Atelier d'écriture
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Atelier d'écriture

Communauté d'écrivains en herbe
 
AccueilRechercherS'enregistrerDernières imagesConnexion
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

 

 Chevaliers dragon

Aller en bas 
2 participants
Aller à la page : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
AuteurMessage
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeJeu 12 Avr 2007 - 20:14

Alors voici une autre histoire dans laquelle je m'étais lancée,bien que,comme vous pourrez le constater,elle soit moins avancée et moins bien écrite que l'autre.enfin,j'espère qu'elle vous plaira quand même. Les critiques(même mauvaises!)sont les bienvenues!

Prologue
Le contraste de lumière lui fit plisser les yeux. Il avait beau faire nuit noire, l'obscurité extérieure n'était rien comparée à celle de la mine où il avait passé ces quatre dernières années. Ses pieds nus ne faisant aucun bruit sur l'herbe humide, il progressa en silence jusqu'à l'éminence rocheuse qui protégeait le camp des gardes. Plus circonspect qu'une ombre, il dépassa la cabane en rondins et s'abrita dans un repli de terrain.
Comment il avait réussit à s'échapper des boyaux suintants, il ne le savait pas vraiment lui-même. Il ne gardait qu'un vague souvenir de sa fuite éperdue dans les longues coursives à peine étayées, silhouette noire sur fond plus noir encore. Le souffle des conduits d'aération lui effleurait la nuque de son haleine brûlante et sulfureuse, ajoutant à la panique de finir dévoré vivant par la montagne qui l'enserrait déjà de ses parois glaiseuse. Ce géant de terre qui lui avait volé sa mère et son père, il avait pourtant appris à ne plus le redouter voire même à l'apprivoiser. Mais lorsqu'il s'était retrouvé seul, perdu, et couvert de sang, à courir à bout de souffle pour échapper aux cris de douleur du contre maître, il était redevenu le pauvre gamin de sa première descente.
Ce qu'il avait pu advenir de Gros Lard une fois son œil crevé, il s'en fichait royalement. Cette brute lui avait fait payer plus cher que quiconque son statut d'esclave et il n'était pas près de le plaindre. Ç'avait même été presque jouissif de lui planter la dague qu'il lui avait dérobé dans l'orbite, en voir le sang jaillir… Mais la suite était moins facile que surprendre ce gros tas dans un boyau étroit.
Le temps de reprendre ses esprits, il resta allongé à plat ventre dans la terre et la boue, savourant le fait d'être à l'air libre. Une chouette ulula à quelques pas de lui et la brise ébouriffa ses cheveux emmêlés. Il ne fallait plus tarder sinon on découvrirait sa fuite.
Relevant lentement la tête, il évalua la distance qui le séparait du prochain tertre. Trente mètres en terrain découvert et si près des gardes… Ce n'était pas un excès de zèle de leur part qu'il craignait, mais la malchance. Une branche qui craque, une pierre qui se dérobe sous ses pas, ce qui pouvait le faire repérer ne manquait pas.
Il atteignit finalement l'éminence suivante sans encombres mais les pieds et les mains en sang. Les hématomes de ses jambes ne le laissaient pas en paix non plus –pas plus que ses courbatures –mais il était presque libre et cela seul comptait. La lune sombrait déjà rejoindre sa tanière diurne quand il rejoignit les premières frondaisons de la forêt sans qu'aucun haro ait retentit dans son dos. Enivré par les senteurs sylvestres et le goût de la liberté, il se mit à courir, profitant de toutes les nouvelles choses qui se présentait à lui. Chaque arbre, chaque petit animal qui détalait à son approche lui procurait la merveilleuse sensation d'être vivant –et invincible. Quoi qu'il pût lui arriver à présent, il ne le redouterait plus. Mais il fut en définitive rattrapé la torpeur et sombra dans un sommeil sans rêve, à l'ombre d'un grand noisetier.

