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 Le chevalier-barbare, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.

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Le chevalier-barbare, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond. Empty
MessageSujet: Le chevalier-barbare, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond.   Le chevalier-barbare, une aventure de Mahrorn Fouilleprofond. Icon_minitimeSam 16 Juil 2011 - 22:19

( Toujours le nain !)

- Ah, mon ami, est-ce que tu te souviens ? Des dragons, des dizaines de dragons ! Ils nous entouraient, volaient autour de nous, et toi, tu étais là, fier et noble avec ta lance pointée vers eux, bien campé sur tes jambes, prêt à vendre chèrement nos vies !
Le vieil homme faisait de grandes gestes en mimant la scène. Il soufflait, grognait, se levait parfois en mauvais équilibre sur ses guibolles tremblotantes, et se rasseyait ensuite pour boire une longue gorgée de bière, avant de poursuivre d’un entrain grandissant.
- Mais ça valait le coup, des pièces d’or par milliers, une fortune digne d’un prince marchand, tout ça pour nous ! On en a bien profité. C’était la bonne époque. A ça ouais, la bonne époque…

Mahrorn Fouilleprofond, prêtre nain et serviteur du Prophète et de la Lumière, étoile montante de l’Eglise et Sage devant les Sages était à ses côtés dans une petite taverne d‘Egdelion « Au sourire de Dahlia » , un petit sourire en coin, à écouter son compagnon évoquer le passé.
- Et le jour où des ogres nous ont attaqué à la sortie du Col des Neiges ! Une bande entière de gros monstres obèses contre deux pauvres péons frigorifiés et affamés ! Ca en a été une bonne bagarre, combien de têtes as-tu tranché cette fois là ? Dix, quinze ? Assez pour te faire un collier en tout cas ! Enfin, si on pouvait faire un collier de têtes d’ogres… ce que j’en doute…
Mahrorn haussa les épaules et commanda une deuxième tasse de lait chaud à la tavernière.
- Me demande pourquoi aucun barde n’a jamais conté mes aventures… il y a assez de matière pour écrire au moins deux mille balades. Connaissez-vous l’histoire du valeureux Eijian, le chevalier au grand cœur, le pourfendeur de démons, le chevaucheur de tempêtes ? Laissez moi vous raconter son grand combat contre le Titan d’Acier, et son épopée pour venir au secours de la belle princesse Geoffrey. C’est pas mal non ? Ca ferait fureur à la Cour, je suis sûr.
- Oui, oui, très. Très intéressant, le chevalier Eijuin.
- Eijian. J’avais connu un ménestrel il y a quelques années, charmant garçon, je me demande ce qu’il est devenu. Il s’appelait Isanduil, je crois. Un grand échalasse, toujours avec sa harpe. Une voix de fausset, tu le connais ?
En guise de réponse, le Père but simplement une longue rasade de lait.
- Ouais, c’est vrai. Des types comme ça, il y en a des milliers… c’est la description standard du barde. Ca va avec le métier… Je les aime pas de toute façon. Et c’est réciproque, j’aurai peut être pas dû en mutiler autant… J’ai longtemps hésité entre barbare et chevalier, vois-tu. On conte pas les exploits des barbares, alors j‘ai choisi chevalier, mais ça n‘a pas très bien marché non plus... Pas de chance, mais il est pas trop tard. Je trouverai bien quelqu’un pour mettre en musique mes prouesses. Tu sais chanter, toi ?
Mahrorn toussa, ouvrit la bouche pour émettre un son, mais la ferma aussitôt en haussant une nouvelle fois les épaules.
- Non, je me doutais bien. Tu es un guerrier toi, un vrai, un pur, pas une de ces tafioles en collants moulants. Personne ne nous chantera, mais au moins, nous on sait ce qu’on a fait. Je lève mon verra à notre santé !
Il tendit sa chope à moitié vide, et attendit en vain que son compagnon fasse de même. Mais Mahrorn, le regarda simplement de sous ses sourcils broussailleux.
- Ouais, t’as raison, c’est idiot. A quoi sert d’être un héros si on doit nous oublier ? Non, mais franchement, je vais aller faire un tour à la guilde des hurlants… en tapant fort, je trouverais bien un ménestrel qui accepte de créer quelques lais à mon honneur… ou au pire un bouffon.
- C’est bon le lait.
- Ah ? Jamais gouté, j’en suis resté à la bière. Tu sais moi, la modernité… A mon époque, un homme se devait de sentir la sueur, l’urine et la bière. Oui, ça va aussi avec la classe de barbare… ou de chevalier, au fond pas grande différence… on sue sous une armure, je te dis pas, et quand on a une envie pressente… pas très pratique… et puis ça pèse une tonne. Heaume, camail, haubert, épaulières, brassards, jambières, cuissards, cubitières, gambison, gantelets, genouillères, gorgerin, cuirasse, solerets… sans compter le bouclier et l’épée… ça m’a ruiné le dos.
- Les barbares eux ne portent qu’un pagne de cuir.
- Et parfois un collier, oui, tu as encore tout compris, comme toujours. Et puis les chevaliers, toujours polis, aimables, civilisés. On nous rabâche que toutes les femmes sont folles d’eux, qu’ils sont des princes révérés, que la Lumière les entoure… mais que nenni ! Les gamins nous crachent dessus, les femmes nous évitent à cause de l’odeur, on nous traite de sale noble, on se fait détrousser par des bandits, l’équipement coûte une fortune, je te parle même pas de l’entretien, et puis y a trop de concurrence, plus assez de guerre, c‘est devenu impossible de trouver du travail… non mais, chevalier c’est plus un métier de nos jours…
- C’est la crise, mon boucher m’en a aussi parlé.

