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 Belzébuth (titre non définitif)

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeLun 7 Juin 2010 - 14:23

Bonne suite, avec quelques petites mises au point sur les divergences d'opinion !

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 18 Juin 2010 - 8:41

Puisque je reçois des message subliminaux plutôt explicites (un certain étranger se reconnaîtra Wink ), je poursuis mon roman. Par contre, je manque un peu de temps pour commenter vos commentaires. Excusez-moi tous et considérez bien que je les prends en compte. Un jour viendra où, prenant mon courage à deux mains, je reprendrai le texte depuis le début pour corriger tout ce que vous m'avez si gentiment signalé.

______________________________________________________

CHAPITRE 12




Le château était là, à quelques toises à peine devant nous. Face au soleil, nous plissions les yeux pour voir sa forme impressionnante se dresser à contre-jour. Il n’était pas très vaste et j’en avais vu de beaucoup plus hauts ou plus étendus mais sa masse compacte, rude et solide comme l’ours de son étendard, frappait l’imagination. Nous avions décidé de nous présenter à la porte, en toute innocence, comme l’aurait fait n’importe quel voyageur. Nous n’étions pas censés connaître l’histoire de la malédiction. Puis, à l’auberge, la vieille nous avait finalement expliqué que l’actuel seigneur n’était pas un descendant direct des premiers maîtres de Sollagnac, ceux qui, selon la légende, avaient provoqué la Colère Divine. Le sire Geoffroy de Païl venait de contrées plus au sud, non loin de Carcassonne. Ce qui expliquait qu’on lui prêtât une ascendance hérétique. Cela la rendait même assez probable. Mais c’était du passé. Les gens ne pouvaient-ils oublier les erreurs et les effusions de sang ?
- Il est bien possible, avais-je dit à mes compagnons, que si sa famille vient d’ailleurs, il n’ait jamais entendu parler de la légende de Sollagnac. Il serait surprenant que les bergers soient venus la lui conter. Même en allant passer une nuit au château, nous risquons de ne pas en apprendre plus que nous n’en savons déjà. En ce cas, ce sera signe qu’il est inutile pour nous de nous obstiner et que nous devons reprendre la route.
Mais amis reconnurent que c’était là une probabilité et que nous ne devions pas être déçus si elle s’avérait exacte. Cependant, Lancelot restait persuadé que le Démon se tenait quelque part dans cette forteresse et que nous devions l’en déloger.
Nous soupirions de son entêtement sans plus chercher à l’en dissuader car je savais toute tentative vaine.
Les fossés entourant le château étaient larges et très peu profonds, traversés par un pont dormant, le plus solide qu’il m’ait été donné de franchir. Les portes étaient ouvertes, la herse levée et nous entrâmes sans difficulté ni rencontrer âme qui vive. Nous traversâmes la cour de dimensions réduites avec un peu d’hésitation. Je n’aimais pas entrer ainsi dans une demeure inconnue, sans prévenir, comme un voleur, mais vraiment, il n’y avait personne. Nous prîmes la direction du logis seigneurial que j’identifiai sans certitude car rien ne le différenciait des autres bâtiments dans sa construction. Chiche en ouvertures, il ne possédait ni fenêtre, ni pierre blanche pour l’enjolivement, pas plus que de sculpture. Je compris l’absence de serviteurs pour nous accueillir lorsque je pris garde à l’état de la cour. C’est peu de dire qu’il était déplorable. Tout y était fort dégradé. Entre les pierres des épaisses murailles, les mousses et le lierre avaient partout trouvé leur place. De l’herbe poussait au sol que jonchaient des fragments de pierre détaché de la construction. Sous son apparente solidité, le château risquait de se transformer rapidement en ruine si on le laissait ainsi à l’abandon.
Le sire de Sollagnac semblait n’avoir pas de quoi faire entretenir décemment sa demeure. C’était bien triste de voir telle forteresse tomber, non sous l’attaque de l’ennemi mais simplement sous celle, moins glorieuse, du temps. Je me demandai s’il n’y avait point de serfs sur le domaine seigneurial pour lesquels les corvées auraient pu consister à réparer le château. Le château qui, dans toute seigneurie, se doit d’en être la fierté. L’époux de ma mère, le seigneur de Cassière, avait beau n’être qu’un tout petit hobereau, il avait ses gens, corvéables à merci ou, à défaut, les redevances payées par les feux francs pour entretenir le vieux donjon familial.

Nous vîmes passer une forme humaine qui longea le mur à quelques pieds de nous pour disparaître par une petite porte. Elle était passée si vite, si indifférente à notre présence, ombre grise et silencieuse, que nous n’avions pas même pensé à l’interpeller. Une servante sans doute, jugeai-je. Mais elle m’avait fait l’effet d’un fantôme. Un frisson me parcourut l’échine. Il y avait quelque chose de mort dans ce château, quelque chose qui rappelait l’ambiance sombre et déprimante d’une crypte ou d’un tombeau. Je peinais à imaginer que des êtres y puissent vivre.
La cour était si petite qu’il fallait que le soleil soit au zénith pour en éclairer l’intérieur. Ce n’était pas le cas et nous étions baignés d’ombre. Je comprenais à présent la mousse sur les murs : ceux-ci devaient rester humides en permanence.
Enfin, alors que nous nous tenions devant le logis sans oser y entrer si cavalièrement, un homme vint à notre rencontre. Son habillement laissait penser qu’il s’agissait du chapelain. Peut-être nous avait-il aperçus par les fenêtres de la chapelle, les seules qui soient un peu plus grandes que des archères. C’était un petit homme racorni au teint aussi grisâtre que sa robe de bure qui avait dû, un jour lointain, être brune. Sa peau parcheminée dessinait des plis improbables autour des yeux et de la bouche. Il nous détailla sans un mot avec le regard larmoyant d’un mâtin craignant les coups du maître.
- Que cherchez-vous en ce lieu, étrangers ?
Il avait une voix de crécelle qui ne me surprit nullement, mais son ton était plus ferme que je ne m’y attendais. J’y décelais même un soupçon d’animosité. Aussi me présentai-je avec assurance, de la façon que je pensais la plus propice à nous ouvrir la porte du seigneur :
- Je suis le Chevalier Richard de Cassière et voici Lancelot de Mendel, Chevalier également, et nos deux écuyers. Nous souhaitons demander hospitalité au châtelain.
Le chapelain fit un rictus dont je ne pus identifier la signification, en faisant machinalement jouer ses doigts sur la grosse croix de bois qui accompagnait son chapelet.
- Bon, restez ici. Je vais voir si Messire Geoffroy peut vous recevoir.
Il nous tourna le dos et entra dans le logis en traînant les pieds comme s’il portait sur ses maigres épaules tout le fardeau du monde. Nous attendîmes quelques instants puis une femme presque aussi maigre que le chapelain vint à nous et nous fit entrer. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’une servante dans sa cotte décolorée puis je constatai à sa coiffe et à sa ceinture ouvragée qu’elle devait être en fait la dame du château. En l’observant plus attentivement, je reconnus que sa mise très simple était indéniablement noble bien qu’à l’ancienne mode. La cotte devait dater de la prime jeunesse de la dame. Autrefois de bon drap vert, elle avait viré à une teinte indéfinissable et était mille fois reprisée. Les bijoux, aiguillettes, peignes d’écaille étaient de bonne facture quoiqu’en nombre réduit. Je saluai respectueusement en pensant que jamais je n’avais vu châtelaine si miséreuse. Je m’en voulais de l’avoir prise pour une gueuse et espérais qu’elle ne s’en était pas aperçue. Cependant, elle s’en souciait sans doute peu. Elle avait l’air las, harassé, telle une vieille paysanne revenant des champs après un jour de rude labeur.
Nous avançâmes dans la grande salle à la suite de la dame, cherchant à percer l’obscurité du regard. Il faisait frais, presque froid dans les vieux murs. Le dallage de pierre, sans herbe ni jonc, était humide et glissant, dur sous les pieds. Des rais de lumière s’infiltraient par les meurtrières de la face sud. Ils dessinaient des traits fragiles dans la pénombre sans éclairer la salle. Nulle bougie, pas même de mauvaise chandelle, ne venait compenser ce manque de lumière.
Il fallut un peu de temps pour que nos yeux s’habituent, un temps ou nous restâmes parfaitement immobiles, silencieux, comme si, pareils aux rares habitants du lieu, nous étions devenus semblables à des fantômes. Enfin, je distinguai des ombres et, dans un même temps, j’entendis un rire perlé d’enfant qui détendit brusquement l’atmosphère.
Autour de moi, je voyais des murs nus, rongés de taches sombres qu’avait laissées l’humidité. Devant nous, était dressée une table de planches grossièrement équarries sur des tréteaux qui me parut bien peu stable. Un homme et des enfants, installés sur des tabourets ne valant guère mieux que ceux de la taverne, soupaient de quelque potage dont je sentis l’odeur grasse de lard. Les enfants, au nombre de cinq, nous regardaient avec de grands yeux effrayés de faon surpris par la meute. Immédiatement, leur petit visage chafouin me déplut et j’y vis tous les signes de la fausseté. A moins que je n’aie alors été influencé par leur tignasse rouge, leur peau livide piquetée de petits points qui leur donnaient un aspect malade. J’avais entendu dire que les gens aux cheveux rouges avaient la peau malsaine et portaient plus que d’autres les maladies infâmantes comme la lèpre. Dieu, disait-on parfois, avait marqué de cette couleur rouge les gens faux et vils comme des goupils pour qu’ils soient reconnus au premier regard. D’ailleurs, le traître Judas Iscariote n’était-il pas toujours ainsi représenté ? Je surveillerai, me promis-je, si ces enfants se servent de la main senestre plutôt que de la dextre comme le doit tout homme honnête et droit.
J’avais les yeux fixés sur les cinq enfants quand Lancelot attira mon attention d’un petit coup de coude :
- As-tu vu le seigneur ? Me souffla-t-il aussi discrètement qu’il lui soit possible.
Mes yeux allèrent alors des enfants au père et un frisson me parcourut. L’homme avait la chevelure la plus rouge qu’il soit possible et la barbe tout pareil. On avait l’impression qu’il avait arraché le poil d’un goupil pour s’en couvrir la tête. Son visage était hâve, ses yeux profondément cernés mais ses traits étaient les plus durs, les plus inquiétants que je connaisse. Son regard noir brillait comme des escarboucles. Ce que j’y lisais me fit frémir à nouveau. Cet homme-là me hait, pensai-je. Puis je me demandai pourquoi il me haïrait, moi qu’il n’avait jamais vu. Tout de même pas parce que nous troublions son repas ! Peut-être exécrait-il tout le monde. Bien sûr, puisque c’était le château du Diable. L’idée me glaça le sang. Si ce château était celui du Diable, le châtelain n’était-il pas l’une de ses créatures, voire le Malin lui-même ? Cela expliquerait leur apparence démoniaque, me dis-je.
- Ainsi vous cherchez gîte et manger ? Demanda une voix cassée, à peine audible.
Je me tournai vers la femme à l’âge indéfinissable :
- Gente Dame, nous ne voudrions pas vous indisposer par notre présence. Nous tentions notre chance après une longue route mais nous ne craignons pas de n’avoir que le ciel pour toit.
Le seigneur se leva et vint vers nous, ce qui me fit faire un petit mouvement de recul que je contins au plus vite, de peur de le froisser. Qui savait ce que cet homme était capable de faire sous le coup de la colère ?
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 18 Juin 2010 - 12:42

