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| | Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] | |
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| Sujet: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 1:59 | |
| Bonsoir, bonsoir. J'ai décidé de poster le prologue de l'histoire que je suis entrain d'écrire : "Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées". J'avoue que je stresse un peu à l'idée de montrer mes textes à autant d'inconnus (je ne l'avais montré jusqu'à présent à trois personnes seulement, donc j'ai une boule dans l'estomac lol). Avec le recul, j'ai remarqué les erreurs que je considère avoir commises, mais j'attends d'avoir plusieurs avis qui convergent sur certains points avant de me décider à modifier. Je m'inspire du Seigneur des Anneaux, au niveau de la structure du livre, j'ai même donné le nom d'un personnage du Silmarillon à l'une de mes forêts sans m'en rendre compte au début xD mais j'ai décidé de garder. J'ai également commencé à créer une langue pour le Peuple de la Lune. Bon, je me lance tout d'abord avec le résumé histoire de vous mettre dans le contexte, ensuite viendra le prologue : Résumé :
Dans le monde d'Annálabÿr, les Seigneurs Dragons sont au nombre de douze. Trois pour chaque élément naturel qu'ils régissent : L'Eau, la Terre, le Feu et l'Air. Les Seigneurs Dragons ont été créés par les quatre divinités originelles et permettent ainsi de maintenir le monde en équilibre. Immortels, ils sont toutefois chacun liés à une Pierre Sacrée, forgée par les Dieux, afin de pouvoir être contrôlés si jamais ils en venaient à oublier leur devoir : protéger et veiller à la prospérité des peuples qu'abrite Annálabÿr. Différentes races foulent ces terres mystérieuses et empreintes de magie : les Orks, les Hommes, les Nains, les Geriyans, et les Enôrii. Mais le monde est loin de se douter que l'entrée en guerre est imminente... Car depuis que la Matriarche des Sorcières des Tombes a mis la main sur la Pierre de la Topaze, Ouros, l'un des Seigneurs Dragons de l'Air, lié à cette Pierre, est tombé sous son emprise et est réduit à l'état de simple pantin entre ses mains. Déjà, la Matriarche, qui se fait nommer « l'Immortelle » lève son armée, les Âmes de l'Ombre qu'elle commande d'une main de fer. Depuis quelques temps déjà, l'Ombre se répand sur les terres d'Annálabÿr et menace la survie des peuples, mais une lueur d'espoir perdure tant que les Seigneurs Dragons demeurent...
PROLOGUE *~*~* I – Du commencement du monde
Au commencement du monde, bien avant que les grands royaumes ne surgissent des terres fertiles, trois divinités naquirent de Chaos, leur père, sous la forme de trois astres. En premier il y eut Krÿstólis, dieu du Soleil et de l'élément du Feu. Plus tard il représenterait l'Art et la Guerre destructrice lorsque les créatures pensantes se seraient suffisamment développées. Ensuite vinrent les jumelles Quêliniel et Sÿlmenás, que l'on pouvait voir sous la forme des deux lunes qui dominent le monde lorsque la nuit couvre le ciel de son noir manteau. La première, Quêliniel, représentait l'élément Eau et était la déesse de la Nature et de la Fécondité. Enfin, Sÿlmenás régissait l'élément Air. L'Amour, la Magie et la Mort étaient ses domaines d'influence.
Les trois dieux arpentaient les nombreuses dimensions existantes dans l'univers, et découvrirent des formes de vies sous divers aspects et des mondes variés et étranges. Certains de ces mondes étaient peuplés uniquement d'insectes. Ils s'en lassèrent vite et les quittèrent. Un autre monde, lui, était habité par des êtres immatériels, des êtres que l'on nommait « démons », assoiffés de pouvoir et ne ressentant rien d'autre hormis ce désir farouche d'assouvir leur domination par leur seule volonté et de détruire ce qui les entourait. Ils virent des êtres nommés « anges », qui ne désiraient que construire un monde de bien, un monde de paix, un monde à leur image. Ceux-ci les intéressèrent davantage et Sÿlmenás décida de s'approprier cette espèce étrange. Puis, ils découvrirent sur ce même monde des êtres appelés « esprits », qui vivaient sur un autre de ces plans non physiques, les plans astraux. Ils étaient pourvus de volonté et de bonnes pensées, comme de mauvaises, ils étaient plus complexes que les deux premières espèces d'entités. Ils intéressèrent grandement le Dieu Soleil qui décida, à l'instar de sa jeune sœur, d'emmener quelques spécimens avec lui afin de voir ce qu'il pouvait accomplir grâce à eux. Quêliniel, quant à elle, ne fut que vaguement intéressée, et ne prit aucune de ces espèces avec elle. Le frère et les sœurs immortels continuèrent leur périple dans les confins de l'univers à la recherche d'autres formes de vie plus alléchantes encore.
Les années, les siècles s'écoulèrent et les trois dieux ne trouvèrent rien de plus qui attira leur attention. Mais leurs aventures avaient en revanche rapproché Krÿstólis et Quêliniel qui s'éprirent l'un de l'autre. Rapidement, le dieu du soleil lui demanda sa main et cette dernière accepta. Elle finit par donner naissance à une autre divinité, Annálabÿr, la déesse monde. Celle-ci grandit au fil du temps, et elle se présenta sous la forme d'une terre ronde et fertile. Elle régissait l'élément Terre et régnerait plus tard sur les domaines de la Chasse, de la Guerre stratégique et de la Justice.
Des formes de vie primitives se développèrent sur la déesse monde, et Quêliniel se décida de créer des êtres à son image. Elle prit un morceau de sa chair et le maria aux cristaux qui étaient incrustés dans les troncs d'arbre d'une forêt vaste, situé au nord ouest du monde d'Annálabÿr. Elle modela le tout et créa deux êtres, mâle et femelle, qui lui ressemblaient en tous points. Comme elle, ils étaient de grande taille et avaient de longues oreilles effilées qui se terminaient sur l'arrière du crâne, bien que quelque peu écartées de ce dernier. Ils étaient fins et élancés et aussi pâles que la déesse de la lune. Leurs traits étaient beaux et délicats et ils avaient faim. La déesse tenta de leur donner à manger de la verdure, qu'ils refusèrent. Elle leur proposa ensuite des animaux morts, qu'ils goûtèrent, mais délaissèrent leur viande au profit de leur liquide vital, le sang. Quêliniel réfléchit, puis se décida pour que leurs canines, à l'instar des félins, soient longues et aiguisées à souhait, afin qu'ils aient plus de facilité pour s'abreuver de leur fluide corporel. Satisfaite de son œuvre, elle nomma la femelle Alanis et le mâle Enerion, qu'elle surnomma tous deux « ombres de la lune » en raison de la noirceur de leur chevelure qui contrastait avec la blancheur irréelle de leur peau. Elle leur apprit à parler, à penser et ils se développèrent relativement vite. Ils décidèrent d'ajouter ce surnom à la fin de leur prénom, et le contractèrent en Ombrelune. Ils présentèrent une affinité particulière avec certains animaux, jusqu'à pouvoir communiquer avec eux. La déesse, émue par cette relation, décida que ses enfants seraient désormais liés à ceux qu'ils appelleraient ensuite les « animaux totems ». Leur lien serait si profond que ses enfants produiraient les mêmes sonorités que l'animal auquel ils seraient liés et développeraient des capacités cognitives et physiques similaires. Enfin, lorsqu'ils mourraient, l'animal totem partirait également avec eux et inversement. Aucun des deux ne pourrait vivre sans l'autre.
Ils continuaient de croître, tant par la taille que par la culture, et commencèrent à adopter un mode de vie en symbiose avec les arbres de la forêt. Émue par ce qu'elle considérait comme son chef-d'oeuvre, elle versa des larmes de joie sur la forêt, et un lac se creusa au centre de celle-ci, contenant l'eau magique qui avait perlé de ses yeux. Les troncs, devenus argentés, s'épaissirent et s'agrandirent démesurément avec le temps, et ceux qui désormais avaient créé leur propre langage, décidèrent de se nommer eux-mêmes « les enfants de la lune », ou « Enôrii », contraction d' « enôar », la lune, et de « oriishê », le peuple, les enfants. Ils se baignaient dans l'eau de leur lac sacré, qu'ils appelaient « Quêlnós » ou « larmes de Quêliniel », et à mesure qu'ils le faisaient, se voyaient bénis d'une longue vie qui atteignit quelques siècles, puis plusieurs millénaires. Ils apprirent la magie des éléments et érigèrent une cité au sein même de la forêt, avec leurs habitations à l'intérieur des arbres. Ils bâtirent un temple dédié à leur Déesse mère et lui vouèrent un culte.
Sÿlmenás complimenta sa sœur sur son œuvre, et décida d'utiliser les anges de l'autre monde pour forger une autre race. Elle déposa les premiers spécimens en haut d'une montagne, dissimulée dans les nuages à l'est de la terre, et observa leur développement. Elle prit les nuages pour leur façonner des ailes, qui leur permettraient de voler à l'instar des oiseaux et leur donna des oreilles effilées à la manière des Enôrii. Elle leur apprit les bases de la communication et les laissa se débrouiller durant quelques temps. Très vite, ils construisirent un village caché par les nuages qui s'agrandit jusqu'à devenir une véritable cité d'une grande majesté. La déesse de la Magie, de l'Amour et de la Mort les renomma « Geriyans », de « gero », le peuple, et « yansei », des airs, dans la langue des Dieux. Ils ne fréquentaient guère les vies qui prospéraient sur le sol, et ne descendaient des cieux que pour chasser afin de se nourrir.
Krÿstólis, le dieu du soleil, décida également d'apporter sa contribution à l'expansion des peuples dans le monde. C'est pourquoi il déposa les esprits qu'il avait ramené sur la terre, afin de voir ce dont ils étaient capables. Mais ils se sentaient perdus et ne comprenaient pas ce qu'il leur arrivait. Lorsqu'ils tentaient de prendre quelque chose en main, ils la traversaient. Le dieu soleil observa les autres races qui avaient été créées par ses sœurs, et constata que contrairement aux esprits, les êtres étaient composés de chair, d'os, de muscles et de sang. Il hocha la tête et, avec l'aide de sa fille en mélangeant la terre et le feu, leur donna une consistance physique. Dès lors, les esprits furent plus à même de construire et d'agir avec leur corps et se reproduisirent par la suite. Le dieu soleil appela cette race les « Humains ». Il les aimait et leur apprit à produire le feu, et leur enseigna l'art et la guerre, bien qu'ils n'eurent pas à livrer bataille de suite. Ils apprenaient très vite et s'adaptaient à presque toutes les situations, en plus d'avoir une vie aussi longue que celle des Enôrii et des Geriyans. Mais ils étaient extrêmement fertiles et cette race prospéra, et se dispersa dans les différentes parties est du monde. Ils établirent des hiérarchies et des règles à respecter, et un mode de communication qui devint universel, puisqu'ils étaient la race la plus répandue sur le monde. Le dieu soleil était fier de son œuvre et s'en vanta auprès de ses sœurs, arguant qu'il s'agissait de l'espèce la plus évoluée de toutes. Mais la déesse Sÿlmenás n'apprécia guère cette démonstration de supériorité, alors elle décida de punir cette fanfaronnade trop affirmée. Comme les autres espèces jouissaient d'une longue vie, elle résolut le problème en diminuant celle des Hommes et lorsque le dieu du soleil protesta contre cet affront, elle opta pour prendre également leur âme lorsqu'ils mourraient et ne leur permettraient pas de se réincarner, mais les renverrait au contraire dans le monde d'origine des esprits, un monde vide et immatériel où ils attendraient que la déesse de la mort revienne tous les cinq cent ans afin de vider ce monde du surplus d'âmes humaines. Et le dieu du soleil, bien que furieux de l'acte de sa sœur, ne pouvait rien y faire puisque la mort n'était pas son domaine. Il prit l'initiative de créer une nouvelle race, qui lui appartiendrait pleinement corps et âme : les Orks.
Les Orks furent sculptés à partir de roches et de boue, et durcis par le feu. C'était des créatures fortes dotées d'une puissante et apparente musculature, même chez la gente féminine de cette race, encore plus grands que les humains, mais toutefois moins que les Enôrii ou les Geriyans. Ils étaient surtout trapus et l'on pouvait constater que la couleur de peau qui revenait souvent était le vert clair ou sombre, et aussi le noir d'ébène. Leur chevelure était rude et solide et les canines inférieures étaient recourbées vers les lèvres. Autrefois, les Orks étaient un peuple au caractère impulsif et bagarreur, et ils ne rechignaient jamais pour déclencher des conflits et ce, pour quelque raison que ce soit. Avides de sensations fortes, ils créèrent une tradition qui consistait, chaque année, à faire combattre chaque Ork volontaire, mâle ou femelle, afin d'éprouver leur force contre un autre adversaire. La guerre était et reste encore aujourd'hui toujours leur passion, et ils furent les premiers à livrer bataille contre les deleniens lorsque ceux-ci accostèrent sur leurs terres, et réduisirent les survivants en esclavage. Leur société était basée sur une hiérarchie matriarcale et ils éprouvaient énormément de respect pour la gente féminine, quelques fois plus forte que les mâles. Mais la race humaine ne fut pas uniquement considérée comme n'étant utile que pour les servir. En effet, des nécromanciennes qui sévissaient au sein de ces régions pouvaient réanimer et contrôler les cadavres, qu'elles utilisaient pour aider les Orks à accomplir diverses tâches, ou tout simplement pour qu'ils puissent se défouler sur eux. Ces nécromanciennes se nommaient elles-mêmes « Sorcières des Tombes » et avaient le droit de faire ce qu'il leur plaisait sur le territoire des Orks. Le dieu du soleil était ravi de cette alliance, d'autant que ces femmes narguaient la déesse de la mort en se servant du corps des morts pour leurs propres fins, et Krÿstólis considéra qu'il était vengé de ce que lui faisait subir sa sœur en s'appropriant l'âme des humains lors de leur décès. Sÿlmenas se rembrunit, ressentant de plus en plus d'animosité à l'égard de son frère, et cette colère fit jaillir un nouvel aspect de sa personnalité, un aspect sombre, bercé dans la magie noire et la sorcellerie, que les Sorcières des Tombes vénéraient. Celles-ci la surnommèrent d'ailleurs la Lune Noire, et elles lui juraient allégeance lors du rituel initiatique traditionnel d'entrée dans la Guilde des Sorcières des Tombes, ce qui agaçait la bonne personnalité de la Déesse, obligée de vivre avec son double maléfique à l'intérieur du même corps.
Annálabÿr, sentant qu'il y avait des tensions dans l'air, décida de créer une race neutre et loyale, les Nains. Avec son épée divine, Gunvör, elle frappa la roche par trois fois, et dix statues de petits êtres de pierre surgirent des entrailles de la terre. Elle assena un coup ultime aux statues qui se brisèrent, laissant place à des êtres de chair et d'os. Ils étaient trapus et courts sur jambes, et leur pilosité était très développée, hormis pour les femmes. Ils inspirèrent pour la première fois l'air pur et s'agenouillèrent devant leur déesse mère. Celle-ci appela cette race les « Nains ». Ils étaient de joyeux lurons, travailleurs et se mirent aussitôt à creuser avec les outils que leur fournit la déesse, afin de s'abriter pour la nuit. Leur voix était rocailleuse mais leur tête ronde était aimable et ils furent dotés d'une grande intelligence. Ils ne cessaient de travailler que pour boire et fumer de l'herbe à pipe, chanter et faire la fête. Ils jouissaient d'une espérance de vie de trois à quatre cent ans et se reproduisaient presque aussi vite que les Hommes avec lesquels ils s'entendirent immédiatement, tout comme avec les Enôrii, le Peuple de la Lune. Ils n'avaient que peu d'affinités avec les Geriyans, qui ne descendaient que rarement, et encore moins avec les Orks, contre lesquels ils luttaient fréquemment. Satisfaite, la déesse monde observa ses protégés prospérer sur ses terres et se lier aux autres races. Leur travail achevé, les dieux se firent plus discrets et laissèrent le monde évoluer de façon naturelle.
Mais au fil des ans, certaines espèces ne cessaient d'entrer en conflit, comme les Nains et les Orks, et des guerres plus sanglantes finirent par éclater sur le monde, manquant de le faire courir à sa perte. Les dieux se rendirent compte qu'ils avaient sans doute commis une erreur en donnant la vie à des êtres pensants, et ils se dirent qu'il était de leur devoir de changer le cours des choses, afin d'éviter que d'autres catastrophes ne se produisent. Car ils ne seraient pas toujours là pour régler les problèmes entre les mortels, et ils devaient avoir des subalternes, capables de diriger le monde et de le maintenir en équilibre. En effet, celui-ci était désorganisé, et les différents éléments de la nature se faisaient de plus en plus instables, et des événements désastreux survenaient fréquemment. C'est alors que les dieux optèrent pour créer une nouvelle race, une race moins proliférante mais plus puissante et plus sage, qui permettrait aux mortels de calmer leurs ardeurs et de rétablir l'ordre naturel des choses.
II – De la création de l'Ordre des Douze et des Pierres Sacrées
Afin de résoudre les ravages qui menaçaient de frapper le monde, les quatre divinités choisirent de créer une race nouvelle. Mais ils ne surent se mettre d'accord. Ce fut finalement Quêliniel qui trancha en créant la race des reptiles volants, la plupart dénués d'intelligence, se comportant comme des animaux ordinaires de grande taille, dotés d'une paire d'ailes et d'une peau écailleuse, pourvue d'épines le long de la colonne vertébrale, les wyvernes. Sÿlmenás souhaita qu'ils soient doués d'un esprit vif et sage, Quêliniel les voulut grands et gracieux, Krÿstólis insista pour qu'ils soient puissants et imposants, et Annálabÿr exigea qu'ils soient peu nombreux : ainsi fut créée la race des dragons, très différents des premiers reptiles ailés. Tous se mirent d'accord et s'attelèrent à la tâche, mais une autre question se posa : combien de dragons fallait-il créer ? Encore une fois, Annálabÿr proposa qu'ils en fassent trois chacun, et suggéra qu'ils puissent contrôler l'élément auquel appartenait leur dieu créateur. Quêliniel demanda toutefois s'il était certain qu'ils leur obéiraient au doigt et à l'oeil, bien qu'étant autonomes, une fois que la vie leur serait insufflée. Le dieu du soleil réfléchit, puis leur suggéra de forger des artefacts auxquels ils seraient liés et qui permettraient aux mortels de les contrôler si jamais les dragons choisis venaient à en oublier leur tâche. Les trois déesses trouvèrent l'idée bonne et ils se décidèrent à forger les Pierres Sacrées, au nombre de douze, une pour chaque dragon qui se démarquerait des dragons ordinaires de par leur taille plus imposante et grâce aux pouvoirs dont ils seraient dotés. Les douze Pierres Sacrées furent terminées, et la déesse de la magie les lia à l'âme de chaque Seigneur Dragon, puisque désormais, c'était sous ce qualificatif qu'ils se présenteraient aux mortels et seraient connus et reconnus partout dans le monde. Étant au nombre de douze, les différents peuples du monde décidèrent de donner leurs noms aux douze mois de l'année. Les quatre saisons symbolisaient les quatre éléments de la nature, et chaque Seigneur Dragon fut créé selon l'ordre naturel du monde. L'Ordre des Douze naquit avec les Seigneurs Dragons des Pierres.
Ce fut à la déesse monde d'avoir l'honneur de créer son premier Seigneur Dragon. Il se nommait Seth et était lié à la Pierre du Saphir. Il était le plus austère mais aussi le plus sage de tous les membres de l'Ordre des Douze. La colère était un sentiment qui lui était presque inconnu, car il était toujours d'un grand calme et d'une patience exemplaires. Il était également très endurant et méticuleux dans tout ce qu'il entreprenait et il se trouvait être un excellent conseiller, mesurant toujours le pour et le contre avant de prendre une décision. Il ne laissait jamais paraître ses sentiments, ce qui lui donnait une apparence froide et dure. Il pouvait générer des catastrophes de type éboulement et séismes et était doté d'une force exemplaire. Il était reconnaissable par sa grande taille et par sa peau écailleuse d'un noir d'ébène. Son nom était également celui du premier mois de l'année. La déesse de la Terre décida de lui octroyer un pouvoir spécial, proposant à ses parents et à sa tante de faire de même : Seth avait la capacité de ramener les morts à la vie grâce à son Souffle Sacré. C'était un don sérieux et il ne devait en faire usage que lorsqu'il le jugeait nécessaire et utile.
Puis vint le tour de la déesse de l'Air, qui créa Tian, un Seigneur Dragon femelle, liée à la Pierre Turquoise. Cette créature, malgré une apparente froideur était en réalité dotée d'une grande générosité mais était cependant aisément irritable et pouvait entrer dans des colères aussi foudroyantes que fugaces. C'était un être de contradiction car elle ne tenait jamais en place et sa soif d'aventure la poussait à vivre constamment de nouvelles expériences. Ses écailles étaient d'une jolie couleur mauve et elle possédait plus de piques que ses confrères et consoeurs de l'Ordre des Douze. Elle avait également un pouvoir spécial qui consistait à se rendre invisible, elle ou quelqu'un d'autre. Le deuxième mois de l'année portait son nom.
Galant, le dieu du soleil laissa son épouse donner vie à son Seigneur Dragon : Anthir du Diamant Blanc. Sa couleur bleue reflétait son calme olympien et mettait en exergue sa douceur, comme l'eau à laquelle il était affilié. Doué d'une grande sensibilité, il était très attentif aux autres créatures et semblaient vouloir toujours venir en aide à ceux qui éprouvaient le besoin. Très tolérant et compréhensif, il acceptait plus volontiers de faire des compromis que ses frères et soeurs. En revanche, il n'aimait pas l'agressivité et n'affectionnait guère les querelles intempestives des mortels. Grand bavard qui ayant une nette tendance à monopoliser la parole, il n'extériorisait guère ses sentiments personnels et était d'un naturel très rêveur. Il possédait également un caractère assez orgueilleux mais aussi pessimiste, ce qui le faisait sombrer facilement dans la mélancolie. Il lui fut donné le don de guérir un être vivant par son chant doux et mélodieux, et était le troisième Seigneur Dragon de l'Ordre.
Enfin, le dieu du soleil modela le premier Seigneur Dragon du Feu : Shuruu du Rubis. Ses écailles sanguines et ses yeux farouches montraient bien à quel point cette créature était impulsive et colérique. Très énergique, il se refusait systématiquement au calme, ayant toujours la nécessité d'être actif dans quelque domaine que ce soit. Malgré sa générosité et la passion qu'il mettait dans ce qu'il entreprenait, il pouvait se laisser aller à la violence et à l'arrogance. Il était malgré tout très courageux, pouvant même aller jusqu'à l'imprudence, agissant d'abord et réfléchissant seulement après. Très créatif, il débordait d'imagination et était plein d'enthousiasme. Il s'agissait du Seigneur Dragon le plus nerveux de l'Ordre, mais aussi celui qui savait le mieux conduire une bataille...Le dieu de la guerre lui fit don du pouvoir « Fureur de Vaincre » : ainsi, un seul hurlement de Shuruu permettait de redonner le moral aux troupes et un esprit plus combattif à ces dernières. Il était le plus jeune des quatre Seigneurs Dragons originels.
Vinrent ensuite Arkhas, le Seigneur Dragon de l'Émeraude, affilié à la Terre, Ouros, le Seigneur de la Topaze, affilié à l'Air, Néthys, Seigneur Dragon de la Pierre de Lune et Voröhor, Seigneur Dragon de l'Ambre. Arkhas, doux et modeste, était le Dragon le plus stable psychologiquement parmi les Douze. Difficile à convaincre, il se montrait très borné et casanier. Il n'aimait guère le changement et avait une sainte horreur d'être brusqué dans ses habitudes. Très robuste, il encaissait les coups sans broncher et pouvait entrer dans de terribles colères lorsqu'on le contrariait trop à son goût. Il était très proche de la nature et aimait se promener dans les forêts pour ressentir la paix qui s'en dégageait. Il avait tendance à réfléchir longuement avant d'agir, et était d'une force et d'une résistance remarquables. Il avait un pouvoir surprenant, celui de paralyser chaque être vivant dont il croisait le regard. Mais contrairement aux Basilics, une autre race reptilienne semblables à des serpents géants, il peut maîtriser ce don et donc regarder quelqu'un sans obligatoirement le pétrifier. Ouros, en revanche, n'avait pas la langue dans sa poche. Très diplomate, il s'intéressait de très près au sort des mortels et était très communicatif. Son intelligence vive était très appréciée de ses frères et sœurs, et particulièrement de Tian de la Turquoise, dont il s'est épris. Mais c'était également le plus dangereux des Douze, car le Seigneur de la Topaze avait la faculté de copier les pouvoirs des autres membres de l'Ordre et de les reproduire à la perfection.
Néthys de la Pierre de Lune était une créature extrêmement sensible, aimant la beauté et la douceur. On la voyait souvent à proximité d'un endroit où elle pouvait écouter la musique des mortels et la poésie. Compatissante, elle aimait l'harmonie et était très tolérante envers les autres êtres vivants, quels qu'ils soient. S'imposant difficilement dans un monde dur et réel, cette Dragonne aux écailles aussi blanches que son coeur se complaisait dans le rêve et la méditation. Très pertinente dans ses propos, rien ne lui échappait et elle analysait tout avant de prendre la parole. Si elle était très sensible à l'art et la beauté, en revanche elle abhorrait les combats, pouvant même paraître lâche par moments. À son contact, on sent une douce énergie se diffuser en nous. Elle avait le pouvoir de rendre réel ce qui était issu de l'imaginaire des mortels, il suffisait pour cela qu'elle pénètre leur esprit et sonde leur moindre désir, leur moindre peur, pour les rendre matériels si elle le désirait. Elle fut créée par la déesse de l'Eau, Quêliniel.
Le dieu du Feu créa Voröhor le Magnifique, Seigneur Dragon de l'Ambre. Réputé pour sa ténacité et sa volonté sans faille, cela faisait de lui une créature dominatrice, aimant se pavaner devant les foules pour être adulé. Très fier, il ne supportait pas la moquerie, et la stupidité comme l'inaction étaient des choses qui l'agaçaient au plus haut point. Il partageait l'amour de la bataille de Shuruu, bien qu'il possédât davantage de charisme que lui. Lorsqu'il prenait la parole, il avait le don de captiver son auditoire avec sa voix grave et calme qui se voulait envoûtante. Il était très difficile de résister à son charme et il pouvait emmener qui il voulait où il voulait par ses propos tentateurs. Très loyal, il ne revenait jamais sur une promesse qu'il avait faite, quel qu'en était le prix. Il fut gratifié du pouvoir de double-vue, et avait la faculté de voir le passé, le présent en d'autres lieux, et aussi l'avenir. Son nom fut donné au huitième mois de l'année, date où l'on coupait les blés dans les champs.
Enfin, les dieux terminèrent par quatre autres Seigneurs Dragons. Aneksi, Seigneur Dragon femelle de l'Agathe, affiliée à la Terre. Guère chaleureuse, elle n'hésitait pas à trancher dans le vif lorsque cela s'avèrait nécessaire, sans se soucier des états d'âme d'autrui. Elle privilégiait une approche cassante mais efficace plutôt que de prendre en compte les éventuels sentiments de ses proches ou des mortels. Malgré son caractère peu engageant, elle était appréciée pour son sens du sacrifice. Elle avait pour don d'être totalement immunisée contre la magie des mortels et des autres Seigneurs Dragons. Elle était la seule dont le pouvoir ne pouvait être reproduit par Ouros.
Vint ensuite Aeris, Seigneur Dragon de l'Opale, affilié à l'Air. Très vif intellectuellement, il possèdait énormément de charme et cultivait le goût du luxe et du confort. Doué pour analyser les psychologies diverses, il donnait l'impression de sonder le coeur des mortels. Ne supportant pas d'être enfermé, il s'en allait toujours voler à droite et à gauche, rejetant la monotonie du quotidien. Bien qu'il préfèrait éviter les combats, il se donnait néanmoins corps et âme dans ce tout ce qu'il entreprenait. Il pouvait agir sur la mémoire, en rendant amnésique ou au contraire redonner les souvenirs, et pouvait également en insinuer de sa propre invention à son bon vouloir. C'était à partir du mois d'Aeris que les températures baissaient et que le vent se faisait plus froid.
Callisto était le Seigneur Dragon de l'Améthyste, affiliée à l'eau. Elle possédait une très forte personnalité savait faire preuve de fermeté, voire de méchanceté parfois, lorsqu'elle considérait avoir été poussée à bout de sa patience. Elle était très possessive et combattive, passionnée et dévouée également. Très sensible, elle cachait ce trait de caractère sous une épaisse carapace, mais ce n'était là qu'un leurre. Malgré son caractère ombrageux, elle était une créature qui savait faire preuve de loyauté et de franchise, et qui avait un grand sens du sacrifice.. Elle était capable d'arrêter le temps et de figer toute créature vivante dans un champ d'action de plusieurs centaines de mètres. Elle était le onzième Seigneur Dragon de l'Ordre et la dernière à maîtriser l'élément Eau.
Ce le dieu du Feu qui donna la vie au dernier Seigneur Dragon, et il s'agissait également du dernier mois de l'année. Felÿnco, Seigneur Dragon du Grenat était le dernier membre de l'Ordre des Douze. Elle avait un tempérament fougueux et rebelle, malgré un certain conformisme. Elle se complaisait à entamer plusieurs choses en même temps qu'elle ne finissait pas à chaque fois, étant continuellement en quête de nouveauté. Elle aimait beaucoup voyager et malgré son caractère audacieux, elle gardait tout de même la tête sur les épaules. Très généreuse, elle restait l'une des rares de la race des Dragons à pardonner le mal qu'on lui avait fait ou dit. Sauvage et indomptée, elle était difficile à aborder de par son amour de la liberté et du changement et elle ne tenait jamais en place. Elle était la seule à pouvoir se téléporter, et elle était également dotée d'une grande célérité, plus rapide encore que les Seigneurs Dragons de l'Air, qui étaient pourtant les meilleurs en vol. Le mois de Felÿnco était le plus glacial de l'année, mais était également très ensoleillé sur divers endroits du monde, notamment dans l'hémisphère sud.
