Elle

Elle a 14 ans. Elle connaît ses premières règles. Son corps change, l'acné apparaît, la voix, elle aussi, change, indubitablement. Elle se sent si mal dans ce corps trop étroit, dans cette enveloppe charnelle qui, au fond, ne sert qu'à culpabiliser.
C'est aussi la période des flirts. On la veut, on veut d'elle, et elle ne veut pas des autres. Elle ne ressent que du dégoût. Mais c'est ce même dégoût qui la poussera plus tard à mourir. Elle se laisse, malgré elle, bercer par l'envie des autres, elle se laisse embarquer dans de sombres endroits, dans de lugubres entrepôts dont les toits ne sont que des lambeaux de tôle, qui face à la lune et aux nuages prennent la forme de lambeaux de peau.

C'est en ces sombres endroits qu'elle descend, lentement, dans l'estime des autres. C'est en ces sombres endroits qu'elle prend goût à trop de vices. Elle ne contrôle plus rien. Chaque morceau d'acier enfoncé dans ses veines est une torture, chaque produit nouveau injecté est un pas dans le néant. Mais elle ne peut résister. Elle perd sa contenance, elle perd ce qu'il lui reste encore. Plus aucune dignité. Plus aucun respect. Elle se meurt, lentement, mais personne autour de son frêle corps ne s'en doute. Personne autour d'elle n'en a cure, car elle n'est pour les autres qu'un jouet, qu'une attraction.
Tout le monde sait au fond qu'elle ne fera pas long. Elle est trop maigre, elle est trop naïve. Alors tout le monde en profite encore un peu avant qu'il ne soit trop tard. De toute façon, elle ne résiste pas, elle ne répond pas.
Elle a froid pourtant. Elle a peur aussi. Peur de ce qu'elle vit, peur de ce qu'elle devra encore vivre. Elle a peur de devoir partir trop vite pour en finir. En réalité, elle est terrorisée.
Elle espère cependant tenir encore un peu. Un tout petit peu. C'est un espoir fou qui divague et flotte dans ce qui lui reste de conscience. C'est une ombre obscure qui drape ses pensées. Tenir. Elle doit tenir. Encore un peu. Juste un peu…


Elle a 15 ans.
Elle n'aura pas tenu davantage.

bon, jamais été douée pour les critiques moi, alors je vais juste dire que c'est beau mais triste parce que réaliste!

Un texte magnifique mais quelle tristesse, d'autant plus quand on sait que c'est si réel. De quoi nous faire oublier nos petits tracas quotidiens. Un moment de grande émotions qui nous donne envie de regarder le monde par l'autre bout de la lorgnette.
En bref, je n'ai qu'une chose à dire : merci Iron de nous rappeler que certain souffre plus que d'autres.

M'ouais, un peu comme tous les textes tristounets, un peu trop facile. Bref, la sauce n'a pas pris sur moi. Peut ête à cause de mon boulot, va savoir...

Trés bien écrit cependant.

Moi je dis que certaines personnes sur ce forum devraient se spécialiser dans le genre "je fous les boules à mon lecteur" ...


Enfin, c'est vraiment beau, et triste bien évidemment.
Fort cruel aussi, et ça dénonce pas mal de choses. J'aime beaucoup.
De même, l'utilisation du présent me semble adaptée à l'histoire.

bon, j'ai mangé et donc les idées un peu plus claires que lors de ma première lecture ^^

En fait il y a deux petites choses qui me dérangent:

- Tu as écrit "on l'a veut" je mettrais plutôt "on la veut" et pareil deux phrases plus loin "qui l'a poussera à mourir" je mettrais "qui la poussera à mourir"

- "en ces ombres endroits" deux fois, ce ne serait pas plutôt "en ces sombres endroits"? parce que des endroits ombres ça sonne un peu bizarre...

fin voilà, vu mon niveau orthographique mes corrections sont peut-être mauvaises

En revanche j'ai beaucoup aimé ceci "Elle espère cependant tenir encore un peu. Un tout petit peu. C'est un espoir fou qui divague et flotte dans ce qui lui reste de conscience. C'est une ombre obscure qui drape ses pensées. Tenir. Elle doit tenir. Encore un peu. Juste un peu…"
très joliment formulé!