L'enfant avait sept ans et il regardait à présent d'un air de défi le maigre feu qui brûlait devant lui. Il faisait nuit mais il n'avait pas peur des bruits nocturnes. Il y avait longtemps qu'il n'en avait plus peur. Son enfance lui avait été enlevée le jour où on l'avait mis au travail dans les mines d'argent et il se considérait à présent comme un homme. Cela faisait douze jours qu'il survivait tant bien que mal dans cette forêt, s'éloignant chaque fois un peu plus de son passé.
Les nuages découvrirent soudainement la lune et une clarté blafarde envahit son recoin de clairière. Le hurlement d'un loup retentit tout près. Le gamin se leva prestement, serrant son long bâton dans ses petites mains. Il attendit le cœur battant. Un grand loup gris surgit soudain d'entre les buissons, les crocs découverts. L'enfant remarqua qu'il s'agissait d'un vieux et qu'il devait être affamé pour s'attaquer ainsi à l'homme.
Le jeune garçon poussa un hurlement et l'animal recula, hésitant. Mais il passa finalement à l'attaque, lui sautant dessus avec une vitesse ahurissante. L'enfant n'eut que le temps de lever son bâton qui se retrouva par miracle contre le cou du vieux loup, l'empêchant ainsi de lui planter sa mâchoire dans la gorge. Il se débattit pour se dégager mais l'animal gagnait du terrain. Ses griffes lacéraient les bras du garçon et soudain il parvint à briser la force de l'enfant et sa tête descendit vers son cou.
Le jeune garçon attendait le coup de grâce les yeux fermés mais rien ne vint. Lorsqu'il les rouvrit, le loup était toujours couché sur lui mais une longue flèche empennée de noir sortait de son dos. Derrière, un grand homme vêtu d'une armure de plate blanche maillée d'argent et pailletée de minuscules éclats d'or rouge au gorgerin et aux spallières abaissait son arc. Il mit pied à terre et aida le garçon à se relever puis l'installa, encore tremblant, devant le feu qu'il raviva.
— Tout va bien mon garçon ? demanda le chevalier avec douceur.
— Vous êtes venu pour me ramener à la mine ? Je n'y retournais pas –plutôt mourir, fit-il avec colère.
— Tu as du courage, admit le chevalier sans insister. Mais non, je ne suis pas venu pour te ramener où que ce soit. Tu étais sur mon chemin c'est tout.
— Vous êtes un chevalier dragon de Sydonia, n'est-ce pas ? s'enquit sans ambages l'enfant en regardant le heaume d'argent à cimier blanc et le dessin compliqué qui ornait le brassard droit.
L'homme lui sourit.
— Tu observes bien. (Il remarqua quelque chose dans le cou du jeune garçon et approchant la main sentit une lettre gravée sous sa peau:) Tu es un esclave, constata-t-il. Je comprends que tu ne souhaites pas être retrouvé mais tu ne peux pas vivre éternellement dans cette forêt. Il va te falloir sortir un jour ou l'autre. Et ce sera plus tôt que tu ne le penses.
— Et vous, vous allez où ?
— Je rentre chez moi, au temple.
— Je peux vous accompagner ? Même s'ils sont trop bêtes pour le faire exprès, ils pourraient bien me rattraper un de ces jours.
— Pourquoi pas ? (Il jeta un coup d'œil au gamin famélique.) Mais nous ne passerons pas la nuit ici –la route est encore longue. Cependant, je crois que nous aurons le temps de manger un morceau avant cela.
La lueur d'envie qu'il discerna dans le regard du garçon lui fit plaisir en même temps qu'il lui brisa le cœur. On vivait vraiment une sombre époque si même un enfant d'une dizaine d'années ne pouvait plus profiter de sa jeunesse en toute quiétude.
Le chevalier siffla et le hongre brun se porta à leur rencontre. Il caressa l'encolure du cheval puis fouilla dans une sacoche, en sortant un sachet d'où il extirpa des tranches de viande séchée et du pain blanc. De l'autre musette, il sortit quelques fruits qui complétèrent agréablement le repas frugal. Mais pour le gamin nourri seulement depuis des jours de racines, cela eut l'air d'un festin.
Une fois le ventre passablement plein, l'enfant le questionna de nouveau.
— Qui êtes-vous messire ?
— Je m'appelle Deran. Et toi ?
— Je veux dire, dans l'ordre, z'êtes qui ?
— Tu as l'air bien renseigné pour un esclave minier, répondit-il en fronçant les sourcils.
Le gamin haussa ses fluettes épaules en soutenant son regard.
— On a reçu la visite d'un des vôtres une fois, et j'y ai parlé. Pas longtemps parce que Gros Lard m'aurait battu sinon, mais j'ai eu le temps d'apprendre un peu sur vous.
— Qui était-ce ?
— Un homme dit rarement son nom à un esclave, messire.
— Qui ? insista Deran qui ne le croyait pas.
— Torrhen, se disait.
— Je suis le Premier Maître Dragon de Toris, enchaîna le chevalier.
— Vous croyez que je peux le devenir, moi aussi ? demanda abruptement le gamin.
L'homme rit doucement.
— Ce n'est pas aussi facile mais si tu y tiens, je te présenterais au dragon. Lui seul peut décider si tu es digne de porter l'armure de Sydonia.
— Je le serais, affirma l'enfant.
Deran acquiesça gravement et se leva, étirant ses longues jambes. Il étouffa les dernières braises du feu allumé par le garçon et aida ce dernier à monter en selle. Puis, ayant recoiffé son heaume blanc, il s'installa derrière lui et lança le cheval au galop.
L'enfant regarda les étoiles défiler alors que le hongre les emportait au grand galop et se promit de ne pas s'endormir pour se souvenir du chemin. Peu de temps après, il sombra dans le sommeil. Deran le couvrit de sa cape blanche et fit ralentir le cheval. Deux jours plus tard, ils parvinrent au temple.
Le futur chevalier garda toujours la même image du temple dans toute sa vie, celle de son arrivée. De gigantesques bâtisses de pierre blanche en forme de fer à cheval, reliées entre elles par de longues galeries transparentes. Elles semblaient protéger en leur centre une formidable forme sombre et indistincte que l'enfant prit pour une statue.
Soudain, la forme tourna son énorme tête vers lui et ses yeux d'ambre fendus plongèrent dans ceux de l'enfant. Une pensée lui vrilla le crâne. Bienvenue émit mentalement le dragon. Deran porta une main gantée de maille blanche à ses lèvres puis à son front mais le garçon s'évanouit. La magie était encore trop puissante pour lui. Il ne vit pas le hall des héros ni les longs couloirs baignés d'une lumière dorée où se croisaient tous les chevaliers vivant là, pas plus qu'il ne s'éveilla lorsque le premier maître dragon le coucha dans son lit.


Dernière édition par le Sam 17 Nov 2007 - 17:09, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeJeu 12 Avr 2007 - 20:16

Et voici la suite que je vous poste à la suite pour que ce soit moins pénible.

