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 Belzébuth (titre non définitif)

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 19:10

Merci pour ton passage ici Smile
Je me doutais à ton avatar que tu aimais le moyen âge (je suppose que ça se voit au mien aussi ^^). Cette période de la fin du XIV- début du XVè particulièrement parce qu'elle est très riche en événements historiques et en progrès sur tous les plans. J'ai beaucoup, beaucoup lu sur l'époque, surtout sur la vie quotidienne. As-tu lu le Menagier de Paris ? ça vaut vraiment la peine de découvrir tous les détails de la vie et du mode de pensée de l'époque.

J'espère que tu posteras tes écrits ici. Je suis déjà pressée de les lire cheers
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 19:41

Hop, une petite suite ^^


CHAPITRE 10


Nous marchâmes encore une heure durant après quoi le sentier se fit plus abrupt, comme s'il attaquait directement la montagne. Nous qui étions remontés en selle à la vue du sentier, dûmes redescendre pour soulager les chevaux. Déjà, la fraîcheur pénétrante d'un nouveau soir tombait du ciel noircissant. Nous gravîmes un raidillon un peu périlleux, trébuchâmes dans la traîtrise de l'ombre naissante, traînant par la bride nos chevaux réticents. Nous contournâmes un bloc rocheux plus haut qu'un homme qui nous barrait la route et soudain, la vallée se découvrit à nos yeux. Et Sollagnac apparut. Nous restâmes immobiles, surpris, le regard fixé sur la fantomatique forme grise. Nous ne pouvions qu'être frappés par l'inhabituelle disposition de Sollagnac. Pas le village en lui-même, en fait, car comme nombre de villages de montagne, il s'accrochait au flanc d'un mont, sombre nid d'aigle perdu dans un écrin de verdure et de roche mêlées. Alentour s'étendaient des champs cultivés et des pâtures, émeraude sous les rayons du soleil couchant. Une mosaïque bien reposante pour l'œil humain fatigué du désordre sauvage de la nature.
Non, l'étrangeté venait du château. Ce château qui aurait dû, comme tous les châteaux, protéger Sollagnac et donc surplomber le village, n'était pas à sa place. Au lieu d'être bâti sur les hauteurs, il se blottissait comme un oiseau peureux au plus profond de la vallée. Comment telle forteresse pouvait-elle avoir la moindre efficacité en cas de bataille ? Pourquoi ses bâtisseurs n'avaient-ils pas profité du rempart naturel qu'offrait la montagne ? C'était d'autant plus mystérieux qu'il semblait construit pour résister à l'assaut le plus violent, voire à la fin du monde. Edifié pour défier le temps, il avait la sombre austérité que lui conféraient ses pierres inaltérables. Dans l'obscurité naissante, il dressait, hiératique, ses enceintes quadrangulaires et son large donjon carré. Rarement, j'avais vu d'aussi puissantes forteresses.
- Hâtons-nous de rejoindre le village si nous voulons trouver à loger, dit Aude, interrompant le cours de mes pensées.
- Pour y trouver quoi ? Protesta Lancelot qui, bien qu'adepte des grandes aventures, avait toujours eu un faible pour les intérieurs douillets. Ce petit village sans fortification n'a probablement pas une seule auberge. Où dormirons-nous ? Dans la grange d'une de ces misérables fermes ?
Loup se voulut rassurant :
- Bien sûr qu'il y a une auberge. Dans quel village n'y en a-t-il pas ? Il faut bien que le voyageur se repose.
- Quel voyageur ? Ricana Lancelot. Ouvre donc les yeux. Nous sommes au bout du monde. Il n'y a rien ici. Je doute que personne soit assez stupide pour y venir jamais. A part nous... Mais le château a l'air puissant. Le châtelain ne doit pas être un miséreux. Demandons-lui l'hospitalité.
Aude frissonna :
- Je n'aime pas ce château. Si l'homme de l'auberge avait raison ? Si c'était la maison du Diable ?
Je contemplai ces tours sombres, ces murailles noires et pensai qu'elle n'avait pas tort. Moi non plus je n'avais guère envie d'y entrer au soir tombant. Etait-ce l'obscurité naissante qui, en étendant les ombres, lui conférait cet aspect menaçant ? Etait-ce l'étendard flottant en haut du donjon, à peine visible dans la faible lumière du jour mourant ? Un tissu lavé par le temps, de sinople à l'ours d'or, un animal brutal et dangereux que l'on ne prisait plus guère dans les armoiries, si ce n'est dans les pays reculés et barbares de l'Est. C'était comme un symbole païen, une menace. De jour, il en irait sans doute autrement et nous ririons de nos réticences. Le soleil, me disais-je, démystifierait le lieu et nous ne verrions plus qu'un château ordinaire n’était-ce sa position absurde. Après avoir chassé nos peurs irraisonnées dues à la fatigue et à la lumière manquante, nous irions présenter nos respects au seigneur des lieux.
- Ce lieu est maudit, c'est l'antre du Démon, murmura Sagremor, toujours prudent à l'excès. Si le voyageur de l'auberge a dit vrai, pourquoi prendre de tels risques ? Rebroussons chemin. Nous passerons quelques nuits de plus à la belle étoile, voilà tout.
Que ne l'avons-nous écouté ? Oh, folle jeunesse qui croit en son immortalité et prétend résister à l'appel du Démon alors qu'elle ne cesse de lui prêter l'oreille ! Qui sait, si nous avions su nous détourner, peut-être le Seigneur Tout Puissant aurait-il calmé sa colère devant notre sage exemple. La prudente réserve de Sagremor me parut lâcheté. Nous étions des preux. Lorsqu'il n'y avait nul danger à affronter, nous en recherchions un. Que croyions-nous alors ? Qu'il suffirait de fourbir nos épées et d'apprêter nos lances pour vaincre Satan ? Nous ignorions que le Diable n'affronte pas les hommes à armes égales. Il frappe toujours dans le dos. Et lorsque la colère de Dieu interdit aux pauvres créatures mortelles que nous sommes une seconde chance, aucune fuite n'est plus possible.
Mais nous avions ri, alors, des réticences de Sagremor. Lancelot fut le plus cruel - il l'était souvent - mais Loup, plus réfléchi, eut des arguments assez convaincants :
- Si le Démon avait une maison sur cette terre, je doute qu'il choisirait ce lieu. Comment tenter l'âme humaine avec ce misérable amas de chaumières ? Puis, qui tenter s'il n'y passe jamais personne ? Quelques pauvres bergers ? Cela n'a aucun intérêt. A mon avis, si le Diable possède une demeure quelque part, c'est un palais d'or et de pierres précieuses, avec des jardins où se promènent de belles jouvencelles et des fontaines où le vin coule à flot.
- Sans doute. Tu as raison...
Sagremor me paraissait pourtant encore incertain. Alors, nous fîmes ce que nous faisions toujours lorsqu'il nous fatiguait les oreilles de conseils de prudence : nous rîmes de lui. Il avait beau être sage, il était jeune aussi et fier comme on peut l'être à vingt ans. Comme nous tous, il se voulait d'abord un preux. Maintenant, à l'âge que j'ai atteint, j'ai conscience de la stupidité des hommes. L'honneur, la gloire, la fortune, comme tout cela est vain ! Que voulions-nous prouver ? Quelle beauté peut-on trouver dans la mort ? Il n'est pas plus louable de mourir à vingt ans en héros sur un champ de bataille qu'à quatre-vingt dans son lit. Car quelle que soit la manière, le résultat est le même. Mais j'étais, dans mon jeune âge, incapable de comprendre cela. L'époque était à célébrer vaillance et courage. J'aurais traité de vieillard débile quiconque aurait prétendu le contraire. A mes yeux de tout nouveau chevalier, un homme jeune et fort se devait d'être preux, quoi qu'il lui en coûte. Sagremor le croyait assez lui aussi pour être blessé de nos moqueries.
- Je n'ai pas peur ! Cria-t-il avec un mouvement de colère puéril à une pique plus méchante de Lancelot.
- Fier écuyer, répliqua celui-ci, qui n'ose mettre les pieds dans un ridicule hameau de montagne parce qu'un inconnu rencontré par hasard a prétendu que le Diable y vivait. Qui croirait à ces contes de bonnes femmes ? Il est heureux que tu ne sois pas devenu chevalier, tu aurais fait honte à notre ordre.
Sagremor avait visiblement rougi et se contenait à peine. Jamais je ne l'avais vu dans cet état. Lancelot allait trop loin. S'il n'avait été son ami, Sagremor aurait sans doute tiré l'épée. Je dus les calmer tous deux avant que la situation ne dégénère. Je ne voulais pas de fâcherie entre nous même si j'étais plutôt de l'avis de Lancelot, étant presque aussi tête folle que lui. Je confondais noble courage et aveugle témérité.
Mais peut-être mes compagnons n'étaient-ils pas vraiment responsables de leurs emportements. Peut-être Lancelot, même s'il aurait refusé de l'avouer, avait-il peur lui aussi, ce qui le rendait nerveux. Pour ma part, si je faisais le fier, j'avais le cœur battant et aurais apprécié trouver un argument non déshonorant pour rebrousser chemin. Tout ce qui ne respectait pas l'ordre des choses tel que Notre Seigneur l'avait voulu me faisait trembler. Or ce château, assurément, allait à l'encontre des lois dictées aux hommes par la sagesse divine. De même, le visage de Loup me semblait trop crispé, le ton de Lancelot trop arrogant pour n'être pas le résultat de cette invisible menace que nous ressentions tous. Ou peut-être était-ce autre chose encore, une sorte d'air empoisonné, de miasmes porteurs du Mal, qui planaient autour de nous en nous faisant perdre toute raison.
- Mes amis, dis-je, reprenant mon rôle de chef. Que décidons-nous ? Il n'est pas trop tard pour faire demi-tour. Je ne crois pas à une malédiction mais que ce soit ou non le cas, nous avons le choix. Je ne vous imposerai rien contre votre gré. Lancelot ?
- Nous sommes des chevaliers, maugréa Lancelot. Allons-nous reculer devant quelques gueux terrés dans leurs pauvres masures ?
- Loup ?
- Et bien, je... Je serais intéressé de savoir... Ce qu'il y a de vrai dans cette malédiction.
Loup était très incertain mais trop fier pour le reconnaître. Il n'avait nulle envie d'aller à Sollagnac, pourtant il irait. Il ne voulait passer pour pleutre.
- Sagremor ?
L'interpellé répondit d'une voix sourde :
- Je ne suis pas un lâche, quoi que vous en pensiez. Je trouve cela bien inutile de risquer nos âmes pour je ne sais quel intérêt alors que notre vaillance serait certainement bien mieux utilisée ailleurs. Vous préférez affronter un hypothétique Démon plutôt que servir notre Roy en chassant l'Anglais. Grand bien vous fasse. Cela me déplaît mais si vous y allez, j'irai. Je ne vous abandonnerai pas.
La certitude de notre tort qu'avait Sagremor m'ébranla. Si Dieu Tout Puissant, malgré Sa grande miséricorde, ne nous pardonnait pas d'avoir rompu notre vœu de chevalerie en préférant la gloire personnelle au service du Roy de France ? Non, me persuadai-je, affronter le Malin n'était pas vaine gloire mais devoir de chrétien. Nous avions une occasion unique et rien ne nous empêchait d'aller, ensuite, ridiculiser les Anglais. De toute façon, il était trop tard : je ne pouvais plus changer d'avis devant mes amis, j'aurais eu trop honte.
Puis, qu'y avait-il de plus beau qu'un fait d'arme valeureux et gratuit, quoi de plus idéal que le danger pour devenir vraiment un homme ? Aussi, je ne demandai pas son sentiment à ma compagne. Elle était femme. Quelque cultivée qu'elle soit, je ne m'attendais pas à ce qu'elle partage ni même comprenne le supérieur idéal de la chevalerie. Elle ne protesta pas, ne dit pas un mot lorsque je donnai l'ordre de nous remettre en marche vers Sollagnac mais je la vis échanger un regard triste avec Sagremor.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 21:26

