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 Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.

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MessageSujet: Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.   Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond. Icon_minitimeJeu 14 Juil 2011 - 11:24

( Le retour du nain !)

Il tranchait des têtes, mutilait des membres, versait le sang. Ils étaient nombreux, c’était une marée abominable se déversant sans fin, mais le bretteur l’affrontait vaillamment. Ses bras puissants maniaient sa lourde épée, son torse nu et musclé était en sueur, et son épaisse barbe blanche et bouclée tressautait à chacun de ses assauts. Le guerrier avançait. Des centaines de rôdeurs se pressaient autour de lui, fléau issu de la non-vie, cadavres ressuscités par une occulte magie. Une morsure et c’était fini, le beau combattant le savait. Il avait déjà vu ses compagnons se transformer. Il avait dû les tuer, il…
Mahrorn se réveilla. Sa bouilloire criait éperdument sur le feu et du bon lait s’en échappait déjà pour aller se perdre dans les flammes assoiffées ! Revenant au monde, le prêtre se leva d’un bond, et tout en se brûlant les doigts alla mettre fin à l’horrible gaspillage.
Quel affreux rêve ! Il était dans un village en ruine, encerclé par des hordes de morts-vivants. Il y en avait partout. Seul contre des milliers, il les taillait en pièces sans pour autant parvenir à en voir le bout. Et pourquoi avait-il une si grosse épée ? Tout le reste était assez conforme à la réalité, mais l’épée ? Mahrorn préférait sa bonne vieille baguette. Et notre bon prêtre nain était non-violent, n’oublions pas. Il était certain de pouvoir raisonner n’importe qui. Ce ne sont pas de vulgaires zombies qui allaient lui faire peur.
- Si j’en rencontre un, je vais lui faire aimer la Lumière, nom d‘une pipe en marbre, foi de Fouille profond !

Le Père Mahrorn se versa une bonne tasse de lait chaud, rajusta sa bure, et sa boisson en main, sortit de sa tente. L’air était frais, le vent soufflait, âpre et glacé, mais le camp, même à cette heure de la nuit était animé. Soldats et mercenaires se pressaient autour des feux, emmitouflés dans leurs couvertures. Certaines riaient, ronchonnaient et bavardaient, d’autres dormaient. Dans un enclos non loin, chevaux et poneys s’égaillaient, et plus loin encore, au delà du rempart de chariots et charrettes, on apercevait les silhouettes des gardes se détachant dans les ténèbres.
L’hiver arrivait, et Mahrorn en tant que membre important du clergé était bien content d’avoir sa propre tente. Celle-ci, comme celles de ses confrères et des officiers disposait de tout le confort nécessaire au voyage dans pareilles contrées. Epais tapis, doux matelas et oreillers en plumes, fauteuils confortables, cheminée qu’on assemblait chaque soir pierre par pierre, corbeilles de fruits plus ou moins frais. Dommage qu’il y ait des courants d’air. Les tentes militaires n’étaient définitivement pas aussi douillettes que les yourtes qu’utilisaient certains peuples nomades. Mais bon, Mahrorn avait connu pire, et pour l’instant, il ne se plaignait pas.
Tout allait bien, la mission se déroulait sans accroc. Les armées avaient mis les pieds sur le nouveau monde il y a un peu plus de deux mois et progressaient pas à pas sur ces terres incultes. Des forêts avaient été traversées, des déserts brûlants, des canyons, des plaines s’étendant à perte de vue, des villages. Mahrorn avait répandu la foi, converti les indigènes. Il était fier d’avoir apporté la Lumière au-delà de la Grande Mer.
Mais ce n’était qu’un début. Les troupes de l’Eglise se dirigeaient vers le cœur même du continent, vers la cité millénaire de Lu Xiang, demeure du roi Xiao Xiao Dhun, dit le Sage. D’hardis explorateurs avaient déjà ramené des nouvelles de cette ville dans les capitales de l’Ouest, rapportant pierres précieuses, épices et histoires abracadabrantes. On disait Lu Xiang plus vaste qu’Opale et Egdelion réunies, que ses tours pailletées d’or s’élevaient jusqu’aux nuages, que le plus humble de ses citoyens était aussi riche qu’un prince, que ses rues étaient pavées de rubis et d’émeraudes, que ses savants avaient compris les mystères de l’univers, que…
- S’ils ont tout compris, pourquoi on nous envoie là-bas, crénom de nom ? On ne leur servira à rien… Me demande à quoi ressemble leurs églises. Et s’ils ont du bon lait.
Mahrorn se recoucha.

