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 Un début

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Morrigan
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Morrigan


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MessageSujet: Un début   Un début Icon_minitimeLun 19 Mar 2007 - 18:35

Bon ben voilà,je me lance à mon tour en vous confiant le début d'une de mes histoires(qui n'a pas vraiment de titre pour l'instant).Je n'ai pas eu trop le temps de me relire encore mais n'hésitez pas à me donner votre avis.

Drico rengaina sa longue épée effilée dans le fourreau de cuir tressé qu'il portait en travers du dos. A ses pieds, les corps de deux soldats reposaient face contre terre. Avec une grimace, Drico porta la main à son épaule gauche entaillée d'où s'écoulait un filet de sang. La manche de sa tunique beige en était déjà trempée. Il arracha un morceau de tissu à la cape sombre d'un soldat et s'en fit un garrot. Puis il tourna les talons.
Un grand hongre alezan patientait quelques pas plus loin, les naseaux frémissants et dilatés. Sentant que la bête était toujours en alerte, le guerrier sortit à nouveau son arme. Il était fourbu et son épaule lui faisait un mal de chien mais il se força à attendre. Une vingtaine de secondes s'écoulèrent avant que du coin du bois n'émerge une silhouette. Au moins aussi grande que lui, elle était cependant plus frêle mais plus élancée. Une petite arbalète en métal et un carquois plein dépassaient de sa ceinture.
Drico soupira et abaissa son épée.
_Tu arrives un peu tard, dit-il en passant une main dans ses cheveux châtains coupés courts et humides de sueur.
Avec un sourire en coin, l'autre homme s'approcha et flatta le coup du cheval qui se détendit.
_Tu es toujours vivant non? répliqua l'arrivant.
_Mais pour combien de temps si tu continues comme ça.
_Tu es trop modeste mon ami. Le meilleur épéiste que je connaisse n'a pas besoin de mes maigres talents d'arbalétrier contre seulement deux hommes.
_Qui se trouvent faire partie de la garde rapprochée du roi de Persée, et par la même, être ses champions invaincus dans tout l'empire.
_Plus maintenant, répondit l'autre avec un haussement d'épaules.
Drico sourit à son tour et fouilla dans une des sacoches de selle. Il en sortit un sac de lin qu'il lança à son compagnon. Celui-ci l'attrapa avec adresse et se dirigea vers le reste du campement des pillards royaux.
_On se retrouve au Sanctuaire dans deux heures. Fais attention, dit le guerrier avant d'enfourcher sa monture. Le hongre partit au trot sur le chemin longeant la forêt de Croke. Le soleil commençait à décliner vers l'ouest, projetant au loin l'ombre impressionnante des montagnes. Les carrières à ciel ouvert, invisibles depuis sa position, vomissaient des nuages de poussière et de scories sur plus de trois lieues.
Mais c'était plutôt les mines, présences fantomatiques, qui faisaient passer un frisson glacé le long de l'échine de Drico. Profonds de plusieurs kilomètres, ces longs tunnels obscures avaient faillit avoir raison de son équilibre mental une dizaine d'années auparavant. Même maintenant, alors que le soleil d'été cuisait son cou et ses avants bras, il n'était pas vraiment sur d'en être sortit. La mine gardait toujours une partie de l'esprit de celui qui y avait enfermé.
Le hongre s'ébroua, faisant revenir l'épéiste à la réalité. L'après midi s'était révélée fructueuse en dépit de la blessure qu'il avait récoltée: une dizaine de petits diamants, deux améthystes et des métaux rares mais bruts - presque sans valeur pour l'instant -, sans compter la centaine de pièces d'argents qu'il avait récupéré dans la bourse du plus grand soldat. De quoi nourrir tout le monde pendant deux mois. A condition de se faire discret. Il était de notoriété publique que les métaux précieux ne se trouvaient pas dans les mains de n'importe qui. Et Drico n'était pas censé en faire parti. Heureusement, Donnacha avait ses entrées dans la Guilde des Voleurs où il pourrait échanger les richesses contre des pièces passe partout. Pas toujours équitable certes en matière d'équivalence, mais cela valait mieux que rien. Il espéra que les autres n'avaient pas eu de problèmes.
Au carrefour suivant, le chemin se transformait en route et il pu lancer son cheval au galop. La ville de Park n'était plus très loin.
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeLun 19 Mar 2007 - 19:17

Alors moi, j'aime bien ton début d'histoire...

Comme je ne suis pas très douée pour l'écriture je préfère ne pas me prononcer sur le style...mais à part cela j'aime beaucoup...

Je me réjouis déjà de lire la suite... Smile

Je sais bien que mon commentaire ne t'aidera pas beaucoup mais il peut toujours faire plaisir Wink

A bientôt
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeVen 6 Avr 2007 - 19:34

Personnelement, j'aime beaucoup cette entrée en matière, on est directement dans l'action. Et la suite reste fluite, sans description inutile.
Pour le style, on voit quelque petit détails intéressant qui rendent vrai l'histoire.

Perso, j'aime! Bravo !
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Iron
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeVen 6 Avr 2007 - 21:45

On pourrait avoir la suite ?^^
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeSam 7 Avr 2007 - 12:40

Morrigan a écrit:

_Qui se trouvent faire partie de la garde rapprochée du roi de Persée, et par la même, être ses champions invaincus dans tout l'empire.
_Plus maintenant, répondit l'autre avec un haussement d'épaules.

J'adore, tout simplement !
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeSam 7 Avr 2007 - 13:34

Merci beaucoup pour vos commentaires(ou devrais-je dire compliments?)qui m'ont fait rougir de contentement je dois bien l'avouer... Embarassed
Je vais tenter de vous poster la suite d'ici quelques jours alors.Encore merci
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeSam 7 Avr 2007 - 14:08

Etant une amie de cette auteur j'ai eu le droit à la suite, mon avis ne sera peut être pas objectif mais j'aime beaucoup. La suite est encore mieux.
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Morrigan
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeDim 8 Avr 2007 - 19:10

Bon ben finalement la correction a été plus rapide que prévu,alors je vous poste la suite.par contre,désolée l'extrait est un peu long,je sais que c'est pas très agréable de lire sur un pc mais j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop...