Amusant les états d'âme des chevaliers !

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeVen 7 Mai 2010 - 0:52

Désolé j'ai mis un peu de temps à revenir sur ce texte Razz et je le regrette parce que je me suis bien amusé en lisant ce chapitre. ( on va dire que j'ai attendu d'avoir l'esprit libre Smile )

Citation :
Nous marchâmes encore une heure durant après quoi le sentier se fit plus abrupt, comme s'il attaquait directement la montagne. Nous qui étions remontés en selle à la vue du sentier
La répétition de sentier est un peu rapprochée. ( Tiens c'est bizarre en ce moment je fais la ême chose tout le temps ^^)


Citation :
Et Sollagnac apparut
Tu peux virer le Et je pense.


Citation :
Nous ne pouvions qu'être frappés par l'inhabituelle disposition de Sollagnac
Je pense qu'avant de nous dire ça, tu devrais décrire un peu le village, et ensuite nous donner la réaction à cette description. là ça fait un peu charrue avant le tractopelle.

Citation :
C'était d'autant plus mystérieux qu'il semblait construit pour résister à l'assaut le plus violent, voire à la fin du monde. Edifié pour défier le temps
Encore une fois je préfèrerais une description. J'ai un peu de mal à imaginer comment un chateau peut paraitre "particulièrement" éternel et prêt à résister à une fin du monde. Donc je ne visualise pas et je décroche de la suite.

Citation :
Rarement, j'avais vu d'aussi puissantes forteresses.
Même chose qu'avant, je ne vois pas du tout ce que vois le héros donc je ne ressens pas ce qu'il ressent.

Citation :
Et lorsque la colère de Dieu interdit aux pauvres créatures mortelles que nous sommes une seconde chance, aucune fuite n'est plus possible.
Je trouve que cette phrase ne rajoute pas grand chose au paragraphe, et qu'il serait plus puissant si la phrase précédente servait de conclusion.

Citation :
S'il n'avait été son ami, Sagremor aurait sans doute tiré l'épée.
Smile Smile Dans des circonstances bien moindre, face à un ami justement, il me semble que D'Artagnan aurait tiré son épée Smile Smile ( désolé c'était la digression de la journée )


Passage intéressant, on sent bien qu'ils sont en train de faire une sacré bêtise ^^ A part la partie de description au début, le passage est vif et le dialogue bien mené. A suivre vite Smile
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeJeu 13 Mai 2010 - 9:40

merci pour votre attention à tous les deux Very Happy

Elgringo, je reprendrai plus tard avec le château, tu me diras ce que tu en pense. Pour l'instant, l'arrivée au village.





