voici un texte que j'ai réalisé pour un AT dont le sujet était :
Depuis des centaines d'années, entre tradition orale et tradition écrite, les contes n'ont eu de cesse d'être réinventés.
Pourquoi ne pas ajouter une version de plus, en écrivant la vôtre à l'occasion de cet appel à textes ?
Et si le Petit Chaperon s'était fait une fricassée de loup ? Et si l'on parlait de Prince au Bois Dormant ? Et si Blanche-Neige laissait tomber les sept nains pour devenir astronaute ?
Ce prochain AT vous laissera tout le loisir d'en décider !
Et voici mon texte =) :
Sous la lune, une forêt de pin se dressait, filtrant la lumière à l’aide de leur branche et donnant un aspect lugubre à la scène qu’il s’y déroulait. Une personne courait, poussant son corps à l’extrême, il trainait derrière lui un baluchon formé d’un unique tissus gris qui se fondait dans le décor. De petite taille, le nain haletait comme il le pouvait en sautant au-dessus des racines environnantes et au-dessous des basses branches. Tout son corps tremblait par le froid et chaque pied posé l’un devant l’autre lui offrait une souffrance d’une ampleur grandissante.
Il arriva enfin devant la porte tant convoitée, faite de vieux bois pourri par les années, elle était encastrée dans un mur d’ancienne pierre comme le reste de la bâtisse. La porte s’ouvrit soudainement, laissant tomber le pauvre homme au pied de l’occupante des lieux.
- Ha… te voilà enfin Simplet ! On ne t’attendait plus à l’heure qu’il est ! Oh mais je vois que tu nous as ramené un petit quelque chose !
Elle se pencha, plaça sa cigarette entre ses fines lèvres et attrapa le chiffon noué à chaque extrémité de la branche qui faisait office de perche.
- Je vous ai ramené tout ce que j’ai trouvé… Souffla le nain hors d’haleine.
- Mouais… ça passe pour cette fois.
Elle tourna les talons et s’assit sur un des fauteuils à l’extrémité de l’immense table en chêne. Autour d’elle se tenaient six autres nains tandis que le septième les rejoignait non sans mal. La pièce sombre n’était composée que de la table sur laquelle reposaient de nombreux chandeliers et plusieurs sortes d’herbe réunie en petit tas.
- Je dois dire que je ne suis pas contente de vous ! Tonna-t-elle.
Tous baissèrent la tête alors que la jeune femme ouvrait délicatement le paquet d’où tombaient de petites herbes et mousse. Elle en saisit une petite quantité avant de l’envelopper dans un papier fin qu’elle dirigea vers la bougie à son côté. Jetant le mégot qu’elle avait en bouche, elle inspira profondément son roulet.
- Pouah ! Cracha-t-elle. Je n’en ’ai jamais vu d’aussi immonde ! Non seulement vous ne ramenez plus la quantité suffisante et en plus de ça elle est de mauvaises qualités !
- Mais mademoiselle Blanche… Essaya de se défendre Timide.
- Il n’y a pas de mais ! Rugit Neige en se levant. Cela fait quinze ans que je fournis entièrement la forêt ! Et ce n’est pas une bande d’incapables comme vous qui vont me dire ce que j’ai à faire !
Grincheux se leva à son tour et s’approcha lentement de Neige qui le scrutait de ses pupilles aussi noirs que ses cheveux.
- Et bien si tu n’es pas contente fais-le toi-même ! Cria-t-il. Tu crois qu’ont en pas marre de devoir te fournir en cannabis tous les jours alors qu’on sait pertinemment que c’est vous le revendre aux animaux de la forêt ?!
Elle ne répondit rien, trop stupéfaite pour sortir la moindre parole. Jamais personne ne lui avait parlé de la sorte. Ils avaient toujours exécuté ses moindres souhaits depuis des années. Elle s’apprêtait à répliquer lorsque que quelque chose frappa contre la porte.
- Ne t’attend pas à t’en sortir de la sorte, siffla-t-elle entre ses dents. Dormeur ! Au lieu de rêvasser va donc ouvrir !
Ne voulant pas l’offenser, il s’approcha de ladite porte qui vola en éclat avant même qu’il ne pose la main sur la poignée.
Le nain se retrouva projeté contre le mur d’en face que son dos heurta violemment en même temps que quelques morceaux de bois. Un râle sorti de sa gorge tandis que son visage se tordait en une grimace sous l’effet de la douleur.
Un homme fit irruption dans la pièce, arme à la main, il pointait la seule femme présente dans ce lieu.
- Les mains sur la tête ou je tire !
Neige s’exécuta alors que tous les nains s’écartaient progressivement et un rictus se forma sur le visage du dealer.
- Pourquoi autant de violence mon prince ? Je ne vous veux aucun mal. Alors si vous pouviez baisser votre arme cela permettrait de faire plus ample connaissance.