Très belle description du château et de ses habitants.
Lecture fluide donc agréable. J'aime l'atmosphère de cette scène.
De nouveau, on voit que ton texte est bien travaillé. Chapeau bas !
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 18 Juin 2010 - 12:47

merci Sophinette ^^

Oups, en survolant mon texte j'ai vu quelques horribles fautes :pend: (genre "mais" pour "mes", aïe, aïe affraid ) Faudra que je corrige ça. Honte sur moi Embarassed
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeSam 19 Juin 2010 - 20:27

Très jolie description quoique un peu lugubre, de même que pour les personnages.

Spoiler:

Je ne suis pas sûre, mais je pense que dans cette phrase le plus que parfait du subjonctif serait mieux : "mais ses traits étaient les plus durs, les plus inquiétants que j’eusse connus"
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 0:10

Tiens des étrangers te lancent des messages subliminaux ? Mais qu'est qui se passe t'il ? De quoi me parle t'on ? Rien à rajouter par rapport à ce qui a été dit. La description est fluide, l'ambiance est bien retranscrite, et je me pose tout plein de questions.

Citation :
ce sera signe qu’il est inutile pour nous de nous obstiner et que nous devons reprendre la route.
Je n'aime pas trop la fin de la phrase, je la trouve un peu lente. Genre tu pourrais simplifier en : "Qu'il est inutile de nous obstiner..."

Citation :
C’est peu de dire qu’il était déplorable. Tout y était fort dégradé.
Encore un petit pinaillage, les deux phrases nous donnent la même information, tu peux n'en garder qu'une des deux.

La description du chateau est vraiment bien, je vois tout je me sens à l'intérieur.... à la limite une petite mention sur la qualité du silence qui devait régner pourrait être intéressante.

Citation :
Dieu, disait-on parfois, avait marqué de cette couleur rouge les gens faux et vils comme des goupils pour qu’ils soient reconnus au premier regard.
affraid C'est une vraie superstition de l'époque ? Woot...

voilà j'attends la suite.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 9:00

merci pour votre passage ^^

Je mets la suite bientôt.

Schadow, tu as raison, le subjonctif présent n'est pas à sa place dans cette phrase. Mais je pense que je vais mettre l'imparfait plutôt que le plus-que-parfait.


Petite explication pour elgringo:

ef effet, la rousseur ( comme le fait d'être gaucher d'ailleurs), était considérée comme une marque de fausseté, voire une marque de diable (ils étaient supersticieux à l'époque? Noooon).
Ceci pour plusieurs raisons:
- la symbolique des couleurs est très forte à l'époque médiévale (la symbolqie tout court, en fait). Par exemple, le vert n'est porté dans les habits que pour la jeunesse, car c'est aussi la couleur de la folie. Par contre, une même couleur peut symboliser une chose et, par opposition et rapprochement à la fois, symboliser aussi le contraire. Pour le roux, dans la plupart des représentations religieuses, Judas est roux (bon les couleurs ont un peu tourné et ils ne savaient pas faire un bel orange à l'époque donc on a plutôt l'impression de le voir brun maintenant) et, par contraste et pour marquer l'exceptionnel, il est amusant de constater que Jésus est parfois roux aussi.
- C'est un temps où l'on craint particulièrement les maladies de peau (pensons à la lèpre. Ce terme était d'ailleurs utilisé de façon générique et pas seulement pour la vraie maladie de la lèpre). Or les roux, avec leurs taches de rousseur, donnent l'impression d'avoir une peau pas nette, pas saine. D'où mise à l'écart. d'autant plus qu'au moyen-âge, on banni tout ce qui n'est pas pur (taches, mélanges de couleurs)
- pour faire le lien avec la remarque précédente: tout ce qui touche à la création divine est la modifie est tenu à l'écart. Ainsi les bûcherons, les bouchers, comme les bourreaux sont considérés indispensables, mais mal vus et souvent à l'écart de la communauté car ils détruisent l'oeuvre de dieu (et oui, c'est cherché loin quand même!). Il en va de même pour le mélange des couleur. Ca ne se fait pas, ce serait une oeuvre maligne. D'où le fait que certaines teintes médiévales ne sont pas belles ou franches car il fallait trouver un pigment de cette couleur (par exemple pour le vert). Or les pigments oranges ne courent pas les rues. C'est bel et bien le résultat d'un mélange rouge-jaune.

Voilà pour la petite explication symbolique ^^
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 30 Juin 2010 - 10:30