La pente était rude jusqu'à Sollagnac. Le sentier escarpé nous fut pénible après notre longue errance. Nous avions hâte de trouver une couche où nous allonger. Le temps d'atteindre le village, la nuit était tombée tout-à-fait, nous entourant d'ombres mystérieuses. Nous nous arrêtâmes aux premières maisons pour contempler Sollagnac déjà endormi. J’avais décidé devant les hésitations de mes compagnons et ma propre réticence de trouver un logement en ce lieu et non au château. Car c’était bien ce château qui portait toutes nos inquiétudes. Nous envisagerions de l’observer de plus près au jour levé.
Nous avions droit à un vague clair de lune qui ne durerait pas car les nuages se pressaient dans le ciel sombre. Sous la pâle clarté, nous distinguions les masses noires des habitations. Le village, bien sûr, n'était pas fortifié. Quant aux maisons elles-mêmes, il ne s'agissait que de petites masures de pierre sèche, très basses, qui, pour la plupart, ne devaient être constituées que d'une pièce unique abritant hommes et bétail. Une ou deux maisons, à peine plus belles, comportaient un étage de bois et de torchis dont la réalisation me sembla fort grossière. Il n'y avait guère qu'une douzaine de feux. Ce n'était pas vraiment un village, plutôt un mas, comme on appelait cela dans la région.
Je me demandai si Sollagnac faisait partie d'une seigneurie plus vaste - auquel cas n'y vivait que le châtelain, représentant de la justice et du pouvoir seigneuriaux - ou s'il en constituait une à lui seul comme le laissait penser la présence de l’imposant château. Dans ce cas, c'était bien maigre domaine que celui de ce seigneur. Il devait être pauvre, presque aussi pauvre que les habitants du village. Un village où, en nous approchant, nous ne distinguâmes ni boutique ni enseigne. Bon, me dis-je, le voyageur de l'auberge avait raison sur ce point : c'est un hameau de paysans. Je ne voyais pas le Démon élire domicile en ce lieu misérable. Loup avait raison : nous ne courrions nul danger diabolique ici. Sagremor avait raison également. Nous avions gaspillé bien du temps et des forces pour rien. Que faisions-nous ici, dans ce coin perdu ?
Nous errâmes dans la rue unique en cherchant où nous loger et nous fûmes surpris de trouver ce qui ressemblait à une auberge. L'enseigne, que nous n'avions pas vue de prime abord, était de bois peint. Ou l'avait été car la couleur était presque entièrement partie, ne laissant subsister que quelques vagues traces rougeâtres sur le bois pourrissant. Cela n'était guère encourageant mais la moiteur noire de la nuit maintenant privée de lune nous décida. Nous poussâmes la porte, déterminés à imposer notre présence à des villageois sans doute peu habitués aux étrangers et à nous faire donner un lit, si lit il se trouvait en ce lieu misérable. Quant à l'agrément de la nuit, nous évitions d'y penser. Nous aurions de la chance si nous avions un maigre potage et une paillasse pour nous cinq.
La pièce était aussi noire que la nuit au dehors. Une obscurité silencieuse, angoissante, lourde de menaces séculaires.
Puis mes yeux perçurent la lueur étouffée d'une mauvaise chandelle de suif alors que des chuchotements, à peine plus distincts que le froissement d'aile d'un oiseau, parvenaient à nos oreilles. Sous nos pieds, le sol de terre battue, poussiéreux, n'était adouci d'aucune herbe fraîche. On le devinait au contraire jonché de détritus, ce que confirmait l'odeur pestilentielle de renfermé, de pourriture et d'urine qui nous montait aux narines. Je faillis dire « Sortons » à mes compagnons d'autant que je sentais Aude fort mal à l'aise. Je n'en fis rien. Où coucherions-nous ? Dans cette rue sale aux façades lépreuses, dans ces ténèbres si totales que l'on se croyait tombé dans la gueule des Enfers ? Les dernières lueurs du crépuscule avaient disparu alors que nous posions le pied dans Sollagnac. Comme un signe… Non, il ne fallait pas se laisser à nouveau entraîner dans d'obscures superstitions.
Deux autres chandelles s'allumèrent, perçant l'opacité de la nuit, à quelques pieds de nous, comme si elles avaient été mouchées à notre arrivée et que, devant notre silence, les habitants s'enhardissaient. Quelque chose me disait qu'à Sollagnac, on n'aimait guère les étrangers. Je sentais l'air chargé d'une animosité presque palpable.
L'une des chandelles s'approcha de nous, éclairant vaguement la salle au passage. Un débit de boisson, une sorte de grossière taverne, pensai-je. L'endroit était plus misérable encore que je l'avais imaginé. Une ou deux paillasses d'herbe sèche et de peaux râpées, jetées sur le sol puant, indiquaient qu'il était prévu de pouvoir passer la nuit ici. A moins qu'elles ne soient destinées à des ébats avec des prostituées. Peut-être en venait-il parfois d'un bourg voisin. Dans ce cas, on était bien loin de la tiédeur molle et sensuelle, mais propre, des bains publics. Un lieu de perdition en valait un autre, me dis-je, et celui-ci, sans artifice n'était ni le pire ni le moins décent.
Des visages apparurent dans le faible halo des chandelles. Des faces dures, creusées, édentées, le regard vide. Un frisson me parcourut. On eut dit une triste armée levée parmi les morts. Devant eux, j'aurais presque cru aux fantômes. La chandelle fut bientôt toute proche de nous et nous distinguâmes une vieille au cheveu rare, au nez crochu de sorcière, qui nous détaillait sans bonté. Son regard noir, rougeoyant sous la flamme qui dansait devant elle, paraissait prêt à lancer le mauvais œil.
– Nous cherchons un toit pour la nuit, dis-je en espérant ne pas balbutier comme un enfant inquiet.
Je m'attendais presque à ce que la vieille nous jette un sort pour toute réponse mais elle grogna quelque chose d'inintelligible et nous désigna des tabourets de bois malhabilement taillés. Nous vîmes la chandelle s'éloigner de nous puis revenir et la vieille tenancière nous mit sous le nez des morceaux de pain de seigle à demi rassis exhalant une forte odeur de moisissure.
Nous avions faim, aussi nous nous forçâmes à manger ce met peu appétissant. Il fallut pour le mâcher, le tremper dans la mauvaise bière que l'on nous donna à boire. Bien sûr, sur ces hauteurs aux hivers longs et rigoureux où la neige tenait la moitié de l'année, il n'était pas question de vigne ni de vin. Je regrettai, en absorbant l'épaisse mixture tiède, de n'avoir pas étanché ma soif à quelque limpide ruisseau de montagne.
Dans les minutes qui suivirent, nous entendîmes les rares clients partir les uns après les autres. Ils avaient fini de boire et rejoignaient leur famille pour une nuit que je devinais courte. Ils auraient sûrement un dur labeur à accomplir le lendemain, dès l’aube, comme il est habituel pour tous les paysans. Ils prenaient congé de la tenancière d’un bref grommellement en guise de salut auquel elle ne répondait pas, à moins qu’elle le fasse si bas que nous ne pouvions l’entendre.
Nous fûmes soudain plongés dans le silence le plus profond. Même la vieille paraissait avoir disparu. Durant de longues minutes, nous demeurâmes parfaitement immobiles, retenant notre souffle, jusqu’à ce que nous convînmes qu’elle ne reviendrait pas. Dans la puanteur étouffante de la pièce, dans cette obscurité si absolue que nous ne savions si nous nous trouvions bien dans une maison, une grotte ou un autre lieu mystérieux, nous restâmes l’oreille tendue, cherchant à deviner les bruits de la nuit. Un léger craquement dans le silence moite et nous nous attendions à voir paraître des diablotins bercés d’une lumière diabolique.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeVen 14 Mai 2010 - 14:45

Brrr ! Pas très hospitalier ton village ! Mais l'ambiance y est bien décrite !

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 11:32

Me revoilà un peu en retard, mille pardons Wink Comme d'habitude je vais te voler ta méthode de commenter au fil de l'eau, dois-je te payer des droits d'auteurs ? Very Happy


Citation :
Le sentier escarpé nous fut pénible après notre longue errance
nous... notre ça fait un peu répétition. Un seul suffirait.

Citation :
dans le ciel sombre.
Le "sombre" me semble un peu inutile. (je suis un grand partisan du "Simple is beautiful" ^^)

La description de la taverne est bien, très... balzacienne Smile ( je dis ça comme un compliment hein ?) Bon par contre j'ai un peu de mal à imaginer des prostituées venir dans un trou aussi perdu... économiquement ça me semble assez peu intéressant pour elles.

comme a dit Schadow, pas très hospitalier le village Razz mais pour l'instant à part l'ambiance ctuhulienne, rien de bien menaçant, avec un bon soleil nos chevaliers devraient se sentir tout de suite mieux ^^

En tout cas j'attends la suite.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 14:54

Bonjour,

Je viens de terminer le chapitre 3.....donc j'arrive...lentement mais surement !
D'abord j'ai adoré ce chapitre 3. Dynamique, bien ficellé. J'aime le personnage de Frédéric et le passage avec le chat m'a bien fait rire.

J'ai eu plus de mal avec les deux premiers, bien que ton style et ton vocabulaire soient excellent.
Ce qui m'a géné ?
j'ai trouvé ces chapitres plutot long cependant je dois avouer que :
Je ne suis pas lectrice de romans historiques ou d'histoires se déroulant à cette époque...par contre j'aime ce sujet au cinéma :!:
Je ne sais pour quelle raison...je m'attendais a des retours auprès du vieil homme qui écrit ....bon je ne sais pas d'ou je tiens cette idée mais elle est là.....
Enfin j'attends toujours de comprendre ce qu'est ce fameux évènement....mais je me dis que j'ai du louper un paragraphe, te lisant directement sur mon PC......je vais devoir recommencer ma lecture.

Enfin, j'ai remarqué, tout comme toi de nombreux passages sur ton post et peu de commentaires. Tout d'abord c'est dur de prendre en route, car cela fait beaucoup de texte a lire....donc ne sachant pas dans quel histoire on se lance, certain n'ont peut-être pas poussé plus loin la lecture. Je t'encourage a mettre un petit résumé. Je l'ai que tu l'avais fait dans la partie synopsis.....on n'a pas toujours envie de faire des "clics" supplémentaires pour s'avoir de quoi il s'agit ...d'ailleurs moi même je n'ai pas fait cette démarche Suspect

Bien sur ce n'est que mon humble avis ...

Je reviens dès que j'aurai lu la suite.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 8:59

Merci à tous pour vos commentaires et votre lecture attentive.

Je posterai la suite demain.

pour vous répondre:

- Schadow: en effet, le village n'est pas hospitalier mais c'est surtout parce qu'il est décrit par le narrateur qui voit tout avec des idées préconçues et qui est pétri de croyances assez primitives jouant sur sa vision des choses.