Amdar Cœur-Sauvage avait été le premier navigateur a triompher du Triangle Inversé, barrière supposée infranchissable qui bloquait l’accès aux terres d’Orient, étrange zone climatique où la mer est aussi plate qu’une serviette posée sur un guéridon, où le vent ne souffle jamais, et où parait-il des créatures marines gigantesques y chassent sans répit. Le Fidèle, puissant galion de haute mer et ses trois bancs de deux cents rameurs a été l’unique navire qui ait jamais réussi à s’en sortir, non sans déplorer toutefois de lourdes pertes. Amdar était arrivé à Lu Xiang, unique survivant de son équipage, héraut d’un monde étranger, et y a demeuré en invité de marque pendant dix longues années. Pour ensuite revenir en Valiméa par voie de terre, traversant les contrées hostiles inexplorées et retrouver enfin la civilisation, qui entre temps s’était installé aux portes du nouveau continent.
D’héraut, il devint héros. Ses aventures ont fait l’objet de chansons, de récits épiques et de pièces où courage et volonté se mêlent pour créer des œuvres remarquables. Lu Xiang et le nouveau continent qui n’a pas encore de nom ont excité l’imagination des foules, et une course s’est rapidement installé entre les différentes puissances pour savoir qui sera le premier à y retourner. L’Eglise s’est jointe à la partie, non pas pour la gloire, ou la richesse mais par miséricorde. La Lumière est absente de ce pays, cette force divine et éthérée qui fait de Valiméa la terre bénie d’Arcadia. Xiao Xiao Dhun et son peuple ne connaissaient pas les enseignements du Prophète, et une force a donc été envoyée pour leur permettre de combler ce manque.
Mahrorn Fouilleprofond, nain révéré et révérend de son ordre faisait partie de cette délégation. Le prêtre avait l’expérience des missions. On se souvient de lui, comme de celui qui a civilisé les trolls des hauts-plateaux d’Ysit et bon nombre d’autres peuplades plus ou moins barbares, d’avoir empêché l’abominable tyran noir Barbarosse de s’emparer du trône de Taille-Enclume, la capitale du royaume nain, et surtout d’avoir trouvé le Saint-Hochet, aujourd’hui entre les augustes mains du Prophète.
Cependant, c’était la première fois qu’il s’aventurait aussi profondément en terre étrangère. Opale était loin, et lui comme les hommes qui l’accompagnait commençait à avoir le mal du pays.
Même si là, en entendant ses ronflements, on ne le jurerait pas.

Des semaines et des semaines de marche, d’autres forêts, d’autres déserts traversées, le froid, la chaleur, les maladies, les attaques de barbares, la mort, la peur, mais la mission devait continuer. L’armée d’Opale composée de centaines d’hommes et de nains progressait sur ces territoires inconnus. Lu Xiang n’était plus loin, presque tous le sentait.

- Nos vivres s’épuisent, mon Père. Je commence à croire qu’Amdar nous a menti. Selon les indications qu’il a laissé, nous aurions dû déjà arriver à la cité éternelle. Si ça continue, nous serons bientôt à l’extrémité du continent, et là que ferons nous ? Bon sang, je m’en veux, tout ça pour ça !
Mahrorn, assis sur son poney qui trottinait tranquillement à côté du puissant destrier de l’officier, fronça les sourcils.
- Ce n’est pas une raison pour jurer, jeune homme, surveillez votre langage. Vous êtes commandant, et vos troupes comptent sur vous. Cela va faire trois mois que nous avons débarqué, ne perdez pas espoir. La Lumière nous guidera. Droit devant vers le soleil couchant, vers le lieu de naissance de l’astre roi, plus loin, marchons avec l’aube comme unique direction, vers…
- Commandant, commandant ! Deux cavaliers viennent dans notre direction.
Notre héros fut coupé dans sa tirade poétique et s’apprêtait à dire une phrase bien sentie au jeune malotru qui l’avait interrompu, quand de sa vue perçante, il aperçut à son tour les deux formes qui se détachaient sur les plaines enneigées.
- Mmm, de biens étranges montures qui portent d’encore plus étranges cavaliers.
Mahrorn n’aurait pu dire mieux.
Le commandant arrêta sa compagnie, et écarquilla les yeux quand les deux inconnus se présentèrent à lui. C’était deux hommes, enfin une sorte d’homme car ils n’avaient rien à voir avec leurs homologues de Valiméa ou même avec les indigènes ou barbares rencontrés jusqu’à présent. Ils étaient grands, autant que les Peaux-Vertes d’Hakraat bien que beaucoup moins imposants. Minces, leurs traits étaient fins, leurs petits yeux bridés extraordinairement sombres, semblables à du charbon, et leur peau de la couleur de l’or. Ils avaient tout deux les cheveux longs, d’un roux tirant sur le cuivre retenus par un mince bandeau, et malgré le froid et le vent cinglant ne portaient rien d’autres qu’une espèce d’armure en cuir rouge foncé, jambières, bottes, épaulières, torse, mais qui leur laissait les avant-bras nus. Un long sabre pendait à leur ceinture.
Ils étaient beaux, impressionnants et le contraste avec leur destrier était saisissant. Car ces derniers tenaient plus du poulet géant déplumé que du cheval. Ce n’était bien sûr pas des volailles de trois mètres de haut, mais bel et bien une espèce inédite de mammifère. Un long coup, deux pattes, une gueule décorée de grands crocs jaunâtres, des pattes musclées terminées par des griffes énormes, un regard vide et amorphe et une couleur rose pâle du plus mauvais goût. Et ils puaient.
Ils ralentirent, s’arrêtèrent et Mahrorn se pinça le nez. Les cavaliers sourirent, puis levèrent la main en signe de paix.