- Vous êtes les bienvenus, étrangers. Il ne sera pas dit que je fermerai ma porte à des voyageurs fatigués, surtout de nobles chevaliers. Installez-vous à notre table. On trouvera à vous coucher.
Il avait une voix inattendue, profonde, amicale. Plaisante, en fait. Cette suavité cachait certainement ses intentions malignes.
Il désigna un gros bol de bois empli d’une eau brune où flottaient des morceaux que je ne pus identifier et dans lequel les enfants piochaient à tour de rôle.
- Un potage de pois chiches et de lard. Ce n’est pas pitance de roy, c’est certain mais quand on a faim, on s’en accommode. Avec une bonne tranche de pain de seigle, cela remplit le ventre pour tout le jour.
Je ne sais ce qu’il dit d’autre car je ne l’écoutais plus. D’un geste de la main, il avait montré son repas pour nous inviter à le partager. Un geste ample, spontané. Un geste de la main senestre. J’en étais certain ! Cela confirmait mes impressions premières. Rouge de cheveux, gaucher, habitant un lieu maudit… Cet homme était bel et bien une créature du Démon. Nos yeux se croisèrent et il sembla lire dans les miens comme un clerc lit un manuscrit. Sa main se baissa, ses traits se figèrent et son regard lança une foudre qui dut me faire blêmir.
- Vous êtes venu chez moi quémander mon hospitalité, Chevalier, me dit-il très sèchement. Je vous l’offre généreusement, cependant vous n’êtes pas tenu de l’accepter. En ce cas, partez !
Je me reprochai d’avoir laissé voir mon jeu. Mais je n’avais pas l’habitude de jouer. Je ne savais ni tromper, ni mentir, pas plus cacher les sentiments que m’inspirait autrui. Je décidai alors de dire une partie de la vérité pour inspirer confiance à notre hôte :
- Excusez, Messire, les réactions un peu promptes et parfois malvenues de la jeunesse. Nous sommes un peu nerveux sans doute et peu faits à la pénombre. Au village, on nous a conté d’étranges légendes sur ce lieu…
- Cette maudite légende…Commença-t-il tout bas.
Puis, à mon grand soulagement, il rit franchement :
- Ces bergers n’ont pas leur pareil pour terroriser les voyageurs avec la soi-disant malédiction de Sollagnac. Mes parents sont arrivés ici quand j’étais encore tout enfant. Ils ont été hébergés par le sire de Sollagnac qui n’avait d’autre descendant qu’une fillette au berceau et nulle autre famille.
Il désigna la femme terne et timide qui nous avait accueillis.
- Isabeau. Nous nous sommes mariés et la volonté de son père fut que je devienne, à sa mort, seigneur de ce domaine. Voyez, je suis là depuis assez longtemps pour y être comme chez moi. Or, jamais je n’ai rien vu qui donne corps à cette légende. Ce château est étrangement bâti et malcommode, certes. Cela dit, ce n’est qu’une forteresse comme une autre, une lubie de celui qui la fit édifier en dépit du bon sens. Voilà tout.
Il souriait toujours sans que je parvienne à croire à sa dénégation. Bien sûr, le Diable cache sa nature démoniaque pour mieux piéger ses victimes. Sa femme, elle, ne riait pas du tout. Elle était d’ici, songeai-je. Elle connaissait l’histoire de Sollagnac. Et elle en avait peur.
Elle en avait peur à juste titre si elle avait laissé Satan vivre en sa demeure et lui avait donné des enfants. Sa bonhomie à lui ne pouvait être que tromperie. Son âme ressemblait à son corps, il ne pouvait en être autrement. Chacun sait que les bossus ont l’âme aussi tordue que le dos et que les lépreux ont commis des sacrilèges et sont ainsi punis par Dieu. Il en allait de même de cet homme-là. Je décidai pourtant d’accepter son hospitalité. Passer une nuit ou plus au château était notre plus grande chance d’en apprendre davantage.
- Messire Geoffroy, dis-je avec la plus grande déférence que je puisse montrer, c’est un honneur pour nous que d’accepter votre invitation. Nous passerons bonne nuit en cette maison qui paraît fort solide. Les habitants de votre village ne sont pas des plus accueillants.
- En effet, il n’est pas dans leurs habitudes de traiter les étrangers en grands seigneurs. Cependant, ils n’ont jamais chassé personne et partagent aisément le peu qu’ils ont. Il est vrai pourtant qu’ils n’aiment guère ceux qui viennent d’ailleurs. C’est pour cela que vous ne trouverez pas grande richesse en ce château. Ils se défient de moi qu’ils considèrent toujours comme un étranger plus que comme leur seigneur et paient le cens de bien mauvaise grâce. Puis, mon domaine se limite à ce bout de vallée et à ce mas misérable. Je ne peux guère lever de fortes redevances car il ne se trouverait pas un berger pour les payer. Aussi, vous contenterez-vous de ce qui satisfait ma famille : quelques setiers de seigle, autant de blé, quelques têtes de moutons et de porcs, plusieurs boisseaux de bière, voilà tout ce qui fait notre subsistance pour l’année. Pas de vin en ce lieu, pas de belles poulardes ou chapons bien épicés. Vous dormirez ici, dans cette salle. Il y fait un peu frais mais vous êtes jeunes et la fraîcheur convient bien aux humeurs chaudes. On vous trouvera des fourrures pour y coucher.
Il appela ses gens, ou plutôt la vieille servante que nous avions vue à notre arrivée. Elle était aussi grise de cheveux que de peau et de linge. Elle semblait, avec le chapelain, faire à elle seule toute la mesnie du seigneur. Quoiqu’il me semblait avoir aperçu du coin de l’œil des gens d’arme passer dans la cour. Le sire de Sollagnac avait sans doute bien des raisons d’être prudent.

En fait, en guise de couches, nous n’eûmes que de vulgaires peaux de mouton. C’était toutefois plus doux que la nuit passée dans la très mauvaise auberge du village. Il était bien deux heures après complies quand je fus éveillé par une main posée sur mon bras. Je sursautai, me dressai vivement sur mon séant en cherchant ma fidèle épée.
- Tu es bien nerveux, chuchota Lancelot avec un rire forcé. Ce n’est que moi. Surtout ne va pas me trancher la tête.
Je poussai un soupir de soulagement même si la totale obscurité de la nuit me faisait craindre qu’un démon soit à mes côtés, contrefaisant la voix de mon ami.
- Toute la maisonnée dort, reprit la voix.
- La maisonnée est bien réduite, remarquai-je.
- Raison de plus pour saisir l’occasion. Prenons une lanterne et allons explorer le château.
J’acquiesçai puis pris dans mes bagages quelques chandelles que nous gardions précieusement.
- Et Loup ? Et Sagremor ? Demandai-je soudain alors que Lancelot s’éloignait déjà.
- Laisse-les. Ils sont trop prudents, trop raisonnables. Ils nous diraient de ne pas insister, que Messire Geoffroy est fort aimable et accueillant, qu’il n’y a nul signe de la présence du Malin. Ils trouveraient de bons arguments. Mais tu as vu son apparence. Je te dis, moi, que c’est une créature de Satan.
- J’ai pensé de même.
Nous errâmes par le château tout à fait au hasard durant plus de deux heures. Nous ne savions pas vraiment ce que nous cherchions. Quelque chose d’étrange, d’inhabituel qui trahirait la nature démoniaque de Païl. Et après ? Quand bien même il serait venu nous dire en face qu’il était le Diable en personne, qu’aurions-nous pu y faire ?
Les pièces étaient toutes aussi mornes et vides. Nous ne trouvâmes que deux ou trois coffres qui avaient été d’une certaine valeur en un temps éloigné. Le seul meuble de qualité que nous vîmes fut un dressoir digne d’une maison bourgeoise mais dans lequel ne se trouvait qu’une vaisselle d’étain usée.
En considérant les bâtiments de l’extérieur, nous constatâmes que nous avions négligé une bonne partie du corps de logis.
- As-tu vu une porte quelque part ? Me demanda Lancelot, surpris.
Mon silence eut valeur de réponse négative. De l’intérieur, c’était comme si cette mystérieuse partie du corps de logis n’existait pas.
- Je sais, dis-je soudain.
Une idée m’avait brusquement traversé l’esprit.
- Le dressoir, murmurai-je. C’est pour cela qu’il est en cet endroit.
La présence de cet unique beau meuble nous avait paru bien incongrue dans une ancienne salle de garde. Il aurait plutôt dû se trouver dans la grande salle où il aurait conféré plus de prestance au seigneur face à ses invités. Or, nous l’avions trouvé accolé au mur du rez-de-chaussée dans le vieux donjon carré. Cette lourde tour, la partie la plus ancienne du château, flanquait le corps de logis, justement du côté que nous n’avions pu pénétrer. Cela m’apparut comme une évidence : le haut dressoir cachait une porte, un accès reliant deux parties du château primitif.
Lancelot et moi nous précipitâmes dans le donjon. Le meuble était lourd, pas suffisamment toutefois pour dissuader deux hommes jeunes tels que nous. Le dressoir bougea puis glissa laborieusement sur le sol dur avec un bruit sourd qui perça l’air de la nuit. Nous restâmes un moment immobiles, retenant notre souffle mais personne ne vint.
Nous ne nous étions pas trompés. Le meuble, en bougeant, libérait un passage percé dans l’épais mur du donjon. De vieux gonds rouillés et des restes de pentures de fer signifiaient qu’il y avait eu une porte en cet endroit. Nous avions juste la place de nous faufiler dans le passage ainsi ouvert. Nous n’hésitâmes pas un seul instant.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 11:43

C'est fascinant cette histoire de roussitude Smile très intéressant... mais du coup ça m'intéresserait beaucoup de le voir introduit un peu mieux avant dans l'histoire. Qu'on ait eu la "preuve" de la perversité des roux un peu avant ( qui de toute façon comme tout le monde le sait n'ont pas d'âme merci Cartman ) une rencontre avec un roux dégénéré durant le voyage ou quelque chose comme ça, je pense qu'on ressentirait mieux la méfiance instinctive du chevalier pour ce seigneur. (c'est une suggestion bien sûr ^^)


Passons au chapitre du jour.

Rien de rien à redire sur le début. Prenant efficace rapide. La tension entre les deux interlocuteurs est remarquable. Ca c'est du dialogue Smile

Citation :
J’ai pensé de même.
Là je mettrai ça au présent. Il n'a pas changé d'avis non ?