- Elgringo:
Citation :
Comme d'habitude je vais te voler ta méthode de commenter au fil de l'eau, dois-je te payer des droits d'auteurs ?
Je ne crois pas avoir inventer la méthode ^^. Mais je la trouve simple à mettre en oeuvre et surtout plus proche de la vision du texte qu'aurait un lecteur lambda.
Citation :
La description de la taverne est bien, très... balzacienne ( je dis ça comme un compliment hein ?
balzacienne? Shocked Même si tu le voyais comme une critique négative , tu ne pourrais me faire plus plaisir. Balzac est mon auteur préféré depuis que j'ai 11 ans et je suis toujours en admiration devant ses descriptions. Alors, lire cet adjectif rapporté à mes écrits... Waouw. cheers Merci, merci, merci
pour les autres remarques, il faut que je relise pour changer ça.

-Sophinette: merci de ton arrivée ici. j'apprécie le fait d'avoir une nouvelle lectrice. Par contre, je préfère te prévenir que la plus grosse partie se passe au moyen âge donc ressemble aux deux premiers chapitres.
Le problème, c'est que j'ai rangé mon texte dans cette partie du forum car je ne savais pas où le mettre. Il ne correspondait à rien complètement. C'est vrai que la première partie (sur 3) est très historique et j'ai essayé de rendre l'ambiance et la mentalité de l'époque, ce qui rend peut-être la lecture moins aisée (d'autant que j'ai une prédilection particulière pour les descriptions et les récits au rythme de la vie des personnages).
Pour ce qui est de l'Evénement évoqué, c'est normal qu'il n'en dise pas plus. En fait, toute la première partie est construite pour y conduire.
Tu as raison pour le résumé. Je vais éditer mon premier post pour en mettre un. Merci du conseil.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 9:10

Citation :
balzacienne? Même si tu le voyais comme une critique négative , tu ne pourrais me faire plus plaisir. Balzac est mon auteur préféré depuis que j'ai 11 ans et je suis toujours en admiration devant ses descriptions. Alors, lire cet adjectif rapporté à mes écrits... Waouw. Merci, merci, merci
Ne t'en fait pas c'est moi aussi un de mes auteurs préférés. Pas forcément pour ses descriptions, même si évidemment elles sont extraordinaires, mais surtout pour sa capacité à explorer des personnages qui paraissent simple et leur donner une profondeur extraordinaire.

Je le disais un peu prudemment, parce qu'il y a des snobs littéraires de nos jours qui ne savent plus apprécier Balzac. (mais je savais évidemment que tu n'en faisais pas partie hein ? Wink )
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 9:23

Citation :
Je le disais un peu prudemment, parce qu'il y a des snobs littéraires de nos jours qui ne savent plus apprécier Balzac
j'avais remarqué. C'est malheureux. Enfin, tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu'ils manquent ^^


J'ai ajouté un petit résumé de la première partie de mon roman à mon premier post. Qu'en pensez-vous?
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 14:27

Bonjour,

Je viens de finir le chapitre 6 et je prends de plus en plus de plaisir malgrè mon manque de vocabulaire .....

Par contre je suis surprise qu'un écuyer soit plus cultivé qu'un chevalier ....
Citation :
Ce fut Loup qui me répondit. Il était le plus cultivé d'entre nous, le plus fin aussi.
Et je trouve un peu rapide le coup de foudre. Tu pourrai détailler, en plus de ses yeux, sa bouche, son sourire, son visage, son corps, sa tenue....

Je trouve aussi qu'il change très vite d'avis sur les femmes.

Concernant le résumé de ton histoire :
J'ai retrouvé ton premier post, lorsque tu cherchais a savoir ou classer ton roman. Il y avait dans ton résumé l'histoire du livre et cette cohabitation délicate que je n'ai pas retrouvé dans ce nouveau résumé. Pour ma part je trouve ce dernier moins "aléchant".
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 16:42

Merci pour ta lecture et tes commentaires.
Tu as raison pour le coup de foudre, il faudra que je relise ce passage.

Pour ce qui est de l'éducation, la noblesse de l'époque, surtout dans le cas de mon personnage qui est bâtard, était souvent moins cultivée que des bourgeois ou des personnages moins puissants qui, n'ayant pas les armes pour avenir, apprenaient davantage à lire ou compter (je ne parle pas de pauvre peuple bien entendu, quoique chacun avait droit normalement à des rudiments d'éducation). La différence des connaissances de mes personnages vient surtout de leur caractère propre. Richard est chevalier, c'est pour lui un honneur et le summum de la gloire, il ne voit pas l'utilité de la culture alors qu'il sait se servir d'une épée et d'un cheval.


Il faut que je recherche mon premier résumé, j'avoue que je ne me souviens plus ce que j'avais mis. La différence vient du fait que j'avais probablement résumé l'ensemble du roman alors que, ici, je n'ai résumé que la première partie, soit un tiers du roman. Tu penses que je devrais déjà évoquer la suite? (en sachant qu'il y a trois partie, mais toute les trois pour faire un volume unique, ce n'est pas une série)

En tout cas, je suis très contente si ça te plait au moins un peu Very Happy
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 16:47

J'aime moyennement le résumé :/ Je viens d'en faire plusieurs récemment je suis chaud sur cet exercice. Il y a quelques détails qui me déplaisent Par exemple :


Citation :
L'inquiétante légende d'une ancienne malédiction diabolique plane sur le village
"Inquiétante... ancienne... diabolique" ça fait un peut trop d'adjectifs pour une seule phrase.

Et puis On ressent mal les enjeux de l'histoire, quelque chose qui nous prenne aux tripes :

Citation :
Richard et ses amis vont devoir rapidement découvrir ce secret alors que la malédiction s'abat à nouveau sur Sollagnac.

C'est un peu générique ça, n'hésite pas à rentrer un peu plus dans le détail.


Voilà c'était mes petites suggestions à 2 sou et cinq deniers
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 19:53

Bon, et bien j'ai tenté un nouveau résumé. C'est juste pour présenter l'histoire, ça n'a pas de prétention stylistique.
Faut-il que je mette encore plus de détails pour la seconde partie ou ça suffit comme ça?
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 10:25

Ce ne fut pas le cas et le lendemain, l’aube nous surprit. Malgré l’inquiétude qui, nous semblait-il, aurait dû nous empêcher de fermer l’œil, malgré le dégoût que nous inspirait le lieu, nous avions dormi. La fatigue de la route avait eu raison de notre méfiance. Ce n’était pas mauvaise chose car nous avions besoin de repos et, bien entendu, nul maléfice ne nous avait frappés dans notre sommeil.
A la claire lumière du petit jour, nous observâmes autour de nous avec curiosité. Nous ne découvrîmes aucune raison d’avoir peur. C’était bien une taverne quoique particulièrement miséreuse. En tout et pour tout se voyaient, outre nos horribles tabourets, quelques gobelets de bois fendus, moins encore d’écuelles sales posées sans soin sur un tronc d’arbre vaguement dégrossi pour servir de banc. Sans doute l’ensemble était-il de hêtre, seul arbre, j’avais pu le constater, à pousser avec les sapins à cette altitude. Un gros tonneau dont la couleur et l’état n’inspirait guère confiance, était, semblait-il, l’unique récipient présent dans la pièce. Par conséquent, la tenancière devait donner à tous ses clients le même infect breuvage.
La vieille nous rejoignit peu de temps après. Elle portait péniblement un seau d’eau qu’elle posa devant nous. Sous la lumière déjà vive, elle n’avait plus rien d’une sorcière. C’était seulement une pauvre vieille au visage ingrat, au corps tordu, rongé par l’âge et le labeur. Elle portait une simple cotte de chanvre grisâtre, usée et rapiécée à l’extrême. Portant le seau de la main droite, elle tenait de la gauche un épais bâton noueux en guise de canne. L’eau, dans le seau, me surprit par sa fraîcheur et sa limpidité, sa transparence fragile, attirante. Après une nuit dans la crasse de la taverne, j’avais grande envie d’y plonger sans attendre les mains et le visage.
– Pour votre toilette, Messeigneurs, dit la vieille. La source est toute proche. Si vous voulez plus d'eau, j'irai en chercher encore.
Elle avait une voix chevrotante mais amicale. L'offre était généreuse quoique justifiée. Sans doute espérait-elle plus ample paiement que de ses clients quotidiens.
– Et vous, belle dame, continua-t-elle avec déférence à l'adresse d'Aude, si vous souhaitez un peu de tranquillité pour vous laver et vous vêtir, j'ai un petit réduit, là derrière, où vous pourrez vous mettre à votre aise.
Nous nous regardâmes mes compagnons et moi avec un sourire. Nous nous moquions de nous-mêmes, devinant que, la veille, nous avions partagé la même crainte superstitieuse. Nous, chevaliers, avions tremblé devant quelques vieux paysans et l'obscurité de la nuit. Il y avait de quoi rire. Jamais, me dis-je, nous ne nous vanterions de la mésaventure.
La tenancière nous offrit encore un bout de pain, aussi vieux que celui que nous avions goûté la veille. Nous le mangeâmes avec plus de cœur, non qu'il ait meilleur goût, mais parce que nous ne craignions plus un empoisonnement ou un filtre, glissé dedans par la sorcière.