Chapitre1
Le chevalier mit pied à terre, tenant les rênes de son gigantesque étalon de guerre noir d'ébène. Il s'agenouilla et effleura la terre brune du bout des doigts. Un léger sourire vint flotter sur ses lèvres et il remonta en selle.
Cavalier et monture arrivèrent au sommet d'une éminence rocheuse et le chevalier arrêta l'étalon. En contrebas dans une étroite cuvette herbeuse, brûlait un feu de camp cerclé de pierres. En dehors de deux chevaux et d'ustensiles de cuisine le camp était désert.
Un vent froid siffla aux oreilles du chevalier qui ramena sa cape fourée sur son armure. Le cheval s'ébroua et son cavalier le talonna pour lui faire descendre la pente. Il regardait droit devant lui, indifférent aux bruissements provenant des buissons. Au niveau du feu, il glissa de sa selle et flatta l'encolure du grand cheval noir puis l'attacha à un arbre mort avant de le desseller. Il s'assit devant les flammes. Tout était calme.
_On ne salue plus les vieux amis? fit-il soudainement.
Une grande silhouette vêtue de cuir brun se redressa de derrière un bouquet de saules, un arc bandé à la main. L'homme –visiblement un chasseur –abaissa son arme et enjamba un rocher afin de s'approcher du chevalier. Une autre personne, plus trapue, émergea également. L'homme en brun s'avança et étreignit le chevalier au moment où celui-ci se relevait.
_Vanhan, je suis heureux de te revoir. Cela faisait tellement longtemps, je te croyais mort!
_Non mon ami, pas encore. Mon temps n'est pas encore révolu, il me reste quelques années. Souviens toi.
_Je me souviens, convint l'homme en brun. Je te présente Namin, dit-il en désignant le deuxième archer. Ce dernier était plus jeune que les deux autres, à peine plus vieux qu'un adolescent. Il tendit la main et Vanhan la serra.
_Où est ton second compagnon? demanda le chevalier au plus âgé. J'ai vu trois traces sur le sentier.
L'autre éclata de rire.
_Tu n'as rien perdu de tes talents à ce que je vois. Viens avec nous et tu verra.
L'adolescent blond traîna une carcasse de cerf qu'il chargea sur son cheval et les trois hommes se mirent en route. Le sentier se changeait rapidement en piste rocailleuse où claquaient les sabots de leurs montures. Mis à part le vent, aucun bruit ne venait troubler le silence de la cuvette. Tout semblait figé, des arbres et rochers jusqu'au temps lui-même. Après une courbe, la piste longea de nombreuses ruines. Les pierres s'effritaient et le lierre avait poussé partout, ne laissant que de vagues pans de murs reconnaissables. Quant aux grandes galeries de cristal qui les rejoignaient, elles semblaient ne même pas avoir existé.
Vanhan fit stopper l'étalon qui renâcla. L'émotion étreignit sa gorge lorsqu'il s'avança vers le premier mur. Il fit lentement courir ses doigts sur la pierre et un peu de lambris resta collé à sa paume. Le chevalier écarta quelques feuilles qui révélèrent une plaque de métal rouillée et déformée, représentant un dragon. Il caressa la forme ocre, passant l'index le long des ailes en fer et du dos crasseux.
Appuyé des deux mains sur le devant de sa selle, l'homme en brun l'observait avec curiosité, ses yeux verts scrutant les moindres détails de la scène. Il savait ce que Vanhan ressentait pour l'avoir lui-même éprouvé onze ans auparavant. L'ancien temple où ils avaient été éduqués avec tous les autres était tombé en décrépitude depuis les Guerres Sanglantes et leur ordre dissout. Personne n'avait voulu le restaurer et même lui, Partacos, ancien premier maître dragon, n'en avait pas eu le courage. Mais il n'avait pas non plus la force de s'en éloigner. Il lui semblait parfois encore entendre le chant du dragon, une mélodie à nulle autre pareille qui lui arrachait des larmes. Mais Partacos savait que ce n'était qu'une illusion.
Vanhan tira sa longue épée du fourreau en argent et la planta dans le sol. Le rubis qui ornait le haut de la garde se mit à rougeoyer faiblement un court instant puis s'éteignit. Le chevalier baissa la tête:
_Ainsi est-ce devenu Dragon? Les hommes ont perdus foi en toi et la magie a disparue. Comment cela se peut-il?
Il attendit vainement une réponse comme auparavant mais rien ne vint. Avec un soupir, il rejoignit Partacos et Namin. Ils poursuivirent leur chemin en silence, le chevalier n'osant pas regarder autour de lui –ses souvenirs, plus vivaces que jamais, lui causaient une peine indicible. Un peu plus tard les cavaliers arrivèrent en vue d'une grande cabane en bois érigée dans une anfractuosité de la falaise qui la surplombait. Le bâtiment principal mesurait quarante pieds de long et à gauche, s'ajoutait une dépendance au toit en pente. De la fumée s'échappait de la cheminée en pierre. Le chevalier et Partacos confièrent leurs montures à l'adolescent et apportèrent l'animal à l'intérieur.
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Iron
Héros Légendaire
Iron


Masculin Nombre de messages : 1513
Localisation : Inconnue
Loisirs : Inconnus
Date d'inscription : 09/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeJeu 12 Avr 2007 - 22:41

J'ai trouvé excellent.

Et les premières phrases, je t'assure que c'est exactement le même style que moi (pas les dialogues, hein, juste les phrases...) bounce

Troublant study

Seule critique, qui est davantage un point de vue : je trouve que des virgules sont inutiles, et que tu aurais dû en rajouter par endroit. :pirat:

Le tout est fluide et moi j'aimerais bien connaître la suite :silent:

_________________
C'est un crapaud je vous dis, un crapaud ! Pas une grenouille.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeVen 13 Avr 2007 - 11:39

C'est très beau, très fluide, poetique même.

Le dragon est mort ? Crying or Very sad

En tout cas, j'attends la suite !
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeVen 13 Avr 2007 - 17:28

Ok pour les virgules Iron.Je retiens et je ferais une relecture plus tard(quand mes révisions me laisseront un peu de temps... 🇳🇴 )

Citation :
Et les premières phrases, je t'assure que c'est exactement le même style que moi.Troublant.
Que veux-tu?parfois les grands esprits se rencontrent! ::rolling::

Par contre je ne l'ai pas beaucoup continué(pour cause de préférence de l'autre histoire et de plus d'inspiration aussi)mais je peux toujours vous poster le peu de suite qu'il y a.
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeSam 14 Avr 2007 - 13:04

Et comme vous êtes des petits veinards,y'en a encore un peu...