Alors qu'il filait vers la ville, Drico aperçut un peu plus loin un barrage érigé sur la route et tenu par des troupes portant le tabard du roi. L'épéiste jura entre ses dents et fit repasser l'animal au trot. Il pensa pouvoir bifurquer avant le barrage par un chemin détourné. Cela rallongerait la distance mais c'était plus prudent.
Un convoi de marchandises obstruait le passage et la file en attente s'étendait sur une cinquantaine de mètres. Pendant que l'officier parlait au marchand et que ses troupes fouillaient les chariots, Drico saisit sa chance. Il poussa le cheval vers le bord de la route, en plein dans le champ de vision des soldats mais il espérait qu'ils seraient trop occupées pour le voir. Peine perdue.
Un grand cri retentit et tous les yeux se tournèrent vers lui. Jurant de plus belle, le guerrier fit revenir sa monture vers le centre de la route. Il ne pouvait se permettre de soutenir le rythme d'une poursuite car son cheval était épuisé par la longue chevauchée du jour. De plus les coursiers des soldats étaient taillés pour l'endurance -le sien n'aurait pas fait un pli en cet instant.
Cinq hommes se précipitèrent vers lui, saisissant ses rênes. L'officier arriva au pas de course lui faisant signe de descendre de selle. A contre cœur, Drico obéit. Il aurait aimé charger la ligne et profiter de la surprise pour s'enfuir mais il ne pouvait pas s'autoriser cela. Pas aujourd'hui.
En soupirant il se plaça à côté du capitaine. C'était un homme mur d'une cinquantaine d'années aux traits durs et froids, dont les yeux gris brillaient de méchanceté et de cupidité. Drico le connaissait bien. C'était celui qui l'avait arrêté onze ans auparavant et condamné à la mine. Mais il ne devait pas se souvenir de lui. Il avait trop changé. Ce n'était plus le jeune garçon téméraire au visage poupon qui venait de cambrioler un magasin sans importance. A maintenant vingt-huit ans, Drico possédait une carrure qui sans être impressionnante, écartait souvent les envies de bagarres. Ses yeux verts ne reflétaient plus son innocence et son refus de l'empire. Il avait appris à se contrôler. Et il en remerciait les dieux en ce moment, lorsqu'il se tenait à une portée de dague seulement de celui qui lui avait pris ses meilleures années.
_Et bien, fit le colonel, ce doit être drôlement important ce que tu transportes pour vouloir te soustraire au contrôle.
Il fit un signe à un des soldats qui fouilla ses sacoches. Drico se poussa afin de lui faciliter la tâche. L'officier passa pensivement une main dans sa courte barbe grise et ses yeux étudièrent le jeune homme qu'il avait devant lui.
_Tu m'intrigues mon garçon, reprit-il sur un ton plus posé. Tu tentes de t'échapper semble-t-il pour ne pas avoir à subir la fouille, et lorsqu'on la fait tu ne fais rien pour t'y opposer. Ni tentatives de justifications, ni invectives, même pas la fuite. Pourquoi as-tu fais cela alors? Qu'as-tu à cacher?
L'épéiste haussa les épaules d'un geste fataliste et plongea son regard dans celui de son interlocuteur. Le silence s'établit tandis que l'homme de troupe passait consciencieusement les mains dans toutes les parties de ses sacoches et de leurs recoins. Mais au bout de quelques secondes il dut s'avouer vaincu et se retourna vers l'officier.
_Bien, je vois. Sa voix n'exprimait plus aucune intrigue, juste sa froideur naturelle. Fouillez-le, dit-il en s'adressant au troupier le plus proche.
L'homme s'empressa d'obéir à son supérieur et s'attaqua sans ménagements au jeune homme qui grimaça lorsque son bras fut soulevé trop brutalement, ravivant la douleur de son épaule blessée. Drico se laissa faire à nouveau, fixant sans le voir le sol poussiéreux à ses pieds. Le vent soufflait doucement, jouant dans les mèches du guerrier et amenant à ses oreilles les cris des convoyeurs du train de marchandises qui commençait à passer le barrage. Le soldat du à nouveau renoncer à trouver quoi que ce soit, et le jeune homme ramena les pans de son gilet de cuir sur sa poitrine. Il vit l'officier donner ses ordres par gestes et deux hommes partirent en courant vers leurs camarades.
_Quel est ton nom?
_Drico, répliqua le jeune homme en hésitant légèrement.
_D'où vient ce bandage couvert de sang que tu portes là? reprit le colonel en dardant un regard peu amène sur son interlocuteur, comme s'il avait pu le foudroyer sur place.
_Je me suis fait attaquer par un sanglier que je chassais, inventa immédiatement Drico. L'autre ne fut pas dupe une seconde, mais pour une raison qui échappa au guerrier il entra dans son jeu.
_C'est fâcheux en effet. (Il sourit à moitié, découvrant des dents partiellement déchaussées et jaunâtres qui lui donnèrent un air féroce.) Et bien, tu ferais mieux de rentrer te faire soigner avant que cela ne s'infecte.
Le jeune homme le fixa un instant sans comprendre, mais remonta en selle après avoir consulté le vieux colonel du regard. Les soldats le laissèrent passer et retournèrent à leur travail. Alors que le hongre reprenait le galop, l'épéiste se rendit compte que le colonel le fascinait plus qu'il ne le haïssait. Il n'aima pas ce renversement de situation mais secoua la tête. Il avait eu de la chance de s'en sortir aussi aisément, même s'il devinait que sans l'attitude pour le moins étrange du vieil homme il ne s'en serait pas sortit. Son excuse du sanglier ne valait pas tripette.
Une dizaine de minutes plus tard il était en vue de Park. La ville étendait ses murs extérieurs délabrés sur tout le pourtour de la colline sur laquelle elle avait été construite, mais depuis, de nombreuses maisons et commerces s'étaient rajoutés le long des pentes et même la vallée commençait à être envahie. Park n'était pas à proprement parler une riche cité et ne jouissait pas le moins du monde d'une réputation honorable mais c'était là qu'il avait son domicile. Et ses amis. Cela lui suffisait.
Drico repassa au pas dès qu'il se fut engagé sous le portail nord et partit vers le centre de la ville. S'engageant dans le premier cercle de la cité, il ne vit partout autour de lui que détritus, crasse et saleté. Un chien famélique lui montra les crocs lorsque sa monture le dépassa, mais il fut vite chassé par une jeune femme, tout aussi maigre et vêtue de haillons qui lui jeta un regard apeuré derrière ses mèches brunes emmelées et collées sur son crâne. Il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la compassion pour les pauvres diables qui vivaient ici mais qui ne rêvaient que d'une chose: pouvoir le détrousser quand l'occasion se ferait sentir. L'épéiste réprima un sourire mal venu et continua sa route, le long des pavés descellés.