Lorsque nous sortîmes dans la rue, je vis à la position du soleil que prime était déjà passé. Si le hameau était aussi miséreux de jour que de nuit, s'il était impossible de le trouver riant, il n'avait plus cet aspect inquiétant que nous lui avions vu au soir tombant.
– Décidément, remarqua Loup, il s'agit bien d'un voyage inutile. Je ne vois guère où Satan prendrait domicile à Sollagnac.
– Allons au château, proposa Lancelot. Je suis curieux de voir son visage en pleine lumière. A-t-il l'air aussi formidable qu'il nous a semblé à notre arrivée ?
– Oui, allons-y, reprit Loup. Il nous a hier paru bien curieux. Peut-être n'était-ce que l'effet du crépuscule et de notre fatigue conjugués.
Le château étant en contrebas du village, nous reprîmes à pied le sentier plongeant vers la vallée. Nous avions confié nos chevaux à la tenancière de l'auberge qui nous semblait honnête femme. Il nous avait déplu de laisser des bêtes de cette valeur dans l'arrière-cour de la masure, à côté de la fosse d'aisance, mais il n'y avait pas d'autre lieu où les installer et ils n'avaient pas paru gênés par la puanteur.
Un petit surplomb bien commode nous permit de voir le château en restant à distance. La forteresse était en réalité aussi inexplicable, aussi inquiétante qu'à l'ombre du soir. Jamais je n'avais rien vu de plus solidement bâti. Pourtant, elle n'était pas faite pour supporter un siège ou une attaque car, toute robuste qu'elle soit, elle ne laissait voir aucun moyen de défense sérieux. Très massif, le château ne semblait faire qu'une masse compacte, un carré de deux cents pieds de coté environ d'où émergeaient deux tours seulement, deux donjons. L'un primitif, carré, sans doute du Xlle siècle après la naissance de Notre Seigneur, et un donjon polygonal dont l'aspect sévère n'était guère plus récent. Aucun des deux n'était très haut, pas plus de deux à trois étages. Le reste - logis, chapelle, écurie - semblait se confondre en un seul corps, bas, trapu, collé au sol. L'enceinte était spectaculaire. Une muraille qui mesurait bien dans les vingt pieds d'épaisseur, sans flanquement ni crénelage, sans mâchicoulis, pas même de trace de hourd. Quelques rares archères à bèche paraissaient n'être là que pour apporter un peu de lumière à l'intérieur car elles n'offraient qu'une bien maigre défense. Par contre, les contreforts, plus nombreux que nécessaire, étaient impressionnants.
– Quelle étrange forteresse, commenta Lancelot. Comment peut-elle, si mal armée, tenir tête à l'ennemi ? Pourtant, elle semble bâtie pour tenir debout jusqu'à la fin du monde.
Sagremor répondit gravement :
– C'est bien cela, jusqu'à la fin du monde. Et peut-être au-delà. Sa construction s'entend si elle a été faite non pour résister aux hommes mais à d'autres forces, autrement plus puissantes. Les barbacanes et les hourds sont inutiles contre les armées du Démon. Mais le sol peut trembler ou s'ouvrir, le feu ravager les campagnes, le château tiendra bon.
– C'est stupide, répliqua Lancelot.
Je voyais pourtant à ses traits tendus qu'il n'était guère rassuré et qu'il partageait l'avis de Sagremor.
– J'ai froid, dit soudain Aude malgré la chaleur lourde qui régnait depuis la veille. Retournons au village.
– Pourquoi pas ? Les villageois pourront peut-être nous renseigner sur cet étrange château.
Sagremor fit une moue de mécontentent qui lui était devenue de plus en plus coutumière au fil de notre voyage :
– Cela m'étonnerait. Je doute que les villageois aient grande envie de répondre aux questions de voyageurs trop curieux.
– Rentrons, répéta Aude d'une voix faible.
Elle était courageuse mais, face à la forteresse de Sollagnac, je devais la soutenir tant elle semblait prête à défaillir. Je la trouvais faible comme le sont les femmes d'ordinaire, ce qui me déçut un peu. J'avais tort car, sans doute plus sensible que moi à la présence du Mal et aux avertissements divins, sentait-elle mieux que nous autres la menace qui planait sur le hameau, son château et nous-mêmes.

Lorsque nous rentrâmes à l'auberge - s'il est permis de la nommer ainsi - la vieille balayait le sol avec un balai de genêt dégarni aussi vieux qu'elle. De fait, l'exercice était fatiguant autant qu'inutile. Il aurait fallu laver à grande eau et mettre une bonne couche de joncs verts et de fleurs pour purifier l'air. La vieille faisait pourtant courageusement son ouvrage et abattait plus de besogne que sa frêle silhouette le laissait supposer. Elle avait déjà lavé les vêtements que nous lui avions laissés en ce but et nourri nos chevaux de grandes brassées d'herbe sèche. Je me promis de la payer en conséquence. Il ne serait pas dit que je serais ingrat et qu'elle aurait à regretter ses efforts.
Lorsque nous fûmes attablés devant un plat de raves à peine relevé de quelques feuilles de sauge séchée, Lancelot lança à la vieille, sur le ton familier et condescendant dont il usait envers les inférieurs :
– Dis-moi, la mère, n'as-tu rien à nous conter sur ce village pour distraire les oreilles des voyageurs que tu héberges ?
– Non, Messeigneurs. Rien du tout.
– Allons, Sollagnac a bien ses légendes. Il n'y a pas de village qui n'ait les siennes.
– Oh, rien qui puisse intéresser des seigneurs comme vous.
– Mais si, laisse-nous en juger, insista mon ami si lourdement que je faillis le faire taire. Le château. Il n'est pas ordinaire. Bien des histoires courent certainement sur son compte.
A mon grand déplaisir, je vis la vieille se signer vivement.
– Il ne faut pas parler du Diable, Monseigneur. Si son nom est prononcé, il pourrait l'entendre et être attiré ici.
– Ah, fit Lancelot avec un agacement qui trahissait son caractère emporté. Il faudra donc aller au château pour en savoir plus.
La tenancière se signa derechef et je vis l'épouvante inscrite sur ses traits. Ce n'est rien, me dis-je. Les misérables de ces contrées reculées, dépourvus de toute éducation, étaient emprunts d'une superstition des plus excessives.
– Non, non, n'y allez pas. Vous perdriez vos âmes. Les Sires de Sollagnac sont maudits depuis la nuit des temps. Si vous y tenez tant, je vais vous raconter. Ainsi éviterez-vous de réveiller par mégarde le Malin qui sommeille ici.
La vieille nous conta alors la plus étrange des histoires. Sans doute y avait-il du vrai là-dedans et y croyait-elle vraiment car jamais je n'ai entendu mieux conter légende même par le plus habile troubadour.
Je la transcris ici, du mieux que je le puis, avec mes propres mots mais en essayant de rester le plus fidèle possible au récit qui me fut fait jadis.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 10:56

On approche tout doucement de la catastrophe, j'ai hâte de lire comment tu vas nous décrire tout cela !

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 11:53

Bonjour,

Je viens de finir le chapitre 10.
Merci pour tes explications sur la différence d'éductaion entre chevaliers et ecuyers.

Voici mes petits commentaires, à toi d'y picorer ce qui te semble pertinent.

Tout d'abord je suis suprise que Richard, qui est très croyant ne prie pas.
Je trouve qu'Aude est très effaçée dans la suite du récit. Alors qu'elle semble avoir une éducation très différente des autres jeunes femmes de son époque (plus de liberté dans son comportement) et que le vieil homme dit qu'elle changera sa vision de l'importance de la femme, jusqu'à présent elle est absente.....pourtant, en un rien de temps elle a décidé de suivre un inconnu et de l'épouser.
Richard ne semble pas vraiment prendre soin d'elle....j'avais une autre image du comportement d'un chevalier, surtout lorsque celui-ci a été durement frappé par un coup de foudre ...mais je suis peut être trop romantique sur ce coup là ! Smile

Comme Elgringo, la mention des prostituée m'apparait peu crédible. Evil or Very Mad

Concernant la famille Mariey :
Je suis très terre à terre et j'envisage mal, qu'une femme qui prévoit sa toile tente et très probablement sa réservation de camping ne pense pas a prévenir l'agence de location....

