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 Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)

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MessageSujet: Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)   Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version) Icon_minitimeVen 28 Juin 2013 - 22:06

Petit remix d'un texte assez particulier de SF (c'est le premier chapitre).
Abi, je t'ai entendu. ^^

Chapitre 1

Magnifique. Sublime. Parfait. Il repose devant moi, expression de l’impossible, de l’inimaginable. Suintant, dégoulinant, rougeaud et graisseux. Divin. Sa forme oblongue, savamment pensée et remplie. Ses constituants appétissants, juste ce qu’il faut de mauvais pour la santé. Dans l’ancien temps, il existait encore un nom pour ceci. Pour ce chef d’œuvre.
Je crois que c’était… « Saucisson ».
C’est Dan qui me l’a préparé. Un artisan, un bon. Roublard, menteur, fou et alcoolique, mais la main sure dès qu’il s’agit de reconstituer des plats d’antan. Il m’a aussi offert une explication complète, assorti d’exemples pratiques à même le cochon.
Mais le produit final me suffit. Je prends une lame, et respectueusement, massacre le travail d’orfèvre carnivore. Je fends le fin boyau pour débiter en tranches de différentes largeurs cette charcuterie. Puis, à la limite de l’extatique, j’enfourne un morceau bien gras.
Ah, cette explosion de saveur, le mélange de la force de la viande au douceâtre de la graisse, réajusté d’une pointe de sel et d’épices complexes. Je me damnerais pour plus de ce gout, de ce concentré de génie culinaire, snobé par tant de générations. Comment même oser laisser une création de cet ordre fondre dans les limbes de l’oubli ? Inadmissible, inacceptable.
Je m’excuse, je deviens lyrique quand on parle de nourriture.
Bref, j’ai les doigts tout gras, et déjà plus rien à me mettre sous la dent. Le petit pot de confiture de poivron, ouvert par intuition soudaine, est à moitié vide. Mélange détonnant et difficile à avaler que sucre et gras.
Je trempe mes mains dans une bassine, laissant le soin aux bactéries de les nettoyer. A moins que ce soit des nano robots. En tout cas, un bon distributeur d’hygiène. Je sors mes mimines propres et range rapidement la cuisine. Vu l’heure, je peux me permettre une petite contemplation de mon habitation. C'est probablement la dernière fois pour un certain temps.
L’harmonie règne dans ce salon-cuisine. Il y a trois fauteuils, trois tableaux garnissent les murs, et un comptoir circulaire remplit le centre de la pièce, avec tout en trois exemplaires. J’apprécie particulièrement la peinture du bana… banana split : c’est assez conceptuel, tout ce qu’on peut faire subir à un fruit pour la gloire.
Mais la pause est déjà finie, et je me dirige vers la sortie. J’ai à faire.
Après une balade dans les escaliers, je me retrouve dans la rue. Même le clochard qui crie en face ne peux m’énerver : je suis rempli de sérénité, quoiqu’un peu ballonné.
Je débute alors mon trajet, nonchalant, vers le port. C’était sans compteur un chauffard qui manque de me renverser. Ma colère éclate sur lui, mais il s’envole déjà, hors de portée. Passablement énervé, je fonce vers le distributeur le plus proche. Encastré au coin de la rue, le monolithe de métal a un air narquois qui ne fait qu’attiser ma furie. Rageusement, je passe mon badge sur le lecteur, et une toque immaculée me tombe dans les mains.