_Nous voilà, annonça Partacos. Et il y a un invité.
D'une pièce à côté sortit une jeune femme. Elle portait une robe bleu sombre et une longue tresse blonde lui tombait dans le dos. Ses yeux bleus pétillèrent lorsqu'elle aperçut le chevalier. Vanhan fut frappé de sa ressemblance avec Namin bien qu'elle paraisse un peu plus âgée. Partacos enlaça la taille de la jeune femme et déposa un baiser sur sa joue.
_Ifalda, je te présente un vieil ami, Vanhan. Il va rester ici quelque temps, dit le chasseur en appuya son arc contre le mur. Le chevalier s'inclina devant elle et lui baisa la main.
_Quelle galanterie! Et un Chevalier Dragon en plus! Nous ne recevons pas souvent de gens aussi célèbres et attentionnés. D'ailleurs, nous ne recevons pas souvent de gens, ajouta Ifalda avec un léger froncements de sourcils.
_Hélas ma dame, il se peut que ce soit mieux ainsi pour l'instant. Quant à ma galanterie, elle n'est que le résultat d'une éducation stricte et rigoureuse. C'est l'un des nombreux principes que l'on m'a appris à respecter.
_Je n'en crois pas un mot, fit-elle. Je suis sûre que c'est une qualité innée chez vous. Je vois ces choses là!
Vanhan eut un sourire las:
_S'il vous plaît de le croire ma dame, je vous l'accorde de bonne grâce. Permettez moi de vous aider, dit-il en empoignant le cerf. Il l'apporta dans la cuisine alors que Namin faisait son apparition. Il rejoignit la jeune femme et ils préparèrent le repas tandis que les deux hommes s'installaient dans la pièce principale.
_Tu as du remarquer leur ressemblance, je ne me trompe pas? demanda Partacos. (Le chevalier opina:) Alors tu as sûrement compris qu'ils étaient frère et sœur.
_Où les as-tu rencontré?
_Près de Jy-Alsom, il y a onze ans.
_Je présume qu'ils sont orphelins, dit Vanhan.
_Oui. Leur famille a été massacrée par les soldats. (Vanhan leva les sourcils et ses yeux se mirent à briller.) Ils portaient les couleurs du prince de Llonas, précisa l'ancien premier maître dragon. Je suis désolé, ajouta-t-il. Depuis la nuit de l'incendie je n'ai jamais plus revu ces Cavaliers que tu recherches. Ils doivent avoir déserté le pays.
_Non, répondit sombrement le chevalier. J'en ai vu il y a cinq jours. Je les ai pris en chasse mais je les ai perdus à proximité de tes terres.
_Voilà ce qui explique ta présence ici. Je me demandais pourquoi tu aurais soudainement eu envie de revenir au temple. Personne ne l'a fait.
_A part toi, compléta-t-il.
_Oui, à part moi. (Il releva la tête:) Tu étais parti avec Manichéus ce soir là. Qu'est-il devenu?
_Mort. Une flèche lui a transpercé le poumon. Et le pire c'est que cette flèche ne venait même pas des Cavaliers Sombres mais d'un archer isolé. Je ne pensais pas qu'il mourrait de cette façon. Manichéus a toujours été le meilleur d'entre nous; il ne méritait pas cela.
_C'est vrai. Il n'a même pas voulu savoir son destin le jour où le dragon a prédit les oracles.
_Manichéus était un homme sage. Souvent je me dit que j'aurais du l'imiter. Je me maudis parfois d'avoir eu peur de l'avenir et d'avoir voulu le connaître. Je ne vis plus que pour retrouver les Cavaliers avant le jour de ma mort.
_Tu peux changer cela Vanhan. Reste avec nous. Le dragon s'est déjà trompé. Il n'y a pas de voie toute tracée. J'ai besoin d'aide pour remettre le temple en état; nous pourrions refonder l'ordre.
Vanhan secoua la tête.
_Tu sais bien que non. Nous avons été déclaré hors la loi. Plus rien ne sera comme avant et l'ordre ne sera plus jamais. Le dragon est mort et les autres sont partis au-delà des hautes terres au nord. Comment veux-tu le refonder ainsi? Quant à mon destin, pense d'abord au tien. Rappelle toi ce qu'il t'a dit.
_"Quand la tristesse rejoindra la nostalgie et que le feu complètera leur passion, alors pour toi commencera la vraie mission." Et alors? Je ne vois pas en quoi cela nous concerne actuellement.
Le chevalier dragon le fixa de ses yeux bleus sombres mais ne répondit pas.
_As-tu revu l'arc en ciel?
_Non, soupira Partacos en secouant la tête. Plus depuis neuf ans.
Le silence se fit lentement et l'on entendit plus que le crépitement des flammes dans l'âtre. Ifalda reparu et leur apporta à chacun un bol de ragoût et d'un verre de vin aux herbes. La jeune femme posa la part de Partacos sur la table devant lui et glissa celle de Vanhan dans ses mains. Puis elle repartit dans la pièce à côté mais s'arrêta dans l'encoignure de la porte, dans l'obscurité.
Ifalda s'accouda au montant de bois et observa les deux chevaliers, portant une attention plus soutenue au nouveau venu. Les ombres dansaient sur ses joues, masquant alternativement ses yeux. Il avait allongé ses longues jambes devant son siège et tenait pensivement son menton dans ses mains. Depuis qu'il avait retiré son armure, il semblait plus accessible et ressemblait moins au chevalier de légende que représentaient ceux de l'ordre. Il portait sa barbe noire de quelques jours parfaitement taillée tout comme ses longs cheveux –noirs également. De fines bottes d'équitation montaient le long de jambières en daim claires sur un pantalon marron, le tout surmonté d'une tunique blanche. Seule sa longue épée appuyée à côté de lui rappelait sa situation.
Ifalda n'arrivait pas à détacher ses yeux de Vanhan. Il se dégageait de lui une attraction qu'elle n'avait plus cru possible depuis sa rencontre avec Partacos alors qu'elle n'avait que quatorze ans. Mais à l'époque, elle le voyait avec des yeux de petite fille apeurée devant un héros en armure d'argent alors qu'il venait de les sauver, elle et Namin, de la mort. C'était comme voir le soleil après une très longue et violente tempête. A présent, elle voyait Vanhan comme un homme simple, un homme avec qui elle aurait pu partager sa vie. Mais elle était débitrice de Partacos et ce dernier était tombé amoureux d'elle. Elle ne pouvait le décevoir.
Pour la première fois, elle regretta de pouvoir encore vivre. A quoi cela servait-il, si lorsque l'on se croyait sur le point d'être heureuse, tout s'effondrait? Ifalda ne se permettrait jamais de trahir l'homme qui l'avait sauvé. Mais elle ne l'aimait pas. Petite, elle avait toujours cru que l'amour était un sentiment que l'on éprouvait dès le premier regard. Quand elle avait connu Partacos, elle pensait que l'amour viendrait avec le temps, parce qu'ils apprendraient à se connaître ils pourraient partager cela. En voyant Vanhan, elle retombait en enfance. Et tout ressurgissait.
Elle poussa un léger soupir et se détourna.