Un peu plus loin, dans le second cercle, l'organisation était certes meilleurs mais ne valait guère mieux que le quartier précédant au niveau des richesses. Au mieux, le meilleur d'entre eux gagnait à peine de quoi nourrir sa famille et était bien souvent contraint de retourner aux carrières voire aux mines pour améliorer son quotidien. Drico les plaignaient encore plus…et de tout son cœur cette fois. Cependant la puanteur qui se dégageait des cheminées délabrées servant aux ateliers de teintures eut rapidement raison de ses bonnes intentions.
Les deux ruelles qui succédaient étaient une sorte d'aperçu de l'état des quartiers intérieurs, bien mieux pourvues que les précédant. C'était dans les internes que l'on trouvait les dépôts d'argent, les tavernes où le vin et la bière provenaient directement des caves des meilleures propriétés du sud, et les filles de joies.
Un grand bâtiment blanc à colombages se dressa sur son chemin et il mit pied à terre, tendant ses rênes à un écuyer qui venait de sortir de l'écurie attenante. Avec un petit soupir, il pénétra dans le Sanctuaire –comme le proclamait l'enseigne à lettres jaunes. La maîtresse de maison se trouvait derrière son comptoir, sa longue robe de coton rose pâle protégée par un tablier crasseux mais qui avait oublié depuis longtemps sa couleur d'origine. Elle fit un signe de main au guerrier qui s'approcha, tout sourire.
_Ravie de te revoir vivant, dit-elle.
_Tu en doutais? s'enquit le jeune homme avec un froncement de sourcils amusé.
_J'avais un peu peur, avoua la femme.
Drico éclata de rire et lui prit la main sur laquelle il déposa un baiser. La tavernière rosit légèrement et retira sa main en bougonnant. Il avait toujours le don de la mettre mal à l'aise. Ou peut-être qu'il lui plaisait après tout. Mais elle s'en défendait et n'allait pas l'avouer comme cela.
_Ah Tara! Tu sais bien que je suis invincible, plaisanta-t-il.
_Invincible ou non, tes compères t'attendent dans l'arrière boutique. On dirait que la journée a été bonne, dit elle avec un clin d'œil. Peut-être que vous allez enfin pouvoir me payer la location de cette salle.
_Ça se pourrait, éluda son interlocuteur en se dirigeant vers la porte du fond. Il poussa le battant en bois gravé et renforcé de fer –bien qu'inutile parce que passablement rouillé. De l'autre côté, sept hommes bavardaient tranquillement en attendant leur chef.
L'un d'entre eux se leva pour remplir son gobelet avec le pichet qui se trouvait sur la table. Du haut de ses deux mètres, il dépassait allègrement presque tout le monde, à l'exception de l'un des jumeaux, aussi grand que lui. Ses cheveux bruns constamment en bataille et ses yeux gris vert lui donnaient un air doux que n'arrivaient pas à démentir ses larges épaules musclées. Cette même douceur était cependant bien plus difficile à trouver lorsqu'il maniait son épée longue à double tranchant. Donnacha lui adressa un sourire de bienvenue et reprit sa place dans le fauteuil de cuir sombre. De quelques mois son cadet, il était le commandant en second en cas de problème.
_Regarde moi ça! lança un autre homme en désignant le mur à sa gauche. Il y a des fissures partout et même les cadres ne tiennent pas droits. Ça m'étonnerait pas qu'un jour tout ça nous tombe dessus. Mais qu'est-ce qu'on fout encore ici Drico? Tu peux me dire? On pourrait être riches si…
_Je sais Rog, je sais. Ce soir peut-être, tu pourras faire ce que tu veux acheva-t-il en murmurant.
L'autre, un homme plutôt petit comparé à la moyenne de la pièce, arborait constamment une mine renfrognée. D'où son surnom. Rog, pour sa fichue habitude de se mettre sans arrêt en rogne. Mais c'était néanmoins un compagnon agréable quand on avait réussit à s'adapter.Il râlait plus par habitude que par réel mécontentement, souvent d'ailleurs pour cacher sa difficulté à montrer ses émotions. Drico s'assit sur un pouf rouge adossé au linteau de la cheminée et sirota son vin. Rog l'observa du coin de l'œil avant de se replonger dans la contemplation des tableaux muraux.
Assis à côté de lui, se trouvait son jumeau. Ils n'avaient d'ailleurs de jumeau que le nom tant les deux frères étaient aussi dissemblables que le jour et la nuit. Le deuxième colosse du groupe, arborait la même tignasse rousse que son aîné, rasée au niveau des tempes. De nature plus silencieuse et discrète, il aimait à faire croire qu'il était un peu limité intellectuellement, juste pour qu'on le laisse en paix. Drico savait qu'il était loin de l'être. Poc, comme on l'appelait à cause de cela –un jour, l'un de ses camarades avaient prétendu que si on frappait sur son crâne, il ne rendrait q'un bruit sourd –parlait peu mais observait beaucoup. Et sacrément bien. Drico l'appréciait énormément. Les jumeaux étaient un élément indispensable du groupe, toujours là quand on avait besoin d'eux. Toutefois personne ne savait rien d'eux avant qu'ils n'arrivent à Park - pas même leurs noms! Voilà pourquoi ils avaient hérités de surnoms aussi ridicules. Pourtant ils ne s'en étaient jamais plaint.
Le jeune homme en était là de ses réfléxions lorsque le silence fut à nouveau brisé.
_Sérieusement Drico, renchérit un troisième homme dont les cheveux n'étaient plus qu'un lointain souvenir, qu'est-ce que tu nous ramènes? J'espère qu'ils étaient un minimum chargés pour nous dédomager du déplacement...
_Oui Eridras. Ils l'étaient et pas qu'un peu. (Tous les visages autour de lui se réjouirent). Mais on devrait attendre le retour de Karak pour en parler. C'est lui qui a le plus gros de la prise. Et puis...(il hésita:) J'aurais peut-être un petit quelque chose à vous annoncer. Je pense que ça vaut la peine d'y réfléchir.
Malgré les demandes pressantes de ses compagnons, l'épéiste se refusa à en dire plus. Son esprit dériva vers l'arbalétrier qu'il avait laissé et vers le barrage édifié par l'armée royale. Ce n'était pas normal que cela ce soit terminé de la sorte mais ce n'était pas le plus important: il fallait absolument que Karak l'évite. Avec ce qu'il transportait il risquait gros. Mais son épaule blessée se rappela à ses bons souvenirs lorsque Dimo, qui avait une formation de médecin, la lava puis la banda. Une heure plus tard, la porte s'ouvrit de nouveau, laissant entrer un arbalétrier joyeux mais apparemment épuisé. Drico soupira de soulagement à sa vue.
_J'ai du faire pas loin de six détours avant d'arriver ici, répondit-il à l'interrogation muette de son chef. Je me demande bien pourquoi ils contrôlent tant les routes vers Park. Y'a un truc pas net dans l'affaire. Mais tout va bien, dit-il en tapotant avec entrain le sac gris qu'il avait en travers de l'épaule. Sacrément bien chargés ces salauds, approuva-t-il pour lui-même.


