A perdre haleine [texte court]

Courir, courir, toujours courir, courir après quoi ? On se le demande, ça fais 10 minutes que je cours comme un forcené à travers la ville, la peur au ventre et les poumons en feu, j'ai failli mourir à deux reprises à courir dans tous les sens, évitant les passants, sautant par dessus un chiens qui faisait ses besoins en plein milieu du trottoir avec son maître au bout de la laisse qui tapote frénétiquement sur son smartphone un sac'à'crottes coincé sous le bras, traversant la rue après avoir analysé en un centième de seconde le passage des voitures (un peu plus, d’ailleurs, et je me retrouvé à faire Starsky sur un capot) ; putain, j'ai Winston qui m'appelle dans ma poche mais pas le temps ni les moyens d'en allumer une en courant, faut que j'accélère, faut pas que je me fasse rattraper -rattraper par quoi d'ailleurs ? Le temps ? Le vent ? la neige? (T'es con, on est en été!!) Ma vie ? Mon travail ? Mes enfants qui ne voulaient plus me lâcher la jambe ? Ou bien ce coup de téléphone juste avant de fermer la porte ? Je ne sais plus en fait - alors on baisse la tête et on augmente la cadence des jambes, plus vite, toujours plus vite ; un passage piéton, le feu est rouge, tan pis, pas le temps un coup d'oeil à droite, à gauche, et on traverse, après quelques coups de klaxon je suis encore vivant, trop tard pour les engueulades, je continu, cette fois c'est tout droit, toujours tout droit, je vois la lumière blanche devant moi qui m'appelle, m'aspire, m'attire comme un aimant alors je fonce comme un dingue, la langue pendante, le souffle court et ce feu dans la poitrine - qui me rappel que Nico n'est pas forcément un pote (mémo : penser à arrêter rapidement) – et là, comme si quelqu'un avait appuyer sur pause, le temps se fige, s'arrête, je repense à ce coup de fil de mon chef, il avait l'air inquiet et en colère en même temps, on pouvait sentir une lueur de terreur dans sa voix, mais pas moyen de me rappeler, à part les cris et les pleurs de mes gosses, c'est tout ce dont je me souviens.
PLAY, la ville reprend son rythme et défile sous mes yeux, je fini par m'apercevoir que la lumière blanche n'était que le reflet du soleil dans une vitre ; un peu déçu je continu ; là devant, ce carrefour, je le reconnais, il faut que je tourne à droite puis je crois me souvenir que c'est 100 mètres plus loin,
alors dans un dernier effort surhumain, je pousse une dernière accélération qui me brûle les jambes et sprint vers cette ligne d'arrivée tel Usain Bolt qui veut décrocher un dernier record du monde.
Je ne sens plus rien, ni mes jambes, ni mes poumons ni aucune parti de mon corps puis je m'arrête, je regarde les quelques marche qui me sépare de cet homme qui me regarde froidement, je monte, glisse ma main vers ma poche revolver pour en sortir mon portefeuille et avec la plus grande courtoisie demande en comptant la monnaie :
-Bonjour monsieur, un ticket s'il vous plaît .