Oui, merci pour ces corrections, de petites fautes d'inattention (pour les ombres et sombres), et une simple incompréhension de la règle grammaticale pour la et l'a.

J'ai lu vos commentaires avec intérêt. Je peux concevoir que ce genre de texte peut être lassant. C'est souvent la même chose, souvent les mêmes maux qui reviennent, souvent les mêmes personnages...

Ma foi ! L'inspiration est si mystérieuse parfois !

céline a écrit:

En bref, je n'ai qu'une chose à dire : merci Iron de nous rappeler que certain souffre plus que d'autres.

C'est vrai que parfois on semble l'oublier. On se plaint d'un rhume ou d'un mal de dos, d'une mauvaise note ou d'un oubli (je suis le premier à le faire !), alors que d'autres crèvent de faim, et n'ont qu'une peur c'est de ne pas exploser sur une mine en allant chercher deux gouttes d'eau au puits qui se trouve à 10 km du village.

Le texte en soi ne représente rien de particulier, si ce n'est un certain désarroi. Parfois on se laisse emporter dans des choses que nous ne comprenons pas.

Alors j'ai lu, et je me rejoins à la majorité : trés bien écrit, émouvant, de jolies formules et triste, bien entendu.

Dans ce texte tu nous rappelles que nous sommes que des hauts privilégiés, que chacun de nos tracas ne sont rien par rapport à ceux que d'autres doivent supporter.
Certes c'est une triste réalité, mais j'ai toujours un certain malaise en parlant de ce sujet.

Evidemment qu'il ne faut pas oublier ces personnes, ces pays, qui ont un besoin constant d'aide, évidemment qu'il faut penser à eux, je suis le premier à etre démoli par les documentaires qui en parlent, où meme les infos qui relatent tant de malheurs.
Mais faudrait-il cupabiliser pour chacun de nos gestes ? Faudrait-il penser à chaque personnes qui souffent beaucoup plus que nous lorsque justemment, nous avons un petit rhume ou une salle note ?

Je ne suis pas sur de m'exprimer clairement, mais je vous expose juste mon mal à l'aise lorsque des personnes viennent me parler de toutes ces choses qui heureusement souvent ne m'atteignent pas, et j'épère, ne m'arriveront jamais.
Je crois que je suis tout simplement incapable de penser toujours à eux lorsque je mange à l'excès, lorque je me plains d'un petit rhume, où que j'ai la chance de voir un robinet couler, parce que je n'ai jamais été à leurs places, que je n'ai jamais connu leurs souffrances.
C'est un réel problème que je pense, je ne suis pas le seul à avoir.

Bref, j'ai beaucoup aimé ton texte, qui m'a rapellé des choses que j'ai tendance des fois à oublier.

Merci.

Tu as toujours un don pour faire des textes qui sont assez... flippant, je trouve pas franchement mieux. C'est choquant, bien écrit, et ça en paraît que plus réel.

Que dire de plus ce que ce texte est beau, d'une certaine façon ?

Ah, une simple remarque, je pense que tu as du oublier un petit mot :

Iron a écrit:

Tout le monde sait au fond qu'elle ne fera pas long feu.

Le "long" tout seul me paraît bizarre. Sinon, rien à redire, juste à refléchir sur ce texte.

Tu devrais écrire plus souvent.

Ou pas, comme ça, chacun de tes textes me fait l'effet d'une bombe.

Flippant ? Ben... ouais, d'une façon ou d'une autre... je n'écrirais pas sinon !

Pour le "long feu", je ne sais pas trop :|

Quand je dis : "il ne fera pas long", ça se laisse comprendre, mais je conçois qu'on puisse penser qu'il manque quelque chose. Sans le "feu", c'est vrai que ça ressemble plutôt à un langage oral ::rolling::

Merci !