III – De la naissance des grandes nations humaines
Une fois qu'ils en eurent terminé avec leurs créations, les dieux confièrent leur monde aux Seigneur Dragons, puis se firent de plus en plus rares, jusqu'à ne plus apparaître aux yeux des mortels que dans leurs songes ou par des signes visibles dans la nature. Les Seigneurs Dragons des Pierres sont désormais les Gardiens du monde d'Annálabÿr et veillent à la prospérité de celui-ci. Ils ont par ailleurs dû intervenir à plusieurs reprises afin d'apaiser les races ou les clans qui se combattaient afin de restaurer la paix sur les territoires. Les dieux leur bâtirent un domaine, Cœur de Feu, qui se situait dans les Landes Éternelles, au sud est du monde. Il s'agissait d'un volcan immense qui ne s'éveillerait jamais, entre une chaîne de montagne, et en haut duquel les divinités disposèrent une pièce suffisamment grande pour accueillir les Douze en même temps. Sur le sol, il y avait une place attitrée à chaque Seigneur Dragon, avec une pierre précieuse du même ordre que leurs Pierres Sacrées, indiquant l'endroit où ils devaient se tenir lors de leurs conseils. Au fil des âges, les mortels se regroupèrent et formèrent des nations délimitées par des frontières, nations gouvernées par des rois et des reines, tantôt bons, tantôt cruels et avides de pouvoir, qui créèrent des alliances ou au contraire se firent des ennemis éternels. Ils adoptèrent comme langue commune à toute race celle des Humains, plus nombreux et dominants dans le monde. Quatre grands royaumes humains naquirent, quatre grandes nations prospères et puissantes. L'an zéro annonça la fondation du premier royaume humain : le royaume du nord, Argoth, fut bâti par le roi Luderik le Glorieux, qui privilégia une armée basée sur la cavalerie lourde. L'emblème de la nation représente par ailleurs un cheval noir se cabrant majestueusement, sa crinière dans le vent, entouré d'étoiles d'or sur un tissu rouge. Il fit bâtir la capitale de Thenarÿs et la ville de Fenwÿn, laquelle se trouvait à proximité de la Forêt des Murmures, réputée pour sa dangerosité. Le roi Luderik mourut en combattant le royaume du milieu, Beneryl, et son fils lui succéda. Des milliers d'années plus tard, en l'an quatre mille trois-cent douze, c'est le roi Eremir le Bel qui dirige les terres d'Argoth, avec une attention particulière pour le bien-être de son peuple. Mais s'il est aimant avec les natifs d'Argoth, il est en revanche très hostile au Beneryl, et à l'entrée de tout étranger non humain, à l'exception des Nains qu'il apprécie beaucoup.
Le Delenör fut le second royaume humain à émerger des terres fertiles du continent sud est du monde, en l'an quinze, dirigé par le premier monarque, Elsédor, dont l'esprit artistique fut reflété dans l'architecture des villes, constituées de splendides tours et de demeures de pierres blanches, sculptées avec soin et dont les toits étaient faits d'or ou d'argent. Les murs immaculés donnaient au Delenör une grandeur pareille à nul autre royaume, hormis peut-être celui de Lareagan, situé de l'autre côté de l'Océan des Âmes Éternelles, mais ce qui faisait le prestige du royaume venait surtout du commerce maritime et de l'élevage des pégases, gracieux équidés couleur de neige aux ailes larges et puissantes. En l'an vingt-cinq de cette ère, le seigneur Elsédor envoya quelques dizaines de ses sujets par la mer, afin de découvrir les terres de l'ouest. Nombreux furent ceux qui s'établirent dans le Caaldiran, mais ils furent soumis progressivement à la volonté des Orks et des Sorcières des Tombes. Ils ne purent jamais revoir leur patrie, car ceux qui tentaient de s'échapper étaient mis à mort et leur cadavre réanimé et contrôlé par la sororité de nécromanciennes. Le monarque actuel du Delenör est le seigneur Barohir, fils de Lonared de Delenör, décédé quelques mois plus tôt. Encore jeune et naïf, il lui reste beaucoup à apprendre afin d'assumer pleinement les fonctions de roi.
Le royaume humain des terres de l'ouest, Lareagan, est situé à proximité du royaume de la Forêt d'Argent, ou Fëanör, telle que la nomment les Enôrii, enfants de Quêliniel. Autrefois, il s'agissait du royaume de Caaldiran, dans lequel les Orks s'étaient installés et dans lequel ils avaient réduits les humains en esclavage, à l'exception des Sorcières des Tombes qui avaient bâti une forteresse en ces terres. Mais les Orks, avides de richesses, décidèrent de piller les ressources de Fëanör, provoquant le courroux des Enôrii qui répliquèrent aussitôt. Une longue bataille s'en suivit, qui opposa les natifs de la Forêt d'Argent et les Nains qui leurs étaient alliés aux Orks, aidés des Sorcières des Tombes et de leurs Morts-Vivants. Cette bataille débuta en l'an cent-douze et ne s'acheva que six ans plus tard, grâce à l'intervention du Seigneur des Airs Ouros, qui bannit les Orks et les Sorcières des Tombes de Caaldiran, et ceux-ci furent contraints de prendre la mer et de chercher asile ailleurs. Ils furent violemment rejetés du royaume d'Argoth, mais accueillis dans le royaume du milieu, Beneryl. Les Hommes, les Enôrii et les Nains clamèrent leur joie d'en être sortis victorieux, et les Hommes décidèrent de faire de Caaldiran leur nouveau royaume. Ils nommèrent leur premier roi, Cynérus, qui était celui qui avait dirigé les Hommes lors de l'affront, et celui-ci rebaptisa le royaume en Lareagan. Les Nains vécurent longtemps parmi eux, avant de s'en aller vers le sud, là où se trouvait le domaine des Seigneurs Dragons. Mais les relations entre les Enôrii et le peuple de Lareagan s'étiolèrent avec le temps, car les natifs de Fëanör prirent goût au sang humain, qu'ils trouvaient meilleur que celui des animaux. De nombreux cadavres de lareagiens furent découverts, totalement vidés de leur sang. Les tensions augmentèrent entre les deux royaumes, et Arsénio, descendant direct du premier souverain, déclara la guerre aux Enôrii en l'an quatre mille cent-douze. Les Nains intervinrent dans la bataille, et une trêve fut signée entre Fëanör et Lareagan. Le rempart de Brumefer fut construit, délimitant la frontière entre les deux territoires, et les allées et venues furent minutieusement contrôlées.
Les Orks et les Sorcières des Tombes s'adaptèrent au mode de vie du peuple de Beneryl, et les Sorcières des Tombes s'installèrent à proximité de la Bouche de l'Enfer, un volcan fréquemment en éruption, protégeant leur forteresse par des sortilèges complexes afin de se tenir à l'abri des roches en fusion. La reine des Orks parlementa avec le roi de Beneryl, qui après plusieurs décennies, proposa le partage du royaume. Il gouvernerait l'ouest du territoire, avec la ville de Thaleb pour capitale, tandis que la reine Ork régnerait sur Dashar, qui devint la capitale de l'est. Les métissages entre Orks et humains se firent plus nombreux, jusqu'à ce que les Orks se sentent pleinement chez eux, à Beneryl. Le royaume était surtout rocailleux et de nombreuses terres étaient stériles, et une impression de noirceur semblait planer perpétuellement au-dessus du royaume. De même, l'architecture des villes était à l'image du territoire, austère et oppressant. En revanche, l'arrivée des Orks a redonné au royaume une ambiance plus festive, étant donné qu'ils sont très portés sur l'alcool et la fête. La Grande Beigne, fête annuelle qu'ils célèbrent depuis toujours et basée sur les combats à mains nues et relativement violents, est d'ailleurs très populaire au Beneryl, et à présent l'on peut même constater que des humains y participent. Cela permet d'entretenir les relations amicales entre les deux espèces qui n'ont jamais été aussi bonnes qu'actuellement. Le roi humain régnant de nos jours se nomme Osbern le Sage et la reine Ork, Grimshärk la Sombre. Tous deux se voient fréquemment, et des rumeurs courent sur un éventuel mariage entre les deux souverains, afin de réunir le royaume en un seul, ce dont Hommes et Orks se félicitent et les tavernes ne furent jamais aussi remplies qu'en ces jours.
Rassurés sur l'évolution des différents mortels qui foulaient ces terres, les Seigneurs Dragons décidèrent de revenir passer plus de temps dans leur domaine des Landes Éternelles, ne le quittant qu'à quelques reprises pour se tenir au courant sur les évènements qui survenaient au sein du monde d'Annálabÿr. Seuls quelques conflits qui ne méritaient pas leur attention se produisaient de temps à autre, qu'il considérait normaux de la part d'êtres inférieurs tels que les mortels. Les dieux firent une ultime apparition sur le monde, afin de se tenir au fait de la vie de leurs protégés et pour disséminer dans les quatre coins du monde leurs armes respectives. Ces armes, forgées par la Déesse Monde Annálabÿr, avaient la faculté de détruire les Pierres Sacrées et aspirer l'âme des Seigneurs Dragons opposés à l'élément de la divinité qui maniait la lame dans cette dernière. La déesse de la Terre avait forgé quatre armes : Gunvör, son épée qui, dans le langage des Nains signifiait « l'avisée au combat », la même lame sertie d'émeraudes qui avait donné la vie aux Nains. Elle pouvait détruire les Pierres des Seigneurs Dragons de l'Eau. Elle forgea une autre épée, celle de son père, incrustée de rubis : Jeriwen, la « Sanglante ». Elle pouvait briser les Pierres des Seigneurs Dragons de l'Air. La Déesse Monde offrit ensuite à sa mère une longue lame incurvée et à la garde ornée de pierres de lune : Elrédia, qui pulvérisait les Pierres des Seigneurs du Feu. Et enfin, elle donna à Sÿlmenás un sceptre élégant qui annihilait les Pierres des Seigneurs de la Terre. Après les avoir dissimulé dans des endroits spécifiques, ils quittèrent le monde en espérant ne plus avoir à intervenir, afin d'en chercher de nouveaux dans les confins de l'univers. C'est en l'année quatre mille trois-cent douze du monde d'Annálabÿr que commence l'histoire des Chroniques d'Annálabÿr et les récits relatant les évènements troublants qui survinrent à cette époque, marquée par l'Ombre.
Voilà pour le prologue. Critiquez-moi ! J'attends vos avis Affectueusement, Coyote.
Dernière édition par Coyote le Sam 18 Aoû 2012 - 17:16, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 12:35 | |
| Voici également le premier chapitre : - Spoiler:
Chapitre 1 *~*~* La Prophétie des Brumes Parmi les territoires du monde d'Annálabÿr, il y avait, à l'ouest de la planète, une terre que l'on nommait les Landes Éternelles. Il y avait des montagnes dentelées, et un pic, noyé dans les nuages qui était baptisé « Pic des Brumes ». Là haut, à l'insu de tous, se réunissait la guilde des Sorcières des Brumes, un cercle très hermétique composé uniquement de femmes qui flirtaient avec les éléments de la nature. Elles vénéraient Sÿlmenás, la Déesse de l'Amour, de la Mort et de la Magie, et avait des statues à son effigie à l'intérieur d'un temple bâti sur le flanc du Pic des Brumes. Elles étaient également réputées pour percer les mystères de l'avenir en déchirant le voile des Brumes, dont l'enseignement n'était réservé qu'aux plus initiées des sorcières.
Chaque année, la Matriarche des Brumes, Tamaris Terendûr, mandatait dix sorcières à travers le continent, afin de repérer les enfants qui seraient les plus à même de suivre ce qu'elles appelaient la « Voie des Brumes » et les succéder lorsque la Déesse de la Mort viendrait les chercher. Elles prenaient des petites filles âgée de dix à vingt ans au plus tard, qu'elles emmenaient avec elle avant de commencer leur formation. Elles ne devaient jamais revoir leur famille durant leur initiation et ne quitter l'enceinte de la Guilde qu'en compagnie de leur mentor. Par ailleurs, les Sorcières elles-mêmes n'en sortent que rarement, sauf pour aller cueillir des plantes spécifiques ou acheter du parchemin et de l'encre nécessaires pour leurs rituels, ou encore rechercher d'antiques artefacts.
Chaque Initiée, à son arrivée dans la Guilde des Brumes, reçoit des objets spécifiques qui l'aideront dans sa progression au fil des ans. Ainsi, elles reçoivent une athamée qui sert à contrôler les entités néfastes qui peuvent survenir au cours des rituels, communément appelées « Larves » pour les plus inférieures, ou « Démons » pour les plus puissantes et difficiles à se débarrasser. Elles reçoivent aussi une bolline, qui est une petite serpe à manche noir destinée à couper les herbes et les plantes pour les potions. Avec leur baguette, taillée dans le meilleur bois de noisetier, réputé pour canaliser au mieux les énergies, elles invoquent des entités bénéfiques, lancent des charmes et tracent les cercles de protection pour les rituels. Un fouet leur est offert également, et il représente l'acceptation de la souffrance et permet d'entrer dans de nouveaux plans spirituels en passant outre la douleur ressentie dans le corps. Les Initiées reçoivent un pendentif représentant un pentagramme, dont la pointe principale est dirigée vers le haut, pour symboliser les énergies positives -contrairement aux Sorcières des Tombes, qui elles, en portent un dont la pointe est dirigée vers le bas- et leur offre une protection contre les entités néfastes et accroît leurs pouvoirs. Enfin, la traditionnelle bure grise à capuchon représente leur rang au sein de la Guilde, en tant qu'Apprenties.
Les Sorcières des Brumes sont une sororité qui fut créée il y a des centaines d'années par la première sorcière qui maîtrisa la magie des Brumes, Naya Querillian. Elle instaura un code à respecter à tout prix, au sein de la guilde et si l'éthique n'était pas suivie, le bannissement de cette dernière était inéluctable. De cette façon, les règles à suivre sont « Fais ce qu'il te plait, tant que cela ne blesse personne, à moins que cette personne ne l'ait mérité », « Honore tes aînées et sois courtoise avec tes paires », « Honore la Déesse de la Magie, mais respecte tout autant les autres membres du panthéon », « Si tu dois combattre, fais-le sans haine aucune, mais avec compassion et miséricorde envers tes adversaires », et enfin, le plus important sans doute « Ne révèle point à autrui ce qu'en ces lieux tu as appris ». Tel est l'enseignement des Sorcières des Brumes.
Notre histoire débute avec une Sorcière des Brumes connue sous le nom de Fenwyn Voronil. La jeune femme âgée tout au plus d'une trentaine d'années, paraissait soucieuse dans son regard d'un vert perçant. Elle s'avançait au centre d'une pièce emplie de chandelles et cinq sorcières traçait un cercle de protection aux contours rougeoyants avec leurs baguettes. Fenwyn psalmodiait dans une langue inconnue d'étranges paroles et entrait dans le cercle, ses cheveux sombres en cascade pour seul masque de sa nudité. Ses yeux prirent une teinte blanche étincelante tandis qu'elle entrait en transe. Ses consoeurs étaient à genoux et récitaient en choeur, faisant onduler leurs bras pour appeler des forces inconnues. Fenwyn fut secouée de spasmes, elle tomba au sol sans que les autres femmes ne lui viennent en aide. Des chuchotements surgirent dans sa tête, suivis de formes effrayantes, puis de flash successifs présentant des images tout aussi terrifiantes. Fenwyn ne sut combien de temps elle demeura là, étendue sur le sol poussiéreux de la pièce. Les images s'étaient estompées, tout comme les voix venues d'outre-tombe qui l'avaient assaillie auparavant. Haletante, elle rouvrit ses yeux qui avaient reprit leur couleur habituelle et se redressa. On lui lança sa bure brune et elle se rua, pantelante, pour aller prévenir la Matriarche des Brumes, Tamaris Terendûr. Ce qu'elle avait vu avait une valeur capitale.
Elle monta à toute allure les escaliers en colimaçon qui menaient jusqu'aux appartements de la Matriarche des Brumes. Cette dernière était sans aucun doute occupée, car elle avait demandé à ce que personne ne la dérange aujourd'hui, mais Fenwyn n'en avait cure. En effet, elle savait que si elle tardait à apporter de telles informations, Tamaris lui en voudrait beaucoup plus que si elle l'avait dérangée. C'est la raison pour laquelle, arrivée devant sa porte, elle frappa plusieurs coups successifs, puis sans attendre de réponse de la part de la Matriarche, pénétra en trombe dans la pièce. Tamaris sursauta légèrement, reposant ses parchemins, et toisa Fenwyn de son regard bleu d'acier, les lèvres pincées de frustration. D'un signe de tête, elle l'invita à s'approcher, et la température de la pièce semblait s'être soudainement refroidie. N'importe qui se serait trouvé mal à l'aise en présence d'une Tamaris Terendûr vaquant à ses occupations habituelles, mais Fenwyn n'en fut nullement perturbée.
— J'espère que vous avez quelque chose d'important à me dire pour m'avoir dérangée, Fenwyn... » dit-elle d'une voix grinçante.
Fenwyn acquiesça et s'assit en face d'elle, pendant que Tamaris leur servait un thé, pour elle-même et Fenwyn. La porte sembla se refermer d'elle-même sous le simple regard de la Matriarche, qui incita Fenwyn à prendre la parole. La discussion dura longtemps, et l'on ne voyait que Tamaris qui hochait la tête, en fronçant les sourcils, et perdant le peu de couleur qu'il lui restait. Malgré le sérieux de son regard, elle était très jeune, paraissant avoir une vingtaine d'années tout au plus, bien qu'en réalité elle fut bien plus vieille que cela. Durant les prémisses de sa vie adulte, elle avait effectué un voyage relativement dangereux dans le domaine de Fëanör. Elle avait eu vent des propriétés étonnantes d'un lac qui se trouvait au cœur de ce que les autochtones nommaient « Fëanör», dans leur langue natale, traduit sous le nom de « Forêt d'Argent », et qui était sacré pour ce peuple.
Quand elle était plus jeune, Tamaris avait fait toute la traversée depuis les Landes Éternelles, qui se trouvent tout au sud, jusqu'au rempart de Brumefer, qui délimite la frontière entre le royaume de Lareagan et celui de Fëanör, et était passée outre celui-ci, trompant la vigilance des gardes grâce à la magie des Brumes, avec l'un des pouvoirs qui lui permettait d'endormir momentanément les esprits. Elle avait donc pénétré dans un lieu redouté et...interdit.
En effet, si les autochtones de la Forêt d'Argent -ou Fëanör- étaient réputées pour être le plus gracieux des peuples, on disait également d'eux qu'ils étaient des animaux brutaux, des buveurs de sang, aussi célestes que le vent et aussi sanguinaires que la plus cruelle des créatures. Cela avait d'ailleurs engendré des guerres entre Lareagan et Fëanör des siècles auparavant, qui furent cependant résolues par une trêve mince et fragile, sur le point de se briser à tout moment. Et c'est dans ce lieu, à la fois magique et maudit, que s'aventurait seule la jeune Tamaris Terendûr, future Matriarche des Sorcières des Brumes...
Si une boule persistait dans son ventre à cause de la peur qu'elle éprouvait au fond d'elle-même, elle devait toutefois reconnaître que les arbres étaient d'une grande majesté, avec leur tronc argenté qui donnait son nom à Fëanör, et qui étaient incrustés de cristaux qui reflétaient la lueur des deux astres lunaires et donnait à la Forêt d'Argent cette aura de mystère. On disait également que dans cette forêt sévissaient certains animaux d'une taille anormalement élevée, et aussi dangereux les uns que les autres. Elle avait également eu vent de rumeurs qui disaient que c'était l'eau du lac sacré du Peuple de la Lune, qui leur conférait une croissance aussi étonnante, et donnait aux autochtones une vie incroyablement longue. Et c'était précisément l'objectif de la jeune sorcière : recueillir un échantillon de ce merveilleux liquide.
Elle s'était déjà profondément aventurée au cœur de la forêt, et tentait, tant bien que mal, de conserver son sang-froid. Elle ne saurait dire pour quelle raison, mais elle se sentait épiée. Elle jetait de furtifs coups d'oeil en direction des arbres dont le feuillage dissimulait toute présence malvenue et elle crût voir de temps à autre des yeux étincelants percer parmi les feuilles. Frissonnant de tout son corps, elle se ressaisit néanmoins, et continua sa traversée, axant ses pensées sur des éléments plus positifs, avant de parvenir à une clairière.
Au fond de la clairière, un chêne immense, plus gros encore que tous les arbres qu'elle avait pu voir, se tenait là, à quelques dizaines de mètres. Ses racines trempaient dans une eau aux reflets bleutés et argentés, de laquelle s'émanaient des sons étranges, des bourdonnements incessants mais non assourdissants. En s'approchant davantage, elle se sentit comme hypnotisée par ce qui s'en dégageait. La peur paraissait l'avoir définitivement quittée et un sentiment de jouissance naquit en elle, un espoir nouveau qui l'enveloppait de son manteau tiède et chaleureux. Jamais encore elle n'avait ressenti les émotions avec autant d'intensité, malgré tout ce qu'elle avait pu apprendre chez les Sorcières des Brumes. Elle n'aurait elle-même su décrire précisément le bonheur qu'elle éprouvait, à se trouver là, à quelques centimètres du Lac Quêlnós, qui, dans la langue des Enôrii, signifie « le Lac des Larmes de Quêliniel ». Quêliniel était bien sûr, la déesse de la Lune, de la Fécondité et de la Nature qui avait créé les Enôrii, le « Peuple de la Lune » comme ils se nommaient eux-mêmes, « enôar » signifiant « lune » et « oriishê » « le peuple ». Tamaris n'avait jamais eu la chance -ou la malchance- d'en rencontrer, mais l'on disait d'eux qu'ils étaient également très hospitaliers avec ceux qui avaient leur confiance. Et voler un échantillon de l'eau du lac sacré n'était certainement pas le meilleur moyen pour se lier d'amitié avec eux, hélas !
Supputant qu'il était inutile de s'émouvoir davantage devant l'étrangeté de l'eau, Tamaris ramena sa besace devant ses pieds et en extirpa un flacon qui pouvait contenir un demi litre d'eau. Lorsqu'elle plongea sa main dans le lac, elle ressentit une tiédeur peu commune au contact de l'eau, puis elle attendit que le flacon se remplisse. Elle en prit un autre et fit de même, avant de les ranger tous deux dans son sac et de repartir furtivement en abattant son capuchon qui lui arrivait au milieu de son visage.
— Mataï heshû kárrtis, Enôamas ! gronda une voix sèche.
Tamaris sursauta brusquement et jeta un regard dans la direction de laquelle provenait cette voix si dure qui parlait dans une langue inconnue. Elle ouvrit de grands yeux bleus en s'apercevant que l'un des natifs de Fëanör pointait une flèche dans sa direction, ses iris d'un rouge flamboyant rivés sur elle dans une lueur qui n'avait strictement rien de rassurant, découvrant ses longues canines et produisant un son qui s'assimilait à celui d'un serpent. À ses côtés, un serpent noir vint lui escalader le corps pour venir s'enrouler en écharpe autour de ses épaules, montrant lui aussi les crocs à l'étrangère. Il y eut un craquement de branches mortes, et un bruit léger d'un poids qui tombe vint s'ajouter, et une autre créature s'avança dans sa direction, prêt à tirer lui aussi si elle esquissait le moindre mouvement. Un chien de chasse vint se poster à ses pieds, prêt à bondir lui aussi. Autant dire que la jeune femme se trouvait en très mauvaise posture, d'autant que même un archer médiocre n'avait aucune chance de la manquer à cette distance...alors deux archers Enôrii ! Leur vision était si perçante qu'ils pouvaient abattre un rat dans le noir à deux cent mètres, à ce que l'on disait. Elle déglutit avec difficulté, les mains placées au-dessus de sa tête, et s'agenouilla, en signe de soumission. Elle se trouvait face à deux Enôrii, des sentinelles, et fut impressionnée par leur grande taille. Ils devaient tous deux avoisiner les deux mètres vingt de hauteur, et ils semblaient redoutables dans leur amure de cuir qui n'entravaient en rien leurs mouvements fluides et rapides et leurs yeux si particuliers, rouges pour le premier qui lui avait parlé, et mauves pour le second. Tamaris supposa que les animaux qui les accompagnaient devaient être leurs Totems. Elle avait brièvement lu que chaque Enôrii possédait un animal Totem, avec lequel ils étaient constamment en contact mental. Elle avait également entendu qu'ils pouvaient prendre leur apparence, et que ce pouvoir se nommait « Aspect Totem ». Les Sorcières des Brumes pouvaient avoir des Totems également, se liant avec un animal par la Magie des Brumes, mais ne pouvaient pas en revanche se métamorphoser comme ils le faisaient. Les Enôrii réussissaient le processus de métamorphose au bout de longues années de pratique, qui aboutissait généralement au terme d'un siècle. L'Enôrii aux yeux mauves abaissa son arc et la fit se relever violemment en la prenant par le bras. Il planta un regard froid dans celui de la jeune humaine et lui adressa la parole dans la langue natale de la jeune femme, mais avec toutefois un fort accent sur les voyelles et en roulant les « r ».
— Tu vas venir avec nous, humaine, et nous te conduirons devant nos souverains pour qu'ils décident de ton sort. Prie pour qu'ils décident de te livrer à nous, et non aux Drëkhass, ce sera plus rapide et moins douloureux. Mais je doute que le Seigneur Arthax et la Dame Ghalÿa Ombrelune soient aussi magnanimes envers une créature inférieure telle que toi...
Tamaris écarquilla les yeux et trébucha légèrement lorsque l'Enôrii fit demi-tour, la tenant dans une poigne d'acier par le bras, son compagnon fermant la marche. Des larmes commençaient à perler le long du visage de la sorcière et son corps était secoué de tremblements incontrôlables. Des Drëkhass... Ainsi-donc, ce qu'avait subit les Argothiens des siècles plus tôt était véridique ? Il ne fallait pas s'étonner qu'ils soient définitivement ennemis des Enôrii, vu ce que ces derniers leur avait fait subir ! En effet, près de quatre mille ans auparavant, une expédition provenant du royaume d'Argoth, des terres de l'est, avait tenté de piller les richesses de Fëanör, comme les Orks le firent bien avant eux. Les Enôrii, fiers et tenaces, ripostèrent derechef et firent des prisonniers. Ils en livrèrent une dizaine à leurs terrifiantes Drëkhass, des créatures aussi sanguinaires que repoussantes, ressemblant à s'y méprendre à un croisement entre des araignées, avec leurs longues pattes velues, et des sauterelles, hérissées de pics, avoisinant les trois mètres de hauteur pour un mètre cinquante de large et deux mètres cinquante de long. C'était de véritables machines à tuer sur le champ de bataille, et ce sont les Enôrii qui en font l'élevage. Les dresseurs et les Cavaliers Drëkhass portent toujours un sifflet de bois en pendentif autour de leur cou, produisant un son inaudible pour l'oreille humaine et qui paralyse les Drëkhass, les forçant à se soumettre à leur cavalier. Elles possèdent de grandes dents d'une vingtaine de centimètres, qui peuvent broyer un crâne sans problème. Lorsque des natifs désobéissent à certaines règles, ou que des inconnus pénètrent à Fëanör clandestinement, ils sont amenés devant les souverains Arthax et Ghalÿa Ombrelune, qui décident de leur sort. La pire sentence est sans conteste le Jugement des Drëkhass, ce qui signifie que le prisonnier est livré à ces viles créatures dans l'arène, et dévoré vivant devant tous. C'est ce qui se produisit avec les Argothiens. Dix d'entre eux furent jetés vivants aux Drëkhass, pendant que leurs confrères regardaient le massacre, impuissants puisque maintenus par les Enôrii. Ils furent reconduits à leur navire et les monarques insistèrent pour que les survivants racontent à leur peuple ce qu'il s'était passé et qu'ils devraient réfléchir à deux fois avant d'offenser le Peuple de la Lune. Depuis ce jour, les Enôrii ne subirent plus aucune attaque de la part du royaume d'Argoth.
Je dois trouver un moyen pour m'échapper avant d'arriver chez leurs souverains, songea Tamaris, le teint blafard de terreur.
Elle jeta un bref coup d'oeil par-dessus son épaule. L'Enôrii aux yeux rouges la lorgna du regard et elle détourna aussitôt le sien en frissonnant. Elle pouvait peut-être faire appel à la Magie des Brumes pour s'échapper...
Elle ferma les yeux, se laissant guider par l'Enôrii qui la maintenait toujours avec fermeté, et s'immergea dans les mystères de la Voie des Brumes. Elle ramena contre elle la main qui était libre et récitait dans sa tête des incantations. Progressivement, des volutes de fumée apparurent dans sa main et se compactaient de manière à former une boule qui grossissait à vue d'oeil avant de devenir opaque. Ses contours scintillaient faiblement au départ, avant de devenir de plus en plus intenses. Un sifflement s'émanait de la boule d'énergie et l'Enôrii qui marchait devant s'arrêta, perplexe. Un brouillard épais commençait à les envelopper tous les trois et la créature aux longues oreilles effilées eût à peine le temps de se retourner que la sorcière lui lançait avec force son projectile magique en plein cœur. Il lâcha la sorcière et fut projeté sur plusieurs mètres, noyé dans la brume. Tamaris donna un violent coup de pied dans l'entrejambe de l'autre Enôrii qui vacilla sous la douleur, et elle sortit son athamée pour l'égorger ensuite. Elle en profita pour prendre la fuite à toutes jambes, s'écorchant dans les ronces de la forêt, les mains maculées du sang de la créature.
Elle psalmodiait dans sa course folle, s'essoufflant de plus en plus et ne s'arrêta de courir qu'au bout de quinze longues minutes qui lui parurent des siècles. Elle termina son invocation en traçant un cercle autour d'elle avec sa baguette magique, et les Brumes répondirent à son appel, la dissimulant de tout ennemi, de toute créature vivante qui habitait la forêt. Elle était sauve pour quelques heures seulement et elle s'assit sur le sol, s'adossant à un arbre pour reprendre son souffle, l'athamée dans une main et la baguette dans l'autre. Le pentagramme qu'elle avait en pendentif scintillait d'une lueur argentée, ce qui signifiait que la Magie des Brumes était toujours opérationnelle.