Eijian baissa la tête pour fixer la bière dans sa chope et sembla repartir dans ses pensées. Ou peut être pratiquait-il l’alcoolomancie ?
Mahrorn commanda une nouvelle tasse de lait.
- Le chevalier barbare… c’est comme ça qu’on m’appelait. Ni chevalier, ni barbare, à cheval sur les deux classes. Et puis à cheval, quelle ironie… j’ai jamais su en monter un. Je marchais moi. Dur-Orteil, Eijian Dur-Orteil. Jamais aimé les animaux, moi je les bouffe les chevaux, je les monte pas… C’est quoi cette nouvelle mode là ? A mon époque, un chevalier, du moment qu’il savait utilisait son épée, c’était très bien. Le roi machin quand je lui ai ramené sa fille, il s’en moquait que je l’ai délivré sans cheval… il m’en a offert un d’ailleurs… je pensais avoir sa fille, et j’ai eu qu’un vulgaire bourrin. Je l’ai mangé d’ailleurs, pas la fille, le cheval.
Le vieux combattant se tue quelques instants, puis reprit d’une voix grave.
- C’était une époque sombre. Les bardes l’appellent la guerre des huit rois, moi je la nomme la grande boucherie. Undomë, tu as déjà été à Undomë ? C’est au nord-est du continent, là d’où je viens. Charmant pays, côte battue par les vents, ports où passent de joyeux marins, pluie et vent trois cent soixante neuf jours par an, un climat qui vous forgent un homme, ça, et des dizaines de petits duchés qui se battent continuellement pour savoir qui a la plus grosse armée. Mais cette guerre, mon ami, cette guerre… même ce foutu pays n’en avait jamais connu une pareille. Dix ans de guerre, de carnage, des batailles terribles, des troupes errantes qui saccageaient les villages pour le moindre bout de pain… Je m’étais battu pour le duc Aloyau tout d’abord, puis pour le seigneur du château d’Eté, et enfin pour la Troupe du Paon… plus quelques autres, j’ai pas compté. De toute façon, je sais pas non plus. Et j’ai pas assez de doigts. Quoi qu’il en soit, je venais juste de forger mon épée à cette époque. Et tu sais quelle signification cela a pour un chevalier ! Elle n’était pas très droite, mais j’était tout fier et heureux. Je ne rêvais que de combats, de prouver ma force et mon honneur, et cela tombait bien, car l’Aloyau, comme lui-même se désignait, recrutait.
Eijian s’arrêta, levant les yeux vers le plafond, essayant de se remémorer ses souvenirs. Ou plus probablement d’inventer la suite de son histoire. Une brusque inspiration, et il continua :
- Ouais, l’Aloyau, un fier soldat, tout en chair et en muscle. Et une petite tête, chose importante pour un guerrier, ça fournit une cible moins grosse… Une bien belle moustache aussi, et des favoris demeurés légendaires. Les favoris de l’Aloyau… même à Egdelion, vous en avez entendu parler… j’ai vu un barbier les proposait en passant. Ca t’irait bien d’ailleurs, t’as déjà essayé ?
Mahrorn se toucha les tempes, descendit le long de sa barbe blanche, puis soupira.
- Pas ton style, finalement. L’Aloyau donc… un brave type, me demande ce qu’il est devenu. Il payait bien le bougre, c’était au début de la guerre, alors les caisses étaient encore bien pleines. Dans mon souvenir, c’est pas lui qui a démarré les hostilités, mais le comte d’Eté. Oui, je me suis aussi battu pour lui un peu plus tard… C’était pour une histoire de marais sur le territoire d’un ou de l’autre. Une mauvaise cartographie, et voilà où ça nous a mené. Il y vraiment des gens qui sabotent le travail. Alliances, trahisons, ça a commencé entre eux deux, puis ça a dégénéré dans tout le pays. Dès qu’Aloyau a montré des signes de faiblesses, tous les ducs, comtes et barons sont rentrés dans la danse.
- Il devait être joli, ce marais.
- Probablement. Jamais mis les pieds. Moi et l’eau… ce n’est pas une grande histoire d’amour. Enfin passons, Tous les mercenaires du nord du continuent ont afflué en Undomë. Les Hordes du Saphir, les barbares des Iles Gelées, les marins Pieds-cassés, les chevaucheurs de Loups d’Harkraat, la Compagnie Créaule… il y avait même des orcs et des ogres ! Pis des dragons… sais pas d’où y sont venus, mais y avait des dragons, ça ouais, je m’en souviens. Et puis, tu sais les dragons ça…
La porte de la taverne s’ouvrit soudain à la volée, laissant apparaître toute une petite bande de personnages en armures dépenaillées, grognant et beuglant.
Mahrorn fronça les sourcils.

