Je est un autre
Tu es à qui ?
Si je m’ignore, mes îles désertes, mes chemins de déshérences, mes eaux cobalts
Que suis-je dans l’horizon de tes pensées ?
Changeante comme la mer l’est au ciel
Tu vis là-bas à côté de moi
Tu vis là-bas loin de moi
Le corps, le cœur pas toujours l’un contre l’autre
Ce n’est pas à proprement une forteresse, née en un jour, entre nos deux fronts
Serais ce un chemin de brume ?
Ta voix me guide
Ma voix comme réponse
Sommes-nous de grands enfants
Perdus dans la foret
Sans jamais avoir vu le loup ?
Sommes-nous le corps et l’esprit
Serais-je une colombe ? (un peu grasse)
Serais tu un homme ? (un peu grissonant)
La colombe touille son whisky
L’homme se promène
Nous sommes un port commun de différents gréements
Dans le jardin du midi
La lumière est trop vive
Jalouse de l’ombre
Elle tue les mensonges
Tuer les mensonges
Sans casser l’œuf
Au pays des violettes
Restons raz des pâquerettes
A l’inventaire de nos deux vies
Restent les biens communs :
Un chien, un chat, un canari
Des voyages, des polaroids
Une collection de boules à neige
Des bouts de messages
« Bébé, je sors »
« Bébé, je rentre »
Des bouts de choses roses
Ou que je peints
Avidement
En rose toujours chairs
Tout couturier sait faire des bouts de choses
Un manteau pour l’hiver
Avec grâce
Mais voila
Je ne sais ni le fil, ni l’aiguille
Je ne construis que des nœuds
Des bouts de nœuds
Que je rends de temps à autres
Comme d’autres leurs boulettes de poils
Entre les fleurs de jasmin
Tombée sur la table
Navigue de courageuses fourmis bien aventureuses
Le courage peut abriter bien des tous petits
Moi grande carcasse je casse la glace
Reste la vie
Tressés de rêves et de mensonges
Seules les Parques coupent les fils
Je leur laisse le joyeux tri de nos liens bien à vifs
Dans les jours d’été il fait trop chaud
Pour construire un radeau
Je ne suis guère une Ulysse en sac à main et seresta
Du reste je ne cesserais dans appeler aux dieux
Sur leurs incompétences
Au ciel
Je demanderai
Un organigramme
Un service clientèle
Non
Dans les jours d’été je me raccroche aux seules évidences :
C’est l’été et les oiseaux chantent