le roman que j'ai choisi à l'avance, et y glisse la feuille de papier. Il s'agit de notre dernière chance. Une chance de désespéré. - 20 juin 2025. »« Je faisais partie d'une petite communauté, appelée "Le cercle des pensées". Créée en 2017, elle se battait contre les horreurs qui survenaient partout dans le monde - la guerre, les catastrophes, la misère - et qui, petit à petit, détruisaient l'envie et la passion de lire. Depuis plusieurs années déjà, nous recueillions les chefs-d'œuvre de la littérature, destinés à disparaître des mémoires ; car qu'ils soient best-sellers, méconnus ou libres de droit, leurs exemplaires devenaient rares, sinon introuvables. Wells, Tolkien, Shakespeare, Asimov, Hugo, Verne, Clarke et centaines d'autres auteurs, seuls quelques libraires amoureux s'acharnaient encore à les présenter. Nous préservions ainsi les plus grands moteurs de rêves jamais écris, au cas où, un jour prochain, l'humanité serait de nouveau apte à comprendre les lignes qu'ils contiennent. Nous essayions également de réveiller cette compréhension par l'intermédiaire de messages, ateliers et salons de lecture. Mais cela fit plus de mal que de bien... Le gouvernement eut vent de nos actions. Et alors que nous n'avions rien fait d'autre que les initiatives précédemment citées, des hommes politiques, riches et puissants - d'après nos propres sources d'informations - organisèrent des assassinats contre les membres de notre groupe. A partir de cet instant, la vie de chacun d'entre nous n'était plus que calvaire et enfer. Mais pourquoi ? Pourquoi s'en prendre à des férus de littérature ; qu'est-ce que les différents chefs d'états pouvaient nous reprocher ? Je n'ai pas tardé à le découvrir. La réponse était devant notre nez. Visible de tous, sur Internet, à la télévision, dans les magazines. Les ventes de livres chutaient, et avec elles les pourcentages de manifestations, de révoltes, et de grèves ! En menant d'autres recherches, la confirmation de mes craintes vint à moi. En proportions égales à la perte, les lois en défaveur de la liberté augmentaient, quadruplaient, décuplaient ; et les prix de consommation flambaient ! Mais personne n'avait réussi à faire la liaison entre les deux problèmes ! Pourtant, les livres ne renferment-ils pas les plus grandes idées, les plus grandes évasions ? Ne sont-ils pas à la base de la révolution, de l'indépendance intellectuelle ?! Sans les fictions ; sans la fantasy, la science-fiction, la poésie, le policier, le fantastique, le thriller ; sans tous ces genres littéraires et plus encore, que peut-il rester à un esprit humain ?! Les gouvernements avaient trouvé le moyen de faire de leurs peuples de simples moutons, dénués de colère et de réflexion ! En camouflant la littérature, ils détruisaient l'imagination. En annihilant l'imagination, ils gagnaient le pouvoir absolu... Aujourd'hui, je reste le dernier membre de ma communauté. Tous sont morts d'accidents douteux, ou de meurtres silencieux. J'ai peur que mon tour ne soit plus très loin, alors je prie pour que ce message tombe entre les bonnes mains. Vous trouverez ici une carte. Les chefs-d'œuvre dont je viens de parler sont cachés à l'endroit indiqué dessus. Lisez ces livres, vous devriez immédiatement retrouver votre capacité à réfléchir par vous-même. La suite se trouve au même endroit. J'y ai dissimulé des énigmes que seul un membre du cercle peut résoudre. Elles expliquent entre autres choses comment me joindre, quelles actions peuvent empêcher les gouvernants d'aller plus loin ; et des techniques pour recruter de nouveaux membres. Si vous êtes la bonne personne... Si vous êtes la bonne personne, je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture. Lucien L. Xinlorrn. » C’est qui cet allumé qui s’incruste dans mon roman ? Sans blague, je n’ai pas avancé un crédit pour qu’on m’emmerde chez moi ! Et l’autre qui geint, j’ai assez de problèmes comme ça, merci ! Dégoutée, je froisse les deux feuilles de papier et les jettent dans les tréfonds de la poubelle. Je crois que ça suffit pour aujourd’hui. Je vais me coucher.
Dernière édition par Lemli le Dim 13 Mai 2012 - 20:54, édité 3 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 19 Avr 2012 - 22:58 | |
| La suite est toujours aussi prenante, surprenante même quand on la voit jeter la lettre (bon, je suppose qu'elle va aller la rechercher, sinon il n'y aurait pas de suite à l'histoire ?).