Citation :
En considérant les bâtiments de l’extérieur, nous constatâmes que nous avions négligé une bonne partie du corps de logis.
ça mériterait une melleure description/introduction. Genre lors de l'errance dans les couloirs nous donner qq détails pour se faire une image mentale de l'intérieur du chateau et ensuite en voyant de l'extérieur on se rende compte qu'il y a un truc qui ne va pas... je sais c'est pas facile mais ce serait bp plus excitant Smile

Citation :
De l’intérieur, c’était comme si cette mystérieuse partie du corps de logis n’existait pas.
Voilà exactement ce que je veux dire, il faudrait qu'on ait une image mentale plus précise du truc que le lecteur arrive à cette conclusion tout seul.

le passage secret Smile Fin en mode roman feuilleton ^^ J'adore ce chapitre, très aventureux et mystérieux. Smile Vivement la suite.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 19:13

Bonjour,

Moi aussi j'adore cet extrait.
j'ai bien essayé de trouver des éléments pour chipoter mais j'ai rien trouvé ! Et puis Elgringo est passé par là devil2

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 19:43

Rien à dire de plus ! Il manque juste quelques virgules.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeLun 12 Juil 2010 - 19:49

Merci pour votre passage à tous les trois ^^

Et merci elgringo pour tes remarques judicieuses. ça va m'en faire du travail le jour où j'aurai le courage de reprendre l'intégralité en suivant vos corrections.... Shocked Razz
Voilà une petite suite pour clore avec un chapitre moyen-âge avant de repasser à l'époque moderne

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La résonance de nos pas nous apprit que nous n’étions pas dans un couloir mais dans une vaste salle. Nous longions les murs pour en déterminer la taille lorsque nous découvrîmes les porte-flambeaux placés à hauteur d’homme. Nous les allumâmes avec nos chandelles et un spectacle fascinant naquit sous nos yeux. La pièce n’avait rien à voir avec le reste du château. D’une taille plus étendue que je ne l’avais estimé de l’extérieur, soutenue par de beaux piliers sculptés, elle faisant pendant à la grande salle actuelle mais visiblement beaucoup plus ancienne et autrement ornée. Le sol était coloré de teintes encore vives, de vieilles tentures décoraient et réchauffaient les murs. Sur le fin dallage étaient disposées des fourrures de toutes sortes. Elles avaient moisi et s’étaient fort dégradées mais on devinait encore le luxe du lieu. Des sortes d’alcôves dans les murs contenaient des manuscrits précieux. C’était la première fois que j’en voyais un tel nombre réuni en un même lieu. On se serait cru dans la bibliothèque d’une riche abbaye. Il y avait encore des cartes du monde connu soigneusement dessinées et des tableaux peints par de très habiles artisans. Je vis entre autre une magnifique descente de croix, une Annonciation à la Vierge tout aussi parfaite et un triptyque sur bois doré à l’or absolument sublime. Alors que j’admirais tout cela, Lancelot m’appela :
- Regarde, dit-il seulement.
Je suivis son regard et poussai une exclamation de surprise. A deux ou trois coudées à peine de la porte par laquelle nous étions entrés, s’en trouvait une seconde. Nécessairement, elle donnait aussi sur le donjon. Comment avions-nous pu ne pas la voir ? Je compris en m’approchant. L’ouverture ne traversait pas la cloison. En fait, elle donnait sur un escalier construit dans l’épaisseur du mur. L’escalier se dirigeait tant vers le bas que vers le haut. Je le soupçonnai de donner directement à l’étage de la chambre du seigneur que je pensais située dans ce donjon bien orienté. Cela paraissait logique : il s’agissait d’un passage secret auquel le maître avait un accès direct. Ce qui m’intéressait davantage, c’était les marches descendantes. Lors de notre visite nocturne que nous avions voulue très poussée, nous n’avions trouvé nulle cave, nul sous-sol. Cet escalier serait donc l’unique accès à un étage souterrain. Le dressoir devant la porte du donjon indiquait que le sire de Sollagnac n’avait nul envie que ce secret soit découvert. Ce qui posait immédiatement la question : qu’allions-nous y trouver ?
Nous emparant de deux flambeaux, plus efficaces que nos petites chandelles, Lancelot et moi descendîmes prudemment les marches. La pierre était glissante, luisante d’humidité à la lueur des flammes ; le passage étroit rendait la progression oppressante. La descente me parut interminable. Soudain, nous débouchâmes dans la crypte.
Je l’appelle ainsi car je ne doutais pas que ce fût là sa fonction première. Il y avait en elle comme un souffle religieux, quelque chose d’indéfinissable et pourtant plein de sens. Les voûtes très basses m’obligeaient à baisser la tête. Il est vrai que j’étais plus grand que la plupart des gens de ma connaissance. Cela me venait de mon père car Lancelot faisait sensiblement la même taille que moi. Aujourd’hui, je suis si voûté que l’on se dit en me voyant que le poids du ciel tout entier repose sur moi. L’âge m’incline vers la terre pour me rappeler que sous peu, je vais retourner à elle.
Mais je m’égare à nouveau, je perds le fil de mon récit. Le temps m’est pourtant compté. Je dois me hâter. Ne pas laisser ce récit inachevé. Il faut qu’un jour les hommes sachent…
Pour en revenir à mon histoire, donc, nous fûmes déçus. Après les richesses inattendues de la salle précédente, nous nous attendions à un véritable trésor. Or, il n’y avait rien dans la crypte. Rien, absolument rien, sinon un banc de pierre, une barre de fer posée au sol et un gros anneau, de fer également, semblant jaillir du pavage.
- C’est vide, constata Lancelot, surpris. Complètement vide.
Il était encore trop abasourdi pour ressentir de la déception.
- Pourquoi cacher si bien ce lieu si c’était pour n’y rien mettre ?
Je ne savais que répondre. Un bruit fugace interrompit ma réflexion. Je me tournai vivement et crus surprendre, à la limite de la lumière de nos torches, des petites ombres qui filaient le long des murs.
- Lancelot, as-tu vu ? Demandai-je nerveusement. Qu’était-ce ?
Mon ami me répondit, plus nerveux encore que je ne l’étais :
- Il m’a semblé entendre des rires. Ce sont des lutins, des petits démons ou des diablotins, sans aucun doute. Cette crypte est la voie qui mène en Enfer.
Mon cœur battait vite mais je me forçai à contrôler mon émotion. Laissant Lancelot parler, je m’approchai du mur où j’avais cru voir passer les ombres et inspectai minutieusement les lieux. L’humidité qui montait du sol filtrait dans la crypte. Sur les dalles creusées par le temps, le long des murs suintants, se formaient de petites flaques.
Je soupirai de soulagement :
- Viens voir. Il serait étonnant que les diablotins laissent des traces.
Un petit pied avait marché dans l’une des flaques et laissé sur plusieurs pas de magnifiques empreintes.
Lancelot comprit aussitôt :
- Les enfants de Païl. Ces petits monstres rouges ! Ils se sont bien joués de nous.
- Alors, s’ils jouent, espérons qu’ils ne trouveront pas plaisant de nous enfermer ici.
Nous nous empressâmes de grimper l’escalier vers la magnifique salle secrète.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMar 13 Juil 2010 - 7:37

Ho le vilain château a des secrets !

Manque des virgules devant mais et car !
— Je vis entre autre une magnifique : entre autres
— le sire de Sollagnac n’avait nul envie : nulle


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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMar 13 Juil 2010 - 12:53

Bonjour,

Toujours super ! j'aime ce nouveau mystère et le suspens de la fin.
j'imagine bien les scénes dans la salle puis la descente dans l'escalier et enfin l'ambiance dans la crypte. Bravo !

Citation :
D’une taille plus étendue que je ne l’avais estimé de l’extérieur, soutenue par de beaux piliers sculptés, elle faisant pendant à la grande salle actuelle mais visiblement beaucoup plus ancienne et autrement ornée.
faisait non ?
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMar 13 Juil 2010 - 15:01

C'est sympa Smile mystérieux à souhait mais sans excès Smile ( bon je me demande quand même pourquoi les deux chevaliers ne vont pas inpecter l'anneau posé par terre ; la première chose qui me viendrait à l'esprit serait que c'est sans doute une trappe pour descendre plus profond.)

Citation :
Soudain, nous débouchâmes dans la crypte.
Pinaillage : Soudain n'est pas nécessaire, et je parlerais plutôt d' "une" crypte plutot que "la" crypte ; tant qu'on ne l'a pas décrite et qu'on n'a pas d'assurance qu'il n'y en ait qu'une seule.


Citation :
je perds le fil de mon récit. (...) Ne pas laisser ce récit inachevé.
répétition de récit un peu rapide.

Citation :
de magnifiques empreintes.
"magnifique"... "distinctes" plutôt non ? surtout que tu te ressert de l'adjectif peu après ^^

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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 9:25

Merci à tous pour votre passage.


Elgringo:
Citation :

bon je me demande quand même pourquoi les deux chevaliers ne vont pas inpecter l'anneau posé par terre ; la première chose qui me viendrait à l'esprit serait que c'est sans doute une trappe pour descendre plus profond.

je pourrais peut-être dire qu'ils ne l'inspectent pas car c'est à ce moment qu'ils entendent les enfants et ils s'empressent de quitter le lieu? (parce qu'évidemment c'est une trappe, mais il ne faut pas qu'ils l'ouvrent tout de suite ^^)

Schadow:
effectivement, il manque toutes les virgules avant mais et car dans tout le roman. Il faut que je reprenne tout. j'avais appris qu'on ne mets jamais de virgule avant une conjonction de coordination (d'ailleurs maman qui est institutrice avait appris ça aussi). Mais je rectifierai tout ça quand je ferai ma grande correction générale ^^

merci également à Sophinette.

Le passage d'aujourd'hui est un chapitre entier, parce que c'est à l'époque moderne, mais que le chapitre suivant reprend le moyen-âge. ça fait peut-être un peu long...