Vanhan se réveilla tôt le lendemain matin. Les cendres dans la cheminée étaient froides. A côté de lui, Partacos ronflait doucement. Le chevalier se leva doucement et quitta la pièce.
L'air automnale était froid et vif sur sa peau, il s'approcha du puit et retira sa chemise. Il frissonna. Vanhan empoigna la corde et remonta le seau pour sa toilette. Il se lava le torse à l'eau glacée et se sentit pénétré jusqu'à la moelle par le froid portant il ne se rhabilla pas. D'une main, il saisit un petit miroir en argent dans une poche et sortit un couteau de chasse de sa gaine puis se rasa. Une fois fait, il rangea le couteau et écarta ses cheveux. A la base de la nuque, il passa la main –comme tous les matins. La boursouflure était toujours là. Cette marque infâmante de l'esclave qu'il avait été. Il avait eu beau tenter de la brûler, on sentait encore la forme du E majuscule gravée dans sa peau. Il laissa retomber ses cheveux puis ramassa une hache légère et posa une bûche sur le billot.
Le chevalier en avait débitée une quinzaine lorsqu'une voix retentit derrière lui:
_Bonjour chevalier! lança Ifalda.
_Bonjour ma dame. Avez-vous bien dormi?
La jeune femme haussa les épaules.
_Ne pouvez-vous pas m'appeler par mon nom?
_Je crains que non, dit Vanhan avec un petit rire. Du moins, pas pour l'instant. Peut-être plus tard si je vous connais mieux.
_Quel âge avez-vous? demanda-t-elle brusquement.
_Trente-cinq ans, répondit le chevalier dragon légèrement surpris. Pourquoi cette question?
Mais Ifalda l'éluda. Un cheval s'ébroua dans le corral et elle prit deux seaux contenant de l'avoine et de l'eau puis alla les vider dans la mangeoire et l'abreuvoir. Vanhan la suivit des yeux, appréciant la fluidité de ses gestes. Quand la jeune femme revint, il ramassait sa chemise et sentit le regard qu'elle lançait sur son torse. Il se hâta de remettre le vêtement. Il laça les lanières de cuir du col et lui offrit son bras.
_Voudriez-vous me faire visiter votre demeure?
Ifalda sourit et passa son bras sous celui de Vanhan. Ils longèrent les bâtiments et se retrouvèrent face à une haute paroi verticale de grès noir. De nombreux morceaux de quartz brillaient tout le long.
_Partacos dit que ce sont les yeux des dragons. Vous y croyez? s'enquit la jeune femme.
_Qui sait? soupira-t-il. Les dragons sont si mystérieux.
_Mais vous êtes un chevalier de Sydonia! s'exclama Ifalda. Ne vous ont-ils pas appris tous leurs secrets?
_Non ma dame, sourit Vanhan. Ils nous enseignent –enseignaient- se reprit-il, leur sagesse ancestrale, le respect de toute vie et la magie de l'air. Il ne faut pas croire toutes les légendes. Comme chacun d'entre nous, les dragons avaient leurs secrets qu'ils ne souhaitaient pas révéler. Quelqu'un connaît-il tout de vous?
La jeune femme détourna la tête.
_Partacos a abandonné son armure, dit-elle. Pourtant, il croit toujours possible de restaurer votre ordre. En ce cas, pourquoi l'avoir abandonnée?
_Partacos est un rêveur, pas un guerrier. Les chevaliers dragons ont été déclarés hors la loi et l'ordre ne sera plus jamais. Il s'est arrêté avec nous. Quant à son armure, j'aurais du faire pareil il y a longtemps. Ce n'est pas facile de vivre avec en ces temps, mais voyez-vous je sais parfaitement que je ne risque rien. Ce n'est que par lâcheté que je continue à la porter, pour continuer à croire que je sers encore à quelque chose. Je sais que je ne risque rien, répéta-t-il à demi voix commen pour lui-même.
_Comment cela?
_La nuit où le temple a brûlé, le dragon avait consulté les oracles pour nous, et chacun des chevaliers a pu choisir. J'ai voulu connaître mon avenir, et le dragon m'a révélé le comment et le jour de ma mort. Il est encore loin –mais pas tant que cela. Je pense que c'est pour cela que je n'ai pas abandonné mon armure. Elle fait toujours partie de moi.
Vanhan soupira et ils reprirent leur marche. Un sentier s'élevait le long de la paroi. A deux cents pas au dessus de l'habitation, il bifurqua vers la forêt. Le vert des arbres s'était changé en ocre, rendant le moment encore plus solennel. Vanhan avait l'impression d'être revenu à la cérémonie de Présentation lorsqu'il s'était avancé au bras de Sacha –la seule femme autorisée à pénétrer dans le temple une fois par an–afin de voir le dragon pour la seconde fois. Il l'avait jugé digne de porter l'armure de Sydonia.
Le chevalier se secoua. Ils débouchèrent dans un repli de terrain et Ifalda tendit la main vers un tertre. Le monticule était recouvert de fleurs bleu pâle qui se couchaient doucement vers le sol. Vanhan savait que ces fleurs ne poussaient que sur les tombes de ceux qui avaient servis le dragon. Un malaise s'empara de lui et sa tête tourna.
Il croyait deviner qui gisait ici.
_L'un des vôtres, dit Ifalda.
Vanhan s'éloigna d'elle et s'agenouilla dans la terre. Il posa sa main sur le tertre et ressentit la magie de jadis. Elle n'était plus aussi forte mais le même sentiment grandissait dans son cœur que lorsqu'il avait enterré Deran. Le chevalier ferma les yeux et se concentra. Un vent frais balaya le creux où ils se trouvaient. L'arc en ciel tournoya de nouveau dans son esprit. Il ne l'avait pas revu depuis le jour où il avait torturé le seigneur Finidas par vengeance alors que cela était proscrit par leur code d'honneur. La sentance avait été immédiate, il ne pouvait plus avoir de nouvelles de ses anciens compagnons d'armes. Cependant pour la première depuis longtemps, il retrouva la magie de l'air, il sentit à nouveau sa force et sa puissance croître en lui. Il vit le rouge de Partacos luire, tout comme son bleu. Le vert de Manichéus était presque totalement éteint ainsi que le jaune de Samiel, le violet de Gwynéos, l'indigo de Kalion. Quant à l'orange du dragon, il n'était pas plus vivace qu'une lointaine torchère. Une lumière vacilla au loin et s'éteignit. Vanhan ouvrit les yeux.
_Qu'avez-vous fait? souffla Ifalda.
_Elle n'aurait pas du s'éteindre, dit le chevalier avec amertume. La magie est toujours là –mais elle se meurt. Je ne l'avais plus retrouvée depuis si longtemps, je la croyais disparue à jamais.
_Savez-vous qui est là?
Vanhan opina tristement et ses yeux s'embuèrent. Il posa une main sur son cœur et murmura dans une langue étrange, gutturale, mais terriblement mélodieuse. Ifalda se laissa porter par le son qui jaillissait des lèvres du chevalier sans rien y comprendre mais il lui apportait la paix, celle qui lui manquait depuis le jour où Partacos l'avait trouvée.
Vanhan porta sa main droite à ses lèvres et la déposa ensuite sur le tertre:
_Repose en paix mon frère, dit-il