Ton écriture est toujours aussi fluide, ton héroïne attachante, on aurait presque envie de l'aider à résoudre ses problèmes.
Pas d'autre remarque à faire, sinon que j'attends les prochains chapitres, tu as une lectrice curieuse de connaître la suite ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Ven 20 Avr 2012 - 0:14 | |
| J'aime beaucoup la suite avec notamment la fin qui est assez étonnante. Je trouve aussi que tu as très bien retranscrite le moment de création de l'artiste Enfin, pour le japonais, c'est correct |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Dim 22 Avr 2012 - 11:20 | |
| Merci². Je trouvais que la fin était assez classique et attendue ; le refus total comme première réaction. Tant mieux si cela ne se ressent pas ! Parce que je ne voyais pas Miya réagir autrement qu'avec violence, après la journée qu'elle a eu. Pas de texte aujourd'hui, mais je peux vous donner des images de Chinatown et des Olympiades (Mon travail est exclusivement basé sur ces images, je n'y suis jamais allé) : http://mes-loisirs.over-blog.com/article-36526833.html http://www.parisolympiades.com/var/semapa/storage/images/mediatheque/olympiades/carrousel/parvis-des-olympiades/323975-2-fre-FR/Parvis-des-Olympiades_tetiere.jpg http://www.info-brocantes.com/Vide-grenier-des-olympiades-Paris-13eme-img12897.jpg http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/33/Paris-olympiades-wikimedia.jpg |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Dim 22 Avr 2012 - 11:41 | |
| Personnellement, je ne m'attendais pas au refus total, même si comme tu le dis maintenant, finalement ça semble logique et en accord avec ton personnage. Merci pour les liens vers les photos du quartier chinois de Paris, j'étais allée m'y promener une fois il y a quelques années, je m'en souviens maintenant. C'est vrai que le quartier est assez surprenant, beaucoup de tours froides et impersonnelles, et au milieu, cet espace plus tranquille, mais aussi des commerces pleins de vie (je me rappelle du supermarché Tang et notamment de ses énormes sacs de riz de 20 ou 50 kg qui m'avaient impressionnée, et à côté de ça, des petites boutiques plus tranquilles et intimistes). A l'occasion, il faudra que je retourne faire un tour là-bas, j'y rencontrerai peut-être Miya ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Mar 24 Avr 2012 - 20:58 | |
| Moi, la dernière personne que j'ai recontré qu'y sortait d'un livre c'était frodon, et bah je peux vous dire qu'il est beaucoup moins sympa en vrai |
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| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 26 Avr 2012 - 10:01 | |
| Et voici le début du chapitre 2 ; à ce propos, est-ce que vous voyez la police du titre des chapitres : italique, cursive ? Parce que c'est une police téléchargée, et je me suis toujours demandé s'il fallait l'avoir sur son ordi pour la voir.Chapitre 2 : Mais alors... C'est vrai ? Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. J’ai l’impression que si je regarde, la misère va s’abattre sur moi ; que si je vois, ce sera pour contempler l’obscurité. Non, je préfère rester dans le noir. Celui là, je le connais. Alors je m’occupe avec un jeu vidéo. Dis, tu sais que ton contrat expire dans deux semaines ? Fiche-moi la paix, j’essaye de couper la tête d’un elfe noir… Miya, avec quoi tu vas payer ton loyer en retard ? Tais-toi, je suis en pleine guerre civile ! Oh, non ! Ça y est, je suis morte… Vidée de mon sang par une araignée toute velue, on aurait dit mon banquier. Malgré mes efforts, le temps ne passe pas. Il me nargue, me taquine, et je suis sure qu’il recule ! Qu’est-ce que je peux bien faire ? Ma tablette abimée à ce point, l’infopeinture est à oublier. J’envisage de lire, mais si je trouve un autre griffonnage caché au milieu de l’histoire, ça va chier ! Mon estomac engage une nouvelle conversation, sans succès. Quel goinfre ! Á peine le déjeuner terminé qu’il en redemande ! Il me coûte plus cher qu’un animal de compagnie et je ne peux même pas le caresser en guise de consolation. Enfin, surtout en public ; j’aurais l’air fine à prendre mon ventre pour un chat… 13 h 00. Encore… Je flâne sur Internet, sans véritable intérêt. Mes gestes deviennent machinaux, je saute de site en site, des books de mes concurrents aux recrutements des grandes entreprises, des nouvelles expositions aux concours ; en passant par les enchères et les brocantes en tous genres. Au bout d’un moment, je ne sais même plus ce que je lis, ni pourquoi je m’y évertue. Quand je fais le point, je me rends compte être en conversation avec mes amis. Aeris énumère les magasins qu’elle a dévalisé, et, toute fière, continue sur sa lancée en contant les atouts virils de sa conquête. Ça aurait pu s’arrêter à quelques commentaires coquins, si je n’avais pas vanté les mérites physiques de notre Natanael national. Le strip-tease à la webcam… Pas beau à voir. - Citation :
- Le Malade dit : Je vois pas ce qu’il y a de si drôle.