______________________________________________________

CHAPITRE 13




La forêt était plus profonde et vaste qu'on ne l'aurait cru de prime abord. Elle avait quelque chose de sauvage, un sombre fouillis, un désordre plein de vie que les épineux et les buissons, poussés au hasard, rendaient presque impénétrable. C'était comme un coin oublié de la civilisation, une minuscule planète vierge perdue au cœur du monde des hommes comme un îlot au milieu de l'océan. Julie et Frédéric y avançaient lentement, suivant avec peine les enfants qui se faufilaient entre les arbres en appelant leur chat.
Puis, brusquement, alors qu'ils pensaient les avoir perdus, les parents se retrouvèrent face à leurs enfants. Ceux-ci, découragés, avaient fini par s'arrêter. Théo, assis sur une grosse pierre, sanglotait à chaudes larmes alors que Léa, le dos tourné, reniflait pour cacher sa peine. Belzébuth avait tout-à-fait disparu.
- Nous allons retourner à la voiture et l'attendre un peu, dit Julie pour consoler son petit garçon. Peut-être reviendra-t-il.
Frédéric, ému lui aussi bien qu'il ait toujours cru détester Belzébuth, ajouta:
- Tu sais, il y a des chats qui ont fait des centaines de kilomètres pour retrouver leur famille. Et puis, ce sont des animaux qui savent se débrouiller seuls...
Il s'interrompit, surpris, le sourcil levé.
- Qu'est-ce que c'est que cette pierre où tu es assis, Théo ?
L'enfant se leva et Frédéric s'agenouilla pour observer plus à son aise le siège improvisé. La roche n'avait rien de naturel.
- Une pierre de taille, murmura-t-il. Elle paraît très ancienne.
Il dégagea de la main la végétation, découvrant d'autres pierres similaires dans un alignement presque parfait.
- Un mur... Et là, sur cette face : cette pierre-là est sculptée. C'est en partie effacé mais, Julie, regarde un peu quel magnifique travail ! C'est médiéval, j'en suis sûr. On vient peut-être de découvrir des ruines encore ignorées.
Léa grommela :
- C'est juste un vieux bout de mur. En plus, c'est Belzébuth qui l'a trouvé.
Comme s'il n'attendait que l'évocation de son nom pour se manifester, le petit félin surgit soudain devant eux. Il se pavana un moment, la queue en l'air, fièrement, sur le reste de mur en ronronnant haut et fort. Mais lorsque Julie voulut l'attraper, il bondit souplement un mètre plus loin. Ses yeux jaunes semblaient se moquer de ces humains si lents et malhabiles. Dans cette forêt broussailleuse et sombre, le regard luisant, il ressemblait à un vrai petit démon. Calmement, il se mit en devoir de faire sa toilette.
Théo s'approcha. Belzébuth lança un miaulement provocateur et se fondit sous un fourré, à l'abri d'une grosse pierre sculptée. Théo se faufila derrière lui. Sa tête disparut puis ses épaules, son torse et bientôt ses parents affolés ne virent plus que ses baskets blanches s'enfonçant à leur tour.
- Théo, reviens !
- Il y a un passage, venez, répondit la voix de l'enfant étrangement étouffée. Venez voir, c'est comme dans un film.
Son ton était tout excité.
Julie et Frédéric se regardèrent, hésitants, mais déjà Léa s'était lancée à la poursuite de son petit frère.

Frédéric eut toutes les peines du monde à glisser ses épaules dans la maigre ouverture. Bien entendu, Julie avait suivi ses enfants presque sans hésitation, avec autant d’enthousiasme qu’eux face à l’étonnante découverte. Il faisait absolument noir dans le tunnel où il rampa. Soudain, il sentit l'espace s'ouvrir et vit devant lui une petite lumière. Théo brandissait sa mini-torche issue du « kit de l'explorateur » gagné avec des barres chocolatées, matériel précieux qui ne le quittait plus.
- Oh, fit seulement Frédéric, stupéfait alors que le faible rayon de lumière lui découvrait les lieux.
La discrète lueur éclairait un improbable décor que Julie, entrée juste devant son mari, contemplait déjà, bouche bée. C'était une salle rectangulaire, de plusieurs mètres de long bien qu'il fasse trop noir pour en juger certainement. Les poutres maintenant le plafond étaient en partie effondrées mais de larges colonnes assuraient la solidité de l'ensemble. Surtout, ce que Frédéric remarqua immédiatement, ce fut les chapiteaux sculptés de ces colonnes, semblables à ceux d'une cathédrale, avec des sculptures de feuillages ou de scènes de référence probablement biblique. Le cœur battant, il vit aussi le dallage coloré avec des figures géométriques, tout cela dans un état de conservation remarquable. Dans des alcôves, des restes, malheureusement très abîmés par l’humidité, de manuscrits et de peintures. Cette vision eut raison de toutes ses réticences. Jamais il n’avait rêvé si fabuleuse découverte.
- Il faut sortir d'ici immédiatement, prévenir les autorités, les Monuments Historiques, le Ministère de la Culture... Tout le monde. Il y a un château médiéval enseveli ici. Un château extraordinaire, je le sens.
- On récupère le chat et on y va, confirma Julie.
Comme en réponse, un miaulement s'éleva dans l'obscurité, à quelques mètres d'eux. Toute la petite famille se précipita dans sa direction. Léa alluma sa propre lampe de poche, une petite torche achetée dans la boutique de souvenirs de Tournoël. Elle aurait pu acheter une tasse ou un crayon mais elle avait choisi la lampe pour le côté « explorateur » de leur nouveau mode de vacance. Depuis, elle avait gardé fièrement son achat aux côtés d'autres trésors dans un sac-banane récemment acquis lui aussi. Le sac kaki complétait à merveille sa tenue « baroudeur » : short teinte camouflage et t-shirt « L'Auvergne, pays des volcans ». Ils étaient devenus des aventuriers, il fallait que cela se voie.
La lampe était légèrement plus puissante que celle de son frère et permit aux Mariey de découvrir que Belzébuth avait disparu par une porte au fond de la grande salle. Ils y pénétrèrent et se trouvèrent dans les restes d'une tour, probablement ce qu'il restait de l'étage inférieur. La voûte de pierre avait tenu bon mais l'escalier qui courait dans l'épaisseur du mur n'allait pas plus haut que le niveau du plafond.
- C'est drôle, remarqua Frédéric, parlant bas comme il l'aurait fait dans un lieu sacré. Ce château se trouve au fond de la vallée. Et regarde toute cette terre au-dessus de nos têtes, comme s'il avait été englouti.
L'atmosphère était telle, les bruits étouffés à l'extrême, que Julie répondit à voix basse elle aussi. Une humeur chagrine aurait sans doute prétendu qu'on se sentait en ce lieu comme dans un tombeau.
- Ça me fait penser à Herculanum, près de Pompéi : recouvert par me coulée de boue lors de l'explosion du Vésuve.
- Voyons, les volcans d'Auvergne ne sont plus en activité. Il me semble que la chaîne des Puys, la partie la plus récente date de plus de six ou sept mille ans.
- Peut être... Mais ce n’est pas si vieux à l’échelle de la planète. S'il y avait eu une explosion au Moyen âge ou simplement une forte secousse sismique, qui sait si ça ne serait pas passé inaperçu.
- Les habitants auraient parlé. L'histoire se serait transmise. Surtout si un château tout entier avait disparu.
- Si personne ne savait. S'ils étaient tous morts.
Frédéric haussa les épaules, se forçant à rester terre à terre, à ne pas se laisser aller lui aussi à des explications fantasques :
- Ce ne sont plus des hypothèses, c'est de la science-fiction. Un vrai roman. Aussi étrange qu'improbable.
- Ce château aussi. Regarde.
Julie désignait l'entrée de l'escalier. Si on ne pouvait l'emprunter vers le haut, la torche avec laquelle jouait Théo venait de révéler une volée de marches qui descendait. Même à l'époque de la splendeur du château, ces marches devaient être en dessous du niveau du sol. A présent, elles s'enfonçaient dans l'obscurité insondable des profondeurs de la terre. Deux petits miroirs jumeaux s'allumèrent en haut des marches au passage du rayon de la torche.
Belzébuth, superbement indifférent à sa propre découverte, se passa une patte derrière l'oreille, se leva et s'engagea avec un calme dédaigneux dans le fameux escalier.
- Il descend, s'écria Théo dont les appels restaient gracieusement ignorés de son chat.
- N'y allez pas les enfants, cria Frédéric, son instinct de père l’emportant sur l’envie d’en découvrir davantage. C'est peut-être dangereux. Ça risque de s'effondrer.
Son avertissement s'acheva dans un juron lorsqu'il constata que ses enfants l'ignoraient aussi profondément que le faisait le chat. Déjà, ils dévalaient les marches de l'escalier et la lueur jaune de leurs lampes s'amenuisait en contrebas.

- Incroyable, murmurait Julie, le souffle coupé, quelques minutes plus tard.
En bas de l'escalier de pierre heureusement bien conservé qu'elle et son mari venaient d'emprunter, ils avaient découvert une vaste cave, une crypte plutôt, basse de plafond, formée de dizaines de solides petites voûtes de pierre de style roman. Pour avancer, Frédéric, de grande taille, devait franchement se pencher. La salle était froide et noire. Et, tapi dans l’ombre, Belzébuth prenait un malin plaisir à miauler d’un ton provocant.