De plus j'envisage encore moins que l'on parte, avec deux enfants, pour une location en "dur" dans le sud avec une toile de tente + des matelas + certainement un gonfleur + des sacs de couchage...alors qu'on a peu de place dans la voiture, et ce pour une seule nuit !.....désolée mais j'ai travaillé dans un camping pendant 7 ans.
Ceux qui font un long voyage s'arrête plutot dans un hotel bon marché style formule un. C'est le cas de nombreux campeurs....
Enfin la quasi majorité des locations fonctionnent du samedi au samedi ou du dimanche au dimanche, donc le chevauchement de location n'est pas possible, car en général l'appartement A va se louer tous les samedis, le B tous les dimanches pour ne pas perdre de nuitée, sans compter qu'avec les logiciels dont nous disposons dans le tourisme le PC nous dit "erreur" lorsque l'on veut se faire chevaucher deux séjours....Je sais je pinaille mais l'info peut être utile....Je veux bien t'accoder que certaines locations se pratiquent a partir d'un mercredi, mais là encore c'est très rare et fonctionnent très souvent du mercredi au mercredi.
De par mon expérience, la raison pour laquelle une famille reste dans une location plus longtemps que prévue vient d'un incident : un accident de voiture, une maladie.
Mais dans ces cas, on se débrouille, on ne laisse jamais la famille arrivante dans l'embaras, encore moins lorsqu'il y a des enfants.

Bon je suis restée perplexe concernant l'enthousiasme des enfants a aller visiter des chateaux et des ruines pendant trois jours......de plus, pour avoir visité quelques chateaux, je n'ai sans doute pas eu beaucoup de chance, mais je n'ai jamais réussi a trouver un guide ...
J'avais cru comprendre que la famille Mariey était un peu juste au niveau finance, alors si on ajoute le prix d'entrée + le guide, ils vont avoir un sacré trou dans leur budget. Pour ma part, j'aurais aimé que les commentaires viennent de Frédéric, cela lui aurait permi de partager ses connaissances avec sa famille et de se rapprocher de ses enfants.

Et enfin, autre détail, je vois mal une famille dans une voiture qui a vécue s'aventurer dans un chemin de campagne. Qui soit dit en passant sont souvent des chemins qui ménent d'une ferme a un champ guerre plus, le reste a été largement goudronné. Je suis origaine du Limozin.

Maintenant tout ceci n'est que mon avis et m'a légèrement dérangé dans cette lecture particulière ou je cherche des incohérences qui pourraient, je dis bien pourraient décridibiliser le récit.

Sinon, tes descriptions sont toujours aussi belles et ton vocabulaire très riche???? suis jalouse geek



Tu peux poster le suite génial
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 19:47

Merci Schadow de ton passage Very Happy

Merci à Sophinette pour ta longue réponse.

En fait, la situation des vacanciers vient de mon expérience personnelle Rolling Eyes j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence avec mes parents et mon petit frère à faire de l'itinérant complètement au hasard sur les routes de France, à la recherche des secrêts cachés de notre pays. Mon, père est un grand amateur de vieilles pierres et à 3 ans, je montais à pieds les chemins d'accès des châteaux cathares. Ca a toujours été camping, voire camping sauvage.
Les prix d'entrée des châteaux sont en général assez faibles (hors les plus connus), parfois gratuit quand il ne reste que des ruines.
Quand au guide, le prix est généralement compris dans le tarif d'entrée et on en trouve de très bons. Quand on a de la chance, dans certains petits châteaux méconnus, c'est même le propriétaire qui fait lui-même la visite. Si c'est un passionné (c'est souvent le cas), on a droit à des tas d'anecdotes. Après, c'est vrai qu'il faut sortir des sentiers battus et quitter les chemins de grand tourisme. Même tout petits, mon frère et moi adorions ça.
Pour les autres points, idem: il y a beaucoup de vécu, une fois n'est pas coutume dans ce que j'écris. En fait, la famille Mariey ressemble beaucoup à la mienne Razz

J'avoue que je ne sais pas comment c'est en Auvergne (mais j'étais obligée de prendre ce prétexte pour la suite de l'histoire) mais en Lorraine, il y en a des route qui se métamorphosent en chemin plus ou moins carossables. Certains peuvent être empruntés par les riverains qui connaissent, mais il m'est déjà arrivé de me retrouvée avec la voiture bloquée sur ce genre de chemin que j'avais pris pour une petite route menant à un village voisin (je m'étais trompée à une intersection et je me suis retrouvée en plein champ. C'est tout moi ça; quand je dis que c'est du vécu lol! )

Bon, je vois qu'il faut que je repense certains détails de la partie moyen-âge. Je tiens à préciser qu'à partir d'ici, il y aura des éléments impossibles et que je m'éloigne de l'Histoire pour faire mon histoire ^^ (je serais incapable d'écrire un vrai roman historique; trop compliqué)

Grand merci pour tes commentaires et le compliment de la fin cheers
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMer 2 Juin 2010 - 10:28

une courte suite




CHAPITRE 11




C'était il y a bien longtemps, commença la vieille. Bien avant la Grande Peste, bien avant l'arrivée des Anglais. Moi-même, je n'étais pas née, ni mon père ni le père de mon père. L'histoire s'est transmise de bouche en bouche, de génération en génération. Aujourd'hui elle se perd car les jeunes ne veulent plus y croire et pourtant je sais qu'un jour prochain la malédiction reviendra. Jadis donc, Sollagnac était un petit bourg, plus important qu'il ne l'est à ce jour. Les habitants n'étaient pas que de pauvres bergers. Il y avait des bourgeois, des riches artisans, des gros laboureurs. Le seigneur d'alors était un homme puissant possédant de vastes borderies qui donnaient bon rendement avec des bois, des lacs, des cultures, des pâtures et tout ce qu'il faut. Il était respecté et craint de Montferrand à Aurillac. Les plus grands lui demandaient conseil, l'évêque de Clermont l'écoutait plus qu'il n'écoutait le pape. Aussi personne n'osait-il condamner ses agissements bien qu'il fût très mauvais chrétien. Il ne connaissait pas l'humilité, dévoré d'ambition et de soif de richesses terrestres qu'il était. Il exploitait ses serfs à les tuer d'épuisement quand la faim ne prélevait pas son dû. Chaque jour, les malheureux priaient Dieu de les libérer de si cruel maître. Sa femme et ses enfants qu'il battait chaque jour aussi durement qu'il battait ses chiens, imploraient également la Miséricorde Divine. On dit que le seigneur de Sollagnac n'assistait jamais aux offices religieux, mangeait gras les jours maigres et n'entrait jamais dans l'église, pas même pour aller à confesse. Certains racontent qu'il mangeait les petits enfants. un jour, il lui vint à l'idée de prouver à tous que le pouvoir temporel était supérieur au spirituel. Terrible blasphème ! Pour cela, il voulut renouveler Babel, bâtir le palais le plus imposant du monde, plus haut qu'une cathédrale. Pour rendre visible à tous son immense fortune, il le fit faire tout de bois précieux, d'or et de tout ce qu'il put trouver de plus coûteux. Les habitants de Sollagnac qui pourtant détestaient leur seigneur, se mirent à l'ouvrage sans rechigner. Ils ressentaient grande fierté de participer à une œuvre comme aucun homme n'en avait jamais vue. Seule la femme du seigneur supplia son époux de cesser telle folie. Elle pria la Sainte Vierge des jours entiers pour qu'elle fasse revenir l'homme à la raison et dans la loi de Dieu. Rien n'y fit. Lorsqu'il la voyait prier pour son âme, ce terrible pécheur la battait plus férocement encore. On raconte que le palais fut élevé en six jours à peine. Même l'ardeur des bâtisseurs ne peut expliquer cela. Surtout, les tours étaient si hautes qu'elles perçaient les nuages et allaient toucher la voûte céleste. Il n'était plus permis de douter que le Diable se soit chargé de la construction en échange de l'âme de tous les malheureux habitants de Sollagnac.
Dès que le palais fut achevé, Dieu montra son courroux. D'abord l'air devint brûlant comme dans un four puis l'eau chauffa au point de bouillir. Les animaux sauvages disparurent subitement. Le bétail s'enfuit et celui qui ne s'enfuit pas périt. Les récoltes se perdirent. La femme du seigneur eut, pendant la nuit, une vision de la Sainte Vierge qui lui apprit que cela était un avertissement. Mais si les brebis égarées voulaient rentrer dans la crainte de Dieu, détruire le palais, bâtir une église à sa place et faire pénitence, alors ils seraient pardonnés. Lorsque la femme du seigneur raconta son rêve à ce dernier, il rit haut et fort et prétendit ne pas craindre la colère de Dieu. Alors, un grondement sourd monta du cœur de la montagne. La femme prit ses enfants et s'enfuit. Dès qu'elle fut à l'abri, tout se déchaîna. Le sol se mit à trembler comme une bête furieuse qui fait le gros dos. Le beau palais de bois et de pierreries s'effondra comme de l'herbe sèche éparpillée par le vent. La terre s'ouvrit et engloutit maisons et habitants et ceux qui voulurent fuir furent rattrapés par des fumées terribles qui leur brûlaient le corps de l'intérieur. Des langues de feu rouge couraient sur le sol plus vite qu'un cheval au galop.
Des années plus tard, la dame de Sollagnac revint sur les lieux avec ses enfants. Ils ne trouvèrent nulle trace du bourg qu'ils avaient connu. Tout avait disparu. Le ciel était clair, apaisé, comme si rien ne s'était passé. Les oiseaux chantaient. Les fils du seigneur, devenus des hommes, rebâtirent Sollagnac, plus modestement, et y firent venir des habitants des villages voisins. Leur mère les mit en garde : cette terre était maudite et nul ne pourrait jamais y vivre heureux. Mais les fils étaient sûrs d'eux-mêmes d'autant que là où était passé le feu de Dieu, les cultures poussaient plus riches et plus vite. Jamais on n'avait vu terre plus fertile. L'aîné des fils, le nouveau seigneur, fit le vœu que la punition se renouvelle si Sollagnac cessait un jour d'être vertueux. Sa mère pleura car elle savait que cela arriverait inévitablement, que cet endroit était possédé par le Mal et que rien ne le rendrait au Bien. Elle savait qu'un jour, le Châtiment frapperait à nouveau.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeMer 2 Juin 2010 - 11:32