L'Enôrii qui avait reçut la boule d'énergie se releva, quelque peu sonné et jeta un regard noir tout autour de lui. Il huma l'air et sentit l'odeur du sang, fraîchement sortit du corps. Il sentit aussi que ce n'était pas celui de la sorcière, mais celui de son congénère. Il n'entendait plus non plus les battements de son cœur et il s'avança en tâtonnant pour trouver la dépouille de son ami. Il le trouva gisant dans une mare de sang, la main au niveau de sa gorge qui bâillait avec une profonde entaille, ses yeux rouges grands ouverts et vides. Le chien poussa un couinement plaintif pour avertir son ami qui tourna la tête. En portant son regard dans la direction qu'indiquait son Totem, il vit celui de son ami, le serpent noir, mort également, puisque le lien qui les unissait autrefois avait été rompu par la mort de l'Enôrii aux iris sanguins. L'Enôrii qui avait survécu essuya une larme qui perlait de son œil et murmura une prière à Sÿlmenás, la Déesse de la Mort, et à Quêliniel, la mère des Enôrii. Après quoi, il porta le corps de son compagnon sur ses épaules, tandis que son Totem prenait avec délicatesse le serpent mort dans sa gueule, et ils repartirent tous deux en direction d'Enáwen, la Cité de la Lune, capitale et ville unique des Enôrii.
La Magie des Brumes finit par s'estomper et elle dévoila Tamaris qui s'éveilla de sa torpeur. Elle se redressa, et courut aussi vite qu'elle put, cherchant la lisière de la Forêt d'Argent pour rejoindre le rempart de Brumefer. Les gardes l'interceptèrent et la placèrent dans une cellule, de laquelle elle s'échappa quelques jours plus tard après avoir repris des forces, et elle déroba un cheval dans les écuries du royaume de Lareagan.
Elle revint soulagée et fière de son exploit au Pic des Brumes, ramenant son précieux butin dans ses appartements. Elle goûta cette eau si spéciale et étudia ce qu'il en restait des années durant, afin de découvrir ses autres propriétés. Mais à mesure que le temps passait, elle se rendit compte que son apparence n'avait en rien changé. Pas une seule ride n'apparut sur son visage et elle demeura telle qu'elle était à ses vingt ans. Après l'élection de la Matriarche qui devait se faire tous les trente ans, elle fut elle-même retenue pour assumer ce rôle qu'elle tient depuis dix ans à présent. Elle fut reconnue pour sa bravoure et ses recherches fructueuses au sein de sa guilde et ses actes resteront à jamais dans les archives de la Guilde des Brumes...
*~*~*
Fenwyn salua la Matriarche des Sorcières des Brumes et sortit de ses appartements, pour regagner les siens, encore ébranlée par sa vision. Tamaris, quant à elle, prit un parchemin, et après quelques instants de réflexion, trempa la plume dans l'encre noire pour écrire sur le papier. « De la Matriarche des Sorcières des Brumes, à Barohir, seigneur du royaume de Delenör.
L'Ombre s'étend sur les terres de l'est, à présent. La Pierre de Topaze a été dérobée, et le Seigneur des Airs est passé au pouvoir de Celle qui fait danser les morts. Elle les guide, et ils hurlent leur faim de chair fraîche. Les chevaux ailés tombent les uns après les autres. La grande Cité de la Mer sombrera prochainement dans le chaos. La mort et la destruction seront votre lot. Vous devrez être prêts lorsque le Seigneur de la Topaze et les Âmes de l'Ombre s'abattront sur vous. Bientôt les Brumes vous viendront en aide, par-delà les océans. Vous n'êtes pas seuls. Mais n'oubliez pas vos autres alliés de l'ouest. Appelez-les. Rassemblez-les. Réveillez le courage de l'Annálabÿr.
Que les Brumes veillent sur vous. » Tamaris relut sa lettre et la plia avant de faire couler de la cire dessus. Elle la frappa du sceau de la Guilde des Brumes, connu de tous. Le pentagramme sacré. Ainsi, le seigneur du Delenör ne pourrait avoir de doute quant à la provenance de la lettre. Tamaris attacha la lettre à la patte d'un corbeau qui somnolait auprès de la cheminée, et le fit s'envoler par la fenêtre, en lui murmurant l'adresse. Après un croassement sonore, il prit la direction des terres de l'est, afin de porter le message à son destinataire... Bientôt, le monde serait chamboulé par la guerre et les catastrophes naturelles qui en découleraient... Le Seigneur Dragon Ouros était connu comme étant le plus dangereux de l'Ordre des Douze, et si la Matriarche des Sorcières des Tombes avait réussi à mettre la main dessus, il y avait peu de place à l'espoir...
Dernière édition par Coyote le Jeu 16 Aoû 2012 - 17:07, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 12:43 | |
| Suivi du deuxième... - Spoiler:
Chapitre II *~*~* La demeure des Lÿrargent
Fëanör, également appelée « Forêt d'Argent » par le commun des mortels, était sans conteste l'une des plus belles merveilles que ce monde possédait. Qui n'eût jamais rêvé, qu'il soit Ork, Humain, Nain ou Geriyan, de fouler cette terre sacrée, n'eût jamais rêvé de s'émouvoir devant la magnificence des arbres immenses et argentés, dont les cristaux qui reflétaient la lueur des étoiles et des deux lunes, donnaient à Fëanör cette beauté irréelle ? Car il s'agissait bien là d'un territoire unique en son genre, et empli de poésie et de charme. Nous ne parlons pas seulement de l'environnement, ni de l'imposante Enáwen, ou « Cité de la Lune », mais également des natifs de ce mystérieux endroit, dont la beauté envoûtante n'avait d'égale que leur grande arrogance. Ces êtres se nommaient eux-mêmes le « Peuple de la Lune » ou encore « Enfants de la Lune », qui dans leur langue natale se traduisait par « Enôrii », car celle qui leur avait insufflé la vie n'était autre que la déesse Quêliniel, qui était également le nom de l'un des deux astres lunaires qui parcouraient le ciel à la nuit tombée. Quêliniel était tombée amoureuse de ces créatures de grande taille, dont la hauteur se situait en moyenne vers les deux mètres pour les mâles, et atteignait le mètre quatre-vingt pour les femelles, au minimum. Ils étaient pourvus d'oreilles effilées d'une quinzaine de centimètres, et de longues canines qu'ils utilisaient pour s'abreuver du sang de leurs proies. Leur peau, aussi pâle que la lune, avait par ailleurs la faculté de luire légèrement lorsque les lunes jumelles apparaissaient dans la nuit, ce qui les rendait encore plus beaux qu'à l'ordinaire. Leurs cheveux et leurs yeux pouvaient être de n'importe quel coloris possible, et tout leur corps n'était que grâce et finesse. Mais ce qui donnait du caractère au physique avantageux de ces êtres hors du commun, était l'arrogance, le sentiment de supériorité qui se lisait aisément lorsque l'on croisait leur regard farouche. Mais ils n'étaient pas seulement de splendides créatures qui transpiraient la suffisance, non. Ils pouvaient également être très hospitaliers pour ceux qui étaient leurs alliés, leurs amis. L'Enôrii n'est pas fourbe par nature, ni ingrat. Une fois leur confiance acquise, on la conserve à jamais. Mais si on trahit ce pacte d'amitié...il est préférable de mettre soi-même fin à ses jours ou de prier pour que jamais ils ne retrouvent votre trace. Car les Enôrii n'oublient pas les vieilles alliances, ni les vieilles rancunes, par ailleurs. C'est la raison pour laquelle les Orks ne sont et ne seront plus jamais les bienvenus sur ces terres, ni les natifs du royaume d'Argoth. De toute manière, rares sont les créatures pensantes qui peuvent pénétrer à Fëanör et en ressortir indemnes.
Mais ce qui faisait la particularité des Enôrii, venait du fait qu'ils étaient liés à des animaux, que l'on appelait « Totems ». En effet, lorsque les enfants atteignent l'âge de dix ans, ils doivent se réunir autour du lac Quêlnós (le lac des Larmes de Quêliniel), où les attend l'Oracle, une Enôrii ayant la particularité de déchiffrer les murmures de la Déesse Quêliniel, et le reste du Peuple de la Lune. L'Oracle leur apposera des glyphes protecteurs sur le torse avec la sève du Chêne Éternel, l'arbre le plus massif de Fëanör dont les racines baignent dans le Lac Sacré, pour que Quêliniel veillent sur eux durant toute la durée de leur quête du Totem. Les enfants s'élanceront dans la forêt, et se laisseront guider par leur instinct afin de découvrir l'animal qui leur sera lié et ne devront pas revenir sans lui. Mais s'ils le trouvent, dès l'instant où leurs regards se croiseront, ils seront illuminés par la grâce de Quêliniel et le lien mental se créera aussitôt. Ils pourront ainsi communiquer mentalement, et à leur retour au Lac, l'enfant sera presque considéré comme un membre à part entière du Peuple de la Lune et l'Oracle lui gravera sa représentation sur une partie du corps de son choix. Grâce à son Totem, il commencera à émettre les mêmes sonorités que l'animal auquel il est lié lorsqu'il sera sujet à de fortes émotions, et avec de l'entraînement, pourra se métamorphoser en une créature de l'espèce du Totem. Cette capacité se nomme « Aspect Totem ». Généralement, il accomplit totalement ce phénomène au terme de cent longues années. Il développera les mêmes capacités cognitives que lui et communiquera avec les autres membres de sa race. Toutefois, cette proximité est à double tranchant. Car si le Totem vit le même nombre d'années que l'Enôrii, il mourra si ce dernier est tué. Aucun des deux ne peut vivre sans l'autre, puisque bien qu'ayant deux corps et deux esprits différents, ils partagent en revanche la même âme. Si un Totem se fait abattre, son Enôrii mourra peu de temps après, et inversement. Lorsque l'Enôrii aura totalement achevé sa transformation, il se choisira le nom par lequel les Enôrii l'appelleront. Traditionnellement, il optera pour la race de son Totem et la couleur de l'animal dont il peut prendre l'apparence. Mais les Enôrii ne sont pas les seuls à avoir un Totem avec eux... En effet, les Sorcières des Brumes, grâce à un rituel spécifique, peuvent se lier également à un animal, mais celui de leur choix, contrairement aux Enôrii, car ce n'est pas un élément naturel pour elles. Toutefois, elles ne pourront pas exécuter l'Aspect Totem car elles ne seront jamais aussi liées que les Enôrii aux leurs, et ne vivent pas suffisamment longtemps pour espérer accomplir le processus dans son intégralité. De même, si leur Totem est tué, elles ne mourront pas grâce à la superficialité du lien mental.
Mais certains Totems ne restent pas constamment auprès des Enôrii, car ils sont parfois de taille imposante. Le lien mental ne s'altère pas avec la distance, et les Enôrii peuvent toujours les rejoindre au cœur de la forêt, en sortant de la Cité de la Lune. C'est ainsi que Cassandre Ombrelune s'était rendue dans une clairière, afin de rejoindre le sien, Gröwn...
Cassandre Ombrelune était une jeune Enôrii âgée d'un peu plus de cinq cent ans, et était l'aînée de la famille royale Ombrelune. Elle avait les yeux d'un bleu de saphir et les cheveux d'un noir de jais, comme son père, les lèvres fines et sanguines de Ghalÿa ainsi que la douceur de ses traits, et ne portait jamais autre chose que des robes, bien qu'il lui arrivât de temps à autre de se vêtir de manière plus fonctionnelle. Sa démarche gracieuse et aérienne mettaient en exergue son caractère insouciant et pétillant, et entre ses seins, attaché à un cordon noir et fin, dansait un ocarina de bois. Elle se dirigeait vers une clairière et, humant l'air frais qui venait lui caresser la cascade de ses cheveux sombres, elle décida de s'asseoir au pied d'un arbre. Elle prit son ocarina et souffla dans les trous pour ôter la poussière qui s'était accumulée et pouvait nuire à la bonne sonorité de l'instrument, et lorsque cela fut fait, le porta à ses lèvres et entonna une mélodie. Ses doigts fins et pâles semblaient danser en modifiant leur emplacement sur l'instrument. Cassandre avait clos ses yeux et paraissait en transe alors qu'une musique douce, puis rythmée s'élevait dans la forêt. Même les oiseaux semblaient s'être tus pour écouter cette merveille musicale, si douce et si entraînante en même temps, une musique semblable à nulle autre.
Un hurlement lupin vint accompagner la musique sauvage et quelques secondes plus tard, une ombre gigantesque surgit des arbres au fond de la clairière, suivie de près par une créature encore plus immense. Quiconque l'eût vu aurait pris peur et se serait enfui en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, mais Cassandre ne fit que rouvrir ses yeux bleus, jetant un regard affectueux à la grande bête qui se rapprochait d'elle avec lenteur. La bête s'ébroua lorsqu'elle ne fut qu'à quelques centimètres de la princesse qui cessa de jouer et rangea son ocarina dans sa robe. Elle tendit la main et caressa l'épaisse fourrure noire du loup géant qui avoisinait les deux mètres de hauteur et la toisait de ses grands yeux dorés. Grognant de plaisir sous les caresses, il enfouit son museau dans le creux du cou de l'Enôrii, avant de s'écrouler lourdement à ses côtés. La belle créature aux yeux de saphir s'allongea contre lui et lui sourit tendrement. Il s'agissait de Gröwn, un Chantelune comme les nommaient les Enôrii, les différenciant avec cette appellation des loups ordinaires de par leur taille imposante. Il n'y avait que quatre meutes dans Fëanör, et Gröwn était le fils de Tanek, le Chantelune dominant de la meute ouest de Fëanör. Cassandre se remémorait encore la première fois qu'elle avait vu Gröwn, un moment qui la marquerait à jamais. Elle avait eu peur de lui jusqu'à ce que leur lien se crée, et avait mis un certain temps avant de pouvoir exécuter convenablement l'Aspect Totem, qui pour elle se traduisait par une métamorphose en une magnifique louve blanche aux yeux d'or, moins grosse cependant que ne l'était Gröwn, mais à peine plus grande qu'un loup mâle ordinaire.
Tu n'es pas si matinale, habituellement
Cassandre sourit à Gröwn et lui répondit à son tour dans son esprit.
Le palais est calme en ce moment. Je n'avais donc rien de mieux à faire que de venir me distraire ici...
Gröwn se redressa sur ses pattes et poussa un grondement sourd qui se voulait affirmatif. Il s'ébroua et tourna sa tête dans la direction opposée en humant l'air. Il poussa une longue plainte qui donna des frissons à Cassandre, et peu de temps après, une masse noire fit son apparition, et un tigre au pelage noir parsemé de blanc de la taille de Gröwn se présenta à eux, suivi d'une petite troupe de bébés tigres. L'un d'eux se détacha du groupe et fonça sur Cassandre qui s'agenouilla pour réceptionner la petite boule de poils noire. Elle le gratta derrière les oreilles, s'amusant de ses petits ronronnements de contentement. Le tigre noir s'approcha de Cassandre et posa sa truffe sur son front, avant de détourner son regard et de communiquer avec Gröwn. La princesse n'entendait pas les pensées du tigre, puisqu'il n'était pas son Totem, mais elle entendait celles du Chantelune à la fourrure d'ébène. Manifestement, Nakaïh, le tigre noir, mettait en garde son vieil ami contre quelque chose qui échappait à la princesse. Elle fronça les sourcils et sentit une douleur aiguë dans son doigt qui la fit grimacer. Le petit félidé l'avait mordue, lui réclamant d'autres caresses qui mettaient trop de temps à arriver à son goût. Les autres commençaient d'ailleurs à escalader l'Enôrii comme ils le pouvaient, dans un concert de miaulements aigus, sous le regard paternel de Nakaïh et l'amusement du Chantelune.
Très bien. Je te remercie, Nakaïh. Soyez prudents, toi et tes petits...
Le tigre poussa un rugissement et ses petits le rejoignirent aussitôt. La petite troupe se volatilisa dans les fourrés, sans doute pour retourner sur leur territoire. Gröwn poussa un hurlement et trottina vers Cassandre qui le toisait d'un œil interrogateur.
Alors...?
Alors tu devrais rentrer au palais, Princesse. Il y a quelque chose qui s'agite à proximité. Nakaïh venait nous prévenir de rester sur nos gardes et te conseille d'aller te réfugier au palais. J'irai prévenir les Totems des Sentinelles pour que ces dernières redoublent de vigilance...
Cassandre soupira mais finit par acquiescer. Elle avait l'habitude que l'on s'inquiète pour elle pour un oui ou un non, et d'ordinaire, elle était constamment surveillée, ce qui était à la longue, frustrant. De ce fait, elle devait user de stratagèmes pour pouvoir quitter le palais sans gardes à ses côtés qui n'avaient le don que de la mettre mal à l'aise. Lorsqu'elle serait reine de Fëanör, elle avait bien l'intention de modifier quelques unes des règles instaurées, et celle-ci était incontestablement en tête de liste. De plus, elle se doutait bien que les gardes ne devaient pas être très heureux d'être contraints de surveiller les moindres faits et gestes des enfants des souverains Ombrelune. Eldakhar, le frère cadet de Cassandre, était d'ailleurs passé maître dans l'art de l'esquive et de la dissimulation, ce qui étonnait sa sœur aînée. Les Enôrii ayant un ours pour Totem ont généralement le même caractère que celui-ci, et sont plutôt maladroits et balourds. Mais manifestement, Eldakhar était l'exception qui confirmait la règle, car il avait acquis au fil des années une grande expérience pour éviter les gardes et pouvoir faire à peu près tout ce qu'il voulait sans se faire prendre sur le fait. Mais la princesse soupçonnait que si les gardes faisaient moins attention à Eldakhar, cela venait probablement du fait que son jeune frère n'était pas l'héritier direct du trône et qu'il n'en aurait pas la charge à la mort des souverains Ombrelune, contrairement à Cassandre. Être l'aînée d'une fratrie de trois enfants était avantageux car on prenait plus en considération ses propos, mais elle était également deux fois plus surveillée, ce qui l'agaçait continuellement. Elle avait même l'impression que les gardes étaient encore plus attentifs qu'avant, et ce, depuis la disparition de sa jeune sœur, Sÿlmenás. Cette dernière, après avoir fait son initiation -qui est un passage obligatoire avec la découverte du Totem, se déroulant de vingt à trente ans- avec son ancien mentor, s'était engagée chez les Sorcières des Tombes et ne revenait que rarement à Fëanör. Mais depuis une cinquantaine d'années, les Ombrelune n'avaient plus aucune nouvelle de leur benjamine. On pouvait alors aisément comprendre qu'ils aient mis en place une vigilance plus poussée.
Cassandre poussa un profond soupir mettant en évidence la grande lassitude qu'elle éprouvait. Elle enviait les autres Enôrii qui jouissaient d'une plus grande liberté et vivaient leur vie de manière insouciante. Elle aurait aimé être comme eux et ne pas avoir l'impression d'être une enfant que l'on devait protéger en permanence. Par ailleurs, elle eût un petit sourire de satisfaction en imaginant la panique des gardes qui ne devaient pas savoir où elle se trouvait en cet instant. C'était certes assez immature comme réflexion, mais le vase allait bientôt déborder si cela continuait ainsi. Son frère n'aimait pas cela, lui non plus, mais il se consolait en faisant la cour aux femmes Enôrii et s'amusait de leurs tentatives désespérées pour le faire tomber sous leur charme de manière sincère et durable. Mais depuis quelques temps, il était attirée par le chef de la garde royale, Arya Lÿrargent. Cassandre comprenait aisément son choix et savait qu'il était sincère, mais cette femme était bien trop méfiante pour se laisser amadouer par les belles paroles d'Eldakhar. Et encore une fois, c'était compréhensible. Il passait tellement de temps à séduire de pauvres femmes que sa crédibilité était au plus bas. La princesse leva les yeux au ciel et sauta lestement sur Gröwn qui prit aussitôt la direction de la Cité de la Lune.
Le Chantelune arpentait la forêt d'un pas tranquille, tandis que Cassandre avait ressortit son ocarina et improvisait une mélodie sur le petit instrument, pas plus gros qu'un oiseau. Les arbres semblaient se mouvoir avec grâce tandis que le vent s'insinuait en douceur dans leur épais feuillage d'émeraude. Les quelques oiseaux qui chantaient sur les branches semblaient s'être tus pour écouter la berceuse de la princesse Enôrii. Gröwn fit claquer ses puissantes mâchoires pour tenter de happer un écureuil qui venait de lui filer sous le nez, et Cassandre dût se rattraper à la fourrure de son ami pour ne pas se faire désarçonner. En levant les yeux, elle se rendit compte que Gröwn s'était dirigé sur le Lac Quêlnós, dont l'eau émettait des lueurs d'un argent légèrement bleuté. Plus loin, le Chêne Éternel se tenait là, aussi fier et puissant qu'à son habitude, ses racines plongées dans les eaux sacrées. Il était présent depuis des temps immémoriaux, et ne cessait de croître au fil des siècles, grâce à la magie de l'eau, les larmes de Quêliniel. Car selon la légende, la Déesse Quêliniel, émue par la beauté des enfants qu'elle venait de créer, les Enôrii, versa des larmes de joie qui creusèrent la terre et formèrent un lac, dont l'eau recelait des propriétés magiques. Les Enôrii s'y abreuvent, tout comme certains animaux de la forêt, et c'est cette eau qui donne au Peuple de la Lune sa longévité et sa haute taille. C'est également la raison pour laquelle on peut voir des animaux géants arpenter la belle Fëanör, et les Enôrii ont pour coutume de plonger leurs skêlz, longues dagues légèrement incurvées dont la lame argentée mesure une cinquantaine de centimètres. Imprégnés par l'eau du Lac Sacré, les skêlz deviennent indestructibles et émettent la même lueur que l'eau du Quêlnós. Elles peuvent traverser presque n'importe quelle matière et ne peuvent être détruites qu'en étant jetées dans la lave du volcan Cœur de Feu, endroit où se réunissent les Seigneurs Dragons des Pierres ou dans la Bouche de l'Enfer, dans le Beneryl. Cassandre n'avait jamais vu de ses propres yeux l'une de ces puissantes et nobles créatures, mais savait qu'Arthax Ombrelune, son père, avait eu la chance de voir la belle Néthys de la Pierre de Lune, durant sa jeunesse. Cette splendide dragonne d'une blancheur éclatante était fille de Quêliniel également, et l'élément qu'elle contrôlait était par conséquent l'Eau. Arthax avait eu la chance de vivre de belles aventures avec elle et la dragonne, qui avait développé une relation amicale et de confiance avec le roi de Fëanör, lui avait fait un présent très précieux, qu'il n'était pas prêt d'oublier. Mais Cassandre n'avait jamais su de quoi il s'agissait, et après de multiples tentatives pour le forcer à révéler ce secret sans succès, elle avait fini par abandonner le harcèlement, voyant que cela était parfaitement inutile. Mais au fond de son cœur, elle avait toujours l'espoir de le découvrir un jour...
Cassandre, voyant que Gröwn avait l'intention de se désaltérer dans l'eau du lac, mit pied à terre et décida de faire trempette également. Ils n'étaient plus très loin d'Enáwen, de toute façon, et elle entreprit de se dévêtir puis plongea ses longues jambes dans l'eau fraîche du lac. Elle nagea sur quelques mètres puis plongea la tête dans l'eau. L'eau était son élément naturel, le tatouage représentant le glyphe enôrii à côté de son nombril en témoignait. Quand un enfant venait au monde chez les Enôrii, on le présentait à l'Oracle qui l'immergeait dans l'eau du Quêlnós après avoir entendu les paroles de la Déesse des Enôrii, et lui gravait le glyphe d'un des quatre éléments naturels, qui déterminerait également le caractère dominant de la personnalité de l'Enôrii. Ainsi, Cassandre, qui était de l'élément Eau, était d'une nature calme et sereine, mais pouvait également devenir aussi sauvage et colérique que des torrents déchaînés. Les Enôrii pouvaient contrôler dans une certaine mesure l'élément auquel ils étaient affiliés, et c'est ainsi que la princesse s'amusait à changer le courant de l'eau, et maintenait entre ses mains une boule d'eau qui tournait sur elle-même avec douceur.
Gröwn esquiva sans difficulté la boule d'eau que son amie avait tenté de lui envoyer en pleine figure. Poussant un grondement sourd, il se jeta à son tour dans l'eau pour se venger de cet affront, mais il devait bien avouer qu'il était loin de nager aussi rapidement que la princesse. Celle-ci s'éloignait en riant, projetant des jets d'eau sur Gröwn qui continuait de gronder. Avoir un loup aussi énorme à ses trousses qui montrait les crocs, avait de quoi effrayer beaucoup de monde, mais l'Enôrii savait que ce n'était que pour jouer.
Le Chantelune s'arrêta subitement et tourna la tête pour regarder en direction d'un bosquet. Cette fois, il ne put éviter la boule d'eau qu'il se prit en pleine face. Arrête, calme-toi. J'ai senti quelque chose d'étrange.
Cassandre cessa aussitôt et s'immobilisa. Elle huma l'air à la manière de Gröwn et sentit effectivement une odeur nauséabonde. Inquiète, elle sortit de l'eau et se rhabilla prestement, suivie de Gröwn qui s'ébroua pour mieux se sécher la fourrure. Il s'avança à pas de loup, se dirigeant grâce à l'odeur, et Cassandre se colla à lui. Elle ignorait pour quelle raison, mais son cœur s'était mis à battre à un rythme plus élevé. Elle poussa un hurlement strident lorsqu'une grosse masse noire jaillit d'entre les arbres sans prévenir qui sauta sur Gröwn. Le Chantelune poussa un jappement aigu alors qu'il basculait sur le côté.
— Gröwn ! Hurla Cassandre, effrayée.
Elle poussa un cri d'effroi lorsque l'araignée mordit à pleines dents le Totem qui poussa un couinement plaintif. En regardant la patte antérieure droite de son Totem, elle se rendit compte qu'il était blessé.
— Gröwn ! répéta la princesse.
Sans réfléchir, elle se jeta à son tour sur le monstre qui avait assailli son Totem, mais fut éjectée sans difficulté par une pince énorme qui venait de la frapper au niveau de l'abdomen. Elle roula sur plusieurs mètres dans l'herbe, clignant des yeux pour reprendre ses esprits et en tournant son regard en direction du Chantelune, elle s'aperçut qu'il se battait contre une araignée aussi grosse que lui, si ce n'était davantage. Ils auraient dû écouter l'avertissement de Nakaïh et ne pas s'attarder près du lac. La princesse n'avait pas ses skêlz et ne pouvait donc pas se défendre contre cette bête gigantesque aux pinces redoutables. Elle ramassa une branche morte qui traînait dans l'herbe et, repartant à l'assaut de l'araignée, se mit à la frapper de toutes ses forces avec la branche qui se brisa sous l'impact. Mais cela avait suffit pour détourner l'attention de l'araignée qui avait décidé de se charger de l'Enôrii, plutôt que du Chantelune. Celui-ci gisait d'ailleurs sur le sol, assommé.
Cassandre comprit son erreur, et sans plus tarder se mit à courir de toute la vitesse de ses jambes, mais cela n'était pas aisé à cause des ronces et des troncs morts qui ralentissaient sa course. Ils n'étaient pas un problème pour l'araignée qui les détruisait sans difficulté dans sa course, et la distance qui séparait l'Enôrii de l'araignée s'amenuisaient de seconde en seconde. Le cœur battant, Cassandre n'avait plus qu'une seule chose en tête : survivre. Elle n'avait pas non plus le temps de songer à un plan de secours, car la priorité était de courir. Elle n'aurait pas non plus eu le temps de sauter sur un arbre pour se reposer, car la bête était vraiment trop proche pour y parvenir sans se faire attraper la jambe. L'araignée accéléra davantage et tenta de planter ses pinces dans le corps de la princesse, qui ne parvenait pas à taire le sentiment de panique grandissant qui menaçait de lui faire perdre tout moyen et de sombrer dans l'inconscience. Le vent fouettait son visage de nacre tandis qu'elle reprenait de la distance, mais sa course fut vite stoppée par une racine sur laquelle elle trébucha en poussant un gémissement. Elle se redressa aussi vite qu'elle le put, se déchirant la peau de la joue sur une ronce qui lui laissa une fine cicatrice, et galopa de plus belle, l'araignée toujours sur ses talons. Cassandre tourna brièvement la tête pour évaluer la distance entre elle et la bête, sauta par-dessus des branches mortes qui lui faisaient obstacle. Un craquement sonore lui indiqua qu'elles avaient été détruites par la créature tenace, qui n'était visiblement pas décidée à laisser s'échapper sa proie. Cela était frustrant, car habituellement, c'était les Enôrii qui étaient les prédateurs, et non l'inverse. Mais la princesse doutait pouvoir vider l'araignée de son sang aussi aisément... L'araignée géante redoubla d'ardeur et donna un violent coup de pince dans le creux des reins de l'Enôrii. Celle-ci poussa un cri de douleur et fut projetée en avant, et roula sur plusieurs mètres. La bête se tenait à présent devant elle et se cabra, agitant ses pinces, et s'abattit de tout son poids sur Cassandre.
Un rugissement qui résonna dans la forêt retentit alors, et un tigre totalement noir bondit au-dessus du corps de la princesse, percutant l'araignée de plein fouet. Les deux créatures entamèrent une lutte sans merci mais une fois de plus, l'araignée semblaient beaucoup plus puissante que le tigre. Cependant, le félin réussit à déstabiliser l'arachnide en lui assénant un violent coup de patte sur la tête qui lui creva trois yeux. Elle recula en stridulant de douleur et le tigre noir en profita pour tourner sa grosse tête vers Cassandre qui se mit sur son séant. Quelques secondes plus tard, le tigre noir avait disparu pour laisser place à une Enôrii. Elle s'approcha de Cassandre et la fit se relever avec douceur. La princesse la connaissait bien, puisqu'il s'agissait d'Arya Lÿrargent, commandante de la garde royale d'Enáwen. Elle était reconnaissable par son épaisse chevelure d'ébène qui lui tombait en cascade jusque dans le creux de ses reins, la robustesse de son corps, même pour une Enôrii, mettait en exergue les longs siècles d'entraînement et son aptitude au combat, et enfin ses magnifiques yeux d'or en amande qui scrutait le visage de la princesse d'un air inquiet.
— Comment vous sentez-vous, Eninyä ? Murmura-t-elle.
« Eninyä » se traduisait dans la langue humaine par « Votre Majesté ». Le terme enôrii était un mélange de « enôar » ou la « lune » et « inyä » qui signifiait « blanc », « pur ». Comme les Enôrii vouaient un culte à la déesse de la lune Quêliniel, et que les souverains étaient aimés et respectés, presque considérés comme divins, on leur donnait de ce fait ce titre pour leur montrer leur dévotion.
