Coucou à tous.
Suite à des problèmes personnels qui m'ont quelque peu bouleversée ces derniers jours, j'ai malheureusement oublié la date du concours, bien que mon texte soit achevé et prêt à partir. Donc, histoire de ne pas l'avoir fait pour rien, même si je ne peux plus participer au concours, je vous mets ici mon texte et la musique qui va avec.
Je me suis bien amusée à l'écrire, et je tiens à remercier Hakkrat pour son idée fantastique. Depuis, j'ai écrit plusieurs textes sur des musiques et j'avoue que ça plait beaucoup et que ça m'offre un entraînement original pour écrire à l'inspiration selon la musique. ^^
Donc voilà. A ceux que ça intéressera, aux curieux ou aux patients qui accepteront de me lire, merci...
http://fr.youtube.com/watch?v=7S7jKhbFugA
Tic-Tac
Je l’entends.
Il approche.
Est-ce son cœur ou le mien que j’entends battre ? Un voile de sueur se dessine sur mon front et un frisson glacé me parcourt l’échine. Je recule dans l’ombre, désireux de me cacher là où il me semble que nulle main sortie de l’Enfer ne pourra m’atteindre. Mais les griffes de l’Epouvante sont plus acérées qu’elles n’y paraissent et je sais que s’Il est là pour moi, l’ombre pas plus que la lumière ne me protègera.
Pourquoi me tient-Il prisonnier de cette antre damnée que les fantômes du passé continuent d’arpenter, de long en large, ricanant ou gémissant au gré de leur folie ? La réponse, si elle existe, est perdue quelque part dans le temps. Je sais seulement que cette maison est trop vieille pour respirer l’innocence, qu’elle a déjà trop vu et trop vécu pour inspirer la joie. Douleur et terreur seront ses seuls cadeaux.
Subitement, je tends l’oreille et les poils de ma nuque se hérissent. Le tic-tac me parvient. Une fade litanie, bien trop familière pour être oubliée, qui tisse la toile du temps à travers l’insoutenable silence : Son tic-tac. Celui de sa montre à gousset qu’Il ne quitte jamais. Bientôt, il est couvert par une étrange mélodie, farandole de notes jouées sur un ton lugubre, un ton qui vibre du mystère distillé tout autour de moi.
Je retiens ma respiration.
Il arrive… Son souffle m’enveloppe, haleine fétide aussi brûlante que le brasier infernal d’où Il vient.
Je le sens qui se rapproche. Encore. Inexorablement. Il est ressuscité de l’antre de mes angoisses. Je sais qu’Il est revenu des limbes d’outre tombe pour hanter ceux qui le craignent. Je devine son infâme présence et pas à pas, la peur tapie au fond de mes entrailles me grignote et me consume.
Une porte grince et je me raidis. Mes mains tremblent, ma peau blêmit, j’ai envie de fuir. Malheureusement, mes jambes sont comme du coton et je sais que si je m’élance, je chuterai.
La porte claque et je sursaute inévitablement. Une énorme boule se forme dans ma gorge et mon estomac se contracte.
Le tic-tac… Il continue, pareil à un compte à rebours.
Et cette mélodie qui ne s’arrête pas… Une angoisse asphyxiante me prend et m’étouffe. Je lutte contre mes propres démons tout en surveillant ce couloir sans fin plongé dans l’obscurité la plus totale. Je me tiens à côté de la seule fenêtre qui laisse entrer un semblant de lumière, soit quelques rayons d’argent que la lune daigne laisser tomber à travers la vitre.
Seigneur…
Le tic-tac…
Je cligne des yeux et mon souffle se précipite. J’aperçois sa silhouette ! Je le vois qui tient toujours cette fichue montre à gousset, dont le tic-tac atroce ne cesse de résonner à mes oreilles bourdonnantes.
Ma vue est brouillée par les larmes mais je refuse de les laisser jaillir.
J’ai si froid tout à coup.
Je suis si seul et je me sens impuissant, tout simplement.
Il vient vers moi... Il se déplace en glissant silencieusement, vêtu de sa longue redingote noire et de son chapeau haut de forme. La montre à gousset dans une main, son immense faux dans l’autre, il plane à quelques centimètres du sol et remonte vers moi. Ses yeux sont deux braises incandescentes qui rougeoient dans l’ombre de ses orbites vides. Je l’entends ricaner, un rire sordide et sinistre qui m’arrache un frisson d’horreur, un rire qui n’en finit plus !
Je me bouche les oreilles et je ferme violemment les yeux. Mais je le vois toujours. Je le vois qui progresse en zigzagues. Je le vois qui glisse sur le sol. Il passe devant la grande fenêtre et la lame de sa faux, menaçante, jette un éclat meurtrier lorsque la lune se reflète dessus.
Cette lame, elle est pour moi...
Damné spectre. Je t’ai combattu toute ma vie mais jamais je ne t’ai vaincu.
Le squelette, dont les os jaunâtres dégagent une forte odeur de pourriture, est à peine dissimulé par la redingote noire. Son sourire a quelque chose de terrifiant car il n’y a ni lèvres, ni peau. Ses prunelles de feu sont dardées sur moi et il lève sa faux, prêt à ôter la vie. Décapiter, égorger, éventrer… Il n’a que l’embarras du choix.
Soudain, un regain de courage : pas question de le laisser remporter la victoire sans protester.
Aussitôt, je tourne les talons et je m’enfuis. Je cours, aussi vite que je peux, à travers ce couloir sans fin.
Poursuivi par le tic-tac de sa montre, poursuivi par les détestables effluves de chair en décomposition, poursuivi par son ricanement odieux qui fait écho à ma respiration haletante, je galope sans me retourner.
Hélas, bientôt, l’évidente réalité me frappe de plein fouet : plus je cours, plus je ralentis. J’ai l’impression de progresser à travers de la mélasse et mes muscles peinent à me porter encore. Je croyais m’échapper, mais je me précipitais vers une voie sans issue : mon propre échec…
Suis-je donc condamné ? Le couloir n’a pas de fin. Les fantômes ouvrent et ferment des portes que je suis incapable de voir. Ils errent d’une dimension à l’autre, des mondes dont l’accès m’est interdit. Les ténèbres referment lentement leurs mâchoires sur moi et je bascule dans l’inconnu, dans l’infini.
Lui est toujours à mes trousses. Il brandit sa faux, fait entendre le tic-tac insupportable de sa montre, ricane de plus en plus fort parce qu’Il sait…
Il sait qu’il a déjà gagné la partie.
Il sait que je ne peux pas m’opposer à lui.
Car qui, parmi nous, peut se vanter de vaincre le Cauchemar, ce spectre qui vient hanter nos nuits et qui emprisonne notre esprit sous un voile de terreur indéchirable ?
Hum.... Je voulais aussi préciser que ce texte est inspiré d'un cauchemar récurrent qui me poursuit depuis l'enfance, couplé avec un autre....