Djevelen Roi des posts ? Oui, ça me va
Nombre de messages : 1281 Age : 22 Localisation : Dans les vapes... Loisirs : Etre ici, tout simplement. Date d'inscription : 30/08/2016
| Sujet: Yegov (titre provisoire) Mer 13 Déc 2017 - 19:10 | |
| Coucou ! Voici une nouvelle histoire qui, j'espère, vous plaira ! - Partie 1 :
Le cliquetis d’une arme que l’on charge, le frottement léger d’une botte dans la poussière. Ils sont là. Yegov les avait attendus toute la journée en espérant qu’ils ne viendraient pas, qu’ils ne le trouveraient pas. A nul instant il ne s’était leurré, mais il aurait aimé que ces pensées utopiques fussent vraies. Là, seul dans cet entrepôt peuplé de rats, de cadavres de caisses et de poussières, il n’osait plus esquisser le moindre geste de peur qu’il ne le trahisse. Alors, tapis derrière les restes de ce qui avaient été autrefois une commande d’ordinateurs, Yegov attendait, à l’affut. Il savait que s’il se décidait à frapper, il n’aurait pas de seconde chance. C’était la victoire ou la mort. Ainsi, sûr de lui, il plaça une capsule de poison sous sa langue, prêt à toute éventualité. Un bruit, imperceptible pour tous sauf pour lui, provenant de la gauche le fit tiquer. On eut dit une cannette de bière que l’on décapsulait. Une grenade. Yegov grimaça. Si ces enfoirés venaient bien d’utiliser une grenade B17, caractérisée par ce petit bruissement sourd occasionné après son déclenchement, il n’avait qu’une minute pour réagir. « Que quelqu’un veille sur moi » pensa-t-il ironiquement. Accroupi, il se dirigea précautionneusement vers la source du bruit. Rien n’aurait pu le trahir. Ses mouvements fluides frôlaient la poussière sans jamais la déplacer, comme s’il volait sur un tapis de nuages, et ses pieds nus, seuls contact avec le sol, captaient les moindres vibrations du son. Ses sens en alerte, il ne tarda pas à détecter un mouvement à dix heures. Deux hommes. Lourds. Probablement deux AK-47, deux grenades B17 et des couteaux de combat. La démarche de l’un des deux était plus inégale. Blessé. En voie de guérison. Yegov se mordit la lèvre. Il allait falloir jouer serré. Dans quarante-sept secondes, la grenade répandrait l’entièreté des gaz dont elle était composée et il préférait sincèrement se trouver à des milliers de kilomètres de là lorsque cela arriverait. Il prit donc son courage a deux mains et se ramassa derrière une caisse, prêt à bondir. Son cœur battait à tout rompre et sa tête lui faisait mal. Il avait bien trop utilisé son don dans une seule journée ! Néanmoins, il maintint sa perception des vibrations par le sol et attendit que les soldats s’approchent. Plus que trente-huit secondes. Enfin, il sentit le premier soldat arriver de l’autre côté de son abris de fortune et le second le talonner. Il serra les dents, ferma les yeux, visualisa les lignes de couleurs éclatantes qui fusaient sous ses paupières, inspira, écouta, expira, perçu les picotements au bout de ses doigts et s’élança. Il n’avait pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir qu’il avait percuté le premier homme, le bien portant, d’un uppercut bien placé. Il n’avait pas besoin d’ouvrir les yeux pour repérer l’autre homme, le mal en point, reculer brièvement avant de s’effondrer sous son direct du gauche dans la mâchoire. Seuls ses pieds allant bien plus vite que la normale lui indiquaient leur position. Il n’avait pas besoin non plus d’ouvrir les yeux pour les voir mourir sous leurs propres lames, mais il le fit tout de même parce que la mort, surtout si elle venait de nous, se regardait en face. Parce que, les paupières clauses, il n’aurait pu voir les visages de leur famille se reflétant dans leurs yeux perdus dans le vague. Trente-quatre secondes. Ses muscles se détendirent, ses oreilles bourdonnèrent, ses pieds furent soudainement mordus par le froid hivernal et sa tête lui sembla peser deux tonnes. Il entendit au loin, dans un brouhaha déconcertant, les hurlements des autres soldats qui patrouillaient à l’arrière du bâtiment et vit près de lui, comme dans un état second, un faisceau de lumière balayer les caisses et les corps mutilés de sa main. Il fallait qu’il décampe en vitesse. Yegov rassembla ses dernières forces et, dans un grand nuage de poussière, gagna la sortie de l’entrepôt d’un pas mal-assuré avant de s’enfuir de l’agitation militaire par les berges du fleuve qui coulait en contrebas.
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