Dernière édition par le Dim 8 Avr 2007 - 20:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeDim 8 Avr 2007 - 19:27

Aaaah, ça devient vraiment interessant ! Une bonne bande de... rebelles ? qui ont l'air de bien faire leur boulot.

Tout ça commence à prendre forme, une très bonne forme !
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeLun 9 Avr 2007 - 18:45

Je ne peux pas résister à l'envie de vous poster la suite...
merci d'avance si vous arrivez à terminer cette lecture


_Karak? Tu veux bien passer le sac à Donnacha qu'il voit ce qu'il peut en tirer?
Karak s'approcha du géant brun et lui donna sa prise. Le colosse eut un petit sifflement admiratif en apercevant le contenu.
_Eh ben, z'avez pas chômé dites moi! Y'en a pour une sacré fortune. J'irais demain à la Guilde pour écouler le tout, dit-il en faisant simplement allusion à ce qui les intéressait. Sans vouloir m'avancer, ils devraient bien me donner au bas mot vingt mille piastres. Et encore, peut-être même plus.
_Vois ce que tu peux faire, conclut Drico en hochant la tête. Il sortit sa propre bourse - celle que les soldats avaient désespérement cherchée lors de la fouille -et en versa le contenu sur la table. Les pièces d'argent tombèrent en sonnant sur la table en bois massif sous le regard agréablement surpris des sept hommes. Karak arborait un large sourire en guise de présentation mais le visage de Drico resta obstinément fermé. Personne ne sembla s'en apercevoir.
_Voilà notre part, fit l'arbalétrier blond en désignant en même temps le sac que le colosse brun tenait toujours. Qu'est-ce que vous avez eu?
Eridras se leva et prit un papier derrière lui posé aux pieds du fauteuil. Il le tendit à l'épéiste qui le regarda sans comprendre. Avec une moue, il le passa à Rog.
_Qu'est-ce qu'il y a d'écrit? demanda-t-il au plus petit des deux jumeaux, le seul lettré du petit groupe.
_Une date et une adresse, répondit Rog en fronçant les sourcils. "Impasse des roses, le 14 au soir". C'est quoi ça? fit brusquement le voleur à l'intention de son compagnon.
_Ce que Drico a demandé, répliqua l'autre. J'ai eu beaucoup de mal à me le procurer d'ailleurs sais-tu. C'est que c'est un secret bien gardé, fit-il avec un air entendu.
Le jeune homme ne pu réprimer le sourire qui lui montait aux lèvres et récupéra le papier qu'il glissa dans l'une de ses poches intérieures.
_De quoi il parle? demanda Gædon, un grand échalas roux de vingt trois ans.
Drico lui lança un nouveau sourire et se tourna vers Donnacha.
_Et toi mon ami, que nous rapportes-tu de ta journée?
_Hélas, pas grand-chose. La chasse a été pauvre. Ethadora ne me fait plus autant confiance depuis le cambriolage fortuit de son précieux coffre à bijoux, gloussa le géant. Mais heureusement j'ai pu apprendre qu'elle attendait une arrivée prochaine des marchands de Vénine –et tout ce que ça comporte: bijoux, parfums, tissus précieux...énuméra-t-il joyeusement. Bref, on devrait avoir une sacré partie de plaisir quand j'aurais la date exacte de leur passage.
_Très bien Donn, tu as bien travaillé. Les jumeaux? Vous avez ce qu'il faut? (les deux frères approuvèrent d'un mouvement de tête.) Parfait. Sacha, les renseignements?
_La garde se relève toute les deux heures, et chaque secteur est changé à un intervalle de trois minutes pour ne pas déconcentrer toutes les zones en même temps. Ils sont quatre par secteur plus un cinquième qui surveille leurs flancs. La longueur de leur ronde n'excède pas plus de quatre cents pas, un peu moins pour le quatrième groupe. Le coffre de la salle du fond n'est protégé que par deux gardes devant la porte. La serrure du coffre ne posera aucun problème mais on ne sait rien de la porte elle-même; il se peut qu'elle soit en plus protégée par des sorts. Fhiv est restée sur place. Elle surveille la place et doit nous aménager une sortie de secours par les toits, récita le dernier des présents. Mais... il faudra faire attention Drico. Je ne crois pas que le garde que j'ai saoûlé se souviendra de quoi que ce soit avec ce que j'ai mis dans sa chope, mais on ne sait jamais. Il doit revenir en poste dans trois heures -autrement dit il sera là à notre passage.
_D'accord. Messieurs je vous suggère d'aller vous reposer, la nuit promet d'être longue. Avant que vous ne partiez, tout le monde connaît le plan par cœur, l'objectif, les consignes et le rôle de chacun? (Tous les hommes opinèrent.) A ce soir, conclut Drico en leur faisant signe de se lever. Les bruits de chaises se turent et la porte se referma sourdement. Le voleur se laissa enfin aller et toute la tension de la journée retomba. La peur qui l'avait saisit par trois fois aujourd'hui menaçait de la submerger s'il continuait à la retenir. Il aurait voulu leur parler avant l'expédition de ce soir, mais il n'avait pas pu. C'était trop pour un même jour. Et pourtant ce n'était pas encore fini.
Le guerrier déboucla son ceinturon et posa son couteau de chasse courbe sur le sol. Le fourreau était encore légèrement tâché. Il se rappela l'attente des soldats du roi, ces deux brutes épaisses qui n'étaient pas passées loin d'avoir sa peau. Mais il était Drico, la terreur de Persée, comme le surnommaient les gens. Il sourit amèrement à cette idée. La terreur de Persée, alors qu'il crevait de trouille avant de cambrioler une bijouterie déserte. Ce n'est pas toi, se dit-il, tu n'as pas peur de ces gens. Juste de la mine et d'y retourner. Es-tu un lâche? demanda soudain la petite voix qui ne le quittait plus depuis sa sortie des sombres tunnels. C'était elle qui lui avait permis de tenir, en maintenant l'illusion. Non, je ne suis pas un lâche! s'entendit-il crier." Je ne suis pas un lâche", murmura le jeune homme.
_Oh Drico. Encore avec ça? fit doucement Donnacha. (Le jeune homme se retourna vivement. Il ne l'avait pas entendu arriver.) Tu ne devrais plus te tourmenter avec ça. Personne ayant subit la même chose que toi ne pourrait ressortir indemne. Mais toi tu t'es battu et tu as vaincu ce qui te poursuivait, continua le colosse brun. Jamais je n'ai vu un homme parvenir aussi bien à vivre avec ses peurs. (Il marqua une pause et s'assit à côté de lui en lui pressant gentiment l'épaule.) Tu es l'homme le plus courageux que je connaisse, acheva-t-il.
_C'est gentil Donn, mais je sais qui je suis. Et rien de ce que tu pourras dire ne changera ça. (Drico ferma brièvement les yeux:) Tu devrais aller te reposer; ce sera très dur ce soir. Je ne sais même pas si tout le monde en ressortira indemne.
_C'est donc ça qui te tracasse depuis que tu es rentré? soupira Donnacha. Tout le monde est conscient de ce qu'il fait et le fait de son plein grès. Tu n'es en rien responsable de nous.
_Je croyais que j'étais votre chef, fit le jeune homme en souriant.
_Oh, c'est un concept compliqué, répliqua son compagnon avec le même sourire complice. Je le considère plus comme une sorte de guide né pour se faire du souci à la place des autres, à qui il est souvent avisé de désobéir et qu'on doit toujours sauver de sa prévoyance.
Les deux hommes éclatèrent de rire, et le silence retomba entre eux. Drico s'était un peu détendu grâce à l'intervention du colosse. Mais la pendule au dessus du linteau de la cheminée sonna six heures, rappelant à son esprit l'expédition du soir.
Le voleur secoua lentement la tête:
_Ce n'était pas ça Donn. Il y a autre chose qui me préoccupe, dit-il brusquement, coupant court à la joyeuse détente de son ami.
_Je m'en doutais; ça fait trop longtemps que tu ne t'es pas réellement saoûlé. (Il sourit mais s'aperçut que ce n'était pas là que son interlocuteur voulait en venir.) Est-ce que ça a un rapport avec ce que tu voulais nous dire mais que tu n'as pas fait? dit-il en fronçant les sourcils.
Drico hocha la tête et proposa un gobelet de vin au géant. Celui l'accepta, dardant son regard clair sur celui qui lui faisait face. L'épéiste ne supporta pas de le soutenir et détourna les yeux. Donnacha s'en étonna mais ne dit rien.
_Oui, c'est ça. (Il se tut:) Mais je ne crois pas que ce soit le moment d'en parler Donn. Pas ce soir. Demain si tout va bien.
_C'est toi qui voit. (Le géant avala une nouvelle gorgée et esquissa un petit sourire.) Je peux quand même te poser une question? fit-il tandis que Drico acquiesçait. C'est quoi cette adresse?
Le voleur éclata franchement de rire.
_On ne t'a jamais dit que la curiosité était un défaut? le taquina-t-il. Malheureusement ça non plus mon ami je ne peux pas t'en parler. Ça ne regarde que moi –et une autre personne, dit-il alors que ses yeux verts se perdaient au loin. Peut-être que je t'en toucherai un mot d'ici là, mais c'est peu probable. Il est question de moi seul, je ne veux pas vous mêler à ça. (Il secoua la tête.) Et si tu me disais comment va Ethadora?
Donnacha gloussa franchement.
_Bien, très bien. Mais elle s'est mise une fichue idée en tête, continua le voleur brun dont le visage s'assombrissait. Je crois qu'elle a l'intention de ne plus me voir si je ne vous quitte pas. (Drico allait parler mais le géant l'arrêta d'un geste.) Oh non, ne croit pas que l'on pourra la berner! Elle a ses espions dans la ville et rien ne lui échappe. Enfin, presque rien, sourit-il. Je pense que d'ici peu il faudra abandonner sa piste.
_C'est dommage. On avait beaucoup d'informations grâce à elle; elle était bien placée dans la hiérarchie de Park. On risque de perdre une sacrée partie de notre clientèle. Mais…elle veut t'épouser? s'étonna tout d'un coup l'épéiste.
_Ça se pourrait, éluda le géant avec un haussement d'épaules. (Voyant que son compagnon n'arrivait qu'à grand peine à conserver son sérieux, il bougonna:) Qu'est-ce que ça a de drôle?
_Ne te fâches pas. C'est juste que j'aie du mal à t'imaginer sans tes vêtements usés, ta grande épée et en père de famille rangé!
Donnacha sourit à son tour. L'image avait effectivement quelque chose de terriblement déconcertant.
_Et toi? contra-t-il. Tu crois que tu vaudrais mieux?
_Je ne l'ai jamais prétendu, souffla Drico. Je crois qu'on ferait mieux d'arrêter la notre conversation et d'aller nous coucher. (L'autre acquiesça.) Réveil à minuit.
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeLun 9 Avr 2007 - 19:46

Pour un texte comme ça, il n'y a pas besoin de me forcer !