— Je vais bien, merci, Arya. Comment m'avez-vous... Commença Cassandre. — Nous n'avons pas de temps à perdre, je vous expliquerai plus tard. Partez, allez vous réfugier au palais, je vais la retenir le temps qu'il faudra. Votre vie vaut plus que la mienne, rétorqua prestement Arya sans reprendre son souffle.
Cassandre hésita, observant Arya qui sortait ses skêlz de leurs fourreaux et se préparait à combattre l'arachnide qui la chargea, rendue folle de rage. La commandante esquissa une roulade sur le côté pour éviter l'araignée qui fit claquer ses mâchoires furieusement, et, postée devant le tronc d'un arbre, attendit qu'elle chargeât de nouveau, ce qu'elle fit sans plus attendre. La téméraire Enôrii sauta sur une branche au dernier moment, secouée par le choc de l'araignée qui venait de percuter le tronc, et se laissa tomber de sorte à se retrouver juste derrière la tête du monstre, à califourchon. Là, elle lui planta ses skêlz dans le crâne, mais l'araignée se jeta contre le tronc qu'elle venait d'abîmer afin d'écraser la jeune femme. Celle-ci poussa un cri de douleur et tomba sur le côté. L'araignée la prit entre ses pinces et entreprit de faire pression sur son corps. Cassandre commençait déjà à entendre craquer les os de l'Enôrii qui se débattait et hurlait de douleur. Si elle n'agissait pas maintenant, Arya serait perdue, et elle aussi par la même occasion.
— Cassandre ! Fuyez ! Ne...restez pas..là !
Bien entendu, ce serait mentir de dire que Cassandre n'avait pas été tentée de s'enfuir en sachant qu'elle serait la prochaine victime de la bête. Certes, elle était une princesse, elle ne s'était pas énormément battue au cours des longs siècles qu'elle avait vécu, et bien sûr, comme tout le monde, elle avait ses craintes. Mais une vie était en jeu. Comment se sentirait-elle en abandonnant une personne au sort funeste qui l'attendait ? Parviendrait-elle à vivre avec ce triste spectacle sur la conscience ? Bien sûr, la mort chez les Enôrii n'était pas quelque chose d'aussi dramatique que dans d'autres cultures. Car les Enôrii croyaient fermement en la réincarnation de l'âme et c'était pour cela qu'ils brûlaient leurs morts au centre du lac Quêlnós, car selon eux, la seule manière de permettre à l'âme de quitter le corps du défunt et de se réincarner était par le feu, synonyme de purification pour le Peuple de la Lune. Il existait même un rituel, la « Nâmen-tahna » ou en langue humaine « suicide, mort volontaire », qui consistait à se donner la mort lors d'une cérémonie lorsque l'on avait perdu un être cher, afin de se réincarner en même temps que l'être aimé dans la prochaine vie. Il n'était certes pas obligatoire, mais les Enôrii qui le désiraient pouvaient le pratiquer. Toutefois il serait faux de dire que les Enôrii sont détachés vis-à-vis de la mort. Elle les atteint tout autant, les fait souffrir, mais pour eux elle est quelque chose de naturel, une chose sur laquelle on ne doit pas s'éterniser. Une fois la souffrance passée, il faut la laisser de côté, tout simplement, et avancer. Mais si elle peut être évitée lorsque c'est possible, alors il faut tout donner pour secourir son prochain. C'est ce que fit Cassandre, au détriment des supplications d'Arya pour qu'elle retourne au palais.
L'Enôrii aux yeux d'or avait laissé tomber ses skêlz sur le sol, et Cassandre les ramassa. Elle avait appris à s'en servir, comme tout Enôrii qui se respecte, mais n'en avait pas fait son métier, préférant se concentrer sur la fonction d'aède. Elle se jeta sur la bête et trancha l'une de ses pattes, ce qui eût pour effet de libérer Arya de son emprise, et se glissa sous son corps pour lui transpercer l'abdomen. Elle n'appréciât que moyennement et tandis qu'Arya, endolorie, se relevait péniblement avec l'aide de Cassandre, l'arachnide les chargea.
— Aspect Totem, vite ! s'écria Arya.
Cassandre et Arya se changèrent respectivement en une louve blanche aux yeux d'or et en un tigre noir, aux yeux dorés également, et prirent la fuite sans demander leur reste, l'arachnide à leurs trousses. Un rugissement du tigre indiqua à Cassandre qu'il fallait tourner à droite, et elle emboîta le pas à la tigresse noire. Toutes deux sautèrent avec grâce par-dessus des troncs cassés, suivies péniblement par l'araignée qui commençait à s'épuiser avec toutes ses blessures. Les deux Enôrii sous forme totémique se dirigeaient vers le lac Quêlnós où tout avait commencé. Arya reprit son apparence habituelle, imitée par Cassandre dont le cœur était sur le point d'exploser. La faisant tressaillir, Arya se tourna brusquement vers Cassandre.
— Vous êtes de l'élément eau également, il me semble, non ? — Oui, c'est exact..., répondit Cassandre, décontenancée par la question. — Parfait. Nous allons lui tendre une embuscade.
Arya eût un petit sourire qu'elle adressa à Cassandre, et la princesse tourna la tête en direction du lac. Oui...la noyade, une mort qui comptait parmi les plus horribles... Mais elles devaient se dépêcher car l'araignée se rapprochait dangereusement de ses proies. Arya plongea dans l'eau du lac et entreprit de former une barrière en concentrant son esprit, tandis que Cassandre formait une boule d'eau entre ses mains, qu'elle intensifia de manière à ce qu'elle soit aussi grosse que sa propre tête. Lorsque l'arachnide fut assez proche d'elle, elle lui envoya une déflagration relativement violente qui eût le don d'énerver davantage la bête, et poussa celle-ci à se ruer dans sa direction. Cassandre n'eût pas à réfléchir davantage car elle prit ses jambes à son cou et sauta à pieds joints dans l'eau, et rejoignit Arya derrière la barrière. Elle renforça cette dernière avec son propre pouvoir et enveloppa l'araignée dans une cage d'eau. Les deux Enôrii réunirent leurs forces et abaissèrent la cage d'eau dans le lac. Dès lors, l'arachnide se débattit, sentant que l'eau allait être synonyme de mort, et fit claquer ses pinces. Les deux femmes durent maintenir leur pouvoir pendant quelques minutes avant que l'araignée ne devienne totalement immobile, et ne se retrouve sur le dos, les pattes recroquevillées contre son corps velu. Cassandre et Arya purent enfin relâcher leur emprise sur la bête et après un dernier effort pour faire un effet levier grâce à l'eau et en faire sortir le cadavre, elle revinrent sur la terre ferme. Arya, épuisée, s'écroula sur le sol, une blessure assez conséquente au niveau de l'abdomen. Du sang s'en écoulait abondamment et elle allait mourir si la princesse ne faisait rien. Mais comme tout Enôrii, la maîtrise de son élément naturel lui permettait également de soigner les blessures dans une certaine mesure. Elle s'agenouilla près d'Arya, posa sa main gauche sur la blessure et la main droite dans l'eau pour en puiser l'énergie. Une lueur bleutée se dégageait de ses deux mains, et peu à peu, la blessure se refermait et devint de moins en moins visible, et lorsqu'elle eût fait tout ce qu'elle pouvait pour la guérir, Cassandre s'effondra à son tour dans l'inconscience.
À son réveil quelques heures plus tard, la princesse de Fëanör eût la surprise de constater qu'elle n'était plus sur le sol boueux de la forêt, mais au contraire dans un lit confortable avec un nombre d'oreillers plus qu'acceptable pour lui soutenir sa tête douloureuse. Elle cligna faiblement des paupières et se redressa difficilement en gémissant. Elle avait l'impression que son corps entier était engourdi, comme si elle ne s'en était pas servi durant plusieurs mois. Elle devait avoir fourni une trop grande quantité d'énergie pour exercer son sort de soin, ce qui pouvait expliquer cette sensation de lourdeur. La princesse jeta un coup d'oeil circulaire sur la pièce dans laquelle elle se trouvait. Une chambre élégante et raffinée, dans une armoire quelques rares robes et des tenues de cuir plus fonctionnelles. Elle sursauta lorsque l'on vint frapper à la porte de la chambre, et Arya fit son apparition, souriante. Elle s'inclina devant elle, une robe à la main.
— Je suis heureuse que vous ayez retrouvé vos esprits, Eninyä. Vous m'avez fait une belle peur lorsque je me suis réveillée et que je vous ai vue inconsciente à mes côtés. Ne sachant que faire, j'ai décidé de vous ramener chez moi, avec l'aide de Gröwn...
L'Enôrii s'approcha de la fenêtre et tendit le bras pour montrer à la princesse que son Totem se trouvait là, en bas de l'arbre qui, comme pour chaque Enôrii, était la demeure d'Arya. Les escaliers étant fabriqués pour supporter le poids de plume du Peuple de la Lune, ne pouvaient par conséquent porter le Chantelune qui poussa un hurlement pour saluer la princesse. Cassandre se leva péniblement et s'approcha de l'encadrement de la fenêtre, afin voir Gröwn. À ses côtés, Nakaïh était présent mais sans ses petits. Tous deux semblaient heureux de constater qu'elle allait mieux. Elle n'était certes pas au meilleur de sa forme, mais du moins elle était encore en vie, là était l'important. Elle entreprit de mettre la robe qu'Arya lui avait apportée, car la sienne était tâchée de sang, de boue et déchirée par endroits. Si elle rentrait dans cet état au palais, on allait la harceler de questions auxquelles elle n'avait vraiment aucune envie de répondre... Un bruit de pas légers venait de faire irruption dans la chambre et les deux femmes se retournèrent de concert pour faire face à un Enôrii que Cassandre n'avait pas vu depuis son dernier cours de maîtrise des armes. Il avait un visage jeune et d'une grande beauté, comme tout Enôrii, des cheveux noirs en bataille coupés à la base du cou, des yeux bleus et rieurs, un air charmeur. Il s'agissait ni plus ni moins que du père d'Arya, Elezar Lÿrargent, Maître d'Armes royal. C'est lui qui avait la charge de former les jeunes enfants, et surtout les enfants de la famille royale, au maniement des armes. Cassandre avait le béguin pour lui lorsqu'elle était enfant, et le revoir après toutes ces longues années la fit rougir quelque peu. Elle avait également oublié à quel point sa voix était douce et envoûtante.
— Cassandre Ombrelune, princesse héritière de Fëanör, dit-il en s'inclinant devant elle. M'aviez-vous oublié ? Quand vous étiez enfant vous ne manquiez jamais une occasion pour venir me voir. Je suis déçu que vous ayez perdu cette bonne habitude. Vous n'êtes donc plus amoureuse de moi ? Ajouta-t-il avec un petit sourire qui en aurait fait fondre plus d'une.
Cassandre rougit de plus belle mais rétorqua :
— Il fallait bien que j'apaise mon cœur en souffrance. Vous refusiez mes avances.
Elezar se mit à rire gaiement, accompagné de Cassandre, et secoua la tête de gauche à droite. Toujours souriant, il tendit son bras à Cassandre pour que celle-ci le prenne, et il l'emmena dans une autre pièce, plus grande, dans laquelle se trouvaient une table, des étagères et quelques chaises. Il en tira une et incita Cassandre à s'y asseoir. Il fit de même avec sa fille.
— Voilà, asseyez-vous mesdemoiselles, je vais nous chercher quelque chose à boire.
Elezar sortit de la pièce pour ensuite y revenir quelques instants plus tard, trois coupes de cristal dans la main, et une bouteille en verre dans l'autre. Il les posa devant les deux Enôrii et déversa un liquide épais et rouge dans chacune des coupes, se servant en dernier. Et non, ce n'était pas du vin.
— Sang de biche, recueilli à la gorge hier soir. Léger et onctueux. À Quêliniel et longue vie aux souverains ! Dit Elezar en levant sa coupe avant de la porter à ses lèvres.
Les deux femmes firent de même puis reposèrent leur coupe sur la table. Cassandre esquissa un sourire timide. Un silence s'était installé soudainement, ce qui gênait la princesse qui ne savait comment entamer une conversation convenable. Ce fut finalement Elezar qui brisa le silence en prenant la parole :
— Cassandre, vous entraînez-vous toujours ?
La princesse haussa les sourcils, surprise par la question impromptue du maître d'armes. Elle hocha la tête entre deux gorgées de sang, puis reposa sa coupe pour donner une réponse plus précise.
— Oui, cela m'arrive. De temps en temps. J'ai certainement perdu en dextérité, mais je continue de m'entraîner... Pourquoi cette question ? Ce n'est pas pour vous réprimander. Cassandre, avez-vous entendu les rumeurs qui se propagent au sujet des royaumes se trouvant par-delà l'Océan des Âmes Éternelles ? J'ai ouïe dire que les Sorcières des Tombes devenaient beaucoup plus actives, ces derniers temps. Avez-vous des nouvelles de votre sœur ? — Non, hélas ! Sÿlmenás ne donne plus signe de vie depuis une cinquantaine d'années. Et ceux que nous avons envoyés à sa recherche ne l'ont pas trouvée, même au sein de la guilde. Elles disent cependant que ma sœur est toujours vivante mais voyage. On m'a dit qu'elle serait le bras droit de leur Matriarche et que cette dernière la protégeait. J'espère qu'elles disent vrai... — Hum...,marmonna Elezar en fronçant les sourcils, visiblement peu convaincu. Personnellement, je n'aime pas cette guilde, cette...secte. Je suis sûr que votre père désapprouve également son choix, Cassandre. — Il le désapprouve, mais il n'est pas contre non plus. Ma sœur a toujours été attirée par la magie, et excellait dans ce domaine, par ailleurs. C'est son choix et si elle est heureuse ainsi, alors c'est ce qui compte pour mes parents. Ma mère aurait préféré qu'elle devienne prêtresse de Quêliniel, comme elle, mais elle a refusé. Elle avait besoin de changer d'air et c'est pour cela qu'elle a décidé de rester dans le Beneryl. — Au moins ne s'est-elle pas enrôlée chez les Sorcières des Brumes, là est l'important, intervint Arya d'une voix sombre. J'aurais tant voulu être là au moment où cette sorcière s'est faite capturée par les sentinelles ! — Tu te serais sans doute faite tuée, ma fille, répliqua Elezar. Cette humaine a assassiné deux sentinelles aguerries de sang froid ! Maudits soient les humains et les sœurs des brumes ! Pesta-t-il.
Cassandre, pour sa part, ne disait rien. Ses pensées étaient tournées vers sa jeune sœur. Malgré les efforts de ses parents, personne n'avait pu la retrouver depuis des décennies, et les souverains Ombrelune commençaient à perdre espoir de la retrouver un jour vivante. Les Sorcières des Tombes étaient bercées dans l'art de la magie noire. Elle étaient réputées pour ramener les morts à la vie, entretenir des relations avec des entités démoniaques, jeter des sorts dévastateurs -elles étaient par ailleurs très demandées sur les champs de bataille, puisqu'elles ressuscitaient les soldats morts et les maintenaient sous contrôle- et avaient contribué de nombreuses fois à la victoire de tel ou tel royaume. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, elles n'étaient pas foncièrement mauvaises, tout comme les entités démoniaques avec lesquelles elles partageaient leur âme n'étaient pas nécessairement maléfiques. La magie noire était une magie faisant appel à la puissance brute des émotions, et n'était pas utilisée seulement pour faire « le mal », comme le disait les biens-pensants, à tort. Mais avec de tels pouvoirs, il était normal qu'elles puissent susciter une certaine crainte, chez les esprits les plus impressionnables. Cassandre se souvenait qu'elle n'avait jamais vu Sÿlmenás aussi épanouie lorsqu'elle revenait à Fëanör chaque année, avant qu'elle ne donne plus signe de vie. Elle avait même noué une relation avec un membre de la garde royale, qui ne dura certes pas puisqu'elle avait dû repartir dans le Beneryl. Mais elle avait changé, et en bien. Elle qui était si timide et renfermée autrefois, ne parlant que très peu, avait disparu pour laisser place à une femme de caractère, qui savait ce qu'elle voulait. Mais ensuite elle avait finit par disparaître...
— Une guerre se prépare, croyez-moi, et je sens très bien ces choses-là, pas vrai Arya ? Poursuivit Elezar. — Oui, je me souviens lorsque tu disais que Lareagan allait déclarer la guerre à Fëanör. Comme si c'était hier. — Exact, et je ne me suis pas trompé. Pourtant j'aimerais que cela m'arrive, par moment, vraiment. C'est frustrant d'avoir toujours raison. La vie devient trop prévisible et ennuyeuse lorsque l'on atteint mon stade de clairvoyance, déclara Elezar d'un ton nonchalant.
Cassandre émit un petit rire et s'abreuva de nouveau du sang de biche. Le sang animal était délicieux, certes, mais ne valait pas le sang d'un humain. Hélas, les Enôrii ne pouvaient plus chasser l'Homme en dehors de leurs terres, car le rempart de Brumefer délimitait le territoire de Fëanör et celui de Lareagan. Les Enôrii ne pouvaient accéder au territoire humain, à moins d'avoir la chance de se transformer en volatile. Et quand bien même ils parvenaient à pénétrer dans le royaume de Lareagan, ils devaient prendre garde à ne pas laisser de traces trop évidentes lorsqu'ils s'abreuvaient d'un humain. Car les deux trous dans le cou d'un humain n'étaient pas trompeurs. Aucun animal carnivore ne pouvait faire de blessures aussi propres, aussi nettes. Et si l'on s'apercevait que les Enôrii violaient le traité de paix signé deux cent ans auparavant entre Lareagan et Fëanör, la guerre serait de nouveau déclarée entre les deux nations. Mais bien souvent, les Enôrii contournaient aisément le règlement sans se faire prendre ni en n'éprouvant le moindre remord. Elezar avait cependant un bon nez en ce qui concernait les évènements à venir, et si une guerre se profilait à l'horizon selon lui, alors elle allait sûrement survenir tôt ou tard.
— C'est pour cela que je vous ai demandé si vous vous entraîniez toujours, Cassandre, expliqua-t-il en se tournant vers la princesse. Si jamais les souverains - Quêliniel les préserve! - venaient hélas à mourir, ce serait à vous de mener les troupes à la bataille, comme le faisait votre père. Et il est impératif que vous repreniez des leçons.
— Je me chargerai de vous former, Eninyä, intervint Arya en souriant à la princesse. Je vous apprendrai ce que je sais. J'ai été formée par le meilleur, ajouta-t-elle en tournant son regard vers son père qui lui sourit.
Cassandre y réfléchit quelques instants, tout en sirotant son sang chaud. Elle s'ennuyait tellement au palais que cela ne pouvait lui faire de mal. D'autant qu'elle serait surveillée par la commandante de la garde royale, une combattante de taille qui maniait les skêlz à merveille. Ceci ne pourrait être que bénéfique, lui changerait les idées et l'endurcirait.
— D'accord, j'accepte. Je pense qu'il vaudrait mieux pour moi de rentrer, à présent. On doit s'inquiéter, au palais... — Demain, je ne travaille pas, Eninyä. Nous pourrions en profiter pour nous entraîner en forêt, qu'en dites-vous ? Interrogea Arya. — Ce serait parfait. Je vous attendrai au palais, dans ce cas. Et merci pour m'avoir soignée ici... — Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier. J'ai une dette envers vous, Eninyä, murmura Arya.
La commandante de la garde royale raccompagna la princesse de Fëanör jusqu'au palais d'Enáwen sans encombres, chacune à califourchon sur leur Totem respectif. Arya et Cassandre mirent pied à terre et saluèrent les Totems avant de pénétrer dans la Cité de la Lune, et se dirigèrent vers le palais. Lorsqu'elles y entrèrent, on posa bien sûr de nombreuses questions auxquelles Arya mit fin en expliquant qu'elle entraînait la princesse Ombrelune au combat, ce qui, d'un certain point de vue, était vrai, puisqu'elles commenceraient véritablement l'entraînement le lendemain matin. Mais cette cacophonie de voix inquiètes assommaient Cassandre qui commençait à s'énerver. Des grondements sourds rappelant ceux que poussait Gröwn émanaient de sa gorge, signifiant clairement qu'il était suicidaire de la pousser à bout, mais le message fut bien compris et on la laissa tranquille le reste de la soirée. Elle finit par s'endormir dans son lit moelleux, et ne serait réveillée que lorsque l'aube se lèverait, indiquant que son entraînement allait commencer sérieusement... Souriant, la princesse ferma ses paupières et s'endormit paisiblement. La journée n'avait pas été des plus ennuyeuses...
Dernière édition par Coyote le Jeu 16 Aoû 2012 - 17:08, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 13:07 | |
| Et le troisième. - Spoiler:
Chapitre III *~*~* La cité de Thenarÿs
La salle du trône du royaume d'Argoth était bondée. Les domestiques affluaient comme autant de fourmis ouvrières afin d'exécuter les ordres de leur bon souverain, Eremir le Bel. Ce dernier, vêtu de sa plus belle tunique et paré de nombreux bijoux, paraissait soucieux et discutait rapidement avec son conseiller, le mage Altaïr Panréis, qui tendait d'apaiser les inquiétudes de son monarque. Aujourd'hui à Thenarÿs, capitale du royaume du nord d'Argoth, un mariage allait se célébrer, sous le regard bienveillant de Krÿstólis, dieu du Soleil, des Arts et de la Guerre qui avait créé les Hommes. Eremir s'était juré de donner une cérémonie digne de son nom, et il ne tolèrerait aucune imperfection quelle qu'elle soit. Il réajusta le col de sa tunique dont il lissa les plis afin d'uniformiser le tout.
— Allons donc ! Ne vous faites pas tant de mouron, votre Seigneurie. La princesse -et futur reine!- Leïla d'Aristia sera comblée par votre port altier et vos manières des plus élégantes. J'ai ouïe dire qu'elle était aussi anxieuse que vous, le rassura Altaïr avec bienveillance. Ce sera une réception des plus splendides, comme on en n'a jamais vu encore par ce royaume, vous pouvez en être certain — Ah...mon vieil ami, que Krÿstólis vous donne raison... J'ai peut-être tort de m'inquiéter autant, mais je souhaite avant tout le bonheur de ma future épouse, et que mon peuple soit comblé par une telle union. — Ils le seront tous, je puis vous l'assurer, répliqua Altaïr en reprenant un ton sérieux.
Eremir sourit, faisant apparaître de petites rides au coin de ses yeux bleus et chaleureux. Il hocha la tête en soupirant, puis un petit rire lui échappa des lèvres.
— Ahaha ! Mon vieil Altaïr. Vous les mages avez d'étonnantes facultés de persuasion, cela me surprendra toujours, je le crains. — Notre nature est ainsi. Pour la pratique de la magie, il faut avant tout de la volonté et de la conviction. Sinon, on ne peut l'utiliser comme bon nous semble. Et si nous sommes convaincus de la réussite d'un projet, alors la magie opérera. — Ah! Puissiez-vous avoir raison, Altaïr. Oh ! Regardez plus loin ! Les dames de compagnie de ma promise. Elles doivent s'affairer à la préparer.
La matinée s'écoula très rapidement. Déjà, les décorations étaient mises en place, à dominance de rouge et d'or, de multiples banderoles, serpentins, riches tapisseries posées çà-et-là en grand nombre, tables dressées et disposées en forme de « u », assiettes et couverts prêts à l'emploi. L'autel était enjolivé de dentelle blanche, de fleurs jaunes et rouges, les étendards d'Argoth était élevés, le symbole du cheval qui se cabrait, entouré d'étoiles d'or, sur un tissu rouge, soigneusement brodé, et les domestiques se ruaient pour nettoyer jusqu'à la dernière poussière qui traînait sur le sol. Les gens de la haute cour commençaient à arriver, nobles, ducs et comtes, membres de la famille et amis, les ministres et conseillers, et également un invité d'honneur, l'Archimage Garett de Bois Noir, qui dirigeait l'Ordre de Tamalion, dont le siège se situait à la Tour des Mages du village d'Aristia, Premier Enchanteur des Ordres de Mages des territoires de l'est et de l'ouest du monde d'Annalábÿr. Altaïr Panréis était le descendant du Mage Anzar Panréis, lui-même qui avait créé l'Ordre de Tamalion, en mémoire à son ancien maître, Tamalion Hurlevent. Puis le flambeau était passé en d'autres mains et Altaïr, plutôt que d'accepter la tâche d'Archimage, avait accepté de devenir l'un des conseillers du roi Eremir le Bel, avec lequel il entretenait déjà d'excellentes relations au cours de sa formation.
L'un des prêtres de Krÿstólis était chargé de diriger la cérémonie de mariage. Il s'était avancé sur l'autel, son écharpe couleur sang sur l'épaule, contrastant avec la blancheur de sa toge. Il portait un pendentif représentant une épée miniature en argent, dirigée vers le bas, et incrustée de rubis, symbole du Dieu du Soleil, des Arts et de la Guerre. Certains prêtres vénéraient les quatre divinités originelles, comme ceux du Delenör, tandis que d'autres croyaient en un dieu unique, comme c'était le cas pour les natifs du royaume d'Argoth. Cela avait donné lieu à de nombreux débats entre religieux, fréquemment houleux qui manquaient de mal finir. Les prêtres, tout comme les mages, avait accès à la magie, sauf que ces premiers pratiquaient ce que l'on appelait la Haute Magie, qui faisait appel aux pouvoirs relatifs aux divinités d'Annalábÿr.
— Oyez, oyez, braves gens de notre noble royaume d'Argoth ! Approchez-vous je vous prie, la cérémonie va enfin pouvoir commencer ! Ménestrels, à vos instruments, je vous prie ! Scanda Edwin Anareth, le prêtre.
Dès lors, les gens se rapprochèrent et s'attroupèrent autour de l'autel, ne laissant qu'un grand espace vide depuis la porte d'entrée en bois de chêne massif jusqu'au lieu où s'uniraient Eremir et Leïla. Les musiciens se mirent à entamer une musique douce, puis de plus en plus sonore, résonnant dans toute la salle du trône. Eremir, accompagné par Altaïr Panréis, s'avançait, sa couronne d'or et de rubis fièrement posée sur sa longue chevelure brune et ondulée, sa barbe pointue amincissant davantage son visage ovale et marqué d'une longue balafre qui débutait de son œil gauche jusqu'à l'extrémité de sa mâchoire, dissimulée par les poils bruns, souriant et donnant à ses yeux bleus un nouvel éclat. Il paraissait rajeuni d'une dizaine d'années, et on lui en donnait trente alors qu'il avait dépassé la quarantaine. Il se plaça à la gauche d'Edwin qui lui sourit et celui-ci reprit la parole :
— Eremir dit « le Bel », souverain du royaume d'Argoth, pourfendeur de Drëkhass et dresseur de chevaux ! — Hourra ! Longue vie au Bel ! Longue vie à Eremir, notre bon roi ! — À présent, je vous demande d'accueillir la ravissante Leïla d'Aristia, notre future reine à tous !
Le silence se fit tout à coup, et toutes les têtes se tournèrent vers la sublime créature qui s'avançait à présent d'un pas lent et gracieux. Elle était escortée par son frère Demetrios, chevalier aux ordres d'Eremir le Bel, et était resplendissante dans sa robe d'un blanc immaculé, brodée de fils d'argent. Un diadème était délicatement posé sur sa chevelure, la rendant plus belle encore qu'elle ne l'était déjà, si une telle chose était possible. Elle portait les cheveux longs jusque derrière ses genoux, tressés avec grand soin, et ils étaient d'un blond soyeux presque blanc. Ses sourcils, fins et bruns, accentuaient la blancheur étonnante de son doux visage, tandis que ses lèvres pulpeuses étaient aussi sanguines qu'un fruit gorgé de jus. Une mouche de mousseline noire était collée sur son front, pour faire ressortir son teint de neige et pour montrer sa noblesse, sa majesté. Enfin, elle avait la taille fine et élancée, et un léger décolleté mettait en valeur une poitrine ronde. Des applaudissements retentirent tout à coup, teintant ses joues de rose pâle. Elle avait véritablement l'air d'une mariée, et possédait encore la fleur de la jeunesse, puisqu'elle n'avait pas encore passé vingt printemps, à ce que l'on disait.
— Leïla d'Aristia, princesse et future reine du royaume d'Argoth, dite « la Guerrière » ! cria le prêtre à l'assemblée. — Vive la reine! Hourra pour la reine ! Longue vie à Leïla !Hurla-t-on dans la foule.
Leïla s'approcha de l'autel et eût un petit rire nerveux en croisant le regard heureux de son futur époux. Les deux êtres semblaient resplendissant et respiraient littéralement le bonheur, autant qu'il était possible de le faire. Le prêtre noua un ruban rouge autour de leurs mains jointes et se recula pour leur laisser de la place. Il commença alors à prononcer son discours :
— En ce jour du quinze Aeris de l'an quatre mille trois-cent douze, j'ai l'honneur de célébrer l'union de notre seigneur et roi d'Argoth Eremir le Bel, et de sa tendre et délicieuse promise, Leïla d'Aristia, princesse d'Argoth et cousine de notre bon roi. Eremir, souverain du royaume d'Argoth, acceptez-vous de prendre Leïla d'Aristia, princesse d'Argoth, fille de Jared et Loïma d'Argoth, pour femme et de la chérir jusqu'à ce que la mort vous sépare ? — Je l'accepte, murmura Eremir, ses yeux bleus plongés dans ceux de Leïla. — Et vous, Leïla d'Aristia, princesse d'Argoth, acceptez-vous de prendre pour époux Eremir d'Argoth, fils de Thane et Tara d'Argoth, et de le chérir jusqu'à ce que la mort vous sépare? — Je l'accepte, également, répondit Leïla, des larmes perlant le long de ses joues.
Les deux tourtereaux royaux se toisèrent avec amour, tandis que le prêtre Edwin souriait de toutes ses dents, puis écarta les bras, levés vers les cieux. Il continua :
— Entends ! Krÿstólis ! Tes enfants s'unissent en ce jour béni sous Tes yeux ! Vois ! Comme leur bonheur est à son paroxysme ! Offre Ta clémence à ces enfants, les Tiens ! Et fais que leur vie s'écoule sans encombre, et que leur progéniture soit saine et nombreuse ! Que Ta volonté soit faite ! Vous êtes à présent liés par les liens sacrés du mariage, et bénis par la volonté de notre Père à tous ! Vous pouvez vous embrasser, mes enfants.
