la Question

Connaissez-vous la Question ? Parmi toutes celles que les Hommes se posent, une seule est essentielle. Qu’est-ce que le Bien ?

Un problème se pose immédiatement. Nous vivons dans monde divisé. La Vraie Morale ne fait pas consensus, et ceux qui ont cru l’avoir trouvé n’ont jamais fait que confirmer leurs préjugés personnels. Kojève, Schmitt, et Strauss n’étaient pas d’accord¹ ; comment pourrions-nous espérer les surpasser ? Par hubris seulement.
Non, la morale n’est pas claire, elle n’est pas facile à comprendre ; seul le vulgus de Schopenhauer croit l’avoir pénétrée. Kant, lui, vivait à une époque où l’on pouvait encore espérer. Nous ne pouvons nous permettre ses illusions.

On pourrait toujours espérer qu’à l’avenir, nous trouverons la réponse à la Question. Mais ce serait là accorder trop de crédit à cette hypothèse. En réalité, rien que le mot mieux n’a dans notre langue, il faut le dire, aucun sens. « Si les choses étaient différentes, cela vaudrait mieux » : formule idiote. D’abord, parce qu’il n’est absolument pas établi qu’elles pourraient être autres² ; ensuite, parce que le mot ‘mieux’ lui-même ne peut être défini qu’à partir de la notion de bien. On ne peut avancer une définition de la morale qu’empirique : les hommes disent ‘mieux’. Cette évidence est malheureusement indubitable. Donc la morale est dans le monde, ou n’est pas.
Ce qui revient à dire que la morale doit nécessairement être immanente. D’ailleurs, le contraire serait absurde. Une pure idée n’a aucun effet sur le monde ; seul le réel peut agir sur le réel.


L’humanisme, en particulier, est si absurde que seul un perpétuel bourrage de crâne durant depuis l’enfance parvient à nous convaincre de sa véracité. Sa domination intellectuelle ne peut s’expliquer que par le manque d’esprit critique du peuple. Toutes les démonstrations de sa soi-disant évidence, fondées sur le droit naturel, sont, quand elles sont lues attentivement, assez peu convaincantes. Il n’est tout simplement pas raisonnable de croire en les Droits de l’Homme.  Ironie du sort : les Lumières croyaient vaincre le religion, mais elles n’ont fait que la copier.  „Wer mit Ungeheuern kämpft, mag zusehn, dass er nicht dabei zum Ungeheuer wird. Und wenn du lange un einen Abgrund blickst, blickt der Abgrund auch in dich hinein.“

Lisez donc Nietzsche et Platon. Cherchez la solution. La vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ; examinez donc sans cesse. Vous n’avez pas le choix ; nous ne sommes pas près de sortir de l’ornière dans laquelle nous plonge la question morale.


¹ tous trois des hommes supérieurs. Raymond Aron considérait Kojève comme étant supérieur à Sartre, et Hannah Arendt trouvait Strauss très intelligent (bien qu’antipathique). Sur Schmitt nous ne dirons rien, sinon que ces deux autres hommes respectaient son intellect.

² la liberté n’existe pas. Elle n’est pas compatible avec le déterminisme physique, alors pourquoi nous en rebat-on perpétuellement les oreilles ? Sachant cela, l’idée selon laquelle les choses pourraient être différentes devrait reposer sur une longue et périlleuse argumentation ontologique, et non sur un simple renvoi à « l’intuition ». Et si les choses ne peuvent être différentes, alors le mot ‘mieux’ est futile, défini par une expérience de pensée qui ne peut par définition avoir de conséquences concrètes.

Hello,

C'est intéressant comme ouverture de débat. Ceci dit, il serait bon ton de te présenter à la communauté dans la section correspondante avant de proposer un sujet.

Merci à toi,
Wishy

Qu'en pensez vous ? J'aimerais bien qu'on me critique. Le texte est-il bien écrit ? Est-il convaincant ? (références nombreuses et obscures mises à part, je me suis fait plaisir, je sais, désolé)
notes : la citation en allemand est celle de nietzsche, avec l'abysse et tout, là.