La Fidèle dit : Dites, ça vous intéresserait de sortir ? Après ce spectacle macabre, j’ai besoin d’air. La Fidèle dit² : C’est toi entier qui me fais rire, ma guimauve adorée ! Le Malade dit : Au moins, moi j’ai des seins, pas comme certaines. Ok pour le rendez-vous. La Fidèle dit : Oh, le sale puceau ! Si je t’attrape, je te fais griller, espèce de marshmallow ! Miya ? … La Fidèle dit² : T’es sous le charme, ou encore trop dégoutée ? La Chanceuse dit : Je vous aime, tous les deux. On se retrouve devant la bibliothèque Mitterrand. Sans attendre leur réponse, je me déconnecte. Et soupire… Depuis le départ de Maïwen, notre cheftaine, l’ambiance du groupe me semble fade, fausse. Les fous rires sont moins nombreux, les délires plus réservés. Je ne comprends pas ce qui nous est arrivé. Nous, si soudés dans le malheur, commençons à dissimuler nos problèmes et à les résoudre seuls. Il manque peut-être un nouveau membre, un remplaçant ; quelqu’un de rudement intelligent, d’endurci, avec un cœur aussi grand que celui de Citywoman. Ou alors, je suis en train de faire une bonne grosse dépression ! J’enfile en vitesse les vêtements de la veille, mes brassards de cuir, mon chemisier et ma jupe bien-aimée. Un fedora sur la tête ; prête ! Oups, un peu plus et je partais sans baskets ! Attends, faut descendre la poubelle. J’ai un parano calligraphié à mettre aux ordures.
– Je m’ennuie… C’est le cas de le dire ! Pour ça, je suis mieux à la maison. Bousculée de toutes parts par les satanés Parisiens, coincée sur un minuscule trottoir ; entre les adeptes du métro, les touristes inconscients et les voitures complètement folles, je me sens mal à en criser. Sans compter le clochard roumain, marmonnant ses mille et une supplications, que je ne vais pas tarder à envoyer paître ! Non mais c’est vrai, ce n’est pas parce que j’ai les yeux bridés que je suis forcément gentille ! Aeris est en retard, comme à son habitude. Mademoiselle doit se faire belle pour draguer son futur petit ami ; futur ex. Je patiente en parcourant, devant l’entrée du bâtiment, les stands d’écrivains, entre autre Sam Nell, Rachel Fleurotte, Samantha Bailly, Justine Niogret ; ce qui n’est pas pour plaire à Natanael, l’inculte par excellence. – Miya, je m’ennuie. – Ce n’est pas à moi qu’il faut dire ça. – Mais la Fidèle n’est pas là, je m’entraîne sur toi, en attendant… Sérieux, à quoi sert cet endroit ? Des livres, des livres, une indigestion de bouquins tous aussi barbants les uns que les autres ! Je ne sais pas comment vous pouvez rester à lire une journée, ou même une heure ! Jouer au foot, aller à un concert ou regarder un film, il y a tellement de choses intéressantes à faire. Je réfléchis, le temps de converser avec l’auteur de La septième prophétie, de la féliciter pour la réédition de sa nouvelle, Acaciane. Plutôt sympa ; une pré-vieille, en somme. – La littérature est un moyen de s’exprimer, comme la peinture ; autant que la musique et le cinéma. Tu n’as jamais appris à écouter avec les yeux, c’est tout. – Des centaines de pages pour s’exprimer ? Ils sont pas doués ! J’éclate de rire, quelque peu dépitée. Si les goûts et les couleurs de chacun sont un hasard de la nature, on trouve des personnes vraiment mal dotées. Est-il au moins