EDIT. Ah non, ça va, c'est même plutôt court ^^
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 18:38

Citation :
je pourrais peut-être dire qu'ils ne l'inspectent pas car c'est à ce moment qu'ils entendent les enfants et ils s'empressent de quitter le lieu? (parce qu'évidemment c'est une trappe, mais il ne faut pas qu'ils l'ouvrent tout de suite ^^)
Voui il faudrait que tu dises ça. Les deux zigotos se sont dit que c'était étonnant de dissimuler une simple chapelle pourrie derrière un passage secret, qu'ils n'aillent pa voir est très suprenant.

Nyoop ^^un nouveau chapitre Smile quelle bonne surprise Smile


Citation :
poussés au hasard,
je trouve ce bout de phrase un peu... inutile. Tu nous a déjà dit que la forêt était sauvage, ça ne me donne pas une meilleure image de la végétation.

Citation :
suivant avec peine les enfants
Citation :
face à leurs enfants
Répétition un peu rapide d'enfants.

Citation :
il ressemblait à un vrai petit démon
.... moi c'est pas du tout l'image que ça m'aurait fait... C'est l'opinion du narrateur ou d'un des personnages ?

Citation :
. Soudain, il sentit l'espace s'ouvrir
s'il se déplace en rampant, je ne pense pas qu'on puisse dire soudain.


Citation :
Dans des alcôves, des restes, malheureusement très abîmés par l’humidité, de manuscrits et de peintures.
Il n'y a pas de verbe dans cette phrase ^^

Citation :
recouvert par me coulée
me ?

Citation :
de plus de six ou sept mille ans.
tu devrais choisir l'un des deux : soit "plus de" soit "six ou sept mille"...

Citation :
- Si personne ne savait. S'ils étaient tous morts.
manque des points d'interrogation je pense.

Woot mais que de remarques aujourd'hui... Le style est toujours bon, l'histoire intéressante, mais j'aurais une petite suggestion : Faire un plus grand parrallèle entre l'exploration des chevaliers aux moyen âge et celle de la famille. Genre le chevalier a fait une marque pour noter son chemin dans le mur et la famille la voit plusieurs siècles plus tard ? ça ferait un lien plus fort entre les deux narrations.

Vouip sinon... vivement la suite Smile
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 18:57

C'est vrai, que de fautes, ce coup-ci ^^ heureusement que tu es passé par là.

Pour ce chapitre, c'est celui qui me plaît le moins avec le prochain concernant la famille. Je n'ai pas réussi à faire mieux et j'en ai besoin pour avancer. :|

Citation :
Citation:
il ressemblait à un vrai petit démon
.... moi c'est pas du tout l'image que ça m'aurait fait... C'est l'opinion du narrateur ou d'un des personnages ?

celle du narrateur. Quand ce sont les personnages qui pensent, je le précise. Pourquoi, tu le vois comment, toi?

Citation :
Faire un plus grand parrallèle entre l'exploration des chevaliers aux moyen âge et celle de la famille. Genre le chevalier a fait une marque pour noter son chemin dans le mur et la famille la voit plusieurs siècles plus tard ? ça ferait un lien plus fort entre les deux narrations.
ça vient, ça vient. c'est prévu, la marque est laissée, mais pas tout à fait à cet endroit Razz



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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 19:21

Citation :
celle du narrateur. Quand ce sont les personnages qui pensent, je le précise. Pourquoi, tu le vois comment, toi?
et bien je trouve que c'est une opinion, donc je n'aurais aucun problème si c'était l'opinion d'un personnage, mais si c'est le narrateur omniscient qui dit ça, ça me dérange un peu. (quand un narrateur tente de m'imposer une opinion ça me dérange toujurs ^^)

quand je vois un chat dans la forêt, je pense à un fauve, à l'héritage sauvage qui ressort, une force primale et antique... mais pas à un démon judéo-chrétien ^^ (mode païen)

Donc je pense que tu devrais faire dire ça par quelqu'un de présent.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 19:29

Ah enfin, ils vont tomber dans le trou !

— Belzébuth avait tout-à-fait disparu : tout à fait
— et se fondit sous un fourré : plutôt « se glissa »
— de leur nouveau mode de vacance : vacances
— recouvert par me coulée de boue : une coulée de boue (volcanique)
— Il me semble que la chaîne des Puys, la partie la plus récente date de plus de six ou sept mille ans : dans la chaine des Puys (en fait les dernières éruptions ont eu lieu il y a moins de huit milles ans)
— Peut être... Mais ce n’est pas : Peut-être
— se forçant à rester terre à terre : terre-à-terre

plus les virgules !
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeVen 23 Juil 2010 - 16:56

Bonjour,

J'attends la suite avec impatience.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeSam 31 Juil 2010 - 8:53

Coucou,

je poste une petite suite avant de partir quelques jours chez mes parents. Du coup, je passerai juste en vitesse de temps en temps sur le forum car ils n'ont ni ADSL ni forfait et je ne vais pas exploser leur facture de téléphone ^^.


Elgringo: avec mon ambiance médiévale, le chat noir et son nom de Belzebuth, je pensais pourtant avoir enfoncé le clou (avec insistance en plus ^^): les références que j'utilise concernant le chat sont bien toutes liées aux croyances chrétiennes du moyen-âge (d'où la comparaison à un démon qui se renouvellera dans l'histoire)

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CHAPITRE 14




En haut de l’escalier, un homme nous attendait, les bras croisés, le visage dur, ses cheveux rouges pas même dissimulés sous un bonnet ou un chaperon. Geoffroy de Païl avait l’air beaucoup moins avenant que lorsque nous l’avions rencontré quelques heures plus tôt.
- Voilà, dit-il très sèchement, comment vous me remerciez pour mon hospitalité. Vous vous dites chevaliers, vous n’êtes rien d’autre que des routiers, de vulgaires pillards. Lorsque j’ai su que vous étiez descendus dans la crypte, j’aurais dû la faire murer sur l’heure et vous y laisser périr. Je me contenterai de vous faire trancher la tête par mes soldats.
Ses cinq affreux gamins couraient en ricanant dans ses jambes. Lancelot avait raison, dans la crypte : c’était bien des démons qui nous avaient surpris. Ils avaient juste pris l’apparence d’enfants pour se donner l’air innocent. Filles et garçons se mêlaient en nous lançant des grimaces sans qu’il soit possible de distinguer les unes des autres.
Je rassemblai tout mon courage et m’avançai vers le seigneur :
- Messire, mon compagnon et moi-même sommes bien chevaliers. Nous sommes tous deux fils du comte de …, féal du Roy de France. Notre audace et notre impolitesse sont inexcusables. Comme nous vous l’avons conté, nous avons entendu parler de la légende de Sollagnac et nous disions que, peut-être, un secret de ce château vous aurait échappé.
Il eut une mimique de dégoût et écarta d’un geste ferme les enfants qui disparurent aussitôt dans l’ouverture du donjon :
- On élève bien mal les fils de seigneur dans votre pays : grossiers, malappris et d’une crédulité d’enfant. Soit, je veux bien vous croire. Cette légende n’est que stupidité de bergers. Il n’y a rien ici que les restes des trésors qu’a possédés jadis la famille de ma femme et que je tiens serrés en ce lieu pour qu’ils ne nous soient pas volés. Quant à votre sort, vous mériteriez bien d’être châtiés pour votre malhonnêteté. Mais je me veux un seigneur juste, quoi que vous ayez l’air d’en penser. Je me contenterai donc de vous conseiller fermement de disparaître au plus vite de mon château. Allez chercher vos écuyers et que je ne vous revoie plus !
J’aurais volontiers répondu vertement à cette impudente tirade - qui était-il, ce misérable châtelain de province, pour nous parler ainsi ? - mais m’en gardai. J’avoue que les deux soldats à l’air peu engageant, deux colosses qui faisaient jouer le reflet des flammes sur leur hache et leur masse d’arme, y étaient pour beaucoup. Comme Lancelot et moi ne nous étions pas encombrés de nos lourdes épées, nous n’aurions eu aucune chance contre ces brutes.
Avant de m’éclipser, pour montrer que je n’étais pas un rustre, je voulus remercier Geoffroy de Païl de sa clémence. Je ne le pus. Les mots me restaient en travers de la gorge. Ma fierté avait trop souffert dans cette histoire.
Alors que nous rejoignions Loup et Sagremor, Lancelot remarqua :
- Il mentait. Ce n’est pas à cause de ce trésor qu’il tient cette salle secrète. Ce qui lui importe, c’est la crypte. Il croit lui aussi à la légende. Il sait qu’elle est vraie.