Une fois coiffé, je reprends mes esprits. Chacun s’écarte, et les véhicules veillent à ne pas me frôler : on n’écrase pas un Cuisinier. Je décide, sur un coup de toque, de passer par le marché. Cette ambiance folle, ce  maelstrom sensitif me manquera aussi : peut-être ont-ils des marchés sur Enari ?
J’arrive sur la place, m’imprégnant des odeurs. L’effervescence m’arrache un sourire, et je me moque d’être bousculé : ça fait partie du cadre.  Un nouvel exposant attire mon attention. Le vendeur n’a pas bonne mine, mais ses bêtes sont étrangement colorées.
« Qu’est-ce que vous vendez ? Je lui demande. »
Il me dévisage d’un air suspicieux, essuie sa morve du dos de la main, et me répond.
« Ca, c’est d’la bête comme vous’en avez jamais vu. Des porcs-épices. »
Devant mon air étonné, il m’offre un aperçu de sa dentition, avant de continuer son explication.
« Leur ADN, fin j’veux dire leur génome, a été melé à cui d’une épice. Le cumin par exempl’. Ca donne d’la chair parfumée à souhait. T’nez, r‘gardez ce rouge là : c’t’un cochon paprika. »
Sacré concept. Sur le coup, cent problèmes me viennent à l’esprit. Comment doser l’épice par exemple ? Seulement, la curiosité de mes papilles prend le dessus, et je ne veux plus rien d’autre que gouter. Le vendeur, satisfait, sort un couteau à la propreté étonnante, et se dirige vers le porc. Inquiet, cependant, je l’arrête à mi-parcours.
« Qu’est-ce que vous faites ?
-Bah, j’vous sors un peu d’bidoche. J’vais pas tuer une d’mes bêtes pour chaque client. »
Maintenant, j’aperçois en effet les cicatrices sur le cochon, reste de carottages précédents dans la chair. Je pense que mon expression horrifié gène un peu le vendeur, qui repose sa lame.
Et c’est ainsi que je me retrouve, marchant vers le port, un porc rouge pétard sous le bras. Ma toque m’évite les contrôles militaires, mais pas les regards indiscrets. Pourtant, Ben – oui, je lui ai donné un nom-, Ben donc n’est pas agité. Les mauvaises langues ne pourront même pas dire qu’il a un caractère de cochon. Déjà, je vois se profiler la forme allongée de mon vaisseau. La Baguette, fleuron de l’ingénierie moderne, m’attend bien sagement pour partir, l’équipage déjà fourmillant à l’intérieur.
Il y a une autre surprise pour moi : l’amiral, dont le grade éclipse le nom, et un autre homme dans un uniforme neuf et cintré.
Je les salue, remarquant avec un sourire l’étonnement dans le regard du jeune soldat. J’imagine que les pilotes guindés n’ont pas l’habitude de voir la nourriture bouger son mignon petit groin.
« Maitre Cuisinier, je vous présente l’officier Hermit, commence l’amiral. C’est un des meilleurs de sa promotion, et je suis persuadé qu’il conviendra parfaitement à vos besoins. »
Ben voyons. Et il fait le ménage et sort le chien aussi ?
« J’ai toute confiance en votre jugement amiral. J’espère que nous ferons du bon travail ensemble, je réponds, tendant ma main vers celle du pilote. »
Sa poigne est moite, faiblarde, et incertaine. C’est mal barré.
Je m’apprête à monter dans le vaisseau sans plus blablater, mais le jeune premier me pose une question.
« Pourquoi visiterons-nous trois planètes, Monsieur ? »
Parce que trois est un nombre divin, parfait, admirable dans tous les sens du terme. Que c’est l’unique nombre qui permettra de sublimer la cuisine galactique !
« C’est le meilleur rapport cout-rentabilité. »
Et avec mon plus beau sourire trempé d’ironie, je prends congé et me réfugie dans mon coucou de métal. Ben commence à émettre de petits cris plaintifs, et je le confie à un cuisinier pas trop zélé. Je termine ensuite les préparatifs.
Dans quelques heures, nous partons. La plus grande expédition de ce siècle.
Vers l’infini, et au repas.