Mais c'est quoi cette addresse ??!!!

* torturé mentalement *

En tout cas, l'histoire commence à bien se mettre en place, et 'envie de ire a suite est toujours présente! Bravo !
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeJeu 19 Avr 2007 - 17:17

Une petite suite,comme ça,pour le plaisir de vous faire partager...

Fhiv se lécha les lèvres et reporta son attention sur la patrouille qui apparut derrière l'angle du mur. Ils étaient quatre. Quatre colosses vêtus de tuniques de cuir brodées et recouvertes de plastron de métal. Ils portaient des brassards noirs hérissés de courtes pointes au niveau des biceps, un coutelas passé dans leur grosse ceinture de cuir et une épée ballottait contre leur cuisse. Le premier marchait quelques pas devant les autres, ses yeux scrutant précautionneusement la nuit. Pas un bruit ne se faisait entendre dans la cour hormis les talons des quatre paires de bottes cloutées.
La patrouille s'avança vers la jeune femme dans un rythme cadencé et elle sentit la peur la tenailler. Et si ils la découvraient? Fhiv se renfonça un peu plus dans son recoin de mur. Les quatre hommes passèrent sans la voir et disparurent de son champ de vision. La voleuse risqua un regard vers l'étroite ruelle nord d'où ses compagnons étaient censés arriver. Il était près de une heure du matin. La nuit était encore chaude, sans nuages. Mais la nouvelle lune ne produisait aucun lumière –ce qui augmenterait leurs chances.
Fhiv avait toujours du mal à croire qu'ils allaient cambrioler le coffre du gouverneur de la ville. Park avait beau ne pas compter parmi les plus riches cités de Persée, les finances du pouvoir local étaient cependant constamment bien remplies. En somme, il ne s'agissait que de reprendre à l'énorme tas de graisse qui commandait la ville ce qu'il prenait de forces par impôts ou dans les mines. Mais la jeune femme doutait qu'il le prenne de la même façon. Un rictus apparut sur ses lèvres fines mais elle le réprima aussitôt. Ce n'était pas le moment de se déconcentrer.
Drico avait mis près de deux mois afin de planifier l'expédition, et maintenant que tout était réuni il ne fallait pas qu'elle le gâche. Sa tension augmentait au fur et à mesure que l'aiguille de l'horloge d'argent qui trônait sur le toit de la maison du gouverneur s'approchait de l'heure pleine. Pour se rassurer la voleuse glissa une main vers le baudrier qui courait en travers de sa poitrine et vers la dizaine de couteaux accrochés sur ce dernier. Elle en vérifia le tranchant et reprit sa position initiale, à cheval sur le bord du sous toit.
Soudain une ombre se profila sous la porte cochère qui se dressait à une cinquantaine de pas. Grande et dégingandée, Fhiv devina qu'il s'agissait de Gædon. Le jeune voleur jeta un coup d'œil de part et d'autre avant de s'engager dans l'allée sombre. Il se réfugia dans un coin de mur, juste sous la cachette de Fhiv. Celle-ci se pencha et lui tapa sur l'épaule. Gædon leva la tête et rejoignit la jeune femme sur le sous toit.
_Tout va bien? chuchota-t-elle.
Le garçon roux acquiesça en silence et tout deux portèrent leur regard sur le grand portail qui marquait l'entrée de la maison du gouverneur. Un homme gigantesque se matérialisa dans la chiche lumière des torches qui éclairaient le bâtiment. Les gardes de faction s'approchèrent et commencèrent à lui parler. Les deux jeunes gens étaient trop éloignés pour entendre un seul mot mais à la gesticulation du plus fort des deux soldats ils devinèrent que Poc jouait à la perfection son rôle de crétin, saoul et égaré.
Drico attendait dans l'ombre à quelques mètres, sa silhouette reconnaissable à la grande épée qui courait en travers de son dos, prêt à bondir dans l'ouverture. Mais si l'un des gardes était totalement accaparé par le plus grand des jumeaux, le second, appuyé sur sa hallebarde continuait à surveiller les alentours. Drico jura tout bas.
Un bruit de tuiles cassées retentit sur le toit le plus proche. Le soldat brandit son arme et se tourna vers le bruit, en alerte. L'épéiste profita de l'aubaine pour s'engouffrer sous la petite alcôve qui bordait la cour intérieure et franchit le mur d'un bond. Il était dans la place. Jetant un regard vers le sous toit où il savait trouver Fhiv, il aperçut cette dernière lever le pouce avec satisfaction et Gædon tentant à grand peine de retenir un chat tigré. Drico lui sourit et reprit sa progression dans la propriété.
A sa droite se dressait l'alignement de colonnes en pierres qui servaient de couloir à l'entrée officielle des gens d'importance envoyés par Persée. Après un passage de quarante pas, il plongeait sous un porche taillé à même le marbre et sculpté d'animaux mythiques comme des griffons. Une série de vingt marches amenait dans le hall carrelé de vives couleurs et soutenu par de gigantesques piliers en ogive. Le voleur laissa tout cela et continua sa route avec précaution.
Après les baraquements des soldats qui couraient sur cinq cents mètres, il longea toute une série de petits bâtiments en bois mal assemblés –probablement les entrepôts du gouverneur. Il devait y mettre tout ce qui n'avait pas de valeur directe, ou trop peu, comme le bois ou le fer. Le reste… eh bien se trouvait plutôt là où le voleur se rendait. Un bruit de bottes cloutées retentit non loin et une nouvelle patrouille apparut devant lui. Drico plongea dans le recoin d'un baraquement, se faisant le plus discret possible. Les quatre costaux bardés de pointes métalliques ne le virent pas, mais leur suiveur manqua de peu la direction où était caché l'épéiste. Retenant sa respiration celui-ci ferma les yeux et espéra. Il savait que les autres n'étaient pas encore entrés dans la propriété.
Fort heureusement, le cinquième homme le dépassa et partit sans s'apercevoir de rien. Il s'en était cependant fallut de peu et le jeune homme poursuivit sa route plus prudemment encore. Une vingtaine de pas plus loin, le bâtiment principal, celui où résidait le gouverneur, se profila. Drico se tapit dans l'ombre contre le mur et attendit. La bâtisse était longue de quatre cents pas et mesurait environ trois mètres cinquante de hauteur. Avec ses trois étages, ses larges fenêtres à vitraux en ogive et ses toits surmontés de flèches, il ressemblait plus à un palais qu'à une maison. L'épéiste repéra au deuxième étage que les volets bleu pervenche d'une haute fenêtre n'étaient pas fermés et se demanda s'il aurait le temps d'y faire un tour. Il sourit: c'était bien le moment de penser à cela alors qu'il s'apprêtait à dévaliser le plus riche homme de Park.