- L’Oracle a vu votre arrivée et nous a chargé de vous guider jusqu’à lui. Commandant Théon Briselame, lieutenant Todd dit l’Espiègle, Pères Léandre, Dodhar, Tristan et Fouilleprofond, c’est un honneur de vous rencontrer enfin.
Les officiers et prêtres s’entre-regardèrent. Comment connaissaient-ils leurs noms ? Quel pouvoir était donc à l’œuvre ?
- L’Oracle vous observe depuis votre débarquement. Il connait tout de vous, il voit tout et son pouvoir nous protège. Suivez-nous dans la cité fermée de Lu Xiang, il veut vous parler.
Sans attendre une réponse, les cavaliers firent demi tour, et aussi noblement qu’ils le pouvaient sur pareilles montures ouvrirent la marche.
- C’est quoi ces types à la voix nasillarde, commandant ? Et c’est qui leur Oracle ? Ils viennent de Lu Xiang qu’y ont dit ?
- C’était notre chemin de toute façon. Amdar, dans ses écrits n’a pas parlé d’Oracle, mais nous ne pouvons refuser pareille invitation. Faites sonner du cor, Todd, nous suivons ces charmants messieurs.
Mahrorn se boucha les oreilles et grogna. Il savait qu’il était célèbre et célébré dans tout le monde connu, mais à ce point là ? Et l’Oracle, c’est quoi exactement un oracle ? Une sorte de prophète ? Mais il n’y en a qu’un des Prophète. Mahrorn était impatient de voir à quoi ressemblait cet individu. Et gare à lui s’il se prenait un peu trop au sérieux !
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MessageSujet: Re: Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.   Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond. Icon_minitimeJeu 14 Juil 2011 - 11:25

Le prêtre fit accélérer son poney pour se mettre au niveau des deux cavaliers à la peau d’or. Il s’était à peu près habitué à l’odeur, et il avait des questions à poser.
Il les regarda. Puis les regarda encore, jusqu’à ce qu’un soupir se fasse entendre, et lassé, l’un des deux hommes prit la parole, avec son étrange accent.
- Que voulez-vous, Messire, un problème ?
- Pas messire, Mahrorn Fouilleprofond, je croyais que vous le saviez, répondit notre nain du tac au tac. Vous venez de Lu Niang alors ? Ca fait des mois qu’on cherche votre crénom de ville, vous auriez pu venir plus tôt… et puis, vous ne vous êtes même pas présentés, vous vous appelez comment ?
Les bronzés sourirent, guère intimidés par ce petit bonhomme joufflu qui leur parlait avec tant d’assurance. L’un d’eux répondit avec amusement.
- Je me nomme Xi Xang, et voici mon frère Xi Kong. Nous arrivons tout droit de Lu Xiang, oui, ce n’est plus très loin. Vingt minutes à dos de morshenne, deux heures au galop avec vos si lentes montures, dix à la vitesse où nous allons.
- L’Oracle me manque, frère, j’espère que nous arriverons bientôt.
Mahrorn haussa un sourcil. Etranges créatures, pensa-t-il en faisant ralentir son fougueux destrier. Et comment pouvaient-ils supporter aussi longtemps l’odeur de ces… molles chaines ?