- Eh Dalhia, où t’es, mon petit sourire ? On a fait une longue route, et on a soif !
Un grand type efflanqué tout en os et en articulations, le crâne chauve et un anneau dans le nez, une armure miteuse en cuir sertie de plaques d’acier sur le dos, sans doute le chef de la troupe s’approcha du comptoir, pendant que ses compagnons investirent la grande salle et se mêlèrent aux clients. Ils étaient une dizaines, de toute taille et de toutes origines. Mahrorn en reconnut un ou deux, ils avaient leurs portraits affichés sur des pancartes dans les capitales du sud. Le nain leva un sourcil, en essayant de se souvenir dece qu’il fallait faire en présence de célébrités. Ses cours de savoir-vivre était loin, et il n’avait malheureusement pas ses notes sur lui.
Pendant ce temps, Eijian continuait deparler.
- … et alors, le capitaine m’a provoqué en duel. Il avait une armure rouge rubis, et une gigantesque hache à deux mains. Il faisait bien trois mètres de haut, et avec une masse en proportion. Moi, mon épée était brisée, j’avais la tête qui tournait. Quatre vingt dix neuf guerriers étaient tombés sous mes coups, mais j’avais bien l’impression que le centième serait de trop. Que pouvais-je faire, dis-moi ? Et il…
- Oh, le vieux, quand le chef parle, tu l’écoutes.
Un des reîtres s’était rapproché de la table où discutaient nos deux protagonistes. La salle s’était tout à coup faite étrangement silencieuse. On n’entendait plus en fond sonore que la voix nasillarde du chauve au nez percé qui contait fleurette à Dahlia, la maitresse des lieux.
Les clients baissaient la tête, pendant que les brigands marchaient de long en large, volant dans les assiettes ou se servant impunément de la boisson.
- Je ne t’aime pas, Francis, je ne t’ai jamais aimé, maintenant sors de mon établissement ! Et prend ta racaille avec toi !
La tavernière, une grande et forte femme toute en rondeurs, avec des cheveux bleu nuit, un nez camus, et des bras de le taille de jambons, éleva la voix, et le temps se figea complètement. Francis le bandit accusa le choc, fit quelques pas en arrière, la tension se relâcha puis soudain, il cria d’une voix terrible :
- Alors tu l’auras voulu, j’ai voulu être gentil, mais tant pis pour toi. Saccagez-moi cet endroit, et punissez là ! On ne dit pas non à Francis le Ténébreux !
Mahrorn dut se résigner à agir. C’était son jour de congé, et il avait eu l’intention de le passer tranquillement, mais son devoir l’emportait maintenant. Rouge de colère, il se leva d’un bond, empoigna sa baguette, mais Eijian l’arrêta par le bras.
- Laisse-moi m’en occuper, mon ami. Je sais que tu as laissé tombé les armes pour embrasser la paix. Je suis chevalier, c’est mon rôle de m’occuper de ces mécréants.