Et Eremir prit le menton de son épouse, dont les larmes de joie continuait de perler sur ses joues, et déposa ses lèvres sur les siennes, générant de ce fait un véritable tonnerre d'applaudissements et de sifflements qui résonnèrent dans toute la pièce. Les deux époux tournèrent ensuite la tête pour regarder ceux qui les acclamaient, puis le regard d'Eremir vint se poser sur Altaïr. Ce dernier sourit à son vieil ami, et s'inclina devant lui pour lui manifester tout le respect qu'il éprouvait à son égard. La fête ne faisait que commencer.
On porta les souverains sur les fauteuils dans lesquels ils s'étaient assis, et on les fit circuler à bout de bras ainsi dans toute la salle, leur jetant des pétales de fleurs rouge, jaune et blanche, tandis que les ménestrels reprenaient leur musique, qui se fit cette fois-ci plus entraînante et endiablée. Eremir et Leïla furent posés à terre, et lorsque le roi d'Argoth prit la main de sa compagne, la danse traditionnelle des noces put enfin commencer. C'était quelque chose de gracieux, d'élégant et de raffiné. Les yeux s'émerveillaient de tant de beauté qui semblaient unir ces deux êtres, manifestement faits l'un pour l'autre, cela était indéniable. Ce fut ensuite au tour des invités de se mêler au couple royal, et une ronde prit forme. Parmi les invités, on comptait Thrôrund « Cœur de Dragon », le roi Nain du royaume de Dwilömrhin et le roi Barohir de Delenör. Le père de ce dernier était mort quelques mois auparavant, laissant le trône à son fils âgé de vingt-huit ans. Il avait dû laisser place aux charges qui lui incombaient désormais, et refouler sa douleur d'avoir perdu d'une façon aussi impromptue un être cher. Par conséquent, même s'il eût souhaité demeurer chez lui, dans son royaume, il affichait un grand sourire pour ne pas gâcher la fête. Il avait accepté l'invitation d'Eremir afin de continuer l'entretien de l'alliance entre leurs royaumes respectifs, même si prendre part à une telle fête alors qu'il n'avait pas terminé son deuil ne l'enchantait pas plus que cela. Il devait donc jouer sur les apparences et enfouir au plus profond de lui sa tristesse, du moins pour cet heureux événement.
Les premiers fûts de bière furent ouverts, et les chopines s'entrechoquaient joyeusement au rythme des rires et des chants, et le meilleur breuvage que Thrôrund avait ramené de Dwilömrhin spécialement pour cette occasion fut plus que bienvenu. Il était venu avec quelques membres de sa garde royale et de sa famille. Son épouse, Freja, était présente également. Elle n'avait certes pas la beauté de Leïla, étant petite et ronde, mais au moins elle savait mettre l'ambiance dans la salle, chantant des chansons naines, riant aux éclats sous les effluves de l'alcool et dansant aux sons des instruments des ménestrels. Elle réussit même à sortit le seigneur Barohir de son silence en l'invitant à danser avec elle et à le faire rire de façon sincère.
Les mains claquaient en rythme, les serpentins multicolores volaient et l'on quitta le château en chantant, pour aller se pavaner dans la cité de Thenarÿs. Le peuple hurla en voyant les nouveaux mariés et les aspergèrent de bière, provoquant l'hilarité générale. Les mages de Tamalion faisaient voler des bougies et avaient métamorphoser des morceaux de tissus en splendides colombes qui volaient continuellement autour des jeunes mariés. Les feux d'artifices, d'origine Naine puisqu'ils maîtrisaient l'art secret des explosifs, étincelaient dans le ciel noir et brillant d'étoiles, sous les « hourra ! » de la foule en délire.
Le festin eût lieu sur la place principale de Thenarÿs, et on avait aménagé des tables autour de la statue représentant le dieu du feu, du soleil, des arts et de la guerre, le grand Krÿstólis, brandissant fièrement son épée légendaire, à califourchon sur un étalon fougueux qui se cabrait. Ici aussi, les boissons alcoolisées coulaient à flot, bières, vins, eaux de vie et hydromels de toutes sortes. Puis, le roi se leva, portant sa chopine à la main et grimpa sur la table. Un tonnerre d'applaudissements retentit une fois nouvelle.
— Un discours ! Un discours ! Beugla-t-on.
Le roi, les joues rougies par l'alcool qui circulait dans son sang, se redressa d'une manière aussi assurée qu'il le put, puis Altaïr prononça quelques mots dans une langue inconnue, et la voix du roi paraissait soudainement amplifiée.
— Chers compagnons d'armes ! Chers conseillers ! Peuple que je chéris ! Amis venus de terres lointaines ! Aujourd'hui, nous voilà réunis pour célébrer mon union avec ma chère et tendre cousine, la merveilleuse Leïla d'Aristia, princesse et désormais reine de notre majestueux royaume d'Argoth ! Les bœufs et les moutons ne se sont jamais aussi bien portés que cette année ! La bière, n'a jamais été aussi goûteuse ! Et si lorsque ma femme a accepté ma demande en mariage, j'étais heureux, je l'étais encore moins que ce n'est le cas aujourd'hui ! — Vive le roi ! Vive la reine ! Hourra pour eux ! Scanda-t-on. — Mes amis ! Profitez de ce jour béni par le dieu unique, Krÿstólis, qui nous a permis de nous réunir et de festoyer ensemble ! Buvons, mes amis ! Buvons !
De nouveaux cris de joie retentirent, et les poings battirent le bois des tables. Le roi, aidé d'Altaïr qui lui redonna son timbre de voix habituel, descendit de la table pour revenir aux côtés de son épouse, plus discrète, mais pas moins ravie. Elle discutait avec Freja de tout et de rien, tandis que Barohir s'entretenait avec Thrôrund. Finalement, le delenien se leva pour reprendre de l'hydromel mais ne put parvenir à ses fins car Eremir le Bel l'intercepta.
— Alors, Seigneur Barohir ! Quelles nouvelles me contez-vous ?
Le delenien sourit, prit tout de même le temps de se resservir convenablement en hydromel, but une gorgée puis répondit au roi.
— Oh ! Seigneur Eremir, pas aussi bonnes que je ne le voudrais, hélas ! Mais je ne souhaite pas ternir la joie qui anime cette cité. — J'ai su pour votre père, Barohir. Quelle tragédie ! Dit le roi en hochant la tête. Je l'aimais bien, le vieux Lonared de Delenör. Bon souverain, grand cavalier. J'espère que vous suivrez ses traces. — Je ferai de mon mieux pour lui faire honneur, Eremir. — Je n'en doute pas, mon ami, je n'en doute pas. Vous semblez être homme à respecter votre parole et à aimer son peuple. Et je respecte ce genre d'homme. Quelles nouvelles de votre royaume, Messire Barohir de Delenör ? Demanda Eremir le Bel. — Notre élevage de Pégases a augmenté par rapport à l'hiver dernier. Nous en avons trois-cent qui sont sevrés et prêts au dressage. Nous en avons incorporé une cinquantaine dans notre armée, peu après la mort de mon père. Des bêtes absolument magnifiques, et robustes avec ça ! De plus, ils sont très intelligents et apprennent vite ce qu'on leur enseigne. — J'aimerais tellement avoir l'occasion de monter l'une de ces créatures...Ce doit être absolument prodigieux de les pousser au grand galop. Ils sont plus grands que nos simples chevaux terrestres, à ce que l'on dit, n'est-ce pas ? — Oh ! Oui, ils le sont, incontestablement. Ils sont très rapides, de plus, et je puis vous assurer monseigneur que je passe de longs moments à fendre les airs sur le mien. Mais il ne faut pas avoir peur de voir le sol de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. — Vous êtes venu avec le vôtre ? — Oui. Souhaitez-vous le voir ? Proposa Barohir en se levant. — Volontiers ! Conduisez-moi à lui !
Barohir sourit puis fit signe au roi de le suivre. Ce dernier murmura quelques mots à Leïla, l'embrassa sur la joue, puis emboîta le pas au delenien qui se dirigea vers les écuries. Les chevaux étaient précieux pour les argothiens, puisque leur puissance militaire était surtout axée sur la cavalerie lourde. Eremir le Bel demanda à l'écuyer d'allumer une torche, puis éclaira les enclos des chevaux. Au fond, dans le plus vaste, un magnifique étalon blanc à la crinière épaisse hennit joyeusement en reconnaissant l'odeur de son maître. Barohir s'approcha de lui et lui chuchota quelques mots à l'oreille qui se dressa. Eremir se pencha par-dessus la barrière et sa bouche s'entrouvrit de stupeur. L'étalon possédait de grandes ailes blanches qu'il conservait le long de son corps. Il braqua ses beaux yeux bruns sur le seigneur du royaume d'Argoth qui ne pouvait détacher son regard de l'animal.
— Il est...magnifique..., murmura Eremir, conquis. — N'est-ce pas ? Ajouta fièrement Barohir. Son nom est Sheyinyä, ce qui en Enôrii signifie « Aigle blanc ».
Eremir fit la moue en entendant le nom « Enôrii ». S'il y avait bien une race qu'il n'aimait pas, en dehors de ces animaux d'Orks, c'était bien les natifs de Fëanör. Ces créatures arrogantes et viles, assoiffées de sang et bestiales, dont la beauté n'avait d'égale que leur cruauté, étaient sans doute les pires maux qui foulaient ce monde. Si cela avait été en son pouvoir, il aurait volontiers levé une armée pour venir brûler leur satanée forêt et éradiquer cette espèce qui n'aurait jamais dû voir le jour. Ces hérétiques, qui croyaient en des dieux multiples, comme la déesse Quêliniel, prétendue compagne du Dieu Unique qui les avait créé. C'en était ridicule et blasphématoire. Eremir tourna son visage crispé vers Barohir.
— Vous aimez ces erreurs de la nature ? Ce sont des bêtes, Barohir. Sanguinaires. Ils vous tueraient sans la moindre hésitation et se repaîtraient de votre sang s'ils en avaient l'occasion. Comment pouvez-vous être attaché à eux au point de donner un nom enôrii à votre si splendide Pégase ? S'étonna-t-il, écoeuré.
Barohir se plongea davantage dans son activité qui consistait à démêler la crinière soyeuse de son Pégase. Il comprenait que l'on puisse être effrayé par ces êtres en connaissant leur régime alimentaire. Mais lui n'avait pas peur d'eux. Il finit par sourire et haussa les épaules.
— Je conçois parfaitement que vous ne les portiez pas dans votre coeur. Ils se sont montrés particulièrement cruels avec les soldats d'Argoth, autrefois. Mais c'était il y a longtemps, Eremir. Nous commettons tous des erreurs, et, sauf votre respect, les argothiens qui étaient partis en expédition avaient tenté d'investir Fëanör, et piller ses richesses. Il est normal que le Peuple de la Lune ait répliqué, même si c'était assez excessif... — « Assez excessif » ? Vous me faites rire avec vos euphémismes, Barohir. Ils ont fait prisonniers les survivants qui restaient. Ils ont livré vingt-cinq argothiens à leurs immondes créatures qu'ils dressent pour en faire des montures de guerre, leurs « Drëkhass ». En avez-vous seulement vu une dans votre vie? Je ne connais rien de plus monstrueux que ces bêtes-là. Ils ont forcé les autres compagnons à regarder les leurs se faire dévorer vivants par ces créatures, soumis à ce que ces Enôrii nomment le « Jugement des Drëkhass ». Une fois le carnage accompli, ils ont conservé dix hommes pour leur « élevage » et ont laissé les dix autres repartir. Pourquoi ? Pour nous prévenir du sort qu'ils réservaient à ceux qui s'aventuraient dans leur forêt. Vous rendez-vous compte de l'horreur dont ils sont capables ? Ce ne sont que des animaux, Barohir, au même titre que les Orks.
Le seigneur du Delenör poussa un soupir. Eremir le Bel était certes un bon roi, qui aimait son peuple et ferait tout pour que celui-ci vive heureux et ne manque de rien. Mais comme tout être pensant, il avait ses défauts. Et l'un des plus remarquables était incontestablement son manque d'ouverture d'esprit. Hormis les Nains qu'il aimait beaucoup, il ne laissait passer aucune autre créature que les humains dans sa cité. Il craignait que ceux-ci ne se fassent agressés par des races trop à même d'engendrer de terribles conflits. Jamais il ne laisserait pénétrer sur son territoire des Orks ou des Enôrii. Il connaissait son Histoire et savait ce qu'il s'était passé entre ces créatures malveillantes et les humains, dans le royaume de Lareagan, anciennement Caaldiran. Il ne commettrait pas la même erreur et ne permettrait pas de métissages entre ces races trop barbares. Avec un tel raisonnement, il était par conséquent difficile de montrer une voie plus sereine au seigneur Eremir. Barohir hocha tristement la tête de droite à gauche.
— Eremir...Je vous respecte beaucoup pour l'amour que vous portez à votre peuple...Mais votre cœur vous trompe. Les Enôrii se repaissent essentiellement du sang des animaux qu'ils trouvent. Et ils ne les tuent pas, en principe, à moins qu'ils ne soient trop vieux et souffrants. Je ne crois pas à ces histoires d'élevage humain, ce n'est qu'une légende. Les argothiens qui revinrent de leur expédition dans Fëanör étaient terrorisés, ils... — Vous pensez qu'ils étaient glacés de peur au point d'affabuler! Par Krÿstólis! Vous insultez leur mémoire ! Je tolère nombre de choses, mais en tenant de tels propos vous allez trop loin, Barohir ! Vociféra Eremir, les joues en feu, non plus sous l'effet de l'alcool, mais sous celui de la colère. — Je suis navré de vous avoir blessé, Eremir, s'excusa le delenien. Ce n'était nullement mon intention. — Je le sais bien, se radoucit le roi d'Argoth. Je ne voulais pas m'emporter non plus. L'alcool doit y être pour quelque chose, ajouta-t-il en émettant un petit rire. Allons, cessons de parler des choses qui fâchent -c'est jour de fête, après tout!- et autorisez-moi plutôt à caresser votre noble destrier.
La fête battait toujours son plein dans la belle cité de Thenarÿs. Les banderoles étaient toujours fixées aux habitations, l'alcool et la nourriture n'étaient jamais absents, tout comme les rires et la musique. Barohir et Eremir -satisfait d'avoir pu enfouir ses mains rudes dans l'épaisse crinière de Sheyinyä- étaient revenus s'asseoir à leur place attitrée, puis se comportaient comme s'il ne s'était rien passé entre eux, au grand soulagement du delenien qui abhorrait par-dessus tout les conversations houleuses. Thrôrund et Freja avaient réussi à rendre Leïla plus bavarde et plus rieuse -l'hydromel sournoisement versé dans les coupes de jus de fruit qu'elle buvait-, ce qui ajoutait à la bonne humeur régnant en maître dans la capitale d'Argoth. Mais les bonnes choses ayant une fin, il fallut bien rentrer chez soi, et l'Archimage s'en alla regagner sa Tour -sauf Altaïr qui prit une chambre au château- et ce ne fut que plus tard dans la nuit que les souverains d'Argoth gagnèrent leur chambre commune qu'ils partageaient pour la première fois ensemble.
Le silence semblait frapper Thenarÿs, si bruyante et festive quelques heures à peine auparavant. Il n'allait sans doute pas tarder à pleuvoir d'après les gros nuages sombres qui coloraient le ciel et masquaient les étoiles et les deux lunes. Certains gardes somnolaient d'un œil, appuyés sur leur lance. Un bruissement, provenant sans doute d'un oiseau de grande taille, leur parvint aux oreilles, faisant tressaillir ceux qui s'étaient endormis. Ils grommelèrent, furieux d'être ainsi tirés des bras de Morphée et tentèrent de localiser l'endroit duquel provenaient les battements d'aile intempestifs qui paraissaient plus intenses. Un hurlement à la fois rauque et strident déchira le calme plat et une créature immense perça les nuages gris, se dirigeant à tire d'ailes vers les remparts.
— Gardes ! Beugla un homme. Préparez-vous à abattre cette bête !
Arcs bandés et flèches prêtes à atteindre leur cible, les soldats ne lancèrent l'assaut que lorsque le chef de la garde en donna l'ordre. Presque toutes atteignirent leur cible...Mais quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent leur traits ricocher sur la peau du monstre ! Un autre hurlement qu'il poussa, puis il survola le rempart en happant trois gardes dans sa gueule, qu'il brisa en morceaux sanguinolents. La cloche qui donnait l'alerte se mit à tinter.
— DRAGON ! ON NOUS ATTAQUE ! AUX ARMES ! AUX ARMES ! Hurla le chef de la garde.
Dès lors, on mit le feu au bûcher réservé pour donner l'alerte aux autres cités voisines qui faisaient de même de leur côté. La cité de Thenarÿs semblait alors être revenue à la vie. Les villageois sortaient de leurs habitations, à la fois effrayés et intrigués et se réunirent dans la cour. Des morceaux d'êtres humains tombèrent du ciel et s'écrasèrent sur des épaules, sur des têtes ou sur le sol, créant un vent de panique qui contamina tout le monde. On se mit à hurler et à courir, la cité était sens-dessus dessous, et les hurlements du dragon grondaient comme l'orage qui avait décidé de faire également son apparition.
Barohir se réveilla en sursaut dans son lit à baldaquin, et sauta à bas du lit, manquant de se tordre la cheville. Il grimaça lors de l'impact, puis se rhabilla en vitesse, et sortit de sa chambre comme un ouragan. Il courut dans tous les couloirs et frappaient aux portes pour réveiller ceux qui n'avaient pas entendu l'alerte. Il cherchait surtout le roi Eremir le Bel, et Thrôrund Cœur de Dragon. Il trouva le roi Nain en premier, qui venait tout juste de se rhabiller.
— Par ma barbe, Barohir ! Que se passe-t-il donc ? Tonna-t-il avec le fort accent du peuple de Dwilömrhin. — Je ne sais pas exactement, mais l'alerte a été donnée ! Il faut nous rendre dehors, et vite ! Où est Eremir ? — Par la Déesse, s'il le faut ! Attendez que je prenne mon marteau et mon épée...Merci, ma beauté. Freja, va te mettre à l'abri, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur.
Freja, qui venait de donner les armes à son époux, ouvrit la bouche pour répliquer, mais n'insista pas lorsqu'elle croisa le regard que lui lança Thrôrund. Elle acquiesça, comprenant que si elle venait à mourir, il ne pourrait pas le supporter. Thrôrund et Barohir se lancèrent à la recherche du roi Eremir, qui se trouvait déjà dans la cour, prêt à se battre, magnifique dans son armure étincelante. Barohir s'élança vers lui, ses courts cheveux noirs ébouriffés voletant dans le vent, dardant le roi d'Argoth de ses yeux verts étincelants. Thrôrund le suivait, trottinant sur ses petites jambes costaudes, à bout de souffle.
— Eremir ! Eremir ! Que se passe-t-il ? Hurla Barohir pour se faire entendre. — Un Dragon nous attaque ! Répondit Eremir sur la même intonation. Et il n'est pas venu seul ! Voyez plutôt ce qu'il a amené avec lui !
Eremir fit signe à Barohir de grimper avec lui sur les escaliers de pierre pour arriver en haut des remparts, Thrôrund sur leurs talons, et ce qu'ils virent tous deux les horrifia.
— Par Quêliniel...Par Krÿstólis...Par tous les Dieux ! Murmura Barohir, effrayé. Quelle est cette armée ? Elle ne porte aucun étendard ! — Et ce n'est pas un simple dragon, mes amis, ajouta Thrôrund, en fronçant les sourcils. Il s'agit d'un Seigneur Dragon ! Et si j'ai raison...il s'agit d'Ouros ! Oui, oui ! Je le reconnais bien celui-là ! Le seul qui soit aussi gros et noir que lui c'est Seth, sauf qu'il est de l'élément Terre et qu'il ne volerait pas avec autant d'aisance qu'Ouros ! — Ouros ? Le Seigneur Dragon de la Topaze ? Demanda Barohie. — Oui, lui-même, il...COUCHEZ-VOUS ! Beugla Thrôrund en se jetant sur le delenien et les faisant s'écraser tous deux sur le sol.
Eremir ne se posa pas de question et les imita, idée judicieuse car le dénommé Ouros était revenu à la charge, emmenant dans ses griffes acérées deux autres gardes qui hurlèrent avant d'être séparés en quelques morceaux informes et jetés impitoyablement dans le vide. Les trois souverains se relevèrent d'un même mouvement et reportèrent leur attention sur ce qu'il se passait en bas. Les soldats s'affairaient, leurs armes s'entrechoquant contre leurs armures, et se dirigeaient vers les remparts. Le roi se tourna vers eux.
— Soldats ! En position ! Chargez les catapultes ! Ordonna-t-il.
Les catapultes furent disposées en ligne derrière les remparts, et l'on y déposa de lourdes pierres, portées par plusieurs hommes assez robustes. Par-delà les remparts de la cité, on entendait déjà les hurlements des troupes adverses. L'allumage des torches permit de mieux les distinguer, et il semblait y avoir une marée de soldats. Au-dessus d'eux, tel un charognard, le Seigneur Ouros de la Topaze tournoyait, comme s'il attendait quelque chose. Ses yeux luisaient d'un blanc mystérieux et étincelant, et il dardait son regard sur les argothiens. Les ennemis de Thenarÿs se rapprochaient et étaient déjà au niveau de la grande porte. Un choc puissant la fit trembler et le bruit qu'il produisit se répercuta jusqu'à Eremir et ses hommes.
— Catapultes ! Hurla le souverain. — Archers ! Tonna Barohir en levant son épée.
Les archers bandèrent leurs arcs, tandis que les autres guerriers tiraient la corde de la catapulte à son maximum. Ils patientèrent un moment, puis Eremir et Barohir lancèrent les ordres.
— Tirez ! Beuglèrent le roi d'Argoth et le roi delenien.
Aussitôt, les guerriers relâchèrent la corde d'un coup, donnant de l'énergie au tir de la catapulte, tandis que les archers tiraient leurs traits sur les ennemis situés sous les remparts. Les catapultes eurent beaucoup de succès et des cris de joie retentirent, vite étouffés par la surprise. Les flèches, ayant pourtant bien atteint leurs cibles, n'avaient produit aucun effet sur elles. Les ennemis redoublèrent même d'ardeur puisqu'ils plaquèrent des échelles contre les murs de la cité, et montaient allègrement.
— Quel est ce sombre maléfice ? Murmura Eremir, médusé. Dégagez-moi ces échelles !
Mais les hommes ne furent pas assez rapides, et déjà, les premiers ennemis prenaient d'assaut la cité. Ils avaient une tête des plus étranges, pleine de cicatrices, ou en lambeaux pour la plupart. Ils paraissaient également en phase de putréfaction. Ils possédaient de longues dagues incurvées et rouillées et ils étaient ou pieds-nus ou chaussés de bottes trouées. Leurs vêtements étaient aussi soignés que le reste de leur apparence.
— Morts-vivants ! Les Morts-vivants nous assiègent ! Aux armes !
Les créatures ni vivantes ni mortes arrivaient en grand nombre et se jetaient sur les soldats, qui furent vite débordés. Ils se faisaient tuer sans même s'en rendre compte tant leurs ennemis étaient rapides et sournois. Ils se glissaient derrière les guerriers, aussi silencieux que des ombres, et tranchaient leurs chairs en s'extasiant. Lorsqu'ils en avaient le temps, ils arrachaient des morceaux aux corps des soldats, et les dissimulaient dans leurs poches s'ils en avaient, ou les ingurgitaient. Eremir, Barohir et Thrôrund avaient formé un triangle, et paraient les coups qu'ils recevaient. Un groupe de cinq se jeta sur eux et les sépara brutalement. Thrôrund assenait de gros coups de marteau et les empalait avec son épée, Dagmar, qui en langue naine signifiait « brillante comme le jour ». Eremir combattait deux ennemis à la fois, n'ayant aucun problème pour les mettre à terre et les envoyer valser au loin, et Barohir s'acharnait contre un autre, tout aussi coriace que les autres. Un mort-vivant surgit derrière le delenien et s'agrippa à lui, le mordant à pleine dents dans l'épaule. Le jeune roi poussa un hurlement de douleur et se jeta en arrière pour écraser le mort-vivant. Peine perdue. Ce dernier, avec une force colossale, propulsa le delenien sur un mètre de hauteur, avant qu'il ne retombe lourdement sur le sol de pierre. Il se releva, tant bien que mal, l'épaule ensanglantée et la lèvre inférieure fendue, puis repartit à l'assaut en hurlant de rage. Mais les guerriers avaient beau trancher les membres des morts-vivants, les décapiter, même, rien ne semblait les arrêter. Et ils étaient entrés dans l'enceinte de la cité, détruisant tout sur leur passage. Les cris, la mort, le sang...le chaos régnait en maître absolu dans la belle Thenarÿs, à présent à feu et à sac. Les seuls adversaires que les argothiens pouvaient tuer n'étaient autres que des Hommes ou des Orks. Et par un mystérieux maléfice, ils se relevaient au bout de quelques minutes, au grand dam des valeureux combattants.
Un groupe de silhouettes en bures noires fit son apparition dans la cité, et elles se séparèrent chacune de leur côté, s'approchant des guerriers ou des villageois, fraîchement réduits à l'état de cadavres. Elles psalmodiaient des mots étranges, et, retroussant leurs manches, s'entaillaient les bras avec leur athamée, déversant des gouttes de sang sur les corps, sans cesser de réciter leurs incantations. Les morts se relevaient ensuite, et se retournaient contre leurs propres confrères, ne semblant plus les reconnaître. C'était la débandade totale, les hurlements de terreur retentissaient, une atmosphère oppressante s'était abattue sur Thenarÿs. Eremir fut assommé, et les morts-vivants, au nombre de trois, qui le maintenaient, l'emmenèrent dans son propre château, et l'assirent sur son trône, après l'avoir solidement attaché. Barohir se débattait également, alors qu'il était sur le point de lui arriver la même chose, mais Thrôrund, en poussant un cri de guerre d'une puissance inouïe, se jeta sur les deux cadavres ambulants qui furent projetés au sol sous le poids du vaillant Nain, et celui-ci les décapita, et trancha leurs membres avant de prendre une torche enflammée et de la poudre noire qu'il conservait dans sa bourse. Il prit Barohir par le bras pour l'éloigner, et jeta la poudre et la torche sur les restes des cadavres qui gesticulaient encore, à la recherche de chair à trancher. Il y eût une explosion. Les corps encore soudés s'immolèrent, puis partirent en cendres. Ce fut la fin. Barohir jeta un regard admiratif au souverain du Dwilömrhin.
— Je comprends mieux pourquoi l'on vous surnomme « Cœur de Dragon », à présent ! Vous le méritez amplement, pour sûr, maître Nain ! — Le feu. Leur faiblesse est le feu, c'est ce que me disait mon père, j'aurais dû m'en rappeler plus tôt, maugréa Thrôrund en secouant la tête. Mes ancêtres avaient utilisé cette technique lors de la bataille de Caaldiran, pour aider les Enôrii à combattre les Orks, et ces sales créatures. — Ne vous culpabilisez pas, Thrôrund, maintenant nous savons comment nous en débarrasser. SOLDATS ! METTEZ LE FEU AUX MORTS-VIVANTS ! APPORTEZ LES MARMITES DE POIX ! Hurla Barohir aux soldats encore vivants.
Ceux-ci se regardèrent, puis s'empressèrent de chercher le matériel nécessaire. Pendant ce temps, Thrôrund, Barohir et d'autres guerriers lançaient des torches et tiraient des flèches enflammées sur les monstres, et l'espoir revint alors. Dès lors, ils retrouvèrent leur ardeur et redevinrent plus combattifs, malgré le nombre toujours grandissant de l'armée adverse. Thrôrund et Barohir n'étaient plus aidés que par une quinzaine d'hommes, tandis qu'une trentaine de morts-vivants les encerclaient à présent. Le delenien sentit son rythme cardiaque s'accélérer au fil des secondes, et des perles de sueur froide gouttaient sur son front et mouillaient ses cheveux d'un noir corbeau. Thrôrund, quant à lui, ne paraissait nullement inquiet, ou s'il l'était, il n'en laissait rien paraître sous ses airs farouches. Il poussa un hurlement et fit mine de bondir sur l'ennemi qui ne recula pas d'un pouce, mais qui au contraire, prit cela pour de la provocation et choisit ce moment pour repartir à l'assaut. Ils tuaient les argothiens au fur et à mesure, et Barohir ressentait de plus en plus fort la peur qui le rongeait. Ses mains qui tenaient la garde de son épée étaient secouées de tremblements qu'il ne pouvait contrôler. Les morts-vivants se rapprochaient. Il allait mourir. Il n'avait pas demandé cela, pourtant, tout comme les pauvres diables qui avaient enduré pour la plupart, un sort encore pire que la mort. Le jeune roi se sentit faillir, et il dût fermer les yeux pour faire une rapide prière aux divinités du monde, afin de reprendre une parcelle de courage. Comment en était-il arrivé là ? Il aurait dû s'écouter, et ne pas accepter cette maudite invitation ! Quelle sottise avait-il fait là ? Mais l'heure n'étaient pas aux pleurnicheries, il était roi ! Il continua le combat, malgré les larmes qui coulaient le long de ses joues. Il était désespéré. Il n'avait rien à perdre. Il irait rejoindre son père et sa mère. Et tous ses ancêtres. Que pouvait-il face à cette horde d'âmes damnées, après tout ? Thrôrund ne craignait pas la mort. On eût même dit qu'il la provoquait en affichant un air moqueur à chaque fois qu'il tranchait les membres des morts-vivants. La marmite de poix était arrivée, et derechef, il esquissa une roulade, trempa son épée dans le liquide noir, et la passa sous la torche avant de la présenter de nouveau sous le nez des morts-vivants qui firent un bond en arrière en hurlant. Dagmar, « brillante comme le jour » n'avait jamais mieux porté son nom qu'en cet instant, les flammes léchant sa lame ardente et dansant sensuellement autour d'elle. Le roi Nain éclata d'un rire sonore et moqueur :
— Aha ! Vous faites moins les fiers, maintenant, hein ? Venez donc dire « bonjour » à ma Dagmar, bande de morceaux de viande putride ! PLEÛTRES ! RETOURNEZ DANS LES ABYSSES ! Beugla-t-il en les chargeant férocement.