- Alors ?
- Je les aime pas. Ils sont trop grands, arrogants, et paraissent aimer un peu trop leur Oracle, mais ils ont l’air honnêtes. Et Lu Xiong est le but de notre voyage. On a plus croisé de villages depuis des lustres, je n’ai plus de réserves de lait, et je commence à en avoir assez de tout ceci. S’ils nous mènent à bon port, ils seront mes amis. Sinon…
Mahrorn tapota sa baguette en guise de menace. Les officiers sourirent, mais les trois prêtres qui les accompagnaient en avant-garde frémirent. Ils savaient trop bien de quoi leur confrère était capable.

Les cavaliers sur leurs montures bipèdes se ne mêlèrent pas au reste de la compagnie. Ils avançaient quelques dizaines de mètres devant la troupe. Parfois, l’un deux se retournait et on le voyait glousser, mais sinon, ils regardaient toujours droit devant eux, vers l’horizon embrumé.

Doucement, mais sûrement, les kilomètres s’avalaient. Les guides de Lu Xiang ne s’arrêtèrent pas, ni pour le déjeuner, ni même quand une tempête de neige se déclara et encore moins quand le soleil passa à l’ouest pour aller briller sur Valiméa. Les centaines d’hommes en armure qui constituaient l’armée d’Opale commençaient à gronder. Ils ne voyaient pas la fin de cette marche forcée, il faisait froid, le vent soufflait en rafales cinglantes et les montures rechignaient à continuer.
Fort heureusement, bientôt des lumières apparurent dans le brouillard. Des dizaines et des dizaines de petites lucioles. Les deux cavaliers freinèrent leurs morshennes et d’une voix puissante, l’un deux s’écria :
- Les faubourgs de Lu Xiang ! Ce soir, vous dormirez en paix.
Il fallut cependant encore quelques bonnes heures avant d’atteindre les premières maisons.

Ils y arrivèrent finalement. Lu Xiang, l’Eternelle, merveille de l’Orient, rêve des explorateurs, cité majestueuse décrite avec passion par Amdar Cœur-Sauvage. Des tours d’ivoires, des arches de diamants, des fontaines de lait, des palais, des temples à profusion, des…
- De la boue, des maisons délabrés, une odeur de moisi, des gens bizarres qui nous regardent derrière leurs fenêtres, la crasse, la saleté… alors c’est ça Lu Xoang ?
La déception se lisait sur le visage des explorateurs. On leur avait conté la richesse de la plus grande ville du monde, et leur première impression était loin de satisfaire leurs attentes.
- Sacrebleu, même les taudis d’Egdelion sont dans un meilleur état.
Mahrorn fronça les sourcils quand il entendit le lieutenant Todd jurer, mais pour une fois, il laissa passer. Il comprenait fort son étonnement. Les bâtiments vacillaient au moindre coup de vent, les montures avançaient dans une décharge à ciel ouvert, au beau milieu d’un égout, les rares citadins qu’ils croisaient étaient vêtus de haillons, ils étaient maigres et affamés et n’avaient rien de la noblesse de leurs guides à la peau d’or. La ville était dans un triste état.
- Ne craignez rien, compagnons invités. Tant que vous êtes avec les Fils du Soleil, le bas-peuple ne vous touchera pas. Ne faites pas attention à ce que vous voyez. Avancez, passé les portes de la Cité Fermée, c’est tout un nouveau monde qui s’offrira à vous. Voyez, nous apercevons déjà les Remparts !
Les remparts ? Tous les avaient remarqué depuis longtemps. Ils étaient si hauts, et si éclairés qu’il fallait être aveugle pour les louper. La ville était sombre, plongée dans le noir, pratiquement aucune lumière ne brillait, sauf celles provenant de ce mur gigantesque qui s’élevait à plus de cinquante mètres de haut. Rouge rubis, il paraissait brûler, frontière entre deux mondes, barrière infranchissable entre élite aristocratique et pauvres affamés, Mahrorn l’avait compris. Il serra les poings.
- Pas de scandale, Fouilleprofond. Nous sommes en visite diplomatique. Nous ne pouvons juger ces gens. Tout du moins, pas encore.
Le prêtre nain décocha un regard noir à son supérieur hiérarchique, le Grand Père Léandre, un petit bonhomme sec, ridé et à moitié chauve, qui se vouta aussitôt sur sa monture, terrifié. Mais il n’en fit pas plus. Son esprit bouillait. Le contraste entre les hommes d’or et la population qui se terrait l’emplissait de rage, mais il ne pouvait rien faire. Plus vite il trouverait rapidement quelqu’un d’important à qui il pourrait taper sur la tête, mieux ça vaudra.

