Le pot aux roses.
Il était une fois...Un joli pot de fleur, qui habitait sur un balcon au sixième et dernier étage d'un appartement à côté du mien. Ce petit pot aimait chaque jour s'adonner à ses deux activités préférées. La première étant de profiter du soleil et de dorer sous ses chaudes et puissantes caresses. La deuxième était, avec l'aide de son vieil ami le vent, de se balancer d'avant en arrière jusqu'à basculer du balcon pour aller s'écraser sur les imprudentes vies se trouvant en dessous. Il connut ainsi le premier sentiment humain : la Joie. Il riait beaucoup lorsque sa maîtresse, confuse, s'excusait mille fois auprès de la personne visée. Et, après avoir rit à n'en plus finir, il attendait avec impatience le moment où sa dame recollait avec attention chaque petit bout de ce pot brisé; la rose en général, ne tenait pas le coup. Il se plaisait à faire ceci et ne se doutait point que cette dernière activité allait le conduire à sa perte.
Ce fut par un beau jour de printemps qu'il s'élança à nouveau sur un honnête passant. Tout se passa pour le mieux: la chute, l'impact qui se caractérisa par un grand bruit sourd et les excuses bafouillées. Mais, lorsque sa charmante demoiselle ramassa les morceaux, elle ne le regardait pas lui mais l'homme. Il était grand, brun, les yeux verts émeraudes. " Plutôt pas mal pour un humain" songea le pot. Avant qu'on le remonte chez lui pour quelques soins, il aperçu l'homme écrire rapidement une chose sur un bout de papier et le donner à sa maîtresse. Comme à son habitude, sa dame, recolla les morceaux, replanta une rose, mais cette fois, distraitement.
Quelques jours plus tard, il le revit. Il marchait nonchalamment, une cigarette roulée à la bouche.
Alors le petit pot connu son deuxième sentiment humain: la Peur. Peur que cet être malfaisant parle encore à sa dame et qu'il la salisse de ses mauvaises paroles. Il l'observa silencieusement et vit une chose qui le mit hors de lui, troisième sentiment humain: la Haine. Il osait rentrer dans Son immeuble. Il pria pour que rien ne se passe, pour qu'aucune sonnerie ne retentisse.
Mais hélas, "cette sournoise sonnerie" retentit. Il vit alors, toute sa vie de petit pot de fleur filer à toute vitesse devant lui. Du moment où elle l'avait acheté, des roses rouges aux roses blanches, jusqu'à cet instant proche de l'Apocalypse. Le temps que sa vie passe, la nuit était tombée et la lune
s'imposait haut dans le ciel. Lorsqu'il voulut se retourner pour voir ce qu'il se passait à l'intérieur de l'appartement, il remarqua que les vitres étaient pleines de buée. Il en enleva un coin avec sa fleur et observa attentivement: Il y avait des bougies rouges déjà presque consumées, le lit et "Oh mon Dieu!". Il blasphéma toute la nuit.
L'homme revint pendant plusieurs mois, imposant ses marques à ce pauvre petit pot. Une fois, il osa même planter de force ses plantes dans ce pot. Bien sur, quelques secondes après cet horrible crime, le réceptacle se jeta du haut du balcon. L'action fut faite, le crash inévitable et les fleurs broyées.
Chaque jour, le pot le haïssait de plus en plus, il haïssait de plus en plus "l'intrus". Son ami le vent essayait vainement de le rassurer: " Ne t'inquiètes pas petit pot, l'amour entre les Hommes est éphémère."
Comme pour lui donner raison, quelques semaines plus tard, l'homme ne revint plus. Après une semaine sans nouvelle de l'être, le petit pot criait à la Joie et au Bonheur de vivre. Chaque jour passé sans lui était une formidable aventure. Il apprit bientôt qu' "il" était mort: cancer du poumon.
Un an se passa durant lequel le pot se sentit revivre. Mais encore une fois, ce fut de courte durée car, sa maîtresse brisée par le "départ" de son amant, s'affaiblissait de jour en jour et finit par mourir.
A partir de ce jour là, pour le pot, plus rien ne comptait. L'appartement fut vidé et on amena le pot dans une voiture. On y replanta de nouvelles roses. Le trajet fut infiniment long. Lorsque la portière s'ouvrit et que l'on prit le pot, on s'étonna d'avoir les mains humides car il était sec. On le déposa sur une tombe qui n'avait pas été encore scellée. Les personnes partirent, laissant le pot seul. Il lut alors à travers le rideau de larmes le nom de sa maîtresse. Dans un dernier effort, il roula sur le coté et atterri sur l'immonde cercueil en bois de sa défunte promise. Le petit pot resta ainsi tout le reste de sa vie de pot de fleur, accompagnant sa dame dans la mort. On peut encore retrouver ses restes aujourd'hui.