Barohir trouva l'idée excellente et après avoir trempé son arme dans la poix et l'avoir passée sous la torche, il eût plus de facilité pour détruire les cadavres ambulants, toujours en admiration devant le Nain intrépide. Celui-ci fut projeté sur plusieurs mètres, une lumière rouge l'ayant atteint de plein fouet entre les reins.
— Thrôrund ! S'époumona Barohir.
Lorsqu'il tourna la tête pour voir qui était l'auteur de cette violence, il eût juste le temps de parer un coup de poignard qui l'aurait très certainement tué. Un capuchon noir recouvrait un visage dont les lèvres était étirées par un rictus. Une femme. Une sorcière, appartenant à la Guilde des Sorcières des Tombes. Il poussa un grognement, donna un violent coup de pied dans l'abdomen de la femme qui en eût le souffle coupé, et en profita pour trancher la main qui tenait l'athamée et décapiter la sorcière. Satanée créature. En regardant autour de lui, il en vit plusieurs qui étaient entrain de ranimer les autres cadavres. La cité était perdue. Eremir avait disparu. Et les ennemis grandissaient toujours à vue d'oeil. Les archers bandèrent une nouvelle fois leurs arcs dont les flèches enflammées s'apprêtaient à être tirées, mais le hurlement d'Ouros retentit une nouvelle fois, et une rafale de vent s'abattit sur les soldats, éteignant tout feu sur son passage. Il était utile d'avoir un Seigneur Dragon de l'Air à ses côtés quand on avait des morts-vivants pour soldats, afin d'empêcher quiconque d'utiliser leur faiblesse, le feu, contre eux. Satanées sorcières. Fichu dragon. Fichue peur qui envahissait de nouveau le corps de Barohir. Ce qu'il s'apprêtait à faire était sans doute très lâche, mais il n'avait plus le choix.
Barohir fonça sur les morts-vivants qui bloquaient sa route, les éjectant sur son passage, et s'agenouilla près de Thrôrund. Il le gifla vivement, lui faisant reprendre ses esprits, et le tira par le bras, malgré les protestations du roi Nain.
Mais qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes fou ? S'écria-t-il en gesticulant. Nous n'avons guère le choix, nous devons partir, répondit Barohir en lançant un regard noir. Vous êtes un lâche, Barohir ! Nous aurions pu continuer à nous battre ! — Et comment comptiez-vous vous y prendre ? En vous faisant tuer ? Expliquez-moi comment comptiez-vous chercher des renforts en restant sur le champ de bataille ? Et j'ignore même si cela vaut la peine de mobiliser des troupes avec toute cette sorcellerie ! Répliqua le delenien d'un ton furieux.
Il marchait d'un pas rapide, le Nain toujours derrière lui, en direction des écuries. Il ouvrit les portes brusquement et sella prestement Sheyinyä qui piaffait d'inquiétude en poussant des hennissements paniqués. Barohir ouvrit un autre enclos, et en tira un hippogriffe, avec lequel Thrôrund était venu. Ce dernier toisait Barohir d'un regard empreint de rancoeur.
— Et ma femme ? Pensiez-vous que j'allais l'abandonner ? J'ai une personne qui m'aime et que j'aime, et je ne la laisserai pas aux mains de ces pourritures ! L'avertit-il en pointant son index sur lui.
Barohir écarquilla les yeux et se frappa le front.
— Freja ! Comment ai-je pu l'oublier ? S'écria-t-il. — Votre couardise aura sans doute contribué à vous faire perdre la mémoire, Barohir, mais allons, dépêchons ! S'il lui arrive malheur... — Il ne lui arrivera rien, allons la chercher, le coupa Barohir en tirant son Pégase par la bride
Une fois montés, ils galopèrent dans toute la cité avant de parvenir au palais dans lequel Freja devait encore se trouver. Dans le chaos qui régnait, il était inutile de se perdre en formalités en laissant les montures à l'extérieur, et, partant chacun dans un couloir opposé et en appelant l'épouse Naine, ils finirent par la trouver. Barohir menait la marche, et dès qu'ils en eurent la possibilité, ils s'envolèrent sur leurs montures, en direction du Delenör, afin de prévenir le royaume humain du sud. Ils virent également la princesse Leïla qui courait et se dirigeait vers les écuries, épée en main, pour prendre un destrier et probablement fuir la capitale en feu. Barohir et ses compagnons se dirent qu'elle était sauve, et qu'elle serait protégée par les Mages d'Aristia.
Eremir le Bel se réveilla, bâillonné et fermement attaché avec des cordes à son propre trône, délesté de toute arme potentielle. Deux Sorcières des Tombes étaient présentes à ses côtés, et trois morts-vivants gardaient Altaïr, le Mage, et Edwin, le prêtre, les lorgnant avec avidité. De nouveaux cris retentirent dehors, puis un tremblement de terre assez léger cependant, et un puissant rugissement secouèrent le sol et les murs qui semblaient craquer. Puis les murmures se firent entendre, et des pas tranquilles firent irruption dans la salle du trône. Une personne de très haute taille, vêtue d'une bure d'un rouge éclatant, était entrain de s'approcher près d'Eremir. Les sorcières et les macchabées s'inclinèrent à sa venue, et ne se redressèrent que lorsqu'elle leur fit un signe de la main. Un corbeau noir aux yeux rouges rubis s'était posé sur son épaule. Elle ôta le bâillon du roi d'Argoth qui était hors de lui.
— C'EST UN SCANDALE ! QUI ÊTES-VOUS POUR OSER DÉTRUIRE MA CITÉ, LE JOUR DE MON MARIAGE DE SURCROÎT ? POUR QUI VOUS PRENEZ-VOUS POUR METTRE MA CITÉ À FEU ET À SANG ? JE VOUS FERAI EXÉCUTER DÈS QUE L'OCCASION SE PRÉSENTERA, JE PUIS VOUS L'ASSURER ! Hurla-t-il en se débattant de toutes ses forces.
Les sorcières avaient déjà sorti leurs baguettes, furieuses que ce roi insipide ait insulté la femme vêtue de la bure rouge, et s'apprêtaient à lui jeter une série de sorts douloureux, lorsque la nouvelle venue les stoppa d'un geste élégant de la main. Elle se rapprocha davantage d'Eremir le Bel et esquissa un sourire qui embellissait ses lèvres peintes d'un rouge sanguin qui mettait son teint de neige en valeur et dévoilait de longues canines d'un blanc nacré. On ne voyait pas le reste de son visage, dissimulé par un masque d'argent finement ouvragé situé en-dessous de son capuchon rouge. Seuls ses cheveux ondulés et blonds étaient visibles, tombant en cascade sur la poitrine. Le pendentif du pentagramme sacré des Sorcières des Brumes était apparent par-dessus son habit, sauf que la pointe, habituellement dirigée vers le haut, était dans ce cas dirigé vers le bas. Tel était le sceau des Sorcières des Tombes et toutes en portaient un autour du cou.
— Je suis navrée d'avoir fait une entrée aussi fracassante sur tes terres, Eremir « le Bel ». Ce surnom ne serait-il pas quelque peu présomptueux ? Tu es plutôt banal, pour un humain. Oh ! Comme je suis impolie. Je ne me suis pas présentée. Je suis Abrahel, Matriarche des Sorcières des Tombes, et Impératrice des Âmes de l'Ombre. Il s'agit de l'armée qui a vaincu la tienne. Et je puis t'assurer que l'occasion pour me tuer dont tu parles n'est qu'une illusion. Je ne peux pas mourir. Je suis l'Immortelle -c'est un surnom qui est plus prestigieux que le Bel-, sauf que contrairement à toi, je le mérite, je te donne ma parole là-dessus. J'ai également de grands projets pour toi, Eremir le Bel, et crois-moi, tu n'auras d'autre choix que d'accepter mon offre... J'ai les moyens de te convaincre.
L'Immortelle claqua des mains et une porte s'ouvrit, laissant entrer dans la pièce un groupe constitué de trois personnes. La Matriarche des Sorcières des Tombes recula pour être aux côtés d'Eremir et fut prise d'un rire malsain. En son for intérieur, elle n'avait jamais été aussi satisfaite qu'en cet instant...
Voilà pour le moment. À vos claviers !
Dernière édition par Coyote le Jeu 16 Aoû 2012 - 17:08, édité 2 fois |
| | | les chats patoirs Je commence à m'habituer
Nombre de messages : 110 Age : 26 Localisation : Quelque part entre les ombres -Blacksad Loisirs : Disparaître. Réapparaître. Backstab. Repetez pour plus de fun Date d'inscription : 08/08/2012
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 13:27 | |
| l'introduction est magnifique, les larmes qui deviennent un lac, énorme. La façon de penser de chaque clans, ils paraissent réels. Je n'ai lu que l'intro, j'attaque les trois autres chapitres avec impatience. _________________ - Dans un monde rempli de misère et d'incertitude.
C'est un grand confort de savoir qu'il y a, A la fin, Une Lumière Dans La Nuit -Joshua Graham... (spoiler):
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 14:51 | |
| Je vais lire ça dans les prochains jours et je te donnerai mes commentaires, promis.
Par contre un petit conseil amical, n'en poste pas autant d'un coup, tu risques de décourager les meilleures volontés (j'ai fait la même erreur au début, et certains ont renoncé à le lire faute de temps, on m'en a fait la remarque). Attends quelques jours avant de nous poster les chapitres suivants, d'avoir déjà quelques avis.
Je comprends ton envie d'avoir des avis, mais comme il faut que nous prenions le temps de le lire pour te faire des commentaires constructifs (et qu'il ne faut pas oublier que nous travaillons aussi tous sur nos textes en parallèle), ça ne peut pas se faire en quelques minutes.
Bon courage pour continuer la suite. |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 20:08 | |
| Hello Coyote ! Ton idée est vraiment pas mal, j'adhère à ton projet. je te souhaite bien du courage pour la création de ta langue pour ton peuple de la lune. Ton résumé est vraiment bien écrit et donne envie de lire ton histoire. Les hsitoires de dragons ne sont pas nouvelles mais la tienne, avec cette histoire de pierres pouvant les contrôler et tout ça, me parait bien originale. Ton style, un peu visible dans ce résumé, m'accroche déjà. je n'ai pas trouvé de fautes dedans par ailleurs... - Citation :
- Au commencement du monde, bien avant que les grands royaumes ne surgissent des terres fertiles, trois divinités naquirent de Chaos, leur père, sous la forme de trois astres. En premier il y eut Krÿstólis, dieu du Soleil et de l'élément du Feu. Plus tard il représenterait l'Art et la Guerre destructrice lorsque les créatures pensantes se seraient suffisamment développées. Ensuite vinrent les jumelles Quêliniel et Sÿlmenás, que l'on pouvait voir sous la forme des deux lunes qui dominent le monde lorsque la nuit couvre le ciel de son noir manteau. La première, Quêliniel, représentait l'élément Eau et était la déesse de la Nature et de la Fécondité. Enfin, Sÿlmenás régissait l'élément Air. L'Amour, la Magie et la Mort étaient ses domaines d'influence.
Rien que ce premier paragraphe me fait saliver quant à ton style. Tu écris vraiment bien je trouve. par contre, je relève un élement qui me perturbe : trois dieux. Dans ton résumé tu parles de quatre divinités originelles. Serait-ce une incohérence ? Dès le début ça serait dommage... - Citation :
- Un autre monde, lui, était habité par des êtres immatériels, des êtres que l'on nommait « démons », assoiffés de pouvoir et ne ressentant rien d'autre hormis ce désir farouche d'assouvir leur domination par leur seule volonté et de détruire ce qui les entourait.
Oula, phrase trop longue ! Sinon, le principe des divinités qui voyagent pour se chercher des éspèces à régir, je trouve cela très intéressant. Ton univers à l'air précis avec cette histoire. - Citation :
- Elle finit par donner naissance à une autre divinité, Annálabÿr, la déesse monde.
Ah non, ce n'était pas une incohérence finalement cette histoire de quatres divinités originelles`^^ Je m'arrête là pour le moment car tes posts sont vraiment longs et tu en as posté trois. Je te conseille comme les autres de revoir cela et de poster des bouts moins longs et à plus grandes intervalles pour donner plus envie de lire. Commenter ce n'est pas simple et on se décourage vite quand on à l'impression d'en avoir pour trois heures. Je repasserai cela est sûr ! Bonne continuation ! Tu te débrouilles très bien en tout cas ! |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 15 Aoû 2012 - 21:17 | |
| Oui désolée pour les gros immeubles postés en une fois xD Mais j'avoue que j'étais tellement anxieuse à l'idée de montrer mes textes que je me suis dit que ça passerait plus vite si je larguais le prologue et les trois chapitres ^^ J'en tiendrais compte la prochaine fois, je vous rassure Merci pour ce conseil. Je suis tellement stressée que j'ai un coup de chaud et une boule dans le ventre à chaque fois que je me rends compte qu'il y a un nouveau message dans ce sujet lol Il est rare que je mette à nu de cette façon, enfin. Irsis : Ah oui, en effet, elle est longue cette phrase. "Un autre monde, lui, était habité par des êtres immatériels que l'on nommait « démons ». Ils étaient assoiffés de pouvoir et ne ressentaient rien d'autre hormis ce désir farouche d'assouvir leur domination par leur seule volonté, et de détruire tout ce qui les entourait." Mieux ? ^^ En tout cas merci pour ces premières critiques, j'attends les autres Affectueusement, Coyote. |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 17:13 | |
| Salut Coyote (voilà un pseudo bien masculin pour une demoiselle !). Ah, le stress de la première fois qu'on soumet un texte au forum... Je me souviens du mien et de l'attente des commentaires... C'est vrai que c'était stressant ! Alors, comme l'a dit Abigaelle (que je vais appeler Bibi un de ces quatre), il ne faut pas poster trop d'un coup, car pour ceux qui, à l'inverse de moi, ont le courage de laisser des commentaires, cela peut les faire fuir... Cela doit faire des semaines que je n'ai pas donné mon avis sur un texte, et cet après-midi, boum, l'envie m'a pris, et re-boum, c'est tombé sur toi, héhéhé. Bon, il s'agit plus ou moins de ta première histoire, non ? Je vais essayer de pas être trop dur. Tout d'abord, regarde la liste de clichés suivante : • Le héros est un paysan habitant loin du monde et est orphelin • Le héros fait partie d’une prophétie, est le fils caché d’un grand roi • Le héros possède un artefact puissant légué par un proche • Le héros est formé par un vieux sage reclus dans la montagne • Le héros est gentil et ses actions sont toutes nobles • Le héros est un homme et sauve une fille issue d’un milieu favorisé, dont il tombe amoureux • La fille en question est l’archétype féministe • Le méchant est méchant, porte un nom comme « Le Maître des Ténèbres » • Le méchant est caché dans une zone hostile et envoie des hordes de monstres qui sont à sa solde • Le méchant est un proche parent du héros (le père, le frère) • Il existe dans le monde un peuple sage, reculé et en voie d’extinction, que le héros va retrouver • Le monde est divisé en contrées qui s’appellent Azaraël, Endorion, Wrildayen, X’il’podhork • Il y a des elfes, des nains, des orcs, des géants dans le monde En survolant ton prologue et ton chapitre 1, je pense avoir remarqué la présence de certains de ces clichés (pas tous, rassure-toi). Combien penses-tu en avoir dans ton histoire, au final ? Un cliché n'est pas mauvais en soi : écrire de la fantasy ne veut pas dire être extrêmement original en tous les points. Il y a des ingrédients qu'on retrouve dans de nombreux bouquins et pourquoi pas le tien. Toutefois, si leur nombre est trop élevé, et s'ils ne sont pas amenés avec un angle intéressant, tu vas rater une occasion de te démarquer... Ce serait dommage ! Concernant le prologue, de manière générale, il faut t'interroger sur les points suivants : - mon prologue est-il un documentaire présentant la genèse du monde ? - ou un documentaire présentant l'état actuel du monde ? - ou un documentaire présentant les races du monde ? - ou un mix des documentaires précédemment cités ? - mon prologue est-il dispensable, c'est-à-dire que si on ne le lit pas, on comprend quand même le reste de l'histoire ? - mon prologue pourrait-il s'appeler chapitre 1 ? Si tu réponds oui à l'une de ces questions (ou pire, à plusieurs), alors tu devrais peut-être songer à retirer le prologue. Cela ne veut pas dire que tu l'as écrit pour rien ou qu'il n'a pas d'importance ; mais les premières pages d'un roman se doivent de happer le lecteur dans l'histoire. Or, un prologue relativement distant dans sa narration ou de par sa nature (un documentaire) ne remplit pas ce rôle. Tout ceci reste mon avis. Certains livres écrits par de grands auteurs contiennent énormément de clichés et un prologue comme le tien, donc c'est à toi de voir. Bon courage pour les commentaires plus détaillés de mes camarades, qui ne manqueront pas de suivre ! |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 17:57 | |
| Mince, un commentaire de Hakkrat, je suis jalouse tiens ^^
Bon je ne suis pas douée en commentaires, mais ton histoire semble bien partie et ta qualité d'écriture est bonne, donc continue, tu arrivera à en tirer quelque chose. |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 18:11 | |
| - rainette a écrit:
- Mince, un commentaire de Hakkrat, je suis jalouse tiens ^^
Zut, je savais que j'aurais dû me retenir... |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 18:17 | |
| Disons que c'est l'histoire sur laquelle je me donne le plus, et celle que j'ai vraiment envie de réussir envers et contre tout. Je n'ai jamais été aussi tenace pour une histoire ^^ Bon, après, forcément, il y a des clichés. Je dirais même que c'est quasiment, voire même inévitable tout court à moins de totalement réinventer le genre. Si on retrouve ces clichés dans mon histoire, c'est justement parce que ce sont ces clichés de fantasy qui me plaisent. Par contre, mon héros est une héroïne, de mon point de vue, et c'est Cassandre, la princesse Enôrii. Malgré les groupes de personnages qu'il va y avoir, c'est à mon sens elle la plus importante, la véritable héroïne. Après pour ce qui est de la Matriarche, elle a une grande place dans mon histoire, ce n'est pas une "méchante" comme les autres. On la voit souvent, elle se déplace beaucoup, n'est pas foncièrement mauvaise non plus malgré ses actes. Pour les contrées, idem, j'ai trouvé des noms qui me plaisaient, alors pourquoi ne pas les mettre? Sinon pour le prologue, malgré son aspect documentaire il est important et je ne le retirerai pas ni ne le renommerai "chapitre 1" . Car l'histoire ne se passe pas dans un seul lieu mais dans plusieurs, il y a plusieurs personnages de différentes cultures qui vont entrer en compte, etc. Je considère que c'est un élément important pour la compréhension de la suite. Bon, par contre j'admets que je pense en retirer une partie car avec le recul, je me rends compte qu'en fait cela n'est pas nécessaire pour l'histoire. (le descriptif psychologique des Seigneurs Dragons ). Voilà voilà Merci en tout cas pour ta critique, j'attends les autres *montre des sacs de Haribo* Dépêchez-vous, j'ai des bonbons Affectueusement, Coyote. PS : pour le pseudo, il existe des coyotes femelles^^. Puis j'aime les pseudos à consonance masculine autant qu'embêter les gens |
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| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 18:34 | |
| - Hakkrat a écrit:
- Alors, comme l'a dit Abigaelle (que je vais appeler Bibi un de ces quatre), il ne faut pas poster trop d'un coup, car pour ceux qui, à l'inverse de moi, ont le courage de laisser des commentaires, cela peut les faire fuir...
En général, ici c'est plutôt Abi qu'on me donne comme surnom (sans compter Hardkey qui lui me traite régulièrement de vieille ^^), Bibi, on ne me l'avait pas encore faite... une raison particulière ? - Coyote a écrit:
- PS : pour le pseudo, il existe des coyotes femelles^^. Puis j'aime les pseudos à consonance masculine autant qu'embêter les gens Razz
Exact, Mercy Thompson, l'héroïne de Patricia Briggs, se transforme en coyote (c'est d'ailleurs la première chose à laquelle j'ai pensé en lisant ton pseudo). Je n'ai pas encore eu le temps de lire, mais promis je le fais ce week-end, vu que je me fais arracher une dent demain après-midi, je pense que samedi et dimanche, je serai à la maison tranquille pour m'en remettre, donc ce sera lecture ! Je comprends ton stress pour les commentaires, quand on tient à un texte, c'est toujours un peu dur de le soumettre au regard des autres, mais c'est aussi ce qui aide à avancer et à améliorer le texte. Je reviendrai dès que j''en aurai lu une partie. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Jeu 16 Aoû 2012 - 20:20 | |
| C'est vrai que tu commences fort en postant tout ça. Perso, va me falloir un peu de temps pour tout lire, tout simplement parce que j'ai rarement acces au PC en ce moment. Mais je te promet un bon gros commentaire des familles. Et abi, vieille est un compliment pour moi. Sincèrement, les vieux sont foutrement plus intéressant que les jeunes. Et encore, t'as de la marge pour que je puisse dire que tu es vieille sans me moquer gentiment. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Sam 18 Aoû 2012 - 15:33 | |
| Ca y est, j'ai commencé de lire ton texte, j'ai fini le prologue pour l'instant, je lirai le reste un peu plus tard. - Citation :
- j'attends les autres Very Happy*montre des sacs de Haribo* Dépêchez-vous, j'ai des bonbons Razz
Pas pour moi, merci, je vais attendre un peu avant de manger des sucreries en ce moment... Mais pour le commentaire, pas de souci D'abord tu as un très bon style d'écriture, c'est fluide, quasiment sans fautes, on sent que tu as vraiment travaillé son écriture. Personnellement, j'ai trouvé le prologue long, mais c'est une question de goût personnel : j'aime les livres qui me plongent directement dans l'action, donc l'aspect un peu "documentaire" pour expliquer la naissance de ton monde et de ses peuples ne m'a pas vraiment prise dans la lecture, j'attends de lire les chapitres suivants. Je t'avoue que pour l'instant, je n'ai pas tout retenu et qu'il m'a fallu plusieurs fois revenir en arrière pour me rappeler qui est qui, j'ai eu trop d'informations à assimiler en une seule fois. D'autant que comme dans tout roman fantasy, tous les personnages ont des prénoms très originaux, mais pratiquement inconnus, qu'il faut assimiler (je crois que ça devrait être un autre cliché à rajouter dans la liste, mais je reconnais que dans mon roman fantasy, j'ai moi aussi donné des prénoms pas franchement courants à mes personnages ^^) Je pense que tu peux le raccourcir, notamment sur les 12 seigneurs dragons, tu pourras développer leur personnalité au fur et à mesure du récit, pour l'amener plus naturellement. Sauf erreur de ma part, il y a un seigneur dragon pour lequel tu n'as pas précisé la pierre qui lui est associée, Anthir. Un autre détail qui m'a sauté aux yeux en parcourant les premières lignes du chapitre 1, c'est le fait que parfois les verbes sont au présent, et d'autres fois au passé, ça a tendance à me perturber un peu car pour moi, tout le récit doit être dans un seul mode (passé ou présent), il me semble que j'avais aussi vu ça quelques fois dans le prologue. Voilà pour mes premières remarques, j'attends de lire les premiers chapitres pour voir comment démarre l'histoire et où elle va nous entraîner, je reviendrai te donner mes commentaires ensuite. En tout cas, tu as dû beaucoup travailler ce texte et ça se sent, bravo, continue comme ça. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Dim 19 Aoû 2012 - 19:04 | |
| Ouf ! Ton prologue est assez long et lourd ! Si c'était un livre, je crois que je le sauterai ! Pourquoi tout expliquer dans le prologue et ne pas incérer ces éléments petit à petit dans ton texte ? Le lecteur aura l'impression de découvrir ton monde au lieu d'avoir tout lu au début et d'être peut-être obligé d'y retourner au milieu parce qu'on ne se rappelle plus quel dieu soutient quel peuple... I : - Citation :
- Annálabÿr, sentant qu'il y avait des tensions dans l'air
Ce passage fait très familier par rapport au texte, peut-être enlève le "dans l'air". - Citation :
- En effet, celui-ci était désorganisé, et les différents éléments de la nature se faisaient de plus en plus instables, et des événements désastreux survenaient fréquemment.
Les deux "et" sont lourds. Pourquoi y a-t-il une virgule avant ? II : - Citation :
- Mais ils ne surent se mettre d'accord. Ce fut finalement Quêliniel qui trancha
Pourquoi dirent qu'ils ne s'entendent pas pour dire finalement que quelqu'un tranche ? On s'en fiche un peu... Si tu laisses ton prologue, je pense qu'il faudra l'alléger. - Citation :
- à se rendre invisible, elle ou quelqu'un d'autre
à rendre invisible, elle ou quelqu'un d'autre ? Pardon mais je n'ai lu que les 4 premiers dragons ensuite... Ça m'a ennuyé ! En plus, je ne vois pas l'intérêt parce que je ne peux pas tout retenir ! Pour moi, ces infos doivent faire partie de tes notes, pas être données au lecteur... III : Tu as parlé du royaume de Delenör avant de parler de sa création, dans la partie I. Je ne vois pas l'intérêt d'expliquer la personnalité des différents rois avant de les rencontrer... Non seulement on a du mal à retenir toutes ses informations mais en plus, ça gâche la surprise ! Pareil, j'ai été incapable de lire la fin de la partie III... Je suis fatiguée, je crois... As-tu une carte ? Car c'est très difficile d'imaginer ton monde (trop de noms). Pardon pour les critiques un peu dures mais j'ai vraiment eu du mal et je n'ai pas vu l'intérêt... En revanche, j'ai hâte de lire la suite qui, du coup, à l'air très intéressante ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Dim 19 Aoû 2012 - 19:44 | |
| J'ai poursuivi ma lecture et fini les chapitres 1 et 2. Je commence à comprendre un peu mieux ton monde, à découvrir les personnages, j'aime bien le mélange d'elfes et de vampires avec leur animal totem, pour l'instant, ce sont eux qui m'intriguent le plus. Pour l'instant, l'histoire n'a pas vraiment encore démarré, c'est plutôt la mise en place, donc j'attends de voir l'évolution. J'ai quelques remarques sur des choses qui m'ont un peu gênées ; j'espère que tu ne trouveras pas mes critiques trop dures, c'est plutôt un avis franc pour souligner des points qui, me semblent-ils, pourraient être améliorés, car ton texte a du potentiel : - comme je l'avais déjà évoqué dans mon précédent post, j'ai du mal avec les changements brusques de temps : un paragraphe au passé de la narration, puis des explications sur les peuples qui passent au présent (voire même avec du futur en plus au chapitre 2), puis ça repasse au passé. Au final, je trouve que ça ralentit l'histoire et que ça coupe sa fluidité. - pour les passages où il y a de l'action, où on commence à rentrer dedans, soudain il y a une digression qui casse le rythme : - dans le chapitre 1, j'ai été surprise de voir un si long paragraphe sur ce qu'a fait la sorcière quand elle est allée voler l'eau du lac, je me suis franchement demandé ce que cette partie faisait là, d'autant que rien ne prévient vraiment qu'il va y avoir ce flash back, le changement est assez brutal, et une fois que l'histoire est finie, là tu mets des signes indiquant le changement de paragraphe et tu reviens à la scène précédente. Je suppose que cette partie est importante pour montrer le caractère de la sorcière, mais je l'aurais plutôt placé à un autre endroit, par exemple une fois qu'elle a envoyé le corbeau, elle se rassied, voit son visage encore jeune dans son miroir et se met à penser au passé... et là ça ne couperait plus l'action. - dans le chapitre 2, au moment où l'araignée attaque Arya, en plein coeur de l'action, pour expliquer la réaction de Cassandre, il y a un long paragraphe sur la place de la mort et les coutumes s'y rapportant chez son peuple : alors que j'étais prise dans l'action, je me suis encore retrouvée coupée dans mon élan, et je me suis demandé ce que cette digression venait faire là. C'est vraiment dommage car la scène était bien, on rentrait bien dans le combat, et tout d'un coup, ça s'arrête, il faut aller plus bas pour continuer sur l'action, personnellement, j'ai trouva ça plutôt frustrant. - pour ton prologue, j'avais aussi fait la remarque qu'il était long, et tu disais : - Citation :
- Sinon pour le prologue, malgré son aspect documentaire il est important et je ne le retirerai pas ni ne le renommerai "chapitre 1" Smile . Car l'histoire ne se passe pas dans un seul lieu mais dans plusieurs, il y a plusieurs personnages de différentes cultures qui vont entrer en compte, etc. Je considère que c'est un élément important pour la compréhension de la suite.
Je comprends ton point de vue, par contre dans les deux premiers chapitres, tu répètes une partie des informations qui tu y as mises, sur le peuple Enôrii, puis sur le lac des larmes, et là j'ai vraiment eu l'impression d'une redite en me disant "mais c'est ce qui était déjà dit dans le prologue" Donc là, j'ai l'impression d'un doublon, et pour moi : - soit effectivement, tout est dit dans le prologue et ce n'est pas la peine de revenir dessus (bon, maintenant, si les gens sautent le prologue, là oui ils n'ont pas l'information, mais j'aurais tendance à dire que c'est leur choix, tant pis pour eux), parce que les gens qui l'ont lu ont eu l'information ,et au pire, ils reviennent en arrière s'ils ont un doute ; - soit tu ne fais pas de prologue ou tu le fais beaucoup plus petit, avec moins d'informations, et tu distilles le reste au fur et à mesure de l'histoire comme tu as commencé à le faire ici (personnellement, j'ai tendance à préférer cette façon de faire, mais ce n'est qu'un avis personnel) Voilà, j'espère avoir pu t'aider un peu, si tu as des questions, n'hésite pas, et bon courage pour continuer à le travailler. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Dim 19 Aoû 2012 - 21:59 | |
| Rassure-toi, je préfère les critiques dures et constructives car elles permettent d'avancer.
Ah oui, pour ce qui est des virgules avant, c'est un réflexe, je ne sais pas pourquoi. J'ai tendance à mettre des virgules avant le "et" alors que c'est inutile. C'est vrai que les changements brusques de temps peuvent paraître bizarres, il faudrait que je relise avec un regard neuf pour mieux me rendre compte. Bon, en tout cas je m'attendais à devoir faire des modifications en grand nombre, car il est vrai que pour l'instant c'est un travail grossier, non affiné. Merci pour les commentaires en tout cas, et si vous repérez autre chose, je suis toute ouïe !
Affectueusement, Coyote.