Le prince hésita quelques secondes, puis abaissa finalement son arme. Il se savait naïf mais le visage de la jeune femme en face de lui ne lui inspirait pas de la peur ou de la crainte. Il s’approcha du corps qui gisait à terre, puis passa doucement sa main sur la joue de Dormeur qui n’émit aucun signe de vie.
Posant son arme à terre, il se tourna vers les occupants qui le dévisageaient sauvagement. Un d’eux cracha à ses pieds, puis rejoignit la dépouille où il s’agenouilla.
- Je ne voulais pas…
- Pousses-toi ! Cingla Grincheux.
Un à un, chacun des nains se posta autour du corps de leur amis.
Charmant ne savait plus quoi penser de la scène qui se déroulait sous ses yeux. L’espace d’un instant il voulut quitter la bâtisse.
Alors qu’il repartait dans ses pensées, une lame se plaça soudainement sous sa gorge et on l’attrapa par-derrière.
- Un seul mouvement et je te la plante dans la trachée ! Chuchota Blanche.
Il ne répliqua pas, se contentant seulement de hocher la tête d’un signe positif. Son agresseur s’abaissa lentement pour prendre le pistolet à barillet et le plaça sur sa tempe.
- Avance, ordonna-t-elle.
Il s’exécuta, toujours la lame au cou qui s’enfonçait progressivement à chaque faux pas de sa part. Après avoir franchi l’ouverture de la chaumière, ils plongèrent dans la forêt vers le nord. L’angoisse gagnait peu à peu le prince alors que l’étau qui le tenait au piège se resserrait peu à peu autour de lui. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, et l’une d’elles s’écrasa sur le canon de l’arme fixée à la hauteur de ses yeux.
Alors qu’il s’enfonçait de plus en plus dans la nuit, il passa sa main sur le couteau à sa ceinture. Il ne fallait plus qu’attendre le bon moment pour en faire usage.
Les minutes passaient, sans que son agresseur ne montre un seul signe de faiblesse. N’y tenant plus, il tenta le tout pour le tout. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Neige reçue un coup de couteau dans les reins. Elle s’écroula sous la douleur de l’objet planté dans sa chaire. Dans un dernier effort elle tira une balle qui manqua lamentablement sa cible. Finalement, elle succomba après plusieurs longues secondes d’agonie dans une mare de sang.
Il venait de démanteler le trafic de drogue qu’il recherchait depuis plus d’un an.
***
Des torrents de pluie s’abattaient sur les têtes nues des six nains alignés face au cercueil de verres. Les cheveux dégoulinant de sueur et son bonnet entre les mains, Simplet baissait les yeux alors qu’il entendait ses compagnons étouffer quelques sanglots.
Peu après la mort du nain, il avait n’avait pas retrouvé Blanche neige et avait mis au feu toute leur réserve de drogue. Voilà bien trop longtemps qu’ils baignaient dans cette affaire et aucun d’eux ne voulaient être mêlés à une quelconque histoire de ce genre par la suite.
Un froissement se fit entendre dans les broussailles, puis apparut un homme en habit de paysans. Sans la moindre parole, il retira son capuchon pour dévoiler son visage aux yeux de tous. Il s’agissait du Prince…
- On peut savoir ce que vous faites là ? Grogna Grincheux.
- J’ai tué ce pauvre homme, souffla-t-il. C’est la moindre des choses que je vienne…
Un long silence s’installa. Personne ne bougeait et aucun bruit ne venait perturber ce silence de mort. Dix minutes s’écoulèrent ainsi, pour seul bruit de fond, la pluie qui battait sans répit le visage des sept hommes.
Tour d’un coup Simplet se posta devant le Prince et lui soutint un regard empli d’espoir. Hésitant un moment, il se lança enfin :
- Monsieur !? Dans la vraie histoire, le prince réussi à …
- Tai toi Simplet ! hurla Prof en le saisissant par le bras.
Charmant le retenu avant de poser son regard sur le nain et s’accroupir pour être à sa hauteur.
- Laissez-le ! Vas-y dit moi tout…
- Dans la vraie histoire, le prince embrasse la princesse pour la sauver de son sommeil et ensuite il tombe amoureux l’un de l’autre.
Le visage attendrissant du nain ne le laissa pas indifférent. Il se releva lentement et se dirigea vers le cercueil. On pouvait voir derrière la vitre, Dormeur, les paupières fermées par le sommeil éternel.
Il pivota vers le petit groupe qui lui lançait des regards encouragent. Se ressaisissent, il prit son courage à deux mains et souleva l’enveloppe transparent avant de contempler celui qui se trouvait à l’intérieur. Sans le moindre geste brusque il se pencha et scella ses lèvres à ceux du mort.
Rien ne se passa…
- Je suis désolé… Mais les contes n’ont pas que des fins heureuses. C’est le triste sort qu’il lui était réservé. Je ne peux rien pour lui !
Sujet: Conte à rebours 
Mer 9 Oct 2013 - 18:30