L’horrible visite se poursuivait sous la conduite des deux fils du soleil comme ils s’appelaient, et le spectacle ne changeait pas. Sur des kilomètres et des kilomètres, les taudis s’étendaient, maisons bricolées avec des matériaux de fortune, dépotoirs, gamins crevant de froid, détresse dans les regards. Lu Xiang n’était définitivement pas le meilleur des mondes possibles. Mahrorn en avait vu beaucoup dans sa longue vie, mais là… il était sur le point d’exploser.
Cependant et au grand soulagement de tous, la compagnie arriva au rempart. La colonne s’était étirée longuement dans les ruelles obscures de la basse cité et il fallut du temps pour la regrouper. Les officiers et les prêtres furent les premiers à déboucher sur la place attenante au Mur. Elle était immense, demi cercle dont les rayons partaient ensuite dans toutes les directions. Des tours s’y trouvaient, baraquements construits avec la même pierre rouge que le rempart et décorées de sordides meurtrières pour uniques fenêtres.
De grands feux brûlaient sur la place, seules illuminations de la ville. Des bûchers de plusieurs mètres de haut, constamment ravitaillés, flambaient joyeusement à intervalle régulier. Après la froideur de l’extérieur, les hommes suaient maintenant sous leurs plates d‘acier. Il faisait chaud, et Mahrorn n’était pas le seul à se demander la raison d’être de ces feux. Il imaginait les quantités de bois qu’on devait flamber chaque nuit, alors que le peuple gelait un peu plus loin.
Des gardes en armure écarlate attendaient en formation devant le portail. Ils étaient au moins une bonne centaine, répartis en plusieurs lignes. Leur chef, un beau soldat blond avec cimier à plumes et tabard doré décoré d‘un soleil de bronze, s’inclina quand la compagnie fut à portée de voix.

Le commandant Théon Briselame serra les dents. Les troupes qui protégeaient le rempart étaient aussi nombreuses que les siennes, mieux équipées, et mieux nourries. Chaque guerrier était aussi grand que leurs guides, et portait une lance d’or qui semblait être capable de décapiter un cheval comme on couperait du beurre.
- Souriez, commandant. Il faut faire bonne figure devant ces étrangers.
Mahrorn n’aimait définitivement par l’air de ces hommes. Les cavaliers s’approchèrent les premiers de leurs semblables et rirent en portant un dernier regard en arrière. Finalement, celui qui semblait être le capitaine de la garde délaissa la conversation des éclaireurs pour s‘avancer vers les ambassadeurs, et avec le même accent nasillard que des deux condisciples prit la parole :
- Je me nomme Li Pi, prince de la Porte de Rubis, et je suis heureux de vous rencontrer enfin. Notre bien aimé Oracle nous a parlé de vous. Il vous attend, il est impatient de vous voir. Vous êtes nos invités, entrez maintenant dans la cité bénie par le soleil !
D’un geste dramatique, Li Pi ordonna à des guetteurs invisibles d’ouvrir le portail monumental. Aussi haut que le rempart, large comme une église, un soleil écarlate y était représenté. Lentement, doucement, il s’ouvrit sans un bruit, pour révéler une lumière étincelante, et devant elle, une petite forme qui s’approcha en sautillant. Elle portait un grand chapeau, avait un visage d’enfant couvert de tâches de rousseurs, des yeux rieurs, et ne faisait pas plus d’un mètre dix de haut.
Tous s’agenouillèrent et Mahrorn comprit. Notre héros se passa une main sur le visage.

- Bienvenue ! Je suis l’Oracle ! Mon frère m’a envoyé un message disant que vous étiez en route, je vous attendais, vous en avez mis du temps ! Faut autant de mois pour traverser la mer, et le continent ? Je pensais pas que c’était aussi vaste. Venez, venez, il y a boire et à manger, on pourra jouer aussi !

Mahrorn soupira. Il avait affronté l’océan, la mort, la guerre, la faim et la peur, marché pendant des milliers de kilomètres, avait dû rationner son lait, pour rencontrer un autre gamin turbulent. Il ne savait pas que son cher Prophète avait un frère jumeau…
S’il fermait les yeux, vous croyez qu’il retrouverait son épée et ses morts-vivants ?

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MessageSujet: Re: Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.   Les Fils du Soleil, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond. Icon_minitimeJeu 14 Juil 2011 - 16:34

Très sympa! voilà un personnage attrayant!
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