Un sifflement se fit entendre sur sa gauche et Drico revint vite au présent. Il porta deux doigts à ses lèvres et y répondit. Quelques instants plus instants plus tard, l'immense ombre de Donnacha s'accroupit à son côté. Ses vêtements habituels avaient été remplacés par une tunique en cuir noir moulante sous laquelle ressortaient les formidables muscles du colosse, et d'un pantalon –de cuir noir également. Les parties métalliques de son arme avaient été noircies au charbon de bois afin de ne pas refléter la moindre lueur. Dans tout cet équipement, seuls les yeux clairs du grand voleur ressortaient et il avait l'air d'un assassin en planque. Drico s'en fit la réflexion mais l'oublia rapidement, se concentrant sur leur objectif.
Sacha venait de s'établir sur le toit qui surplombait le mur d'enceinte, l'arbalétrier à son côté. Le premier s'était équipé d'un arc et seconderait son compagnon afin de couvrir une éventuelle fuite. Fhiv ne tarda pas à rejoindre les deux hommes tapis dans l'ombre, suivie par Rog qui ne cachait pas son anxiété. La jeune femme tendit trois doigts devant le visage du chef de la bande qui acquiesça. Dégainant son épée avec le moins de bruit possible, il se releva et Donnacha l'imita. Karak courait sur une crête du mur pour s'établir plus loin, un carreau déjà encoché.
Le géant brun passa le premier et ouvrit la voie. Il ne leur restait pas longtemps selon Sacha avant qu'une seconde patrouille ne rentre dans ce secteur. Pressés par le temps, les quatre membres ne se précipitèrent pourtant pas, sachant que la précipitation équivalait souvent à une erreur. Et cette erreur pouvant se révéler fatale. Drico s'avança et assomma le premier soldat de faction devant la porte d'un coup de pommeau. Il s'effondra sans bruit. Ses deux compagnons suivrent le même chemin. Rog ouvrit précautionneusement la porte et pénétra dans la salle, mais il n'y avait personne. La seconde escouade se trouvait dans la pièce suivante. Lorsque Gædon les eut rejoint, le plus petit des jumeaux referma le battant et fit glisser le verrou inférieur.
Donnacha s'engagea ensuite dans l'étroit couloir qui menait à la salle de garde où deux hommes devaient être stationnés. C'était effectivement le cas. Autour d'une petite table circulaire en bois verni, ils jouaient aux cartes. Le grand voleur passa discrètement l'entrée et s'approcha de la table. Celui qui se trouvait de profil porta vivement la main à son épée, pendue par le fourreau au dossier de sa chaise et se leva. Le géant assomma d'abord l'autre soldat lui tournant le dos et se retourna au dernier moment pour parer le coup. La lame fut déviée par son avant-bras et le soldat déséquilibré. Donnacha en profita et lui asséna un rude coup de coude dans le menton. Le deuxième garde s'effondra sans bruit.
Les autres entrèrent sans hésiter. Les deux hommes furent ensuite ligotés et bâillonnés. Drico réunit ses compagnons autour de lui et s'adressa à Rog.
_Dimo et Eridras sont en place?
_Oui, Dimo surveille la sortie est et Eridras s'est posté à l'ouest. Poc est retourné prendre place au sud –on ne sera pas surpris.
_Parfait, commenta leur chef des voleurs. Fhiv, tu as bien aménagée la sortie par le toit? Parce qu'on va l'emprunter. Je ne crois pas que ce sera aussi facile de repasser par la cour une fois le coffre en notre possession. (La jeune femme acquiesça.) Alors voilà comment ça va se passer. Donn et moi on va aller inspecter l'étage supérieur, on ne sait jamais. Gædon, tu restes ici pour monter la garde. Rog, Fhiv, direction le coffre. Prenez tout ce que vous pouvez une fois ouvert, mais pas de risques inutiles: dès que je dis de partir, vous le faites. Ne vous attardez pas. Autre chose. Fhiv, tu te sens capable de vérifier si l'ouverture n'est pas piégée par de la magie?
_Pas de problèmes Drico, dit-elle. J'ai revu tout ce dont je pouvais avoir besoin. Il est impossible qu'ils aient bénéficié de l'aide d'un mage supérieur; donc je pourrais y arriver.
_Vous avez un quart d'heure, conclut Drico en faisant signe à chacun de prendre position.
Suivit du géant brun, il pivota et ressortit du poste de garde interne, laissant Gædon surveiller la salle. L'épée brandie, le jeune homme monta la volée de marches qui conduisaient au deuxième étage. Il arriva dans une pièce large mais basse de plafond, dans laquelle son compagnon avait toutes les peines du monde à se tenir droit. Grognant quelque chose, il avança et passa dans la seconde pièce, plus haute. Drico inspecta attentivement l'entrée. Longue de quinze pieds, elle ne comportait pas de coins pour quiconque tenterait de se cacher. Excepté les poutres apparentes de soutènement qui surplombaient l'épéiste de trente centimètres seulement.
Pris d'un vague sentiment d'alerte, il renversa la tête en arrière et les examina une par une. Il n'y avait rien. Soulagé, il suivit le chemin qu'avait prit Donnacha. La salle suivante était plus grande. Des tapisseries un peu usées pendaient des murs et un pan entier avait été brûlé. Il n'en restait qu'un sombre trou au beau milieu du mur. La lumière étant absente, il plissa un peu plus les yeux pour tenter de distinguer quoi que ce soit dans la pénombre. Il ne vit rien à nouveau, mais son sentiment perdura.
A pas feutrés, il s'avança vers le bord de la fenêtre, la pointe de son arme appuyée contre le sol. Dehors, la cour était silencieuse et calme, n'était le battement régulier des bottes des patrouilles de nuit. Soudain, une latte du plancher craqua. Avant que Drico n'ait le temps de se retourner, un métal froid entra en contact avec ses omoplates.
_Lâchez votre arme, lança une voix. L'épée tomba à terre en cliquetant. Et retournez-vous.
Drico obéit. Pour se retrouver en face d'une jeune femme. Non, d'une jeune fille, se corrigea-t-il. Elle ne semblait pas avoir plus de dix-huit ans, et le voleur aurait facilement pu l'assommer. Mais l'arc qu'elle tenait avec résolution le dissuada de mettre sa théorie à l'épreuve. Donnacha, où es-tu? pensa-t-il silencieusement. Mais son compère ne paraissait pas être là.
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeJeu 19 Avr 2007 - 21:20