Dernière édition par le Sam 14 Avr 2007 - 13:42, édité 4 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeSam 14 Avr 2007 - 13:34

Euh...

Comment dire...

WoOoOoOoOoOoOow

Je crois que c'est le mot le plus juste qui me viens...
Revenir en haut Aller en bas
Iron
Héros Légendaire
Iron


Masculin Nombre de messages : 1513
Localisation : Inconnue
Loisirs : Inconnus
Date d'inscription : 09/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeSam 14 Avr 2007 - 22:02

Arf j'adore affraid

_________________
C'est un crapaud je vous dis, un crapaud ! Pas une grenouille.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 15 Avr 2007 - 18:15

c'te classe (no coment...)
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 15 Avr 2007 - 18:44

Alors voilà la dernière partie(pour l'instant).Je n'ai pas encore écrit la suite. Peut-être un jour...

Ils quittèrent la clairière et reprirent le chemin qui descendait. Ifalda regarda la tristesse se muer en nostalgie dans les yeux du chevalier. Une question lui brûlait les lèvres mais elle n'osait la formuler. Vahnan sembla le remarquer et s'assit sur un rocher plat, faisant signe à la jeune femme d'en faire de même.
— N'ayez pas peur de me peiner, dit-il. Demandez moi ce que vous voulez.
Ifalda réfléchit un instant, cherchant à formuler son interrogation le mieux possible. Elle sentait que Vahnan avait été très proche de celui qui était enterré et ne voulait pas raviver cela. Mais le mal était fait, et c'était elle qui l'avait provoqué en l'amenant ici. Finalement, elle décida de se borner à ce qu'elle savait. S'il voulait lui faire part de quelque chose, alors qu'il choisisse lui-même ce dont il parlerait.
— Il était avec Partacos quand il nous a sauvé, mais il était déjà blessé. Nous l'avons amené à une guérisseuse, mais le mal qui le rongeait était bien plus profond que cela. Trois ans plus tard, il n'allait pas vraiment mieux, et un matin nous l'avons retrouvé mort. Je ne sais pas ce qui c'est passé.
— Il s'appelait Samiel. Et c'était mon frère. (Ifalda ouvrit la bouche pour lui dire combien elle était désolée mais tout ce qu'elle trouva lui sembla stupide et inadapté à la situation. Elle ne put que lui poser la main sur le bras.) Nous voyagions toujours par deux. Quand l'un d'entre nous mourrait, nous revenions au temple pour que nous attribué un nouveau compagnon. Partacos et lui ont toujours été ensemble.
«Je pense savoir pourquoi il a décidé de se laisser mourir. Samiel... l'ordre a toujours compté beaucoup plus pour lui plus que pour quiconque d'autre. Je suis prêt à parier qu'il avait dû se battre jusqu'au bout pour sauver le temple de l'incendie, jusqu'à ce que Partacos le force à fuir. (Un fantôme de sourire flotta sur ses lèvres comme il se souvenait du caractère de son aîné, puis il disparut.) A mon avis, il ne s'en est jamais remis, et ceci explique cela. Ne soyez pas triste pour moi ma dame, dit-il en remarquant son air peiné, il y a longtemps que j'ai trouvé la paix –tout comme Samiel. Cela ne m'atteint plus. (Il marqua une pause et son ton se fit plus distant.) Mais vous devriez rentrer avant que Partacos ne s'inquiète.
Ifalda comprit que malgré ce qu'il venait de dire, Vahnan avait besoin de solitude afin de faire son deuil. Elle se leva lentement et brossa les plis de sa longue robe beige. En descendant, la jeune femme jeta un regard au grand homme. Il ne bougeait pas, les coudes appuyés sur les genoux. Le soleil qui se levait dans son dos le couronnait de lumière et d'ambre et Vahnan redevint le légendaire chevalier dragon de Sydonia, abandonnant son enveloppe de simple voyageur. Cette impression planta un poignard glacé dans le cœur de la jeune femme qui comprit qu'elle ne l'aurait jamais tout à fait à elle. Les larmes aux yeux, elle rejoignit la cabane où Partacos et Namin dormaient toujours.
Vahnan passa une main tremblante sur son visage. Cela faisait bien longtemps qu'il ne sentait plus la présence de son frère dans l'arc en ciel, mais jamais il n'aurait cru retrouver sa tombe. Depuis la mort de Deran, son maître et ami, il s'était fermé à toute tristesse. Mais Samiel n'était pas n'importe qui et le chagrin afflua à nouveau.
— Pourquoi m'as-tu quitté mon frère ? murmura-t-il. Tu m'avais promis que tu serais toujours là pour moi.
Mais seul le vent entendit ses paroles et les emporta au loin.
Le chevalier ressentait une immense solitude telle qu'il n'en avait plus éprouvée depuis la perte du dragon et du temple. Il ferma les yeux et tenta de retrouver les restes de la magie. C'était ici qu'ils étaient les plus forts –bien que passablement faibles. Mais rien ne vint.
Un visage se forma soudainement dans son esprit. Ifalda. C'était elle qui avait ravivé en partie ses souvenirs et la colère commença d'affluer. Il voyait l'arc en ciel tournoyer dans son esprit, devenir de plus en plus fort. Son entraînement de chevalier reprit le dessus et la colère reflua, rendant la magie moins puissante. Les sept couleurs s'estompèrent et disparurent une nouvelle fois. Vahnan réfléchit. Deran avait coutume de dire qu'une chose n'arrivait jamais par hasard. La perte de Samiel lui avait permis de retrouver Partacos et la magie. L'un ne valait-il pas l'autre ?
Vahnan soupira. Il repensa à ce qu'il avait vu dans l'irrydium. Seul Partacos et lui étaient encore en vie, apparemment. De tous les chevaliers avec qui il avait été élevé, Kalion lui manquait le plus. Quand il était arrivé au temple, Vahnan ignorait que Samiel était son frère aîné. Esclaves, ils avaient été séparés à la naissance et Vahnan s'était prit d'affection pour Kalion. Le dragon leur avait ensuite révélé leur parenté mais les deux chevaliers n'avaient jamais été très proches voilà pourquoi sa peine s'en trouvait quelque peu réduite.
Malgré tout, les liens du sang qu'il n'avait jamais partagé avec quiconque d'autre lui manquaient profondément.
Il se releva. En passant devant le corral, l'étalon noir trottina jusqu'à lui et poussa un ronflement sonore puis fourra son museau sous le bras de son cavalier. Vahnan caressa le large front:
— Ne crains rien ami, nous allons rester un moment ici. Nous ne repartirons qu'au printemps, si tout va bien.
Les petites oreilles mobiles s'agitèrent au son de la voix du chevalier et il gratta le sol du sabot. Vahnan le relâcha et l'étalon s'allongea et se roula avec un plaisir évident, hennissant joyeusement. Vahnan sourit et rentra dans la cabane. Partacos venait de se lever et salua son ami mais le chevalier passa dans la cuisine. Ifalda préparait le petit déjeuner, composé d'œufs et de pain. Vanhan s'approcha d'elle et lui posa la main sur l'épaule. Il la sentit frissonner à son contact.
— Je suis désolé d'avoir été désagréable tout à l'heure ma dame.
— Ne vous excusez pas chevalier. C'est de ma faute. J'aurais du deviner que cela vous causerait de la peine; je savais qu'il s'agissait de l'un des vôtre.
— Vous ne saviez pas que c'était mon frère.
— Non c'est vrai, mais cela revient au même. Je sais ce que cela fait de perdre un frère et je n'aurais pas du.
— Vous avez tort, déclara Vahnan. Au contraire, j'ai été heureux de voir sa tombe. Cela m'a confirmé ce que je savais déjà. Vous n'y êtes pour rien.