Première recette

Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’élaboration d’un vaisseau de cuisine. Pour cela, nous aurons besoin de :

- Des matériaux de construction en tout genre.
- Une équipe d’ingénieurs zélés.
- 3 physiciens à peu près convenables.
- 1 mathématicien.
- 1 cagot de tomates biens mures.
- Du piment d’Espelette. Parce que tout est meilleur avec du piment d’Espelette.

Il convient d’abord, comme avant toute recette, de se laver les mains.
Profitez-en pour laver les tomates.

Ensuite, il faut tracer les plans. Pour cela, précisez  aux ingénieurs la forme spécifique du vaisseau.
Puis laissez les débattre jusqu’à ébullition. A ce moment, évacuez-les et ramassez le plan gribouillé sur un morceau de serviette raturée.
Un fois le plan à disposition, il est temps de laisser faire les commis de chantier. Sur vos instructions, ils montent l’armature, les murs, et même les fauteuils flottants.

Maintenant que les travaux lourds sont faits, il convient de transformer ce vaisseau en navire de cuisinier. Equipez la cuisine en bonne proportion d’ustensiles, c’est-à-dire 3 de chaque par plan de travail. Il faut encore faire appel aux physiciens, afin de nous construire un prototype de four de Schrödinger.
C’est complexe, approximatif et étonnant, de quoi les occuper un peu.

Arrive le moment dangereux de la préparation.
Les physiciens sont, une fois leur travail effectué, excités. Trop excités. Pour éviter qu’ils ne détruisent votre beau vaisseau tout neuf, lâchez le mathématicien parmi eux. Il se fera violemment lyncher sur l’inutilité de ses recherches.
Ah, j’allais oublier les tomates. Donnez-les aux physiciens, pour limiter les sévices physiques. Et puis le lancer de tomates a un petit côté festif.

Le reste n’est que détails. Demandez aux ingénieurs de reproduire en masse le four. Ne vous inquiétez pas, ils se moquent de comprendre son fonctionnement. Passez un coup de peinture sur la carrosserie. Courez tout nu répandre du piment d’Espelette dans le bâtiment entier.

Et c’est ainsi qu’on obtient un vaisseau extraordinaire et fonctionnel à moindre cout. Sauf pour les tomates. Le prix du kilo est affolant.

P.S. : pas d’inquiétude, le mathématicien est sorti de l’hôpital. Les médecins disent qu’il pourra bientôt regarder un autre être humain dans les yeux.
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MessageSujet: Re: Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)   Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version) Icon_minitimeVen 28 Juin 2013 - 23:01

Ah, enfin la suite, merci cheers 
Je vois que j'ai bien fait de t'offrir du saucisson et du confit de poivron l'autre jour, ça a marché Wink 

J'aime beaucoup ta nouvelle version, le début est plus condensé et la recette est vraiment excellente, pleine d'humour, vivement le prochain épisode bounce 

Bon, deux questions me taraudent...

La première, pourquoi le chiffre 3 ?

Et surtout, la deuxième... mais que va-t-il arriver à Ben ? Sera-t-il encore vivant à la fin de l'histoire ou va-t-il finir carbonisé lui aussi ? (ah non, je me trompe de texte, ce n'est pas dans celui-là que tu crames ces pauvres bêtes Wink )

En tout cas bravo, continue comme ça Super
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MessageSujet: Re: Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)   Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version) Icon_minitimeDim 30 Juin 2013 - 12:02

J'adore ! Excentrique à souhait. Le feuilletage délicat craque sous les yeux dévorants laissant s'étendre dans l'esprit le coulis suave de l’imaginaire que tu as concocté. Les petites touches de folies, telles des épices savamment dosées, viennent relever le tout faisant exploser les neurones de questions diverses.
La recette, amusante, manque tout de même d'un élément important : le combustible. Mais je chipote dès l'entrée alors que le plat n'est même pas encore annoncé.
Bref comme dans tout bon repas on attend la suite avec impatience. Bravo.
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MessageSujet: Re: Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)   Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version) Icon_minitimeLun 1 Juil 2013 - 19:00

un texte super sympa, gros trip spacio-culinaire !

j'espere que tu continuera en nous mijotant la suite Wink

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MessageSujet: Re: Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version)   Le banquet venu d'ailleurs (nouvelle version) Icon_minitimeMar 2 Juil 2013 - 8:26

J’ai bien rigolé en lisant ton texte, c’est fou, totalement barré, mais bien construit. J’ai beaucoup aimé la recette (et le coup du mathématicien).

J’ai hâte de savoir ce qui va arriver à notre cuisinier, du coup.

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