Bonjour à tous! Je suis à la recherche de bêta-lecteurs pour ce texte. C'est un peu urgent puisque je dois envoyer le texte vendredi et que j'aurai besoin de le retravailler avant. Je cherche surtout à déterminer si l'évolution de l'échange entre les deux personnages est cohérente et si la lecture est agréable, mais toute autre remarque peut être utile. En échange, n'hésitez pas à me solliciter.
voici le lien pour les commentaires
https://ecrire.forumactif.org/t7522-interieur-et-exterieur-nouvelle#170765J’avais perdu la notion du temps quand on frappa à ma porte. Je n’attendais personne, surtout pas à cette heure tardive de la nuit. Mon regard se tourna vers la fenêtre de l’entrée. Je m’en voulais de n’y avoir pas fait installer de rideaux. À cause de la lumière, on devinait facilement qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Pendant un instant, je décidais de ne pas me lever. Ma femme m’avait quitté, en emmenant les enfants, alors j’avais des choses bien plus importantes à m’occuper. Puis ce fut au tour de la sonnette de me troubler dans mon engourdissement. A cet instant, mon livre glissa par terre et ce qui restait de thé dans ma tasse se répandit par terre. Décidément, toute ce qui restait de la maisonnée était contre moi ! Pour ce satané livre, c’était moins grave. Je n’arrivais pas à le lire, de toute façon. La sonnette s’entendit encore une fois. Qui pouvait insister comme ça ? Impossible de l’ignorer dans la maison désespérément silencieuse depuis quelques jours. La pensée que cela pouvait être important se faufila jusqu’à mon cerveau endormis. Ma nuque s’affaissa dans un soupir et je lâchais une dernière grimace en direction de la porte avant de me lever.
A hauteur des photos des enfants et de Cécile, je détournais la tête, comme d’habitude depuis ces derniers jours. Mais j’étais bien incapable de les enlever. Arrivé au bout du couloir, je penchais mon œil vers le judas. J’entrevis alors une silhouette en vêtements de pluie, surmonté par un visage vieux et barbu. Un énorme sac de voyage encombrait ses épaules. Il était trop loin pour que je distingue clairement ses traits. Un SDF, probablement, quoique qu’avec le sac, je n’étais pas sûr. Un itinérant ? Je soupirai d’un grand coup, ennuyé de m’être levé pour ça. Aussitôt, sa voix perça à travers la porte :
— Bonsoir ! C’était pour savoir si je pouvais emprunter vos toilettes !
Son timbre était aussi enjoué que l’écho de l’eau sur les rochers. Surprenant pour un vieux clochard. Je regardais à nouveau dans le judas. Il s’était rapproché de la porte, ainsi puis-je mieux contempler son visage. Les plis de sa peau qui n’étaient pas mangés par les poils blancs exprimaient davantage la gaieté que la tristesse. Cependant ses yeux étaient profondément cernés. Il se balançait nerveusement d’un pied sur l’autre. Je me demandais s’il n’y avait pas de toilettes publics dans le secteur et j’étais touché qu’il n’ai pas envie de pisser contre les voitures. Ce ton léger de voix me fit penser à Michael, mon cadet de 7 ans. Ma poitrine se noua. Ce n’était vraiment pas le moment de me solliciter, tant pis pour sa vessie. Je restais immobile devant la porte jusqu’à entendre ses pas résonner sur les marches du perron et s’éloigner.
Son départ aurait dû me soulager, mais c’était encore pire. J’ai baissé les yeux. Ma main s’est tendu vers la poignée et l’a tourné. Il m’attendait en bas des marches. Je devais être l’une des seules personnes à ne pas dormir à cette heure dans tout le quartier. Toutes les autres lumières étaient éteintes.
— Montez ! Fis-je avec un soupir
— Merci, mon brave !
On avait dû lui servir ce cirque des dizaines de fois. Le sourire de compréhension qu’il m’adressa montra qu’il s’y était habitué. Ce ne fut qu’une fois le pas de la porte atteint que l’état épouvantable de ses bottes m’apparus, en-dehors de la pénombre. Une solide et épaisse croûte de terre en ornait le contour. Je lui obstruai soudainement le passage.
— Par contre, j’apprécierais volontiers que vous les retiriez avant d’entrer, dis-je en pointant du doigt la dégoûtante partie inférieure de ses jambes.
Il jaugea un instant mon air indigné, puis sembla décider que se soulager la vessie valait bien un tel effort. Il dénoua alors ses lacés usés avec une minutie exemplaire, compte-tenu de son impatience. Il poussa du pied ses chaussures sur le palier et fit lourdement tomber son sac sur le parquet que je venais de cirer. A cet instant précis, je regrettai amèrement de lui avoir ouvert la porte. Cependant, je me refusais à l’éconduire maintenant qu’il avait enlevé ses chaussures.
— C’est la première à gauche, grommelais-je
Bien trop préoccupé pour s’enquérir de mes scrupules, il s’y précipita tandis que je grimaçais à nouveau en le voyant piétiner le tapis avec ses chaussettes sales. Je mis ce temps à profit pour observer son bagage. C’était l’un de ces sacs militaires en toile, comportant de multiples poches amples, gonflées d’objets. L’usure et le nombre de rafistolage qui le mouchetaient en faisait une relique. Mon étonnement relatif au fait qu’il tienne encore fit bientôt place à une soudaine inquiétude concernant les sanitaires. Je me disais en effet que j’allais sûrement devoir récurer les toilettes derrière lui. Je n’osais pas imaginer l’état de ses mains. Quand il sortit des toilettes, je lui indiquais la salle de bain mais il refusa d’un geste de la main en reniflant :
— J’en ai vu d’autres, vous savez.
Je me forçais à sourire, mais intérieurement, j’étais horrifié. Cependant, il interpréta mon masque de politesse comme une ouverture :
— Vous avez un bon fond. Habituellement, les gens n’ouvrent pas du tout.
C’est à cet instant précis que je ressentis une profonde empathie pour mes voisins.
— Bon, eh bien, je vais vous laisser vaquer à vos occupations...
Son regard affectueux de chien errant me coupa dans mon mouvement:
— J’suis désolé de vous demander ça, mais par hasard, vous n’auriez pas quelque chose à manger ?
J’observais son visage et étais surpris de trouver autant de douceur dans les pupilles claires qui surmontaient ses pommettes poilues. Malgré ma profonde envie de le mettre à la porte, une petite voix en moi affirmait que je ne pouvais le laisser repartir sans rien. J’inspirai par le nez et tachais de sourire à nouveau :
— On va bien vous trouver un en-cas.