Dans l’aube
J’ouvre les yeux
Par la fenêtre
Des avions argentés traversent des nuages roses
Sèment à toutes leurs escales des chemins blancs
Le matin je prends un bain qui sent le pin
Le savon à la violette fond dans l’eau verte
Des bulles blanches glissent sur la peau rose
Le chat noir regarde
Je cours dans la rue
Je saute dans un bus vert
Sur tout le boulevard les arbres sont en fleur
Nous déboulons au milieu des allées roses
Dans les jardins toutes droites les tulipes rouges prennent le frais
Dans le bus s’entasse des grands-mères aux chevaux gris
Des ados aux cheveux bleus
Une femme aux sandales de pierres turquoise
Une femme aux ongles rouges
Une autre aux paupières de paillettes dorées
Et c’est si joli sous le soleil
Elle est rentrée
A validé son ticket
Une femme noir, grande et large
Sous le voile
Sous le voile
Le corps plein
Le corps solide
Dans le bus
Une femme noire au voile noire est rentrée
Massive elle s’est assise sur un fauteuil
Dans l’avenue rose
La femme noir en noir
Transporte sa foi
Dans les replis de sa robe
Ombre mouvante dans la ville
Dans l’avenue tourbillonnent jaune et noir
Les premières abeilles
Un chien jaune renifle une piste
Des pétales blancs volent sur le bitume
Sur les balcons poussent des jonquilles jaunes
Le secoure de la vie
La douceur
La couleur
Le bonheur
Le printemps caresse toutes les peaux
Et laisse un gout
De liberté autant que de volupté
Le printemps subversif
Le printemps traverse toutes les peaux