possible d’expliquer cette simple règle de l’art à un homme borné possédant le vocabulaire d’un enfant ? – Laisse-moi t’éclaircir. Quel est le dernier livre que tu as lu ? – Ouah, ça remonte… Le cycle des pierres, je crois. De Xinlorrn. Je m’arrête, stupéfaite. Je mets un instant à intégrer ce qu’il vient de dire ; déjà car je cherche où ce nom est apparu, ensuite parce que je m’en souviens. La lettre ! Incroyable, le paranoïaque est un écrivain ! Mais cela ne change rien, pourquoi aurait-il senti le besoin d’écrire un texte anonyme, unique, à un destinataire inconnu, s’il n’était pas fou ? S’il n’est pas fou… Peut-être a-t-il raison ? J’essaye de me rappeler le contenu du message. Ça parle de gouvernement, d’imagination, d’une carte. Si ça se trouve, j’ai réduit les espoirs d’une communauté entière à néant… C’est ça, cesse de délirer, Miya. Comme si ça pouvait tomber sur moi. Comme si ça existait ! Plus raisonnable, je réalise que je pourrais la vendre. L’auteur est connu – même très populaire si Natanael l’a lu ! – il suffit d’un collectionneur un peu fêlé, d’une négociation, et à moi la tablette toute neuve ! Seul problème au tableau, elle se trouve désormais parmi les détritus… – Tu vas bien ? – J’ai oublié de… payer l’électricité, chez moi. Préviens Aeris, ne m’attendez pas ! Sur ce, je m’élance, renversant une pile de prospectus. Sans pouvoir me défaire de cette idée précise : Et si c’était vrai ?
Pain rassis, saumon pourri, une soupe ou du vomi ; non, ce n’est pas ma poubelle. Caviar, sauce moutarde et volaille. Aïe ! Tesson de bouteille ! Et le tri sélectif, c’est pour les jeunes filles dégueulassées qui cherchent un bout de papier ?! Tiens, qu’est-ce que c’est, ça ? Rappel des huissiers, bonne chance, brusque sans domicile. Un préservatif, des magazines de charme… Curieuse association. Oh, un billet de cent Francs, quel gâchis ! Et ça, c’est quoi ? Beurk… Un extraterrestre, ou une expérience génétique ; en tout cas, ça à l’air de se manger, vu les marques de dents. Je m’éloigne cinq minutes du carnage, avant de subitement en rajouter une couche. Rien, que dalle, nani mo ! Je l’ai pourtant jeté ici, il n’y a aucun doute là-dessus, mais impossible de mettre la main sur ce sac. En temps normal, je soupçonnerais mon voyeur de voisin ; j’en suis surtout à penser à l’assez bonne journée que j’aurais pu passer. Ceci dit, soit je deviens cinglée, soit on a kidnappé ma poubelle, quand même. – Ça y est, vous avez fini ? Je sursaute. Le concierge m’observe, m’examine, depuis le pas de la porte. Génial… Demain, je suis certaine qu’une rumeur sur la voleuse japonaise commençant à mendier se relatera dans tout le quartier. Sale rat fouineur ! – Je dois les sortir, vous avez terminé de fouiller ? – Non. Mais tant pis. Avec un minimum de concentration, je réussirais peut-être à visualiser la carte, ainsi que l’emplacement de cette réserve. Si elle n’est pas l’invention d’un dérangé, je dégoterai comme prévu ces fameux livres. Si rares… Donc sûrement chers.@ Abigaelle : Le passage sur toi est la réponse au fait que tu puisses rencontrer Miya. En tant que clin d'oeil, ce sera à rester sur le forum, non à envoyer dans un manuscrit ; ceci dit, si tu souhaites que je l'enlève d'ici, fais moi signe.