A peine les premiers mots apparus sous mes yeux que mon regard a suivi et de ligne en ligne, sans même vraiment m'en rendre compte, j'ai lu.
Et en lisant, j'ai vu.
Tout simplement.
Pas de correction, pas de critique, seulement l'esquisse d'un avis positif sur un texte court mais saturé d'émotion. Si bien écrit, au fond si vrai, qu'on profite de la lecture et qu'on se forge nos propres opinions sur le thème évoqué en quelques paragraphes.
Je tire donc mon chapeau pour cette nouvelle preuve de talent de la part de notre administrateur favori...

C'est un très beau texte, sombre, triste.

Il y a quelque chose que vous semblez oublier quand vous critiquez ce texte, en plaignant les gense qui ne sont pas heureux, qui ont des problèmes...le texte ne parle pas d'une pauvre, d'une S.D.F, d'une misérable. Le texte parle de quelqu'un qui, au début, était exactement comme vous et moi, n'avait aucun souçi à part la puberté. Quelqu'un qui a laissé la drogue régner sur lui, et qui l' a payé de sa vie.

Visiblement même l'auteur voulait dénoncer la pauvreté, mais je regrette, ce n'est pas du tout de cette manière que j'ai vécu le texte. Je l'a vécu comme un plaidoyer contre la drogue, voilà tout.

Je ne pense pas que tu sois le seul à avoir vu ce texte de ce point de vue Victor, moi je l'ai vu comme une lutte contre la maladie.

Mais lorsque j'ai critiqué, j'ai voulu simplement faire passer une idée générale, c'est tout.

C'est à mon avi le genre de texte qui, bien lu, est terrible à lecture orale.

En retard, mais ça ne fait rien, me voilà !

Comme le disait Sombretoile, le thème est un peu facile et le fond peu original.

J'ai aimé toutefois l'atmosphère, une sorte de tourbillon un peu morbide, avec ces phrases courtes qui te sont si chères et que tu as su bien utiliser ici.

Je suis somme toute mitigé ; peut-être aurais-je aimé que tu plonges un peu plus dans l'horreur... et peut-être pas, peut-être que la retenue dont tu as fait preuve (volontairement ou non) est ce qui fait la beauté de ton texte. J'ai l'air de raconter n'importe quoi, mais c'est ce que je suis en train de me dire, là.

Pour ma part, je n'ai vu ni une dénonciation de la drogue, ni de la pauvreté. J'y ai juste senti le malaise d'une jeune adolescente qui a enflé et l'a faite éclater.

En bref, ton texte était quand même un parfum opiacé que j'ai pris plasir à respirer.

J'aime ça! les textes comme ça!

d'ailleur moi il parlait d'un accident d'une voiture"L'alcool, un bon réchauffant"

Bravo!

le texte est beau, bien écrit.
Mais je serais plutôt d'accord avec Sombretoile : je n'ai pas réussit à vraiment rentrer dedans.
on voit ce que tu veux faire passer, aucun soucis là dessus. mais non,je n'ai pas pu m'apitoyer réellement sur cette jeune fille.

ceci dit, je te félicite quand même pour ton style

Très beau texte ! Bien écrit, et interpellant.
Malgré tout, je dois dire qu'elle n'a pas vraiment réussit à m'attrister, sans doute parce que je trouve que se laisser aller à la drogue tout ça parce que la puberté la met mal à l'aise ou qu'elle ne sait pas dire "non" n'est pas excusable.
Bref, je suis sans doute un peu sévère, mais d'après ton texte, je n'ai pas eu l'impression qu'elle avait vraiment de sérieux problèmes qui auraient expliqué son envie de planer...

Luciole

J'aime beaucoup ce texte, c'est court, incisif. Quelques images fortes ponctuent l'ensemble mais ça reste assez cru, impersonnel...la jeune fille se noye dans l'indifférence...engluée dans un cercle vicieux.
J'ai été touché.
Y a pas besoin d'en faire trois tonnes pour faire passer quelque chose et ce texte en est la preuve. Ce que j'aime, c'est qu'on ne tombe pas non plus dans le larmoyant, ça reste pudique, dans la suggestion. Ce qui est d'autant plus efficace. J'ai vu une fillette frêle se fondre dans un néant qu'elle élargit toujours un peu plus à chaque piqûre...