Ouaho. J'ai bien aimé la description au début du texte des quatre gardes. Vraiment génial l'ambiance. Wink

Merci génial
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MessageSujet: Re: Un début   Un début Icon_minitimeLun 23 Avr 2007 - 18:56

_La dague dans la botte aussi. (Il la jeta au côté de l'épée et sourit.) Qui êtes vous? demanda la jeune fille.
Drico ne répondit pas et haussa les épaules. Alors elle s'approcha de lui. Ses cheveux châtains balayèrent son visage et son parfum emplit les narines de l'épéiste, qui le ne trouva d'ailleurs pas désagréable. Le comique de la situation ne lui échappa pas –il allait réussir le plus gros coup de sa vie mais une gamine le tenait en joue et lui ne trouvait rien de mieux à faire qu'à penser que son parfum était agréable. Ou autre chose, souffla une petite voix interne. Au moment où il réprimait ces pensées, elle le gifla violemment et il tomba sur le sol.
La jeune fille banda de nouveau son arc.
_J'ai dit, qui êtes vous? siffla-t-elle froidement.
Drico se massa la joue, encore étourdi par le coup –et la force de la fille. Il la regarda mais son expression était indéchiffrable autant par la pénombre que par sa détermination. Un moment, il pensa à se taire de nouveau puis décida que ce n'était pas la solution.
_Un voleur, dit-il, optant pour ce qui lui semblait le plus adaptée.
Un rictus descendit sur ses lèvres, et elle baissa légèrement son arme. Drico profita de l'ouverture et bondit sur ses pieds. Mais un uppercut le cueillit au menton et il recula en titubant.
_Ne tentez pas ce genre de choses avec moi, fit la jeune femme. Il n'y avait plus la moindre trace d'animosité dans sa voix. Le voleur en fut surpris mais n'en laissa rien paraître.
_Vous essayez de me flouer, ajouta-t-elle sur un ton dégagé. Cette fois le jeune homme ne cacha pas sa perplexité. Le coffre, répondit-elle, il est à moi. N'y touchez pas.
Donnacha, caché dans l'ombre, choisit cet instant pour intervenir. Contournant une chaise à moitié défoncée, il ceintura la jeune fille pendant que Drico lui retirait l'arc. Elle faillit pousser un cri de surprise mais se retint au dernier moment –se souvenant que le moindre bruit les trahirait. Les deux hommes se retrouvèrent malgré eux admiratifs de cette maîtrise de soi qu'elle semblait avoir.
La jeune femme se débattit quelques secondes dans les énormes bras du colosse, puis comprit que cela ne servait à rien. Elle cessa la lutte et lança à Drico un regard noir.
_C'est moi qui pose les questions maintenant ma jolie, fit-il en souriant. Alors, dis moi, qui es-tu, toi? (Elle garda ostensiblement les yeux rivés au sol.) Bon très bien. Tais toi autant que tu veux.
_Et si vous disiez à votre gorille de me lâcher? grogna-t-elle en flanquant une bourrade à Donnacha.
_Mon ami, je crois qu'elle t'aime déjà, gloussa le jeune voleur. Je crois que tu peux la lâcher, dit-il à la grande surprise de la jeune fille. Et maintenant? Nous diras-tu qui tu es?
_Une voleuse, dit-elle très sérieusement.
Le sourire de Drico s'élargit.
_Que dirais-tu de nous accompagner? proposa-t-il. La fille et le colosse eurent la même expression, profondément choqués. Mais ce fut le voleur qui prit la parole le premier.
_Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, marmonna Donnacha.
_Ah bon? Moi je le pense au contraire. Une fille qui possède une poigne comme ça ne peut qu'être utile, fit Drico en touchant son menton. Et puis réfléchit mon ami, que veux-tu que nous en fassions? Si nous la laissons là, elle sera découverte par la garde et risquera gros –nous avec. Et si on la laisse partir, qui sait ce dont elle est capable? Elle vient, décida-t-il.
_Il ne me semble pas avoir accepté, annonça la fille.
_Tu n'as pas vraiment le choix ma jolie, soupira Drico.
Elle tenta de s'échapper mais Donnacha la rattrapa en tendant le bras et la maintint avec une telle force qu'elle s'écroula à moitié sur le sol, le visage grimaçant. Le géant desserra sa prise mais ne la lâcha pas pour autant.
_Tu comprends maintenant?
Elle acquiesça et Drico, ramassant ses armes toujours à terre, les fit passer devant lui, en direction de l'étage inférieur.