Ifalda haussa les épaules et se tourna vers lui. Ses yeux étaient grands ouverts et elle semblait vouloir lui dire quelque chose qu'elle n'osait formuler à voix haute, comme une sorte de prière muette. Il parut comprendre et cela n'eut pas l'air de lui plaire outre mesure. Sa galanterie s'effaça pour laisser place à une amabilité froide et presque forcée.
— N'attendez rien de moi, dit-il abruptement. Je n'ai rien à vous offrir.
Partacos entra à ce moment, sans remarquer le regard courroucé qui couvait dans les yeux du chevalier, mais il sentit qu'Ifalda tremblait.
— Qu'y a-t-il ? demanda Partacos un peu inquiet.
Elle secoua la tête et baissa les yeux alors que Vahnan se détournait et se força à sourire mais Partacos ne fut pas dupe. Il savait que quelque chose n'allait pas, pourtant Ifalda ne semblait pas disposer à lui en parler. Il savait que cela viendrait tôt ou tard, et souriant à son tour, l'embrassa.
Une fois à l'air libre, Vahnan inspira profondément. Il n'avait que faire d'une femme qui serait plus pour lui une source de soucis qu'autre chose. Deran les avait toujours mis en garde contre les dangers de l'amour. Bien qu'il soit l'un des plus nobles sentiments, il n'en restait pas moins l'un des plus dangereux pour ceux d'entre eux qui restaient absents longuement. Quant à fonder une famille, cela restait extrêmement rare et les engagements que cela demandait pour chaque aspects de la vie du chevalier en faisaient réfléchir plus d'un.
Gwinéos, pourtant, l'avait fait. Et il avait aussi été le premier à mourir, bien avant la destruction des temples par les Cavaliers du roi, afin de protéger sa femme et sa fille. Ils étaient morts tous les trois.
Vahnan se surprit à remercier l'entraînement qu'il avait suivit toutes ces années car il savait que sans celui-ci il aurait pu avouer à la jeune femme qu'elle ne le laissait pas indifférent, voire même l'attirait franchement. Ce qui l'avait retenu était autant son amitié pour Partacos que la volonté de ne pas la faire souffrir:elle n'aurait été rien de plus qu'une aventure d'un soir pour lui, et ce n'était certainement pas ce dont elle voulait.
"Comme Joanne", lui murmura une petite voix venue de loin.
"Non, pas comme elle, ce n'est pas pareil ! " De rage, il serra son poing à s'en enfoncer les ongles dans la chair. Joanne était Joanne, et ce qu'il avait pu vivre était mort et enterré. "Pas complètement", s'avoua-t-il finalement. Oh, il l'avait aimé comme personne, ça, il n'y avait pas de doute. Mais la façon dont il lui avait prouvé laissait franchement à désirer. "Je l'ai trahie. Et assassinée. Belle preuve d'amour", songea Vahnan avec amertume.
Cette plaie non plus n'était pas refermée. Il y en avait décidément beaucoup qu'il croyait cicatrisées et ne l'étaient point, et beaucoup qui se rouvraient ces temps-ci.
Sentant qu'il était temps pour lui de s'éloigner quelques temps, il rentra à nouveau et boucla son ceinturon d'où pendait la longue épée et attrapa son arc long. Il passa le carquois en bandoulière et entra dans le corral, chargé de la selle de l'étalon noir. Namin s'accouda à la barrière.
— Vous partez ?
— Je vais juste chasser, répondit le chevalier. Si je reste longtemps ici, autant me rendre utile.
— Je vous accompagne, lança le garçon en enjambant les barres.
— J'aimerais autant y aller seul, répliqua-t-il.
Son ton n'avait rien de méchant mais sa profondeur dissuada l'adolescent de tenter une nouvelle approche.
Le gigantesque cheval de guerre partit d'un trot élastique le long du chemin qui serpentait dans la cuvette, et s'éloigna rapidement de la maison. Le silence qui régnait dans ce paysage automnal était toujours aussi lourd, à peine si le piétinement des sabots de l'étalon se faisait entendre. Comme si la monture et son cavalier ne voulaient pas troubler la paix de ces lieux. La présence du dragon, bien qu'ancienne à présent, se faisait toujours sentir. On aurait dit que son essence même était liée à la terre et qu'elle ne voulait pas abandonner les bienfaits qu'elle avait accordés.
Mais alors que Vahnan chevauchait parmi les décombres de ce qui avait été son enfance et son temple, il se mit à espérer. Les couleurs de ses anciens compagnons étaient si faibles qu'en temps normal cela aurait signifié qu'ils étaient morts. Cependant, ce n'était pas des circonstances normales. Depuis la chute de l'ordre de Sydonia lors du Grand Incendie, le roi et ses sbires n'avaient fait que pourchasser les derniers représentants des chevaliers pour mieux asseoir leur contrôle sur le pays. Auparavant, nul n'aurait osé contester un ordre donné par le premier maître dragon ou quiconque d'autre de ses subordonnés. A présent, c'était à peine si l'on répondait à Vahnan lorsqu'il demandait son chemin. Et le royaume avait grandit, étendant ses frontières bien au delà de l'océan du nord, balayant au passage toutes les cultures tribales indépendantes que l'ordre avait mit tant de temps à faire reconnaître.
Les chevaliers survivants des différents temples éparpillés aux quatre coins du royaume avaient été traqués impitoyablement. Vahnan ne s'était pas retrouvé directement impliqué, mais de nombreux échos lui étaient parvenus, remuant son âme jusqu'au tréfonds lorsqu'il avait appris pour ses frères d'armes. Sa culpabilité alors ne s'en était trouvée que plus grande.
Après les oracles, il avait immédiatement quitté le temple en compagnie de Manichéus afin de repartir pour le lointain royaume de Tossitdh où le roi avait expressément demandé leur présence. Une guerre menaçait ses frontières et sa position excentrée lui interdisait tout renfort. Cerné, il serait vite tombé. Seule la présence de chevaliers de l'ordre de Sydonia lui permettrait de s'en sortir. Mais à peine deux jours après leur départ, les compagnons s'étaient arrêtés dans une bourgade et avaient appris la nouvelle. De toute la force et la rapidité de leurs montures, ils avaient rebroussé chemin. Cependant, ils n'avaient retrouvé que des ruines encore fumantes et des cadavres. Trop.
Les deux hommes avaient à peine eu la force de sacrifier au rituel pour leurs morts. Les larmes versées s'étaient vite taries, remplacées par une haine farouche et implacable envers ceux qui avaient commis ce crime. Manichéus avait tenté de le dissuader de poursuivre les Cavaliers Sombres, mais Vanhan n'avait rien voulu entendre. Il lui fallait venger ses compagnons tombés. Son ami voulait retourner en Tossitdh aider le roi, mais il n'avait pas envisagé les conséquences d'un tel massacre: leur ordre n'était plus désiré. Ils ne l'avaient pas fait.
Vahnan tira sur les rênes de l'étalon et descendit de selle. Flattant l'encolure du cheval, il le prit par la bride et le mena plus loin en dehors du chemin où il s'assit. Manichéus était mort parce qu'il n'avait pas voulu rebrousser chemin. Et d'une façon stupide encore. Un accident. Confondus avec de vulgaires brigands.
De grosses larmes roulèrent sur les joues de Vahnan. Depuis si longtemps, il pensait cette blessure si ancienne apaisée elle aussi. Elle ne l'était pas plus que ce jour. Et elle durerait encore toute sa vie il en était sur.