Sagremor nous reprocha bien un peu notre témérité, cependant, notre aventure lui parut assez intéressante pour qu’il ne pousse pas trop loin ses récriminations. Loup resta pensif. Quant à Aude, elle ne s’en mêla pas. Sans doute jugeait-elle que c’était affaire d’homme, mais je vis un doux reproche dans ses yeux lorsqu’elle les posa sur moi. Comme si elle voulait me dire : laissons ces gens tranquilles, leurs affaires ne nous regardent pas, quittons ce lieu.
L’aube était encore loin et il ne nous restait plus qu’à rejoindre l’auberge en espérant que la vieille dorme sur place et nous ouvre sa porte à cette heure.
Nous étions déjà sur le pont lorsqu’une voix de femme nous arrêta. Nous nous retournâmes et vîmes, à la clarté blanche de la lune, la châtelaine venir à nous. Elle avait avec elle ses enfants qui faisaient moins les fiers. A part leurs cheveux rouges et leur peau criblée de petites taches, ils étaient auprès d’elle comme n’importe quel enfant l’est près de sa mère.
- Les petits se sont mal conduits, nous dit-elle. Ils vous ont épiés et suivis. Lorsqu’ils vous ont vu descendre à la crypte, ils ont averti leur père. Ils n’ont pas respecté les règles de l’hospitalité. Allons, Philippe, Augustin, Iseut, Catherine, Alazaïs, faîtes vos excuses.
Il est un peu surprenant de recevoir des excuses lorsque l’on est dans son tort et, gênés, nous ne savions que dire.
La femme renvoya ses petits et nous confia en baissant la voix :
- Mon époux n’est pas d’ici, vous le savez. Il vient du pays des hérétiques. A cause de cela, à cause de son apparence et de cette affreuse légende, les gens de Sollagnac le détestent. Ils le craignent comme le Diable et prétendent qu’il fera revenir la malédiction. Geoffroy pense qu’ils seraient prêts à le tuer ou Dieu sait quelle horreur. C’est pour cela qu’il ne veut plus entendre parler de la légende, pour cela qu’il a fermé l’accès à la crypte. Car la légende dit que cette crypte est la clef de tout.
- La fin de la légende, me souffla Loup à l’oreille. Visiblement, la vieille tenancière a omis de nous la conter.
- L’obligation de se méfier de tout le monde rend mon mari méchant, continuait la pauvre châtelaine. Pourtant je vous jure qu’il n’est pas mauvais homme. Il faut lui pardonner, n’est-ce pas. Il fait de son mieux, Messeigneurs. Ce n’est pas facile. Vous êtes sûrement d’assez nobles seigneurs pour le comprendre.
Je la rassurai sur ce point sans en penser un mot. Je plaignais secrètement la dame mais je pris soin de garder envers elle l’attitude respectueuse qui lui était due.


Finalement, nous ne tentâmes pas notre chance à l’auberge. Nous restâmes à converser toute la nuit sur la mésaventure autour d’un feu inutile. Il faisait chaud. La moiteur n’avait pas diminué avec la nuit, mais peut-être y avait-il des bêtes sauvages à tenir éloignées de nous.
Sagremor constata à voix basse que le silence était particulièrement pesant. Pas de craquement de rongeur dans les herbes, pas de hululement d’oiseau de nuit, pas de bruissement d’aile, pas de chauve-souris désorientée par le feu. Comme si nous étions seuls. Comme si tous les animaux avaient disparu.
Soudain, non loin, du côté de Sollagnac, un chien hurla à la mort.
- Il y a quelque chose d’anormal, dit l’un de mes compagnons.
Personne n’ajouta un mot. C’était inutile. Nous ressentions tous la même inexplicable angoisse. Quelque chose était en train de changer.
Un grondement sourd, tel le battement d’un lointain tambour, me tira de la torpeur où je m’étais laissé sombrer. L’aube claire blanchissait le ciel à l’Est et les premiers rayons du soleil perçaient entre les monts qui bouchaient l’horizon. Le ciel était limpide comme l’eau d’un torrent, serein. Pas d’orage à proximité. D’où venait donc ce bruit ? Je fronçai les sourcils et lus la même interrogation sur le visage de mes compagnons. Quel était ce nouveau mystère ?
Nous prîmes la direction du village. Dans la nuit, nous avions résolu de quitter la région. Assez du Diable de la légende ! J’avais su persuader Lancelot. Le Languedoc nous attendait. Bientôt, les Anglais tâteraient de notre épée.
Auparavant, nous restions curieux d’entendre la fin de la légende. Surtout, il nous fallait reprendre nos chevaux que nous avions laissés à l’auberge.
A notre grande surprise, nous croisâmes sur le sentier escarpé, un petit troupeau de moutons sans chien ni berger. Ils allaient à vive allure en se bousculant et en roulant des yeux effarés. Ils ont peur, ils fuient quelque chose, fut ma première idée. Nous accélérâmes le pas. La chaleur était de plus en plus insupportable, le silence pesant. Aucun oiseau ne chantait. A nouveau, le grondement roula dans la vallée et devant nous, nous vîmes Sollagnac s’ébranler, comme secoué par la main d’un géant. Nous nous mîmes à courir. Il fallait que nous récupérions nos chevaux, vite !
Dans le village, des gens couraient en tous sens, aussi éperdus que les moutons que nous avions croisés. Des femmes criaient, des enfants pleuraient. Une seconde secousse, plus forte, ébranla la montagne. Le sol s’arrondit, se déforma, se cabra, pareil à un cheval rétif qui veut se débarrasser de son cavalier. Je faillis perdre l’équilibre ; Sagremor tomba, se reprit de justesse. Nous essayions de continuer à avancer. Aude poussa un cri. A quelques pieds de nous, une faille se dessinait, courant entre les rochers, avalant sentier et broussailles.
- C’est la bouche des Enfers qui s’ouvre, hurla Sagremor.
Devant nous, Sollagnac se tordait tel un mourant dans les affres de l’agonie. Les maisons s’effondraient sur elles-mêmes, se disloquaient et les habitants ne savaient que faire pour éviter les chutes de pierres et de poutres.
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 4 Aoû 2010 - 13:33

Ha enfin ! ça commence !

deux petites fautes !

— leur masse d’arme : armes
— faîtes vos excuses : faites (impératif)
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 12:24

Bonjour,

Comme toujours, c'est excellent.
Vivement la suite !
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 22:47

Me revoilà avec un peu de retard (et de décallage horaire) Quelle bonne surprise de rentrer et de découvrir un peu de Belzébuth tout frais tout neuf Smile

Pour retourner sur un sujet déjà clos, je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait que le narrateur omniscient puisse se permettre d'exprimer ainsi une opinion subjective. Je suis tout à fait d'accord, la comparaison avec un démon est parfaitement appropriée, tout à fait dans le thème médiéval, avec les indices que tu as laissés, et c'est pour ça que je n'aurais absolument aucun prolbème si tu nous sortais cette phrase comme le point de vue d'un des personnages.

Seulement quand c'est le narrateur omniscient qui intervient, c'est un point de vue qui se doit d'être indiscutable, sinon j'ai l'impression qu'on tente de me dicter ce que je dois penser en voyant la scène et j'ai tendance à décrocher émotionellement du récit. Bien sur je parle de mon point de vue personnel, mais à mon avis ça diminue l'impact du texte à la lecture.


Bon passons à la lecture :

Citation :
mais peut-être y avait-il des bêtes sauvages à tenir éloignées de nous.
des moustiques peut être aussi, non ?

Bien bien, enfin la montagne explose Smile Mais où est Bruce Willis quand on a besoin de lui Smile Pas de grosse remarque ce passage est bien fait, haletant, le seigneur du château est convaincant, sa femme aussi, et le passage en scène d'action à la fin est très bien fait Smile
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MessageSujet: Re: Belzébuth (titre non définitif)   Belzébuth (titre non définitif) - Page 4 Icon_minitimeJeu 19 Aoû 2010 - 9:59

Bon, pour la comparaison de Belzébuth au démon, il faut que je voie si j'arrive à reforuler en toute discrétion. Sinon, je laisserai quand même comme ça. je sais que tu n'aime pas les interventions subjectives du narrateur dans les descriptions (tu me l'avais déjà dit pour mon autre roman), mais comme j'utilise toujours des comparaisons dans mes descriptions, il y a inévitablement un côté subjectif. D'autant plus que j'aime bien faire partager ma vision au lecteur ^^.

Eh non, désolée, Bruce n'interviendra pas cette fois-ci. je ne l'ai pas invité, étant allergique à ses interventions musclées et super-héroïques. Mes personnages vont devoir s'en tirer tous seuls ^^.

Pour les moustiques, tu as raison. Mais en fait, je les tenais pour habituels. Il y en avait même certainement moins qu'ailleurs en montagne, car en plaine, les zones marécageuses étaient encore très fréquentes à l'époque (avec les problèmes de malaria associés). Ce que les personnages craignent, c'est plutôt l'inhabituel, car ils ne sont pas accoutumés à dormir à la belle étoile..