*

Fhiv se mordit la lèvre. Passer outre les gardes qui gardaient la porte derrière laquelle le coffre se trouvait avait été un jeu d'enfant. Les deux soldats se trouvaient maintenant ligotés à quelques pas de la jeune femme qui attendait à présent le retour de Rog. Cela faisait près de dix minutes que le voleur avait pénétré dans la pièce protégée. Des sorts mineurs la gardaient mais la jeune femme avait pu les désactiver sans problèmes. Elle n'était pas une grande magicienne mais possédait quelques notions qui s'avéraient parfois utiles. Cependant, le plus important d'entre eux ne pouvait qu'être contourné et Fhiv sentait qu'elle ne tiendrait plus longtemps. Sa pratique de la magie se résumait à une ou deux utilisations de temps en temps –autrement dit pas assez pour pouvoir maintenir un sort plus de quelques minutes.
La minuscule salle conservant le coffre possédait un détecteur d'activité relié à une cloche. Un seul tintement et toute la garnison serait alertée. L'unique personne à pouvoir pénétrer sans risquer de déclancher la cloche était le gouverneur. Mais Fhiv avait pensé –à juste raison –qu'il était possible de contourner cette parade. Il suffisait de masquer l'énergie dépensée par Rog. Ce qui se révélait plus difficile qu'elle ne l'avait prévu.
_Dépêche toi, murmura-t-elle à l'adresse du voleur agenouillé.
_Je n'en ai plus pour longtemps, souffla Rog en réponse. Deux minutes.
La jeune femme soupira et secoua la tête, projetant ses boucles blondes autour de son fin visage. Dans l'autre pièce, elle entendait Gædon faire les cent pas. Le garçon roux n'était pas habitué à ce genre d'expédition et il se sentait mal à l'aise. Il aurait largement préféré être sur les murs à la place de Sacha mais ce dernier était plus doué que lui à l'arc. Gædon jeta un regard inquiet à la voleuse qui se tenait, impassible, à l'entrée de la pièce.
_Tout va bien? demanda-t-il.
Fhiv hocha la tête mais ne répondit pas. Elle avait assez de mal à se concentrer comme ça. Un léger raclement de chaise retentit à l'étage. Gædon leva soudainement les yeux vers le plafond comme s'il pouvait voir à travers le bois. Un sentiment d'urgence menaçait de le submerger et il sentit la sueur dégouliner le long de sa colonne vertébrale.
_Qu'est-ce que tu fais Drico? marmonna le voleur roux.
Mais son attention fut détournée par ses deux compagnons dans la pièce voisine. Rog ressortit, un sac plein à craquer, et le déposa sur le sol devant la jeune femme. Il lui murmura quelques mots que le jeune voleur n'entendit pas et retourna dans la salle –pour revenir avec un second sac, tout aussi remplit. Gædon ne put réprimer un sourire à l'idée de ce qui les attendait dans ces sacs; mais le sourire s'évanouit tout aussitôt lorsque Donnacha descendit de l'étage supérieur, tenant une jeune fille par le bras. Drico les suivait de près, sa grande épée toujours à la main. Le jeune voleur décida que ce n'était pas bon signe.
Le chef de la bande s'approcha de son cadet et lui posa une main apaisante sur l'épaule. Gædon ne se sentit pas rassuré pour autant mais cela eut l'effet de calmer un peu ses angoisses. Suffisant pour l'instant, estima-t-il.
Drico, flanqué du géant, franchirent les quelques pas qui les séparaient du Rog et de la jeune femme. Il fit un signe au garçon roux qui signifiait qu'ils ne tarderaient pas à lever le camp. Le jeune homme redoubla de vigilance. Drico s'adressa au plus petit des deux frères.
_Combien?
_Oh, je dirais environ vingt mille piastres. Mais il y a aussi toutes les pierres précieuses et les pièces d'or. Je n'ai pas pris le temps de compter exactement.
Drico hocha la tête avant de se tourner vers Fhiv.
_Ça va aller toi? s'enquit le jeune homme légèrement inquiet à la vue de la fatigue qui se lisait sur les traits fins de sa compagne. (Fhiv acquiesça en jetant un regard en biais à la jeune fille qui se tenait toujours à leurs côtés.) Je te présente une nouvelle amie, dit Drico en ricanant nerveusement. Du moins pour le moment. Je n'ai pas le temps de vous expliquer. On verra ça une fois en sécurité.
La jeune fille chercha à le regarder dans les yeux mais il l'évita délibérément. La prise de Donnacha se relâcha et elle se tourna vers lui, surprise. Son regard clair se plongea dans le sien et elle frissonna sous son intensité, tandis que les autres s'éloignaient vers le poste de garde interne.
_Ecoutez moi, dit-il froidement. Je n'ai aucune intention de vous faire du mal, mais sachez que si vous tentez quoi que ce soit qui mette la vie de mes amis en danger je ne vous épargnerais pas. Est-ce que c'est clair?
Son ton était calme, absolument pas empreint des menaces qu'il venait de proférer. Curieusement, la jeune fille n'éprouvait aucune frayeur. Cet homme là n'était pas dangereux si elle ne faisait rien –ce dont elle avait bien l'intention! Elle haussa les épaules et acquiesça doucement, fuyant l'inspection de ses yeux gris vert.
Donnacha lui reprit le bras avant de l'amener dans la première salle, toujours éclairée par une petite lanterne. Les voleurs se rassemblèrent silencieusement en cercle autour de leur chef qui baissa quelque peu la voix pour leur donner ses instructions.
_On va monter tous ensemble au deuxième étage, expliqua-t-il. De là, il nous sera facile de rejoindre le toit où se trouve Karak. Il nous couvrira pendant que Gædon et Rog descendront dans la rue derrière les murs d'enceinte. Vous prendrez chacun un sac. Fhiv, je veux que tu te postes avec Sacha sur notre flanc gauche. N'hésite pas à te servir de tes couteaux s'il le faut. Donnacha, tu prendras la droite. Fais descendre notre amie (il désigna la jeune fille d'un mouvement de tête) dans la rue. Restes sur le toit le temps que Karak puisse partir puis enfuis toi aussi. Rog, dès que tu seras à terre, contacte Poc qu'il ne reste pas pour rien à l'affût. Dimo et Eridras vous rejoindront au carrefour de la place du marché dans vingt minutes. Essayez de ne pas vous faire repérer. Bonne chance, termina-t-il.
Ils se mirent en file et montèrent la volée de marches qui menait à l'étage supérieur. La chaleur de la nuit d'été commençait à rendre l'atmosphère de la pièce suffocante, et ils transpiraient à grosse goutte –sans compter la peur d'être découvert. Dans un tel cas, ils savaient qu'il n'y avait pas beaucoup de solutions: au mieux, ils parvenaient à s'enfuir sans trop de dégâts. Sinon, ils pouvaient mourir ou pire: travailler dans les mines. Chacun s'efforçait de chasser ces pensées de son esprit afin de se concentrer sur la suite. Leur travail n'était pas fini.
Imperturbable, Drico se pencha contre la vitre de la petite fenêtre. Personne n'était en vue dans la cour. Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis le passage de la dernière patrouille et répugnait à se lancer tête baissée dans un tel piège. Patiemment, il attendit que les quatre colosses fassent leur apparition et fit signe à ses compagnons de se tenir prêt. La tension dans la pièce monta d'un cran. Enfin, les soldats disparurent de son champ de vision.
Ouvrant la persienne en grand, il se coula au dehors. Son équilibre sur le toit était instable mais il prit rapidement la mesure des efforts à fournir. Ses compagnons se glissèrent sans bruit à sa suite. Fhiv dérapa sur une plaque glissante de tuiles mais le bras de Drico se détendit et il la rattrapa au dernier moment. Blême, la jeune femme lui adressa un remerciement silencieux et se stabilisa.
La distance avant de rejoindre la jonction des deux sections de murs où se trouvaient Karak et Sacha était très courte mais si quelqu'un avait eu l'idée de regarder à ce moment là, il n'aurait pu manquer la file d'ombres noires qui cherchaient à atteindre un point plus sur.
Rog, nerveux, ne cessait de lancer des coups d'œil autour de lui. Il répétait depuis le début que cette aventure était d'un niveau trop élevé pour eux. Mais Drico n'avait rien voulu entendre. Il affirmait avec son grand sourire irrésistible que rien n'était plus facile que berner le gouverneur. Que le diable l'emporte lui et son sourire! pensa soudainement le petit voleur en ravalant un juron. Cela faisait trop longtemps qu'il aurait du dire au jeune homme que tout cela les mènerait à leur perte. Il n'avait pas pu. Même s'il était facile de deviner que l'amitié qu'il lui portait l'en avait empêché, il sentait obscurément qu'il y avait autre chose. Peut-être en fin de compte, que lui aussi était attiré par ce genre de coup. Ou peut-être pas. Il perdit l'équilibre et se rétablit avec un grognement. Arrête de penser à ça, se morigéna-t-il.
Il ne leur fallut pas plus d'une minute pour rejoindre le croisement de murs et ils purent enfin souffler, à l'abri –relatif –de la plate forme construite pour un poste de garde mais qui restait inutilisé. Brandissant deux doigts, Drico leur fit signe de se séparer comme il le leur avait expliqué. Les voleurs s'égaillèrent dans différentes directions. Toutefois, Donnacha resta aux côtés de son chef.
_Qu'y a-t-il? demanda le jeune homme en fronçant les sourcils.
_Et toi? contra son compagnon. Tu pars par où?
_Je ne pars pas tout de suite, répondit-il plus doucement. Encore une petite affaire à régler et puis je vous rejoindrais. (Il lui tapa sur l'épaule:) Vas-y, souffla-t-il.
_Tu as tort, fit le géant. Mais il tourna les talons sans un regard pour le jeune homme, entraînant la jeune fille dans son sillage. Contrairement à lui, les yeux sombres de la fille ne pouvaient se résoudre à quitter le voleur et une certaine inquiétude se lisait sur ses traits.
_Ne vous inquiétez pas pour lui, grommela le géant. Il s'en sort toujours.
_Pourquoi le laissez-vous? Vous ne croyez même pas ce que vous dites, lui reprocha-t-elle.
Donnacha lui lança un regard dur mais elle ne capitula pas.
_C'est le meilleur ami que j'ai, répondit-il en s'adoucissant. Je ferais n'importe quoi pour lui. Mais quand il a décidé quelque chose personne ne l'en fera démordre.
_Pourquoi souriez-vous? Je ne me souviens pas avoir dit quoi que ce soit de drôle.
_Il fait toujours cet effet là aux femmes, dit-il avec un sourire encore plus large. Elles ne peuvent pas s'empêcher de l'adorer et de se faire du souci pour lui; et lui ne peut pas s'empêcher d'en profiter! (Son sourire disparut brusquement.) Croyez moi, ne vous attachez pas trop à lui. Il n'y a que très peu de femmes qui comptent réellement à ses yeux. Fhiv en fait partie parce que c'est une amie fidèle, et une autre qu'il a connue dans sa jeunesse. Depuis, je ne l'ai jamais vu se lier avec une femme. (Il reporta son attention sur la cour.) On va attendre encore un peu, le temps que les autres rejoignent leurs positions et puis on ira.
_Donnacha –c'est ça? –je peux vous poser une question? (Le colosse acquiesça.) Pourquoi vous ne m'avez pas tué sur place? Ça vous aurez évité pas mal de soucis en plus, non?
_Pourquoi ne l'avez-vous pas fait avec lui? éluda Donnacha. C'est aussi simple que ça. Et vous pouvez m'appeler Donn, comme tout le monde, reprit-il dans un souffle en lui tendant la main. La jeune fille la prit et la serra mais ne dévoila pas son identité. Le géant haussa les épaules et l'oublia vite.
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