la vieillesse des bonhomes de neige

la vieillesse des bonhommes de neige


il fait nuit
la fenêtre sans rideau
laisse une lumière blanche pénétrer la chambre
ce soir le ciel est gros
et les nuages devant la lune
sont plein jusqu'a crever
d'étoiles de glace
un peu de vent
et voici les premiers qui s'échappent
quittent l 'obscurité du ciel
pour venir
sous la lumière des réverbères
comme des papillons affolés
avant de s'engouffrer
dans le gris des villes
sur un trottoir
sur une auto
nos choses urbaines et plastiques
sous la jigue des flocons
nul hommes
nul chats ne s'aventure
et la neige jalouse sévèrement
cette nouvelle virginité qu'elle donne aux lieux
un jardin d'enfant sans enfant
un carrefour sans voiture
le jour ce lève sur de nouveaux paysages interdis
livrent nos souvenirs fiévreux
devant ces lieux pris de glace

mais déjà les enfants
toutes a leurs fébrilités
sortent leurs luges
remplace le silence grave du petit matin
par des cris de joies
et des folles descendent

tandis que doucement devant chaque maison
s'élèvent deux boulles
une grosse pour le corps
une petite pour la tète
quelques restent de branche de sapin pour les bras
deux feuilles pour les yeux
une carotte pour le nez
des dents de pierre
un écharpe en laine
car le bonhomme est frileux

las, les jours de froids passent
seuls restent des morceaux de glace dans les ombres
le rebord des routent
les enfants s'en sont retournés dans leurs chambres
a boire des chocolats chauds
un peu de pluies salit les routes
et la ville devient triste et terne
restent sur le bord des trottoirs
nos bonhommes de neige abandonnés
tout autour l'herbe se remplit d'eau
les voitures reprennent possessions des boulevards
à toutes allures
amnésique
les enfants sacs au dos s'en retournent à l'école
de nouveaux jeux dans les poches
seuls restent dans le parc nos bonhommes
deux petites boules de neiges
un peut bancales
les cailloux glissent un peu
et les vieux bonhommes affichent un sourire édenté
devant une vie si brève
c'est la vieillesse des bonhommes de neige
incongrus sous le soleil
soudain il ne reste qu'une petite flaque
de nos derniers souvenirs
de notre dernier hivers
de cette parenthèse dans le temps
qui nous rend nos rires d'enfance
oui du bonhommes
il reste une poigné de cailloux
comme un fantôme sans naissance et sans tombeaux
mais ne soit pas triste
dans le vent du nord
il s'en est retourné
gonflé d'autres hivers
prêt à rendre la terre
notre enfance premiere