Dernière édition par Lemli le Lun 7 Mai 2012 - 23:48, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 26 Avr 2012 - 21:31 | |
| Merci pour le clin d'oeil, pas de problème, tu peux le laisser. Devenir un personnage de roman, quel honneur ! C'est amusant, je repensais justement à cette nouvelle, "Acaciane", hier soir, je la mettrai peut-être ici dans la rubrique "nouvelles" un de ces jours. Par contre j'avoue m'être interrogée sur le sens de ta phrase "Plutôt sympa ; une pré-vielle, en somme.", enfin surtout sur le mot "pré-vielle", tu peux m'éclairer là-dessus ? Sinon je suis toujours prise par ton histoire, je la trouve agréable à lire et fluide, et la disparition de sa poubelle ajoute un peu de mystère pour la suite. L'introduction de ses amis élargit le cercle des personnages et permet de faire ressortir d'autres traits de son caractère. J'aime bien la façon dont tu arrives à atténuer certains aspects de sa personnalité (un côté qui paraîtrait vénal, mais s'explique par son manque d'argent) par d'autres, comme son amour visible pour les livres et l'art. Pour la calligraphie du titre, ça passe à l'écran, et je ne suis pas sûre de l'avoir sur mon ordinateur, donc ça marcherait bien. Pas d'autre commentaire à ajouter, continue comme ça, je suis curieuse de lire la suite. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 26 Avr 2012 - 22:15 | |
| C'est qu'en 2025, tu auras 51/52 ans ; et selon la pensée de Miya, "Il n’y a vraiment que les vieux pour être gentils", il est normal qu'une pré-vielle (pas encore vielle, mais ça arrive !) soit sympathique. C'était la petite remarque qui tue de la jeune fille de 20 ans à une ainée. : : Sinon, j'ai oublié de mettre la tenue vestimentaire de Miya, comme elle, recherchée, classe, extravagante. - Citation :
- Une Jupe type flamenco ; donc que le bas de la robe, et un peu plus courte ; couleur noir avec 'mèches' comme ses cheveux teints.
Un chemisier à frou-frou, mais plutôt manches courtes, avec des teintes violettes. Un seul ou deux brassards, plus fins, moins épais, avec le même espèce de collant qui ressemble à un bas résille pour les bras. ^^ Et puis le fedora/borsalino... Je sais pas, j'ai pensé à une barrette à fleur, un chapeau à plume, un fascinator, un bandeau, un bandana ; elle serait peut-être mieux sans rien dans les cheveux.
Ajoutons un collier de fake-saphir apparent, et elle peut défiler. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Jeu 26 Avr 2012 - 22:41 | |
| C'est bien ce que j'avais cru comprendre, j'avais un doute à cause de l'orthographe : "vielle", c'est un instrument de musique : "vieille" là effectivement ce sera moi en 2025 face à Miya ! Remarque, on me donne régulièrement quelques années de moins que mon âge réel, donc avec un peu de chance, en 2025, je ne ferai pas encore "pré-vieille" Personnellement, pour la coiffure, j'aime beaucoup le fedora, je trouve que ça rajoute une certaine classe, et tu as beaucoup plus de gens qui ne portent rien sur la tête, donc ça ne la distinguerait pas si elle ne portait rien. Par contre, il me semble qu'il y a une incohérence entre ton texte et la dernière description : Dans ton texte : - Citation :
- mes brassards de cuir,
Dans ta dernière description : - Citation :
- Un seul ou deux brassards, plus fins, moins épais, avec le même espèce de collant qui ressemble à un bas résille pour les bras. ^^
Ils sont en cuir ou en sorte de collant ? Ou en cuir fin qui ressemble à un collant ? Je trouve la première version, en cuir, plus raccord avec le reste de sa tenue, mais ça c'est mon avis personnel. En tout cas je la visualise bien maintenant, mais bon, comme c'est en 2025, même si je vais faire un tour dans Chinatown, je ne risque pas encore de la croiser ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Ven 27 Avr 2012 - 10:48 | |
| Bah, quoi ? On ne dit pas les vieux de la vielle ? rohh, d'accord, je corrige... ^^
Ce serait bien des brassards de cuir, comme sur la photo, mais au niveau du titre on remarque un genre de collant qui termine l'accessoire. M'enfin, le plus important sont les brassards, (ou un seul, élément qui servirait à accentuer le mouvement qu'apporte la robe de flamenco. En infographie, on appelle ça le flow : lorsque tous les éléments vont dans le même sens). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Ven 27 Avr 2012 - 12:37 | |
| J'aime bien la suite, tu prends ton temps et ça marche bien |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le cercle des pensées | Chapitre 2 Ven 27 Avr 2012 - 13:34 | |
| Bon, ça commence à bien se mettre en place tout ça, j'aime bien ! Comme l'a dit Hardkey, on voit que tu prends ton temps pour développer les personnages et l'univers avant de lancer pleinement l'intrigue, c'est à mon sens exactement comme ça qu'il faut faire, et là c'est très réussi. J'aime toujours autant ton héroine, elle se rapproche de plus en plus du sujet de l'histoire sans en voir encore toute la portée, du coup elle prend tout au second degré et c'est plutôt amusant, honnêtement c'est très bien tourné. Je poursuivrai ma lecture avec plaisir |
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