affraid affraid affraid J'ai manqué un chapitre affraid affraid Mea culpa, mea maxima culpa. Je suis désolé j'avais complètement zappé Very Happy

Bon je me rattrape.

Citation :
En tout et pour tout se voyaient,
J'aime pas trop cette petite introduction, qui ralentit la description, je pense que tu pourrais l'enlever et ça accélererais la lecture.


La description du chateau est pas mal du tout, tu prends bien ton temps et j'arrive à m'en faire une image très claire, et surtout à bien voir les éléments inattendus. Bravo Smile

Citation :
un plat de raves à peine relevé de quelques feuilles de sauge séchée
génial Miaaaaaam... ( nan blague à part j'apprécie beaucoup ce genre de détails, je lis bp de romans historique et l'endroit où les auteurs laissent passer le plus d'anachronisme je trouve c'est dans la nourriture... bravo Smile )

Citation :
Non, Messeigneurs. Rien du tout.
Alors là je me pose une question... est ce qu'ils ne devraient pas parler un patois auvergnat incompréhensible dans ce village ? (là je ne sais pas du tout je demande une leçon Wink )

Voilà fin du premier passage, pas mal du tout ce chapitre, avec des éléments intriguants, de l'humour... bref Gringo D'honneur.

Citation :
à la recherche des secrêts cachés de notre pays
Tu as trouvé le da vinci code ? Embarassed Embarassed Désolé, elle était très nulle celle là Razz

Citation :
J'avoue que je ne sais pas comment c'est en Auvergne (mais j'étais obligée de prendre ce prétexte pour la suite de l'histoire) mais en Lorraine, il y en a des route qui se métamorphosent en chemin plus ou moins carossables.
Mon meilleur ami est auvergnat, il vient d'un petit village où comme il dit "Il y a 3 noms de familles au total" et je peux te garantir que les routes pourries qui se transforment en chemin de terre, voir en sentier, il y en a beaucoup Smile

Alors passons au chapitre 11

Citation :
des gros laboureurs.
... pourquoi "gros" laboureur ?

Citation :
Certains racontent qu'il mangeait les petits enfants
Ahhh... Gilles de Rais... mon idole Wink

Citation :
fit le vœu que la punition se renouvelle si Sollagnac cessait un jour d'être vertueux.
Je comprends pas exactement cette phrase là...

La légende est très sympa, très rapide, très efficace. Ca se lit d'un coup et quand c'est finit, on se dit c'était bien... ( Bon j'adore les légendes inclues dans une histoire plus grande, alors je suis peut être mal placé pour juger Smile ) en tout cas j'ai adoré. et j'attends la suite Super
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeJeu 3 Juin 2010 - 8:20

Brr ! fait froid dans le dos ton histoire de seigneurs maudits !

Citation :
Alors là je me pose une question... est ce qu'ils ne devraient pas parler un patois auvergnat incompréhensible dans ce village ?
Voyons Elgringo, même moi je comprendrai plus rien si elle se met à écrire en bougnat ! lol! surtout qu'en plus il y a plusieurs dialectes.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeJeu 3 Juin 2010 - 9:43

Super mais trop court bounce
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 7 Juin 2010 - 13:18

Je poste une suite, plus longue que la précédente. On se rapproche doucement de la fin de la première partie, on se rapproche Razz . J'ai vu que l'analyse du gringo méritait quelques explications de ma part (ahhh, le da vinci code, ah non, pitié affraid ), j'y reviendrai plus tard.
merci à tous pour votre lecture. Pour l'instant, je me contente de poster la suite, je n'ai pas le temps d'en faire plus.