Ps : Ah ! oui : penses-tu que décrire les lieux du point de vue du perso principal serait plus approprié ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Lun 20 Aoû 2012 - 17:16 | |
| Quand j'ai commencé mon premier roman de fantasy (David Eddings, j'avais 10 ans certes), j'ai failli abandonner à cause du prologue long et lourd... Je crois même que j'ai abandonné et que je ne l'ai repris que par affection pour la personne qui me l'avait offert, j'ai failli passer à côté d'un de mes auteurs préférés ! Mais, j'ai une idée (ça m'arrive, de temps en temps). Pourquoi ne pas découper certaines parties de ton prologue (notamment la description des douze dragons) et les insérer entre les chapitres par exemple ? Un dragon avant chaque chapitre, en commençant pas ceux que l'on va rencontrer en premier bien sûr, afin de ne pas manquer d'information. Ensuite il faut absolument une carte pour appuyer ton récit (mais je suis sûre que tu l'as déjà). Après demande toi qu'est-ce qui est indispensable et surtout qu'est-ce que tu ne peux pas intégrer au récit : a-t-on besoin de savoir quel Dieu commande quel peuple ? a-t-on besoin de savoir comment le monde est créé et que les dieux ont trouvé des espèces sur d'autres planètes ? Par exemple, on a clairement besoin de savoir où tel peuple habite et qui est en conflit avec qui mais cela ne peut-il pas s'intégrer dans le récit ? Regarde Georges Martin. Il manipule des personnages aux quatre coins de son univers avec juste une carte et des on-dit. Après tu es tout à fait libre de garder ton prologue tel quel ^^ ce sont juste des pistes si tu changes d'avis :p (et parce que je suis têtue) Chapitre 1 : - Citation :
- Il y avait des montagnes dentelées, et un pic, noyé dans les nuages
Re-virgule avant le "et" et surtout une virgule entre un nom et son adjectif ? Ou alors il faut une virgule après "nuage". Les virgules servent soit à faire des pauses dans la lecture, soit elles encadrent un groupe de mots mais pour encadrer il faut être deux ! - Citation :
- petites filles âgée de dix à vingt ans au plus tard
"âgées" et j'aurai dit "au plus" juste - Citation :
- elles ne devaient jamais revoir leur famille durant leur initiation et ne quitter l'enceinte de la Guilde qu'en compagnie de leur mentor. Par ailleurs, les Sorcières elles-mêmes n'en sortent que rarement,
Il y a un changement de temps entre les deux phrases. De plus, tu ne dis pas si elles enlèvent les petites filles ou si les parents sont d'accord ni quels sont les critères de sélection. - Citation :
- difficiles à se débarrasser
"à s'en débarrasser" ? je ne sais pas si ça sonne mieux ou pas... - Citation :
- Fais ce qu'il te plait, tant que cela ne blesse personne, à moins que cette personne ne l'ait mérité
Je trouve cette phrase un peu bizarre, elle fait moins officielle que les autres et surtout le "à moins que cette personne ne l'ait mérité" n'est pas très miséricordieux et laisse place au jugement de la sorcière. Je me serai attendue à des règles plus strictes. A ce moment-là de l'histoire, on ne sait pas si ce sont des bonnes ou mauvaises personnes et ces règles sont perturbantes ! "fais ce que tu veux" "tu peux faire du mal aux gens s'ils t'en ont fait" "fais la guerre avec miséricorde", ça me parait contradictoire. - Citation :
- Notre histoire débute avec une Sorcière des Brumes connue sous le nom de Fenwyn Voronil.
J'adore cette phrase, j'ai l'impression que c'est un conteur qui parle ! - Citation :
- Tamaris lui en voudrait beaucoup plus que si elle l'avait dérangée
"que si elle la dérangeait", puisqu'on sait qu'elle va le faire. - Citation :
- — J'espère que vous avez quelque chose d'important à me dire pour m'avoir dérangée, Fenwyn... » dit-elle d'une voix grinçante.
Tu fermes des guillemets non ouverts. - Citation :
- Tamaris avait fait toute la traversée depuis les Landes Éternelles, qui se trouvent tout au sud,
Même si c'est toujours vrai, tu ne peux pas mettre un présent ici et dans la suite ! Il faut que tu choisisses le temps de ton récit mais si c'est du passé, ça reste du passé. - Citation :
- aussi célestes que le vent
céleste signifie "qui vient du ciel", ça n'a pas beaucoup de sens ici et on ne comprend pas ce que cela veut dire... Ola ola, je suis perdue ! On est dans une pièce de la tour, deux personnes parlent de quelque chose, on ne sait pas quoi, et là on se retrouve plongés dans un souvenir, avec du présent alors que c'est un passé dans la passé, on est dans la tête d'un autre personnage que celui suivi jusqu'à maintenant et dans une forêt ??? Il faut mieux introduire le souvenir, il m'a fallu deux paragraphes pour réaliser qu'on n'était plus au même endroit. Et tu répètes complètement ce qui est écrit dans ton prologue. - Citation :
- des bourdonnements incessants mais non assourdissants
Pourquoi préciser non assourdissants ? - Citation :
- et un bruit léger d'un poids qui tombe vint s'ajouter, et une autre créature s'avança dans sa direction
Deux "et" - Citation :
- un fort accent sur les voyelles et en roulant les « r »
Plutôt que de dire qu'il roule les "r", écris-le : "tu vas venirrrr avec nous" - Citation :
- ils sont amenés devant les souverains Arthax et Ghalÿa Ombrelune, qui décident de leur sort
Pourquoi répéter cette information déjà donnée ? Bon, c'est pas mal ! Je rejoins Abigaelle dans ses remarques. Moi je te conseillerai, si tu tiens absolument à mettre ce souvenir ici, même si je n'en vois pas l'intérêt pour le moment, de le mettre au début simplement... Et ensuite "dix ans plus tard, notre histoire commence avec..." ou à la fin comme Abigaelle te l'a suggéré. Pourquoi nous cacher la discussion des deux sorcières ? Est-ce vraiment important de commencer par la vision plutôt que simplement par la lettre ? Il faut que tu supprimes tous les présents ou alors que ton récit (principal, pas le souvenir) soit entièrement au présent. Pardon si je suis désagréable, j'aime bien mais j'ai vraiment été perdue à un moment ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Chroniques d'Annálabÿr - Pierres Sacrées [Prologue] Mer 22 Aoû 2012 - 16:04 | |
| - Coyote a écrit:
- Spoiler:
Chapitre II *~*~* La demeure des Lÿrargent
Fëanör, également appelée « Forêt d'Argent » par le commun des mortels, était sans conteste l'une des plus belles merveilles que ce monde possédait. Qui n'eût jamais rêvé, qu'il soit Ork, Humain, Nain ou Geriyan, de fouler cette terre sacrée, n'eût jamais rêvé de s'émouvoir devant la magnificence des arbres immenses et argentés, dont les cristaux qui reflétaient la lueur des étoiles et des deux lunes, donnaient à Fëanör cette beauté irréelle ? Car il s'agissait bien là d'un territoire unique en son genre, et empli de poésie et de charme. Nous ne parlons pas seulement de l'environnement, ni de l'imposante Enáwen, ou « Cité de la Lune », mais également des natifs de ce mystérieux endroit, dont la beauté envoûtante n'avait d'égale que leur grande arrogance. Ces êtres se nommaient eux-mêmes le « Peuple de la Lune » ou encore « Enfants de la Lune », qui dans leur langue natale se traduisait par « Enôrii », car celle qui leur avait insufflé la vie n'était autre que la déesse Quêliniel, qui était également le nom de l'un des deux astres lunaires qui parcouraient le ciel à la nuit tombée. Quêliniel était tombée amoureuse de ces créatures de grande taille, dont la hauteur se situait en moyenne vers les deux mètres pour les mâles, et atteignait le mètre quatre-vingt pour les femelles, au minimum (Je te conseille de mettre les femelles d'abord pour que ça soit un peu plus impressionnant. Et plutôt que mettre leur taille minimale, pourquoi ne pas mettre la taille maximale ? Attention aux superlatifs et aux phrases grandiloquentes, c'est un peu lassant.). Ils étaient pourvus d'oreilles effilées d'une quinzaine de centimètres, et de longues canines qu'ils utilisaient pour s'abreuver du sang de leurs proies. Leur peau, aussi pâle que la lune, avait par ailleurs la faculté de luire légèrement lorsque les lunes jumelles apparaissaient dans la nuit, ce qui les rendait encore plus beaux qu'à l'ordinaire. Leurs cheveux et leurs yeux pouvaient être de n'importe quel coloris possible, et tout leur corps n'était que grâce et finesse. Mais ce qui donnait du caractère au physique avantageux de ces êtres hors du commun, était l'arrogance, ("c'était l'arrogance", je ne comprend pas vraiment cette phrase... donner du caractère au physique ?) le sentiment de supériorité qui se lisait aisément lorsque l'on croisait leur regard farouche. Mais ils n'étaient pas seulement de splendides créatures qui transpiraient la suffisance, non. Ils pouvaient également être très hospitaliers pour ceux qui étaient leurs alliés, leurs amis. (C'est le deuxième "mais" à la suite. Ces deux phrases sont un peu étranges. La première est plutôt négative (qui aime les gens imbus de leur personne ?) et la deuxième est quelque chose de très positif. Le "également" met sur un pied d'égalité les deux caractéristiques... qui sont plutôt contradictoires à mon sens. En fait, j'aurai plutôt dit que, malgré leur arrogance, ils étaient quand même hospitaliers... pour ceux qui avaient réussi à briser leur carapace peut-être ?) L'Enôrii n'est pas fourbe par nature, ni ingrat. Une fois leur confiance acquise, on la conserve à jamais. Mais si on trahit ce pacte d'amitié...il est préférable de mettre soi-même fin à ses jours ou de prier pour que jamais ils ne retrouvent votre trace. Car les Enôrii n'oublient pas les vieilles alliances, ni les vieilles rancunes, par ailleurs. (Le "par ailleurs" sonnent comme si c'était la première fois que tu en parlais alors que tu viens juste de le dire au-dessus. Soit place cette phrase avant de montrer leur caractère rancunier, soit enlève juste le "par ailleurs". J'aime beaucoup l'aspect "conteur" de ton écriture, comme lorsque tu t'adresses directement au lecteur pour le conseiller de ne pas trahir les Enörii, ça nous plonge dans l'univers, mais je trouve que tu devrais le mettre plus en valeur.) C'est la raison pour laquelle les Orks ne sont et ne seront plus jamais les bienvenus sur ces terres, ni les natifs du royaume d'Argoth. De toute manière, rares sont les créatures pensantes qui peuvent pénétrer à Fëanör et en ressortir indemnes.
Mais ce qui faisait la particularité des Enôrii (là ça fait beaucoup... tu viens de décrire des tas de choses qui font "leur" particularité. Pourquoi ne pas dire simplement "une autre de leur particularité" ? Ou si tu veux vraiment mettre celle-là en valeur, attention à tout ce que tu as écrit avant, il faut le mettre moins en valeur. Autre chose : Je ne vais pas critiquer chaque virgule (sauf si tu me le demandes XD) mais là tu en as mise une entre un sujet et un verbe.), venait du fait qu'ils étaient liés à des animaux, que l'on appelait « Totems ». En effet, lorsque les enfants atteignent l'âge de dix ans, ils doivent se réunir autour du lac Quêlnós (le lac des Larmes de Quêliniel), où les attend l'Oracle, une Enôrii ayant la particularité de déchiffrer les murmures de la Déesse Quêliniel, et le reste du Peuple de la Lune (Pas besoin de le répéter, surtout entre parenthèses, ça me fait drôle (bien qu'ayant moi-même un amour immodéré pour les parenthèses). Plutôt que de couper ta phrase avec la description de l'Oracle, met d'abord "où les attend le reste du Peuple de la Lune et l'Oracle, ...." et tu peux commencer la phrase suivante par "cette dernière".) . L'Oracle leur apposera des glyphes protecteurs sur le torse avec la sève du Chêne Éternel, l'arbre le plus massif de Fëanör dont les racines baignent dans le Lac Sacré, pour que Quêliniel veillent sur eux durant toute la durée de leur quête du Totem. Les enfants s'élanceront dans la forêt, et se laisseront guider par leur instinct afin de découvrir l'animal qui leur sera lié et ne devront pas revenir sans lui. Mais s'ils le trouvent, dès l'instant où leurs regards se croiseront, ils seront illuminés par la grâce de Quêliniel et le lien mental se créera aussitôt. Ils pourront ainsi communiquer mentalement (répétition de "mental/mentalement", "par la pensée" ?), et à leur retour au Lac, l'enfant sera presque considéré comme un membre à part entière du Peuple de la Lune et l'Oracle lui gravera sa représentation (c'est quoi une représentation ? Pourquoi "presque" considérer comme un membre à part entière ?) sur une partie du corps de son choix. Grâce à son Totem, il commencera à émettre les mêmes sonorités que l'animal auquel il est lié lorsqu'il sera sujet à de fortes émotions, et avec de l'entraînement, pourra se métamorphoser en une créature de l'espèce du Totem. Cette capacité se nomme « Aspect Totem ». Généralement, il accomplit totalement ce phénomène au terme de cent longues années. (ça me dit quelque chose, tu n'en as pas déjà parlé ?) Il développera les mêmes capacités cognitives que lui (si ton totem est un ver de terre, tu obtiens le cerveau d'un ver de terre :p ?) et communiquera avec les autres membres de sa race. Toutefois, cette proximité est à double tranchant. Car si le Totem vit le même nombre d'années que l'Enôrii, il mourra si ce dernier est tué. Aucun des deux ne peut vivre sans l'autre, puisque bien qu'ayant deux corps et deux esprits différents, ils partagent en revanche la même âme. Si un Totem se fait abattre, son Enôrii mourra peu de temps après, et inversement. (tu expliques la même chose de plusieurs manières, peut-être simplifier un peu ?) Lorsque l'Enôrii aura totalement achevé sa transformation, il se choisira le nom par lequel les Enôrii l'appelleront. Traditionnellement, il optera pour la race de son Totem et la couleur de l'animal dont il peut prendre l'apparence. Mais les Enôrii ne sont pas les seuls à avoir un Totem avec eux... En effet, les Sorcières des Brumes, grâce à un rituel spécifique, peuvent se lier également à un animal, mais celui de leur choix, contrairement aux Enôrii, car ce n'est pas un élément naturel pour elles. Toutefois, elles ne pourront pas exécuter l'Aspect Totem car elles ne seront jamais aussi liées que les Enôrii aux leurs, et ne vivent pas suffisamment longtemps pour espérer accomplir le processus dans son intégralité. De même, si leur Totem est tué, elles ne mourront pas grâce à la superficialité du lien mental.
Mais certains Totems ne restent pas constamment auprès des Enôrii, car ils sont parfois de taille imposante. Le lien mental ne s'altère pas avec la distance, et les Enôrii peuvent toujours les rejoindre au cœur de la forêt, en sortant de la Cité de la Lune. C'est ainsi que Cassandre Ombrelune s'était rendue dans une clairière, afin de rejoindre le sien, Gröwn...
Cassandre Ombrelune était une jeune Enôrii âgée d'un peu plus de cinq cent ans, et était l'aînée de la famille royale Ombrelune. Elle avait les yeux d'un bleu de saphir et les cheveux d'un noir de jais, comme son père, les lèvres fines et sanguines de Ghalÿa ainsi que la douceur de ses traits, et ne portait jamais autre chose que des robes, bien qu'il lui arrivât de temps à autre de se vêtir de manière plus fonctionnelle. (ta formulation est trop "extrémiste", elle ne porte rien d'autre mais en fait si des fois... Dis simplement qu'elle porte "la plupart du temps") Sa démarche gracieuse et aérienne mettaient en exergue son caractère insouciant et pétillant, et entre ses seins, attaché à un cordon noir et fin, dansait un ocarina de bois (je mettrai plutôt cet aspect après les robes car cela fait partie de la description physique alors que là tu décris la démarche et le caractère). Elle se dirigeait vers une clairière et, humant l'air frais qui venait lui caresser la cascade de ses cheveux sombres, elle décida de s'asseoir au pied d'un arbre. Elle prit son ocarina et souffla dans les trous pour ôter la poussière qui s'était accumulée et pouvait nuire à la bonne sonorité de l'instrument, et lorsque cela fut fait, le porta à ses lèvres et entonna une mélodie. Ses doigts fins et pâles semblaient danser en modifiant leur emplacement sur l'instrument. Cassandre avait clos ses yeux et paraissait en transe alors qu'une musique douce, puis rythmée s'élevait dans la forêt. Même les oiseaux semblaient s'être tus pour écouter cette merveille musicale, si douce et si entraînante en même temps, une musique semblable à nulle autre.
Un hurlement lupin vint accompagner la musique sauvage et quelques secondes plus tard, une ombre gigantesque surgit des arbres au fond de la clairière, suivie de près par une créature encore plus immense. Quiconque l'eût vu aurait pris peur et se serait enfui en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, mais Cassandre ne fit que rouvrir ses yeux bleus, jetant un regard affectueux à la grande bête qui se rapprochait d'elle avec lenteur. La bête s'ébroua lorsqu'elle ne fut qu'à quelques centimètres de la princesse qui cessa de jouer et rangea son ocarina dans sa robe. Elle tendit la main et caressa l'épaisse fourrure noire du loup géant qui avoisinait les deux mètres de hauteur et la toisait de ses grands yeux dorés. Grognant de plaisir sous les caresses, il enfouit son museau dans le creux du cou de l'Enôrii, avant de s'écrouler lourdement à ses côtés. La belle créature aux yeux de saphir s'allongea contre lui et lui sourit tendrement. Il s'agissait de Gröwn, un Chantelune comme les nommaient les Enôrii, les différenciant avec cette appellation des loups ordinaires de par leur taille imposante. Il n'y avait que quatre meutes dans Fëanör, et Gröwn était le fils de Tanek, le Chantelune dominant de la meute ouest de Fëanör. Cassandre se remémorait encore la première fois qu'elle avait vu Gröwn, un moment qui la marquerait à jamais. Elle avait eu peur de lui jusqu'à ce que leur lien se crée, et avait mis un certain temps avant de pouvoir exécuter convenablement l'Aspect Totem, qui pour elle se traduisait par une métamorphose en une magnifique louve blanche aux yeux d'or, moins grosse cependant que ne l'était Gröwn, mais à peine plus grande qu'un loup mâle ordinaire. (cette phrase est très longue. Tu répètes des choses que tu as dit avant (comme le fait qu'elle ait mis du temps avant l'Aspect Totem) sans apporter de précisions liées au personnage. De plus, "elle avait eu peur de lui jusqu'à ce que leur lien se crée" fait drôle. Tu as dit que le lien était instantané et le "jusqu'à" apporte de la longueur, ça a pu prendre des années ! "jusqu'à que leurs regards se croisent et que le lien se crée" ?)
Tu n'es pas si matinale, habituellement
Cassandre sourit à Gröwn et lui répondit à son tour dans son esprit.
Le palais est calme en ce moment. Je n'avais donc rien de mieux à faire que de venir me distraire ici... (formule un peu lourde, sauf si elle parle tout le temps comme ça... Ce n'est pas très gentil pour son ami XD)
Gröwn se redressa sur ses pattes et poussa un grondement sourd qui se voulait affirmatif. Il s'ébroua et tourna sa tête dans la direction opposée en humant l'air. Il poussa une longue plainte qui donna des frissons à Cassandre, et peu de temps après, une masse noire fit son apparition, et un tigre au pelage noir (répétition de "noir") parsemé de blanc de la taille de Gröwn se présenta à eux, suivi d'une petite troupe de bébés tigres. L'un d'eux se détacha du groupe et fonça sur Cassandre qui s'agenouilla pour réceptionner la petite boule de poils noire (Ils ne sont pas de taille anormale ?? Beaucoup de "noir" dans la suite). Elle le gratta derrière les oreilles, s'amusant de ses petits ronronnements de contentement. Le tigre noir s'approcha de Cassandre et posa sa truffe sur son front, avant de détourner son regard et de communiquer avec Gröwn. La princesse n'entendait pas les pensées du tigre, puisqu'il n'était pas son Totem, mais elle entendait celles du Chantelune à la fourrure d'ébène. Manifestement, Nakaïh, le tigre noir, mettait en garde son vieil ami contre quelque chose qui échappait à la princesse. Elle fronça les sourcils et sentit une douleur aiguë dans son doigt qui la fit grimacer. Le petit félidé l'avait mordue, lui réclamant d'autres caresses qui mettaient trop de temps à arriver à son goût. Les autres commençaient d'ailleurs à escalader l'Enôrii comme ils le pouvaient, dans un concert de miaulements aigus, sous le regard paternel de Nakaïh et l'amusement du Chantelune.
Très bien. Je te remercie, Nakaïh. Soyez prudents, toi et tes petits...
Le tigre poussa un rugissement et ses petits le rejoignirent aussitôt. La petite troupe se volatilisa dans les fourrés, sans doute pour retourner sur leur territoire. Gröwn poussa un hurlement et trottina vers Cassandre qui le toisait d'un œil interrogateur.
Alors...?
Alors tu devrais rentrer au palais, Princesse. Il y a quelque chose qui s'agite à proximité. Nakaïh venait nous prévenir de rester sur nos gardes et te conseille d'aller te réfugier au palais (répétition). J'irai prévenir les Totems des Sentinelles pour que ces dernières redoublent de vigilance...
Cassandre soupira mais finit par acquiescer. Elle avait l'habitude que l'on s'inquiète pour elle pour un oui ou un non, et d'ordinaire, elle était constamment surveillée, ce qui était à la longue, frustrant. De ce fait, elle devait user de stratagèmes pour pouvoir quitter le palais sans gardes à ses côtés qui n'avaient le don que de la mettre mal à l'aise. Lorsqu'elle serait reine de Fëanör, elle avait bien l'intention de modifier quelques unes des règles instaurées, et celle-ci était incontestablement en tête de liste. De plus, elle se doutait bien que les gardes ne devaient pas être très heureux d'être contraints de surveiller les moindres faits et gestes des enfants des souverains Ombrelune. Eldakhar, le frère cadet de Cassandre, était d'ailleurs passé maître dans l'art de l'esquive et de la dissimulation, ce qui étonnait sa sœur aînée. Les Enôrii ayant un ours pour Totem ont généralement le même caractère que celui-ci, et sont plutôt maladroits et balourds. Mais manifestement, Eldakhar était l'exception qui confirmait la règle, car il avait acquis au fil des années une grande expérience pour éviter les gardes et pouvoir faire à peu près tout ce qu'il voulait sans se faire prendre sur le fait. Mais la princesse soupçonnait que si les gardes faisaient moins attention à Eldakhar, cela venait probablement du fait que son jeune frère n'était pas l'héritier direct du trône et qu'il n'en aurait pas la charge à la mort des souverains Ombrelune, contrairement à Cassandre. Être l'aînée d'une fratrie de trois enfants était avantageux car on prenait plus en considération ses propos, mais elle était également deux fois plus surveillée, ce qui l'agaçait continuellement. Elle avait même l'impression que les gardes étaient encore plus attentifs qu'avant, et ce, depuis la disparition de sa jeune sœur, Sÿlmenás. Cette dernière, après avoir fait son initiation -qui est un passage obligatoire avec la découverte du Totem, se déroulant de vingt à trente ans- avec son ancien mentor, s'était engagée chez les Sorcières des Tombes et ne revenait que rarement à Fëanör. Mais depuis une cinquantaine d'années, les Ombrelune n'avaient plus aucune nouvelle de leur benjamine. On pouvait alors aisément comprendre qu'ils aient mis en place une vigilance plus poussée.
Cassandre poussa un profond soupir mettant en évidence la grande lassitude qu'elle éprouvait. Elle enviait les autres Enôrii qui jouissaient d'une plus grande liberté et vivaient leur vie de manière insouciante. Elle aurait aimé être comme eux et ne pas avoir l'impression d'être une enfant que l'on devait protéger en permanence. Par ailleurs, elle eût un petit sourire de satisfaction en imaginant la panique des gardes qui ne devaient pas savoir où elle se trouvait en cet instant. C'était certes assez immature comme réflexion, mais le vase allait bientôt déborder si cela continuait ainsi. Son frère n'aimait pas cela, lui non plus, mais il se consolait en faisant la cour aux femmes Enôrii et s'amusait de leurs tentatives désespérées pour le faire tomber sous leur charme de manière sincère et durable. Mais depuis quelques temps, il était attirée par le chef de la garde royale, Arya Lÿrargent. Cassandre comprenait aisément son choix et savait qu'il était sincère, mais cette femme était bien trop méfiante pour se laisser amadouer par les belles paroles d'Eldakhar. Et encore une fois, c'était compréhensible. Il passait tellement de temps à séduire de pauvres femmes que sa crédibilité était au plus bas. La princesse leva les yeux au ciel et sauta lestement sur Gröwn qui prit aussitôt la direction de la Cité de la Lune.
Le Chantelune arpentait la forêt d'un pas tranquille, tandis que Cassandre avait ressortit son ocarina et improvisait une mélodie sur le petit instrument, pas plus gros qu'un oiseau. Les arbres semblaient se mouvoir avec grâce tandis que le vent s'insinuait en douceur dans leur épais feuillage d'émeraude. Les quelques oiseaux qui chantaient sur les branches semblaient s'être tus pour écouter la berceuse de la princesse Enôrii. Gröwn fit claquer ses puissantes mâchoires pour tenter de happer un écureuil qui venait de lui filer sous le nez, et Cassandre dût se rattraper à la fourrure de son ami pour ne pas se faire désarçonner. En levant les yeux, elle se rendit compte que Gröwn s'était dirigé sur le Lac Quêlnós, dont l'eau émettait des lueurs d'un argent légèrement bleuté. Plus loin, le Chêne Éternel se tenait là, aussi fier et puissant qu'à son habitude, ses racines plongées dans les eaux sacrées. Il était présent depuis des temps immémoriaux, et ne cessait de croître au fil des siècles, grâce à la magie de l'eau, les larmes de Quêliniel. Car selon la légende, la Déesse Quêliniel, émue par la beauté des enfants qu'elle venait de créer, les Enôrii, versa des larmes de joie qui creusèrent la terre et formèrent un lac, dont l'eau recelait des propriétés magiques. Les Enôrii s'y abreuvent, tout comme certains animaux de la forêt, et c'est cette eau qui donne au Peuple de la Lune sa longévité et sa haute taille. C'est également la raison pour laquelle on peut voir des animaux géants arpenter la belle Fëanör, et les Enôrii ont pour coutume de plonger leurs skêlz, longues dagues légèrement incurvées dont la lame argentée mesure une cinquantaine de centimètres. Imprégnés par l'eau du Lac Sacré, les skêlz deviennent indestructibles et émettent la même lueur que l'eau du Quêlnós. Elles peuvent traverser presque n'importe quelle matière et ne peuvent être détruites qu'en étant jetées dans la lave du volcan Cœur de Feu, endroit où se réunissent les Seigneurs Dragons des Pierres ou dans la Bouche de l'Enfer, dans le Beneryl. Cassandre n'avait jamais vu de ses propres yeux l'une de ces puissantes et nobles créatures, mais savait qu'Arthax Ombrelune, son père, avait eu la chance de voir la belle Néthys de la Pierre de Lune, durant sa jeunesse. Cette splendide dragonne d'une blancheur éclatante était fille de Quêliniel également, et l'élément qu'elle contrôlait était par conséquent l'Eau. Arthax avait eu la chance de vivre de belles aventures avec elle et la dragonne, qui avait développé une relation amicale et de confiance avec le roi de Fëanör, lui avait fait un présent très précieux ("qui avait déeloppé... ET lui avait fait..." ou "ayant développé..., lui avait fait"), qu'il n'était pas prêt d'oublier. Mais Cassandre n'avait jamais su de quoi il s'agissait, et après de multiples tentatives pour le forcer à révéler ce secret sans succès, elle avait fini par abandonner le harcèlement, voyant que cela était parfaitement inutile. Mais au fond de son cœur, elle avait toujours l'espoir de le découvrir un jour...
Cassandre, voyant que Gröwn avait l'intention de se désaltérer dans l'eau du lac, mit pied à terre et décida de faire trempette également. Ils n'étaient plus très loin d'Enáwen, de toute façon, et elle entreprit de se dévêtir puis plongea ses longues jambes dans l'eau fraîche du lac. Elle nagea sur quelques mètres puis plongea la tête dans l'eau. L'eau était son élément naturel, le tatouage représentant le glyphe enôrii à côté de son nombril en témoignait. Quand un enfant venait au monde chez les Enôrii, on le présentait à l'Oracle qui l'immergeait dans l'eau du Quêlnós après avoir entendu les paroles de la Déesse des Enôrii, et lui gravait le glyphe d'un des quatre éléments naturels, qui déterminerait également le caractère dominant de la personnalité de l'Enôrii. Ainsi, Cassandre, qui était de l'élément Eau, était d'une nature calme et sereine, mais pouvait également devenir aussi sauvage et colérique que des torrents déchaînés. Les Enôrii pouvaient contrôler dans une certaine mesure l'élément auquel ils étaient affiliés, et c'est ainsi que la princesse s'amusait à changer le courant de l'eau, et maintenait entre ses mains une boule d'eau qui tournait sur elle-même avec douceur.
Gröwn esquiva sans difficulté la boule d'eau que son amie avait tenté de lui envoyer en pleine figure. Poussant un grondement sourd, il se jeta à son tour dans l'eau pour se venger de cet affront, mais il devait bien avouer qu'il était loin de nager aussi rapidement que la princesse. Celle-ci s'éloignait en riant, projetant des jets d'eau sur Gröwn qui continuait de gronder. Avoir un loup aussi énorme à ses trousses qui montrait les crocs, avait de quoi effrayer beaucoup de monde, mais l'Enôrii savait que ce n'était que pour jouer.
Le Chantelune s'arrêta subitement et tourna la tête pour regarder en direction d'un bosquet. Cette fois, il ne put éviter la boule d'eau qu'il se prit en pleine face. Arrête, calme-toi. J'ai senti quelque chose d'étrange.
Cassandre cessa aussitôt et s'immobilisa. Elle huma l'air à la manière de Gröwn et sentit effectivement une odeur nauséabonde. Inquiète, elle sortit de l'eau et se rhabilla prestement, suivie de Gröwn qui s'ébroua pour mieux se sécher la fourrure. Il s'avança à pas de loup, se dirigeant grâce à l'odeur, et Cassandre se colla à lui. Elle ignorait pour quelle raison, mais son cœur s'était mis à battre à un rythme plus élevé. Elle poussa un hurlement strident lorsqu'une grosse masse noire jaillit d'entre les arbres sans prévenir qui sauta sur Gröwn. Le Chantelune poussa un jappement aigu alors qu'il basculait sur le côté.