Merci à tous les trois pour les commentaires I love you

----------------------------


Aussi brusquement qu’elle avait commencé, la terre cessa de bouger. Nous entrâmes alors dans le village désolé. La rue était méconnaissable. Une ruine, jonchée de pierres aux arrêtes coupantes et d’éclats de bois. Une femme pleurait avec de longs sanglots qui s’achevaient en gémissements. Près d’elle, un corps dépassait à peine des gravats. Je détournai le regard. Mon Dieu, priai-je silencieusement, apaisez votre courroux, la leçon est suffisante.
La taverne qui servait d’auberge tenait encore debout. La façade était gauchie, parcourues de larges fissures mais elle paraissait encore solide. La vieille était là aussi, qui nous accueillit en se tordant les mains de peur et de désespoir, le visage aussi ravagé que sa maison.
- Nos chevaux, vite, ordonna Loup.
La vieille gémit :
- Vous ne comprenez pas, Monseigneur. C’est trop tard, trop tard. Je vous avais dit de partir. La Malédiction s’est réveillée. Vous êtes prisonniers de Sollagnac, comme nous.
- Cesse de geindre. Ou sont nos chevaux ?
- Ils se sont enfuis, Monseigneur, comme presque tous les animaux. Durant la nuit.
Nous nous regardâmes, interloqués. Les chevaux enfuis… C’était impossible. Jusqu’alors, bien qu’intéressés par l’histoire du village, nous l’avions jugée d’un regard extérieur. Cela ne nous concernait pas vraiment. Nous avions le choix. Nous pouvions partir, abandonner ce mas à sa légende et à sa malédiction. Mais maintenant, nous y étions plongés de force à notre tour. Cela ne pouvait pas nous arriver, pas à nous… Que le Tout-Puissant punisse Sollagnac, pourquoi pas. Il avait certainement de bonnes raisons pour le faire. Mais nous, nous n’avions pas péché à ce point pour mériter tel châtiment. Nous étions des chevaliers au service de Sa gloire.
- Nous sommes perdus, gémit Sagremor d’un ton résigné. Nous allons être précipités dans les Enfers comme ces misérables.
Aude parut prise d’une inspiration soudaine :
- La solution se trouve au château. Il existe une façon d’échapper à cela. Souvenez-vous : la crypte. Nous savons qu’elle est liée à la Malédiction.
Elle se tourna vers la vieille tenancière, lui parlant amicalement pour la calmer et la mettre en confiance :
- Ma bonne vieille, tu ne nous as pas conté la fin de la légende. La connais-tu ? Là est peut-être notre salut.
La vieille hésita peu. Qu’y avait-il à perdre ? La terre s’était calmée pour un temps mais personne ne doutait qu’il soit impossible de fuir. Je lisais dans les yeux de Lancelot qu’en ce moment même, il pensait que la prédiction du devin se réalisait.
- Belle dame, soupira la vieille, je crois qu’il est trop tard. Mais je vais vous dire le peu que je sais.

Quand le nouveau seigneur de Sollagnac avait décidé de rebâtir le château, sa mère avait beaucoup pleuré car elle savait que la Malédiction reviendrait. Elle craignait la colère de Dieu mais voulait éviter que des innocents ne périssent à cause de la folie de certains. Puis, elle était bonne femme et pensait que les pires pécheurs méritaient une seconde chance, devaient pouvoir se racheter sur cette terre avant de rendre leur âme. Elle décida de préparer un refuge et indiqua à son fils comment le bâtir et de quelle sorte il devait construire son château. Il avait confiance en sa sagesse, sachant que dans son jeune âge, elle les avait sauvés lui et ses frères. Quand elle fut bien vieille, elle fit venir son fils et lui fit jurer que toujours les seigneurs de Sollagnac vivraient en ce château et qu’ils n’en auraient pas d’autre qui ne soit élevé à cet endroit précis. Ainsi, la famille se transmit le secret. La légende dit que le seigneur de Sollagnac seul le connaît et peut nous sauver. Mais les seigneurs de Sollagnac ne sont plus. Aujourd’hui, c’est un étranger qui a pris leur place. Un enfant d’hérétique. Il ne nous sauvera pas. Sans doute ne connaît-il même pas ce secret.
- Bien, dis-je. J’ai compris à présent. Le sire Geoffroy le connaît bien, au contraire puisqu’il voulait tant nous le cacher. Les gens d’ici ne l’aiment pas et il le leur rend bien. Il ne fera rien pour les sauver car il est inspiré par le Diable mais c’est inutile car ce fameux secret, je le devine.
- Je ne comprends pas, commença Lancelot.
- Il faut mener les habitants au plus vite au château, dans la crypte. Je vous expliquerai. Vite
Comme personne ne bougeait, j’ordonnai fermement à la vieille :
- Dépêche-toi, va chercher les tiens et rassemble tout le monde ici. Cours avant que Sollagnac ne disparaisse entièrement en vous entraînant tous !
Un nouveau tremblement nous poussa hors de l’auberge alors que la vieille venait de partir. A peine avions-nous franchi le seuil que l’auberge s’effondra sur elle-même, comme absorbée de l’intérieur. Aude tremblait nerveusement sans vouloir se plaindre. Quant à mes compagnons et moi-même, nous peinions à garder notre calme. Cependant, j’étais persuadé d’avoir trouvé le moyen de nous sauver tous et je refusais de céder à la panique en abandonnant les bergers de Sollagnac à leur sort. Ils ne nous avaient pas si mal accueillis, la vieille tenancière surtout, qui avait fait de son mieux malgré son grand âge. Notre devoir de chevalier était de protéger les faibles.

EDIT. c'est court, j'en rajoute un bout de plus ^^

- Mon Dieu, qu’est-ce que cela, s’écria soudain Sagremor.
Nous vîmes avec effroi une sorte d’énorme nuage gris qui progressait vers nous en s’abattant sur le village. Nous nous attendions à voir des démons ailés en surgir quand le nuage arriva à nos pieds.
- Des cendres, murmura Loup. Ce sont des cendres. Elles sont en train de tout recouvrir.
Il avait raison. Dans l’unique rue de Sollagnac, le tapis de cendres s’épaississait. Il faisait déjà plus d’un pouce de haut et ne semblait pas prêt de cesser de croître car le nuage forcissait encore.
Les villageois se groupaient autour de nous en roulant des yeux affolés.
- Les Anciens le disaient, marmottait une femme en se mordant les lèvres au sang, la Malédiction est sur nous. Les cendres jaillissent de l’Enfer pour nous étouffer. Nous sommes damnés.
Les visages étaient blêmes. Les enfants se pressaient contre le tablier de leur mère en silence, trop terrifiés sûrement pour émettre la moindre plainte. Moi-même, devant l’ampleur de la chose, je dus faire un effort pour me ressaisir. Je pris aussitôt la situation en main, naturellement, sembla-t-il, car mes compagnons semblaient aussi hébétés que les habitants de Sollagnac.
- Par ici, criai-je à perdre haleine. Au château ! Allez tous au château !
Lancelot se reprit à son tour et m’aida à prendre la direction de cette troupe trop paniquée pour réfléchir sensément.
Un nouveau grondement jaillit des entrailles de la terre alors que les habitants commençaient leur fuite éperdue. Le bruit se répercuta sinistrement dans la rue et se prolongea dans les murs des masures. La terre tremblait à nouveau et des failles apparaissaient sous nos pieds. A présent, tout le monde courait dans le plus grand désordre, en hurlant, en se bousculant, sans soin des jeunes enfants qui risquaient à tout instant d’être écrasés. Je retins par le bras Sagremor qui s’apprêtait à fuir lui-aussi.
- Pas toi, ordonnai-je. Nous sommes chevaliers. Nous devons veiller sur les faibles, rester les derniers.
Il tenta de se dégager de mon étreinte. Jamais je ne l’avais vu si pâle. Ses lèvres étaient exsangues, il semblait sur le point de défaillir.
- Lâche-moi, dit-il d’une voix blanche. Je ne suis pas chevalier. Je ne suis tenu à rien. Tout va s’effondrer. Nous allons tous mourir.
Sans que je m’en aperçoive, Loup était venu à ma hauteur. Il me saisit le poignet si durement qu’il me fallut lâcher Sagremor.
- Il a raison, siffla-t-il comme on lance une menace. Laisse-le aller. Il n’est plus temps de parler d’honneur. Toi et Lancelot nous avez entraînés dans votre folie. Dieu nous garde.
C’était vrai. Ils n’avaient pas demandé à venir en ce lieu maudit. Ils n’y avaient été poussés que par leur fidélité envers nous et parce que Lancelot et moi avions su nous servir de leur fierté pour en faire de l’orgueil. Ce n’était pas à eux de payer notre inconséquente témérité. J’interpellai Lancelot :
- Va devant. Je sais que tu contrôles assez ta peur pour les mener tous en sécurité. Ecoute, je crois que le secret du château est simplement un passage caché dans la crypte. Il y avait un anneau au sol. Je suis presque sûr qu’il sert à soulever la dalle où il est scellé. Si c’est le cas, c’est le chemin du refuge dont parle la légende. Emmène Aude. Je quitterai ces lieux le dernier.
- Mais…
- C’est mon devoir !
Ma voix était assez ferme pour qu’il ne proteste pas. Puis, le mot « devoir » avait pour lui la même signification que pour moi. Je savais qu’il aurait préféré rester à mes côtés, éprouver sa bravoure jusqu’à l’extrême limite. Mais il me considérait depuis le début de notre aventure comme son chef et il m’obéirait sans discuter mes ordres. Le cœur serré, je le vis s’éloigner de moi en compagnie d’Aude. Je priais pour revoir sous peu mon aimée, espérant de toutes mes forces ne pas m’être trompé. Non, me persuadai-je, Dieu me guidait pour que j’interprète correctement les signes. Il m’avait donné la lourde tâche de sauver les Justes. Je la mènerais à bien.
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