La vieille conclut son histoire en soupirant :
– Le Diable rôde à nouveau á Sollagnac. Mais beaucoup ne savent plus ou ne croient plus. Pourtant c'est sûr. Le Sire Geoffroy de Païl, notre seigneur, est un pécheur. Cela se lit sur sa figure. Cet homme-là n’est pas de notre pays. Il vint d’ailleurs autrefois, tout enfant. D’une terre d’hérétiques. Il a attiré le Malin en sa demeure.
A nouveau, elle se signa puis conseilla à notre intention :
– Vous n'êtes pas d'ici. Peut-être pouvez-vous encore échapper à la malédiction. Fuyez tant que vous le pouvez.
Elle nous avait raconté tout cela dans son patois local, en y mêlant parfois mal à propos les rares mots de français qu'elle connaissait. Mais elle avait mis une telle conviction dans son récit que nous en avions sans peine saisi le sens et la menace qui y planait.
Dès que la femme fut partie, Lancelot lança avec humeur :
– Cette vieille folle ! Elle m'aurait presque fait peur avec ses histoires de Diable. Mais c'est un conte à dormir debout. Cela ne tient pas. D'abord, Sollagnac n'a jamais eu de seigneur aussi puissant qu'elle l'a prétendu. Cela se saurait.
Je fis la remarque que les légendes, quoique souvent amplifiées, exagérées, avaient très souvent un fond de réalité.
– Je partage l'avis de Richard, dit Loup. Pour ma part, je crois savoir d'où vient cette histoire de Colère de Dieu. J'ai déjà entendu parler de montagnes qui crachent du feu et des pierres et détruisent tout à des lieues à la ronde. Les Anciens connaissaient ce mystère et l'ont parfois conté. Ils ont parlé de villes énormes entièrement englouties en moins de temps qu'il nous en faudrait pour réciter un Pater. Ils racontaient que ces montagnes de feu étaient liées à leur Dieu forgeron, Vulcain. Ces montagnes se sont endormies il y a très longtemps mais peut-être Dieu les réveille-t-il pour montrer aux hommes sa force et son mécontentement.
– Crois-tu que cela puisse arriver tantôt ?
– Qui sait ? J'ignore tout des desseins de Notre Seigneur Tout Puissant. Mais nous n'avons rien à voir avec toute cette histoire. Si nous partons vite, il nous épargnera.
Lancelot s'emporta aussitôt :
– Fuir ! Fuir, y penses-tu ! Tu parles comme cette vieille bête qui prétend nous donner conseil. Sagremor était déjà un pleutre et voilà que toi aussi, Loup, tu trembles pour de vieilles légendes de marauds.
Nos deux écuyers rougirent sans que je puisse déterminer si c'était de honte ou de colère de se voir ainsi traités. Les choses allaient mal finir, pensai-je. Et nul ne serait besoin de montagnes de feu. Si Lancelot avait toujours eu un comportement emporté, cette fois, il allait trop loin. J'essayai de le calmer, conscient que sa colère excessive risquait fort de retomber sur moi. Je lui dis qu'il passait toute mesure, que se montrer insultant envers des compagnons n'était pas digne d'un chevalier, qu'il devait à ce titre prestigieux de contrôler ses sentiments et ne pas se laisser emporter par ses sens. Il parut se reprendre quelque peu et s'éloigna de nous pour calmer sa colère. Je le rejoignis rapidement, inquiet de comprendre son comportement.
– Richard, me dit-il, nous devons savoir. La vieille ne nous a pas tout dit, ou ne savait pas tout. Son histoire n'explique rien quant au château.
– Quelle importance ? Ce n'est pas notre affaire. Déjà, nous n'aurions pas dû venir ici. Notre curiosité n'avait pas lieu d'être. Ce n'est qu'un hameau de paysans terrorisés par une vieille légende.
Il me serra le poignet à me faire mal, me surprenant encore par l'ampleur de son emportement :
– Tu y crois pourtant, toi aussi, à cette légende. Il y a un temps, pas si lointain, tu aurais été le premier à tenter l'aventure. Depuis que tu es marié, je ne reconnais plus l'ami qui m'a entraîné à le suivre dans une vie d’errance que nous voulions digne de celle des chevaliers d’Arthur.
– Tu as raison. J'ai changé. J'ai le sentiment d'avoir vieilli plus vite récemment. Je me soucie davantage du danger car je tiens trop à Aude pour l'exposer à d'inutiles périls. Je comprends ta curiosité, ta déception aussi. Pas ta colère.
Lancelot s'assombrit. Il était plus grave que je ne l'avais jamais vu. Comme un homme face à son destin et qui n'a d'autre choix que l'affronter. Son obstination à aller au château, à comprendre la légende de Sollagnac, me semblait soudain relever pour lui plus d'une obligation que d'une volonté personnelle. Si je lui connaissais de discrètes réticentes quant au respect de la religion - réticences venues de son enfance étouffante au monastère - je le savais pourtant très mystique et toujours à l'affût des signes.
– Tu disais, commença-t-il, que ce château n'était pas notre affaire. Je pense que ça l'est, au contraire. Pour deux raisons. La première parce que le seigneur de Sollagnac, le sire Geoffroy de Païl comme l’a appelé notre logeuse, est issu d'une famille d'hérétiques. Tous n'ont pas été exterminés et malgré les années passées et il s'en cache encore dans les montagnes.
Je faillis l'interrompre et lui dire qu'il se trompait de montagnes. Il s’en remettait trop aux accusations de la vieille. Les Cathares - car je suis certain que c'est à eux qu'il faisait allusion, se terraient beaucoup plus au sud. Et encore était-ce au début de notre siècle. Je ne croyais pas qu'il en restât un seul en vie. Le Roy avait su endiguer le fléau et reprendre le contrôle total de cette région rebelle. Le dernier Parfait - comme ces mauvais chrétiens se faisaient appeler - avait été brûlé au milieu du siècle, si mes souvenirs étaient bons. Tout cela était beaucoup trop éloigné dans le temps et l'espace pour avoir le moindre lien avec notre histoire. J'avais bien entendu dire que les forteresses des Cathares étaient absolument formidables mais ils n'avaient sans doute rien en commun avec l'étonnant château de Sollagnac.
Lancelot continuait en affirmant qu'il était du devoir de tout chevalier du Royaume de France de combattre l'hérésie. Je ne pouvais qu'acquiescer. Nous devions défendre la Vraie Foi. Cependant, Je ne croyais pas qu'il y eût un rapport entre ce juste combat et la malédiction de notre hameau. J'étais certain que Lancelot pensait comme moi mais qu'il cherchait une excuse susceptible de me convaincre. Que t'arrive-t-il ? Pensai-je. Vas-tu enfin me donner ta vraie raison ?
– Il y a autre chose, ajouta mon ami d'un ton qui trahissait l'hésitation.
Nous y voilà, me dis-je.
– Avant de partir, j'ai consulté un... un devin. Ne dis rien, supplia-t-il très vite pour couper court au mécontentement que je n'aurais manqué de manifester. Je sais que tu détestes les devins et tout ce que tu considères comme une utilisation hypocrite des lois de l'Eglise pour détourner les crédules. Mais celui-là est très bon, il lit dans les astres sans se tromper. Plusieurs fois déjà, il m'a judicieusement conseillé. Je crois à ce qu'il a vu, à ce qu'il m'a dit. D'après lui, sur notre route, nous serions amenés à affronter le Diable. Que nous pourrions déjouer ses pièges et faire le monde meilleur si nous restions groupés. Uniquement dans ce cas. Alors, nous serions récompensés par une vision du Paradis terrestre. Mais si nous tentions de fuir au lieu de combattre le Malin, nous serions poursuivis puis frappés par la foudre divine.
Tout cela me parut d'une stupidité affligeante et j'avais pitié du manque de foi de Lancelot qui le poussait à prêter l'oreille à ces soi-disant devins. Depuis, je vois les choses bien autrement et je pense qu'il existe des hommes qui voient au-delà des autres. Peut-être effectivement dans les astres. Car le devin avait raison, au moins en partie. Sur le coup, je pensai surtout à rassurer mon ami de mots pleins de bon sens :
– Allons, n'y crois pas. Tu connais ces devins. Ils disent ce que l'on attend d'eux. Nous sommes partis pour combattre les Anglais. A-t-il seulement parlé des Anglais ?
Mes paroles ne réconfortèrent pas Lancelot, au contraire.
– Oui, fit-il, il en a parlé. Pour dire que jamais nous ne les verrions. Que nous serions morts ou héros avant. Et qu'alors, les Anglais ne compteraient plus pour nous. Ce sont ses mots. Je ne sais ce qu'il y a dans ce château, mon ami, mais nous devons y aller, l'affronter de face.
J'hésitai. Lancelot prêtait trop l'oreille aux prédicateurs de tout poil. Parfois, sa façon d'aborder la parole de Dieu frisait l'hérésie. Mais le hasard était presque trop gros : même le devin le plus malhabile évitait d'évoquer le nom du Malin à tort et à travers. Si jamais il y avait vraiment un lien avec Sollagnac...
Surtout, Lancelot me faisait peur. Il croyait vraiment aux prédictions obscures du devin et à la légende contée par la vieille. Il se sentait investi d'une dangereuse quête et était terrorisé à la fois. Combattre les Anglais ou courir les tournois était une chose. Etre face à Satan lui-même en était une autre, combien plus terrifiante. Je voyais dans les yeux de mon ami une flamme terrible qui me disait qu'il ferait des folies si je l'abandonnais. Il me déplaisait de céder à de mauvais arguments mais je ne pouvais le laisser seul. Puis, après tout, on ne risquait rien à ne pas négliger les avertissements du devin.
Dans le cas le plus probable, pensais-je, les surprenantes murailles du château de Sollagnac n'abritaient qu'un intérieur fort commun et une famille de hobereaux pauvre et sans ambition. La présence du Malin n'était qu'une légende telles celles des dames du lac, des dragons ou des licornes. Certains y croyaient mais personne ne les avait jamais vus. Pourquoi la colère du Tout Puissant s'abattrait-elle sur un misérable mas comme Sollagnac quand le pêché était partout ? Nul Anglais, nul bourgeois de Paris n'avait été touché par la foudre divine. Il y avait la peste bien sûr, que beaucoup voyait comme une punition. Mais justement, elle avait touché tout le royaume, toute la chrétienté et même les infidèles. Elle ne s'était pas concentrée sur un pauvre village isolé dont personne n'avait entendu parler.
J'étais décidé. Il n'y avait nul risque. Il ne me restait plus qu'à en convaincre mes compagnons. Ils avaient assez bon cœur pour pardonner à Lancelot ses mots trop vifs et lui venir en aide malgré leurs propres convictions.
Après coup, je me dis que les gens de Sollagnac n'étaient pas destinés à être punis. Au contraire, ils étaient peut-être les seuls à mériter d'être sauvés puisque certains virent, de leur vivant, le Jardin d'Eden.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 7 Juin 2010 - 13:47

Passage clair et efficace.
J'aime le dialogue entre les deux chevaliers, les hésitations du héro, sa façon d'analyser la situation et de changer d'avis....

Vivement la suite
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 3 Icon_minitimeLun 7 Juin 2010 - 14:11

Citation :
Ils ont parlé de villes énormes entièrement englouties en moins de temps qu'il nous en faudrait pour réciter un Pater
scratch Je n'aime pas trop l'adjectif "Enorme" ici.


Citation :
Tous n'ont pas été exterminés et malgré les années passées et il s'en cache encore dans les montagnes.
les deux "et" sont un peu rapprochés.

Citation :
Parfois, sa façon d'aborder la parole de Dieu frisait l'hérésie
Qu'est ce que tu veux, un hérétique, c'est un saint qui a poussé les choses un peu trop loin. Very Happy

Citation :
Après coup, je me dis que les gens de Sollagnac n'étaient pas destinés à être punis. Au contraire, ils étaient peut-être les seuls à mériter d'être sauvés puisque certains virent, de leur vivant, le Jardin d'Eden.
Et bien voilà toi aussi tu te mets aux bonnes recettes du roman feuilleton Smile

Bilan : Bon dialogue, la progression du scénario se fait sans heurt. Vivemnt la suite Smile
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