— Gröwn ! Hurla Cassandre, effrayée.
Elle poussa un cri d'effroi lorsque l'araignée mordit à pleines dents le Totem qui poussa un couinement plaintif. En regardant la patte antérieure droite de son Totem, elle se rendit compte qu'il était blessé.
— Gröwn ! répéta la princesse.
Sans réfléchir, elle se jeta à son tour sur le monstre qui avait assailli son Totem, mais fut éjectée sans difficulté par une pince énorme qui venait de la frapper au niveau de l'abdomen. Elle roula sur plusieurs mètres dans l'herbe, clignant des yeux pour reprendre ses esprits et en tournant son regard en direction du Chantelune, elle s'aperçut qu'il se battait contre une araignée aussi grosse que lui, si ce n'était davantage. Ils auraient dû écouter l'avertissement de Nakaïh et ne pas s'attarder près du lac. La princesse n'avait pas ses skêlz et ne pouvait donc pas se défendre contre cette bête gigantesque aux pinces redoutables. Elle ramassa une branche morte qui traînait dans l'herbe et, repartant à l'assaut de l'araignée, se mit à la frapper de toutes ses forces avec la branche qui se brisa sous l'impact. Mais cela avait suffit pour détourner l'attention de l'araignée qui avait décidé de se charger de l'Enôrii, plutôt que du Chantelune. Celui-ci gisait d'ailleurs sur le sol, assommé.
Cassandre comprit son erreur, et sans plus tarder se mit à courir de toute la vitesse de ses jambes, mais cela n'était pas aisé à cause des ronces et des troncs morts qui ralentissaient sa course. Ils n'étaient pas un problème pour l'araignée qui les détruisait sans difficulté dans sa course, et la distance qui séparait l'Enôrii de l'araignée s'amenuisaient de seconde en seconde. Le cœur battant, Cassandre n'avait plus qu'une seule chose en tête : survivre. Elle n'avait pas non plus le temps de songer à un plan de secours, car la priorité était de courir. Elle n'aurait pas non plus eu le temps de sauter sur un arbre pour se reposer, car la bête était vraiment trop proche pour y parvenir sans se faire attraper la jambe. L'araignée accéléra davantage et tenta de planter ses pinces dans le corps de la princesse, qui ne parvenait pas à taire le sentiment de panique grandissant qui menaçait de lui faire perdre tout moyen et de sombrer dans l'inconscience (c'est normal qu'elle panique... Mais je crois que personne ne peut tomber dans les pommes en courant... Des petites incohérences : une énorme araignée n'a aucune difficulté à courir dans une forêt ? Si elle fait plus de 2m de haut, je n'imagine pas combien elle en fait de large, entre les arbres... "elle n'avait pas le temps de songer à un plan de secours", tu en exposes un juste après. Pourquoi son Totem ne lui a-t-il pas demandé mentalement de s'enfuir dès le début ? D'ailleurs pourquoi ne l'a-t-elle pas appelé en esprit au début ? Tu n'exploites pas assez cet aspect.). Le vent fouettait son visage de nacre tandis qu'elle reprenait de la distance, mais sa course fut vite stoppée par une racine sur laquelle elle trébucha en poussant un gémissement. Elle se redressa aussi vite qu'elle le put, se déchirant la peau de la joue sur une ronce qui lui laissa une fine cicatrice (on est en pleine scène d'action, tu coupes tout en parlant de cette cicatrice, est-ce que tu ne peux pas le caser plus tard ?), et galopa de plus belle, l'araignée toujours sur ses talons. Cassandre tourna brièvement la tête pour évaluer la distance entre elle et la bête, sauta par-dessus des branches mortes qui lui faisaient obstacle. Un craquement sonore lui indiqua qu'elles avaient été détruites par la créature tenace, qui n'était visiblement pas décidée à laisser s'échapper sa proie. Cela était frustrant ("c'était frustrant" sonne mieux je trouve. Est-ce qu'elle a vraiment le temps de penser à ça ? Vu la taille de certaines créatures, est-ce qu'ils ne leur arrivent pas de se faire courser un peu ? D'ailleurs, pourquoi aurait-elle besoin d'armes et de gardes sinon ?), car habituellement, c'était les Enôrii qui étaient les prédateurs, et non l'inverse. Mais la princesse doutait pouvoir vider l'araignée de son sang aussi aisément... L'araignée géante redoubla d'ardeur et donna un violent coup de pince (je crois qu'il existe un terme plus approprié) dans le creux des reins de l'Enôrii. Celle-ci poussa un cri de douleur et fut projetée en avant, et (deux "et", dans la phrase suivante aussi) roula sur plusieurs mètres. La bête se tenait à présent devant elle et se cabra, agitant ses pinces, et s'abattit de tout son poids sur Cassandre.
Un rugissement qui résonna dans la forêt retentit alors ("résonna, retentit" ? lourd), et un tigre totalement noir bondit au-dessus du corps de la princesse, percutant l'araignée de plein fouet. Les deux créatures entamèrent une lutte sans merci mais une fois de plus, l'araignée semblaient (semblait) beaucoup plus puissante que le tigre. Cependant, le félin réussit à déstabiliser l'arachnide en lui assénant un violent coup de patte sur la tête qui lui creva trois yeux. Elle recula en stridulant de douleur et le tigre noir en profita pour tourner sa grosse tête vers Cassandre qui se mit sur son séant. (je trouve le style trop élevé pour une scène d'action) Quelques secondes plus tard, le tigre noir avait disparu pour laisser place à une Enôrii. Elle s'approcha de Cassandre et la fit se relever avec douceur. La princesse la connaissait bien, puisqu'il s'agissait d'Arya Lÿrargent (moi j'ai cru que c'était le tigre vu précédemment), commandante de la garde royale d'Enáwen. Elle était reconnaissable par son épaisse chevelure d'ébène qui lui tombait en cascade jusque dans le creux de ses reins, la robustesse de son corps, même pour une Enôrii, ("qui", sinon la phrase est confuse) mettait en exergue les longs siècles d'entraînement et son aptitude au combat, et enfin ses magnifiques yeux d'or en amande qui scrutait le visage de la princesse d'un air inquiet.
— Comment vous sentez-vous, Eninyä ? Murmura-t-elle.
« Eninyä » se traduisait dans la langue humaine par « Votre Majesté ». Le terme enôrii était un mélange de « enôar » ou la « lune » et « inyä » qui signifiait « blanc », « pur ». Comme les Enôrii vouaient un culte à la déesse de la lune Quêliniel, et que les souverains étaient aimés et respectés, presque considérés comme divins, on leur donnait de ce fait ce titre pour leur montrer leur dévotion.
— Je vais bien, merci, Arya. Comment m'avez-vous... Commença Cassandre. — Nous n'avons pas de temps à perdre, je vous expliquerai plus tard. Partez, allez vous réfugier au palais, je vais la retenir le temps qu'il faudra. Votre vie vaut plus que la mienne, rétorqua prestement Arya sans reprendre son souffle.
Cassandre hésita, observant Arya qui sortait ses skêlz de leurs fourreaux et se préparait à combattre l'arachnide qui la chargea, rendue folle de rage. La commandante esquissa une roulade sur le côté pour éviter l'araignée qui fit claquer ses mâchoires furieusement, et, postée devant le tronc d'un arbre, attendit qu'elle chargeât de nouveau, ce qu'elle fit sans plus attendre (tu n'as pas besoin d'écrire ça. Tu l'a sfait ailleurs aussi. Quand tu préviens le lecteur d'une action qui va arriver, tu n'as besoin de dire "ça y est, elle est arrivé", tu peux le sous-entendre ou passer à l'action suivante sans que cela soit gênant). La téméraire Enôrii sauta sur une branche au dernier moment, secouée par le choc de l'araignée qui venait de percuter le tronc, et se laissa tomber de sorte à se retrouver juste derrière la tête du monstre, à califourchon. Là, elle lui planta ses skêlz dans le crâne, mais l'araignée se jeta contre le tronc qu'elle venait d'abîmer afin d'écraser la jeune femme. Celle-ci poussa un cri de douleur et tomba sur le côté. L'araignée la prit entre ses pinces et entreprit de faire pression sur son corps. Cassandre commençait déjà à entendre craquer les os de l'Enôrii qui se débattait et hurlait de douleur. Si elle n'agissait pas maintenant, Arya serait perdue, et elle aussi par la même occasion.
— Cassandre ! Fuyez ! Ne...restez pas..là !
Bien entendu, ce serait mentir de dire que Cassandre n'avait pas été tentée de s'enfuir en sachant qu'elle serait la prochaine victime de la bête. Certes, elle était une princesse, elle ne s'était pas énormément battue au cours des longs siècles qu'elle avait vécu, et bien sûr, comme tout le monde, elle avait ses craintes. Mais une vie était en jeu. Comment se sentirait-elle en abandonnant une personne au sort funeste qui l'attendait ? Parviendrait-elle à vivre avec ce triste spectacle sur la conscience ? Bien sûr, la mort chez les Enôrii n'était pas quelque chose d'aussi dramatique que dans d'autres cultures. Car les Enôrii croyaient fermement en la réincarnation de l'âme et c'était pour cela qu'ils brûlaient leurs morts au centre du lac Quêlnós, car selon eux, la seule manière de permettre à l'âme de quitter le corps du défunt et de se réincarner était par le feu, synonyme de purification pour le Peuple de la Lune. Il existait même un rituel, la « Nâmen-tahna » ou en langue humaine « suicide, mort volontaire », qui consistait à se donner la mort lors d'une cérémonie lorsque l'on avait perdu un être cher, afin de se réincarner en même temps que l'être aimé dans la prochaine vie. Il n'était certes pas obligatoire, mais les Enôrii qui le désiraient pouvaient le pratiquer. Toutefois il serait faux de dire que les Enôrii sont détachés vis-à-vis de la mort. Elle les atteint tout autant, les fait souffrir, mais pour eux elle est quelque chose de naturel, une chose sur laquelle on ne doit pas s'éterniser. Une fois la souffrance passée, il faut la laisser de côté, tout simplement, et avancer. Mais si elle peut être évitée lorsque c'est possible, alors il faut tout donner pour secourir son prochain. C'est ce que fit Cassandre, au détriment des supplications d'Arya pour qu'elle retourne au palais. (cette explication est-elle nécessaire et bien placée ? Tu es au milieu d'un scène de combat... Pendant que Cassandre réfléchit à tout ça, Arya est morte 3 fois)
L'Enôrii aux yeux d'or avait laissé tomber ses skêlz sur le sol, et Cassandre les ramassa. Elle avait appris à s'en servir (on le sait, puisqu'elle en a), comme tout Enôrii qui se respecte, mais n'en avait pas fait son métier, préférant se concentrer sur la fonction d'aède. Elle se jeta sur la bête et trancha l'une de ses pattes, ce qui eût pour effet de libérer Arya de son emprise, et se glissa sous son corps pour lui transpercer l'abdomen. Elle n'appréciât que moyennement et tandis qu'Arya, endolorie, se relevait péniblement avec l'aide de Cassandre, l'arachnide les chargea.
— Aspect Totem, vite ! s'écria Arya.
Cassandre et Arya se changèrent respectivement en une louve blanche aux yeux d'or et en un tigre noir, aux yeux dorés également, et prirent la fuite sans demander leur reste, l'arachnide à leurs trousses (là on se demande, pourquoi Cassandre ne s'est-elle pas changée avant ?). Un rugissement du tigre indiqua à Cassandre qu'il fallait tourner à droite, et elle emboîta le pas à la tigresse noire. Toutes deux sautèrent avec grâce par-dessus des troncs cassés, suivies péniblement par l'araignée qui commençait à s'épuiser avec toutes ses blessures. Les deux Enôrii sous forme totémique se dirigeaient vers le lac Quêlnós où tout avait commencé. Arya reprit son apparence habituelle, imitée par Cassandre dont le cœur était sur le point d'exploser (peut-être expliquer pourquoi elles se retransforment car là je n'en vois pas l'intérêt et pourquoi elles ne se sont pas réfugiés au palais qui n'étaient pas loin). La faisant tressaillir, Arya se tourna brusquement vers Cassandre.
— Vous êtes de l'élément eau également, il me semble, non ? — Oui, c'est exact..., répondit Cassandre, décontenancée par la question. — Parfait. Nous allons lui tendre une embuscade.
Arya eût un petit sourire qu'elle adressa à Cassandre, et la princesse tourna la tête en direction du lac. Oui...la noyade, une mort qui comptait parmi les plus horribles... (pourquoi préciser cela ? ça donne juste l'impression que les deux femmes sont cruelles) Mais elles devaient se dépêcher car l'araignée se rapprochait dangereusement de ses proies. Arya plongea dans l'eau du lac et entreprit de former une barrière en concentrant son esprit, tandis que Cassandre formait une boule d'eau entre ses mains, qu'elle intensifia de manière à ce qu'elle soit aussi grosse que sa propre tête. Lorsque l'arachnide fut assez proche d'elle, elle lui envoya une déflagration relativement violente qui eût le don d'énerver davantage la bête, et poussa celle-ci à se ruer dans sa direction. Cassandre n'eût pas à réfléchir davantage car elle prit ses jambes à son cou et sauta à pieds joints dans l'eau, et (deux "et") rejoignit Arya derrière la barrière. Elle renforça cette dernière avec son propre pouvoir et enveloppa l'araignée dans une cage d'eau. Les deux Enôrii réunirent leurs forces et abaissèrent la cage d'eau dans le lac. Dès lors, l'arachnide se débattit, sentant que l'eau allait être synonyme de mort, et fit claquer ses pinces. Les deux femmes durent maintenir leur pouvoir pendant quelques minutes avant que l'araignée ne devienne totalement immobile, et ne se retrouve sur le dos, les pattes recroquevillées contre son corps velu. Cassandre et Arya purent enfin relâcher leur emprise sur la bête et après un dernier effort pour faire un effet levier grâce à l'eau et en faire sortir le cadavre, elle revinrent sur la terre ferme. Arya, épuisée, s'écroula sur le sol, une blessure assez conséquente au niveau de l'abdomen. Du sang s'en écoulait abondamment et elle allait mourir si la princesse ne faisait rien. Mais comme tout Enôrii, la maîtrise de son élément naturel lui permettait également de soigner les blessures dans une certaine mesure. Elle s'agenouilla près d'Arya, posa sa main gauche sur la blessure et la main droite dans l'eau pour en puiser l'énergie. Une lueur bleutée se dégageait de ses deux mains, et peu à peu, la blessure se refermait et devint de moins en moins visible, et lorsqu'elle eût fait tout ce qu'elle pouvait pour la guérir, Cassandre s'effondra à son tour dans l'inconscience. (pourquoi Cassandre, qui était dans l'eau quand elle s'est fait attaqué, ne s'est pas servie de son élément ? Au moins en nageant loin de manière à ne pas se faire attraper ?)
À son réveil quelques heures plus tard, la princesse de Fëanör eût la surprise de constater qu'elle n'était plus sur le sol boueux de la forêt, mais au contraire dans un lit confortable avec un nombre d'oreillers plus qu'acceptable pour lui soutenir sa tête douloureuse. Elle cligna faiblement des paupières et se redressa difficilement en gémissant. Elle avait l'impression que son corps entier était engourdi, comme si elle ne s'en était pas servi durant plusieurs mois. Elle devait avoir fourni une trop grande quantité d'énergie pour exercer son sort de soin, ce qui pouvait expliquer cette sensation de lourdeur. La princesse jeta un coup d'œil circulaire sur la pièce dans laquelle elle se trouvait. Une chambre élégante et raffinée, dans une armoire quelques rares robes et des tenues de cuir plus fonctionnelles (une armoire normalement c'est fermé). Elle sursauta lorsque l'on vint frapper à la porte de la chambre, et Arya fit son apparition, souriante. Elle s'inclina devant elle, une robe à la main.
— Je suis heureuse que vous ayez retrouvé vos esprits, Eninyä. Vous m'avez fait une belle peur lorsque je me suis réveillée et que je vous ai vue inconsciente à mes côtés. Ne sachant que faire, j'ai décidé de vous ramener chez moi, avec l'aide de Gröwn... (pourquoi pas au palais ??)
L'Enôrii s'approcha de la fenêtre et tendit le bras pour montrer à la princesse que son Totem se trouvait là, en bas de l'arbre qui, comme pour chaque Enôrii, était la demeure d'Arya. Les escaliers étant fabriqués pour supporter le poids de plume du Peuple de la Lune, ne pouvaient par conséquent porter le Chantelune qui poussa un hurlement pour saluer la princesse (est-ce que tu ne pourrais pas utiliser leur faculté pour sa voix soit la première chose qu'elle entende, voir qu'il cherche à la réveiller). Cassandre se leva péniblement et s'approcha de l'encadrement de la fenêtre, afin (de) voir Gröwn. À ses côtés, Nakaïh était présent mais sans ses petits. Tous deux semblaient heureux de constater qu'elle allait mieux. Elle n'était certes pas au meilleur de sa forme, mais du moins elle était encore en vie, là était l'important. Elle entreprit de mettre la robe qu'Arya lui avait apportée, car la sienne était tâchée de sang, de boue et déchirée par endroits. Si elle rentrait dans cet état au palais, on allait la harceler de questions auxquelles elle n'avait vraiment aucune envie de répondre... Un bruit de pas légers venait de faire irruption dans la chambre et les deux femmes se retournèrent de concert pour faire face à un Enôrii que Cassandre n'avait pas vu depuis son dernier cours de maîtrise des armes. Il avait un visage jeune et d'une grande beauté, comme tout Enôrii, des cheveux noirs en bataille coupés à la base du cou, des yeux bleus et rieurs, un air charmeur. Il s'agissait ni plus ni moins que du père d'Arya, Elezar Lÿrargent, Maître d'Armes royal. C'est lui qui avait la charge de former les jeunes enfants, et surtout les enfants de la famille royale, au maniement des armes. Cassandre avait le béguin pour lui lorsqu'elle était enfant, et le revoir après toutes ces longues années la fit rougir quelque peu. Elle avait également oublié à quel point sa voix était douce et envoûtante.
— Cassandre Ombrelune, princesse héritière de Fëanör, dit-il en s'inclinant devant elle. M'aviez-vous oublié ? Quand vous étiez enfant vous ne manquiez jamais une occasion pour venir me voir. Je suis déçu que vous ayez perdu cette bonne habitude. Vous n'êtes donc plus amoureuse de moi ? Ajouta-t-il avec un petit sourire qui en aurait fait fondre plus d'une.
Cassandre rougit de plus belle mais rétorqua :
— Il fallait bien que j'apaise mon cœur en souffrance. Vous refusiez mes avances.
Elezar se mit à rire gaiement, accompagné de Cassandre, et secoua la tête de gauche à droite. Toujours souriant, il tendit son bras à Cassandre pour que celle-ci le prenne, et il l'emmena dans une autre pièce, plus grande, dans laquelle se trouvaient une table, des étagères et quelques chaises. Il en tira une et incita Cassandre à s'y asseoir. Il fit de même avec sa fille.
— Voilà, asseyez-vous mesdemoiselles, je vais nous chercher quelque chose à boire.
Elezar sortit de la pièce pour ensuite y revenir quelques instants plus tard, trois coupes de cristal dans la main, et une bouteille en verre dans l'autre. Il les posa devant les deux Enôrii et déversa un liquide épais et rouge dans chacune des coupes, se servant en dernier. Et non, ce n'était pas du vin.
— Sang de biche, recueilli à la gorge hier soir. Léger et onctueux. À Quêliniel et longue vie aux souverains ! Dit Elezar en levant sa coupe avant de la porter à ses lèvres.
Les deux femmes firent de même puis reposèrent leur coupe sur la table. Cassandre esquissa un sourire timide. Un silence s'était installé soudainement, ce qui gênait la princesse qui ne savait comment entamer une conversation convenable. Ce fut finalement Elezar qui brisa le silence en prenant la parole :
— Cassandre, vous entraînez-vous toujours ?
La princesse haussa les sourcils, surprise par la question impromptue du maître d'armes. Elle hocha la tête entre deux gorgées de sang, puis reposa sa coupe pour donner une réponse plus précise.
— Oui, cela m'arrive. De temps en temps. J'ai certainement perdu en dextérité, mais je continue de m'entraîner... Pourquoi cette question ? (il manque un tiret non ?)Ce n'est pas pour vous réprimander. Cassandre, avez-vous entendu les rumeurs qui se propagent au sujet des royaumes se trouvant par-delà l'Océan des Âmes Éternelles ? J'ai ouïe dire que les Sorcières des Tombes devenaient beaucoup plus actives, ces derniers temps. Avez-vous des nouvelles de votre sœur ? — Non, hélas ! Sÿlmenás ne donne plus signe de vie depuis une cinquantaine d'années. Et ceux que nous avons envoyés à sa recherche ne l'ont pas trouvée, même au sein de la guilde. Elles disent cependant que ma sœur est toujours vivante mais voyage. On m'a dit qu'elle serait le bras droit de leur Matriarche et que cette dernière la protégeait. J'espère qu'elles disent vrai... — Hum...,marmonna Elezar en fronçant les sourcils, visiblement peu convaincu. Personnellement, je n'aime pas cette guilde, cette...secte. Je suis sûr que votre père désapprouve également son choix, Cassandre. — Il le désapprouve, mais il n'est pas contre non plus. Ma sœur a toujours été attirée par la magie, et excellait dans ce domaine, par ailleurs. C'est son choix et si elle est heureuse ainsi, alors c'est ce qui compte pour mes parents. Ma mère aurait préféré qu'elle devienne prêtresse de Quêliniel, comme elle, mais elle a refusé. Elle avait besoin de changer d'air et c'est pour cela qu'elle a décidé de rester dans le Beneryl. — Au moins ne s'est-elle pas enrôlée chez les Sorcières des Brumes, là est l'important, intervint Arya d'une voix sombre. J'aurais tant voulu être là au moment où cette sorcière s'est faite capturée par les sentinelles ! — Tu te serais sans doute faite tuée, ma fille, répliqua Elezar. Cette humaine a assassiné deux sentinelles aguerries de sang froid ! Maudits soient les humains et les sœurs des brumes ! Pesta-t-il.
Cassandre, pour sa part, ne disait rien. Ses pensées étaient tournées vers sa jeune sœur. Malgré les efforts de ses parents, personne n'avait pu la retrouver depuis des décennies, et les souverains Ombrelune commençaient à perdre espoir de la retrouver un jour vivante. Les Sorcières des Tombes étaient bercées dans l'art de la magie noire. Elle étaient réputées pour ramener les morts à la vie, entretenir des relations avec des entités démoniaques, jeter des sorts dévastateurs -elles étaient par ailleurs très demandées sur les champs de bataille, puisqu'elles ressuscitaient les soldats morts et les maintenaient sous contrôle- et avaient contribué de nombreuses fois à la victoire de tel ou tel royaume. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, elles n'étaient pas foncièrement mauvaises, tout comme les entités démoniaques avec lesquelles elles partageaient leur âme (leurs âmes) n'étaient pas nécessairement maléfiques. La magie noire était une magie faisant appel à la puissance brute des émotions, et n'était pas utilisée seulement pour faire « le mal », comme le disait les biens-pensants, à tort. (le "à tort" est de trop) Mais avec de tels pouvoirs, il était normal qu'elles puissent susciter une certaine crainte, chez les esprits les plus impressionnables. Cassandre se souvenait qu'elle n'avait jamais vu Sÿlmenás aussi épanouie lorsqu'elle revenait à Fëanör chaque année, avant qu'elle ne donne plus signe de vie. Elle avait même noué une relation avec un membre de la garde royale, qui ne dura certes pas puisqu'elle avait dû repartir dans le Beneryl. Mais elle avait changé, et en bien. Elle qui était si timide et renfermée autrefois, ne parlant que très peu, avait disparu pour laisser place à une femme de caractère, qui savait ce qu'elle voulait. Mais ensuite elle avait finit (fini) par disparaître...
— Une guerre se prépare, croyez-moi, et je sens très bien ces choses-là, pas vrai Arya ? Poursuivit Elezar. — Oui, je me souviens lorsque tu disais que Lareagan allait déclarer la guerre à Fëanör. Comme si c'était hier. — Exact, et je ne me suis pas trompé. Pourtant j'aimerais que cela m'arrive, par moment, vraiment. C'est frustrant d'avoir toujours raison. La vie devient trop prévisible et ennuyeuse lorsque l'on atteint mon stade de clairvoyance, déclara Elezar d'un ton nonchalant.
Cassandre émit un petit rire et s'abreuva de nouveau du sang de biche. Le sang animal était délicieux, certes, mais ne valait pas le sang d'un humain. Hélas, les Enôrii ne pouvaient plus chasser l'Homme en dehors de leurs terres, car le rempart de Brumefer délimitait le territoire de Fëanör et celui de Lareagan. Les Enôrii ne pouvaient accéder au territoire humain, à moins d'avoir la chance de se transformer en volatile. Et quand bien même ils parvenaient à pénétrer dans le royaume de Lareagan, ils devaient prendre garde à ne pas laisser de traces trop évidentes lorsqu'ils s'abreuvaient d'un humain. Car les deux trous dans le cou d'un humain n'étaient pas trompeurs. Aucun animal carnivore ne pouvait faire de blessures aussi propres, aussi nettes. Et si l'on s'apercevait que les Enôrii violaient le traité de paix signé deux cent ans auparavant entre Lareagan et Fëanör, la guerre serait de nouveau déclarée entre les deux nations. Mais bien souvent, les Enôrii contournaient aisément le règlement sans se faire prendre ni en n'éprouvant ("éprouvant", il n'y a pas de négation) le moindre remord. Elezar avait cependant un bon nez en ce qui concernait les évènements à venir, et si une guerre se profilait à l'horizon selon lui, alors elle allait sûrement survenir tôt ou tard.
— C'est pour cela que je vous ai demandé si vous vous entraîniez toujours, Cassandre, expliqua-t-il en se tournant vers la princesse. Si jamais les souverains - Quêliniel les préserve! - venaient hélas à mourir, ce serait à vous de mener les troupes à la bataille, comme le faisait votre père. Et il est impératif que vous repreniez des leçons.
— Je me chargerai de vous former, Eninyä, intervint Arya en souriant à la princesse. Je vous apprendrai ce que je sais. J'ai été formée par le meilleur, ajouta-t-elle en tournant son regard vers son père qui lui sourit.
Cassandre y réfléchit quelques instants, tout en sirotant son sang chaud. Elle s'ennuyait tellement au palais que cela ne pouvait lui faire de mal. D'autant qu'elle serait surveillée (surveillée ?) par la commandante de la garde royale, une combattante de taille qui maniait les skêlz à merveille. Ceci ne pourrait être que bénéfique, lui changerait les idées et l'endurcirait.
— D'accord, j'accepte. Je pense qu'il vaudrait mieux pour moi de rentrer, à présent. On doit s'inquiéter, au palais... — Demain, je ne travaille pas, Eninyä. Nous pourrions en profiter pour nous entraîner en forêt, qu'en dites-vous ? Interrogea Arya. — Ce serait parfait. Je vous attendrai au palais, dans ce cas. Et merci pour m'avoir soignée ici... — Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier. J'ai une dette envers vous, Eninyä, murmura Arya.
La commandante de la garde royale raccompagna la princesse de Fëanör jusqu'au palais d'Enáwen sans encombres, chacune à califourchon sur leur Totem respectif. Arya et Cassandre mirent pied à terre et saluèrent les Totems avant de pénétrer dans la Cité de la Lune, et (deux "et") se dirigèrent vers le palais. Lorsqu'elles y entrèrent, on posa bien sûr de nombreuses questions auxquelles Arya mit fin en expliquant qu'elle entraînait la princesse Ombrelune au combat, ce qui, d'un certain point de vue, était vrai, puisqu'elles commenceraient véritablement l'entraînement le lendemain matin. Mais cette cacophonie de voix inquiètes assommaient Cassandre qui commençait à s'énerver. Des grondements sourds rappelant ceux que poussait Gröwn émanaient de sa gorge, signifiant clairement qu'il était suicidaire de la pousser à bout, mais le message fut bien compris (ce n'est pas un "mais" qu'il faut mais un "et", le "mais" sous-entend qu'on n'a pas tenu compte de l'avertissement alors que c'est l'inverse) et on la laissa tranquille le reste de la soirée. Elle finit par s'endormir dans son lit moelleux, et ne serait réveillée que lorsque l'aube se lèverait, indiquant que son entraînement allait commencer sérieusement... Souriant, la princesse ferma ses paupières et s'endormit paisiblement. La journée n'avait pas été des plus ennuyeuses...
Je trouve dommage que tu n'es pas exploité totalement l'aspect "Totem et connexions mentales" car ça doit être devenu un réflexe pour eux de parler ainsi et ça ne se sent pas du tout dans ton texte. Il faudrait rajouter des détails comme par exemple, elle souhaite bonne nuit à son Totem avant de s'endormir. Tes phrases sont longues et complexes, ce qui semble être ton style et n'a pas eu l'air déranger les autres mais je te conseille de te relire pour enlever les "et" et les virgules en trop. En particulier dans les scènes d'action, essaye de raccourcir tes phrases. Tu répètes beaucoup d'informations et pas seulement celles du prologue. Il y a un paragraphe entier qui explique que la princesse est gardée et que ça l'énerve, est-ce bien nécessaire ? Il y a des moments où c'est une sorte de conteur qui raconte l'action et d'autres où on est dans la tête de l'héroïne, pour le moment ce n'est pas très gênant mais ça pourrait le devenir. Sinon je trouve ton scénario de fond vraiment très intéressant et bien construit, pardon si j'ai l'air de te lapider, c'est juste que je trouve que ton texte pourrait s'améliorer et devenir vraiment très bon. Visiblement les autres n'ont pas eu tant de problème que moi mais sache que je n'ai noté que les choses qui me gênaient vraiment et pas tous les petits détails. On voit que tu as beaucoup travaillé ton univers, j'aime beaucoup mais ne cherche pas à tout expliquer tout de suite, les informations arriveront petit à petit. Bon courage pour la correction et la suite, n'hésite pas à argumenter si tu n'es pas d'accord avec mes remarques |
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