Eijian était maigre, décharné, ridé, avait les cheveux gris et le sommet du crâne dégarni. Son armure n’était qu’un amas de tôles rouillées brinquebalantes et son épée bien que presque aussi grande que lui, ouvragée, sertie de pierres précieuses et décorées d‘étranges runes, paraissait être beaucoup trop lourde pour ses bras émaciés. Mahrorn le regarda, puis le regarda encore, et sans savoir vraiment pourquoi se rassit. Il reprit sa tasse de lait et en but une petite gorgée.

Le chevalier se mit debout, enfila son heaume qui était posé sur la table, et d’un peu lent mais fier, s’avança vers le chef des bandits. Sa simple vue arrêta net ces derniers dans leur œuvre de violence. Une nouvelle fois, le silence revint dans la taverne. Francis avait le dos tourné et criait ses ordres mais plus personne ne les mettait en pratique. Et enfin le chef des coupe-jarrets se retourna.
Eijian était de aussi haute taille que lui, et malgré son apparence de vieil homme fatigué n’en demeurait pas moins armé pour le combat.
- T’es qui toi, le viocq’ ? Tu veux quoi ? T’en as une belle épée, tu me la donnes ?
Les bandits s’agglutinèrent autour du chevalier, et Mahrorn se demandait s’il devait intervenir maintenant. Un cercle de lames l’entoura, mais Eijian ne flancha pas.
- Je suis la main de la Justice, la lumière dans les Ténèbres, je suis la force qui embrase le ciel et délivre les opprimés. Je suis celui qui protège, qui défend, celui qui a juré, l’homme parmi les hommes, une simple parole, le courage et l’honneur. Je suis Eijian, de la Garde Blanche.
Notre bon nain faillit s’étouffer avec son lait. Et les mécréants reculèrent de plusieurs pas.
- La… la Garde Blanche… Francis… on ferait mieux de…
Ca murmurait, ça chuchotait, les genoux tremblaient et s’entrechoquaient, mais le chef de la bande demeura ferme et stoïque.
- La ferme ! Moi aussi, je peux me revendiquer de la Garde Blanche. Ou de l’Ordre des Jacadys si je veux ! C’est rien que des mots. Vous voyez bien que c’est qu’un vieux fol ! Il a une belle épée, et alors ?
Eijian la leva, et elle sembla si légère.
- L’Epée de l’Aube. Capable de trancher n’importe quoi, elle scintille en présence du vrai mal. Ce serait un affront pour elle de l’utiliser pour châtier des misérables, mais je n’hésiterais pas. Vous avez dix secondes.
Les gredins s’entre-regardèrent. L’épée, le chevalier, leur chef, l’épée, le chevalier, leur chef, l’épée, le nain qui grondait tout seul à une table plus loin, l‘épée, le chevalier… et ils fuirent dehors sans demander leur reste. Francis ne fut pas long à décamper lui aussi.

- Alors ça ! Chevalier de la Garde Blanche, hein, tu m’avais caché ça !
Mahrorn n’en revenait pas lui non plus. Il ne savait pas qui était ce vieux fou avec qui il discutait depuis tout à l’heure, et qui le prenait certainement pour quelqu’un d’autre, mais un chevalier de la Garde Blanche, quelle surprise !
- Intérimaire seulement. Pas trop mon style d’accepter ce genre de boulots, je suis un chevalier errant, moi vois-tu, moitié barbare qui plus est, mais la paye est plutôt pas mal, et comme l’hiver approche… j’ai accepté. Il manque du monde en ce moment au palais du Prince… sais pas où sont partis tous les chevaliers, pour une mission ou quoi, mais ils commencent à recruter sur les trottoirs… ils m’ont proposé et j’ai accepté. C’est l’épée sans doute qui leur a fait forte impression. D’ailleurs, t’ai-je dit comment je l’ai obtenu ?
- Non, mais ça m’intéresse, foi de Fouilleprofond !
Eijian sourit, commanda une autre bière pour lui, et une tasse de lait pour son compère, s’éclaircit la voix et commença son histoire.
- C’était une époque sombre et terrible. Les bardes l’appellent le conflit des neuf couronnes, moi je la nomme la Grosse Charcuterie…
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