23h50. Pas un bruit. Seuls des pas résonnent dans la ruelle, faiblement éclairée par un néon vacillant. C'est une femme. Elle semble pressée. Pressée de rentrer chez elle, au chaud. De la buée s'échappe de sa bouche. Il fait froid. Elle resserre les pans de son manteau et presse le pas, ses talons claquent au sol. Peut être pense-t-elle au poulet fumant qu'elle dégustera ce soir. Ou encore à son chat qui l'accueillera, ronronnant, pour quémander des caresses...Cette femme longe les murs puis tourne à droite, derrière une maison inhabitée. C'est un raccourci. Un raccourci pour rentrer chez elle. Personne ne l'emprunte pour de multiples raisons mais aujourd'hui elle s'en moque bien, impatiente d'aller réchauffer ses doigts engourdis par le froid. Elle est tellement obnubilée par la cheminée crépitante qui l'attend dans son appartement qu'elle n'a pas vu l'ombre qui la suit. L'ombre qui s'élance derrière elle tel un chasseur pistant sa proie. L'inconnu se rapproche, silencieusement. Déclic à l'horloge. La lame brille, exposée à la lune.
Surprise. Douleur. Cris.
Et le néon s’éteint.
Ce soir, le poulet restera froid.