Dernière édition par le Sam 17 Nov 2007 - 16:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Iron
Héros Légendaire
Iron


Masculin Nombre de messages : 1513
Localisation : Inconnue
Loisirs : Inconnus
Date d'inscription : 09/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 15 Avr 2007 - 20:29

Ouaho quelle fin, c'est vraiment triste.

Et puis Vanahn est vraiment un personnage génial.

Merci de nous avoir fait partager cette aventure.

(Toujours un petit problème de virgule, ce qui n'est pas spécialement dérangeant, mais peut être amélioré.)

Encore merci.

_________________
C'est un crapaud je vous dis, un crapaud ! Pas une grenouille.
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 15 Avr 2007 - 20:36

Iron a écrit:
Ouaho quelle fin, c'est vraiment triste.

Et puis Vanahn est vraiment un personnage génial.

Merci de nous avoir fait partager cette aventure.

(Toujours un petit problème de virgule, ce qui n'est pas spécialement dérangeant, mais peut être amélioré.)

Encore merci.

Oui pour une fin c'était ce qu'il y avait de mieux.Mais j'espère pouvoir trouver l'inspiration pour le continuer un jour parce que j'aime bien cette hisoire,même si elle était un peu trop inspirée au départ de Renégats de Gemmell.
Merci de tes appréciations Iron(et à tous),ça m'a fait vraiment plaisir.Et puis promis,le jour où je le continue,je ferais plus attention aux virgules! ::lol:
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeLun 21 Mai 2007 - 22:08

Ouin !!! Je veux la suite !!! peux pas attendre :'( ....
Je te préviens morrigan, je vais faire du forcing ^^
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMar 22 Mai 2007 - 8:45

Euh je suis désolée là mais j'ai pas...
L'autre histoire prend toute la place dans mon imagination mais je te promets que je vais tenter de faire un effort^^
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMar 22 Mai 2007 - 16:49

M'en moque, t'a interêt à faire quelque chose !!!! Veux la suite !!!!
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 23 Mai 2007 - 15:27

Bon alors voilà,chose promise chose due: Myrthe, je t'ai écrit la suite^^
par contre j'ai fait ça en une soirée,donc malgré l'inspiration subite qui m'a moi même étonnée,ce jet est une première version qui n'est,par définition,pas vraiment relue avec du recul.
j'attends vos critiques...


Dans un sursaut de fierté il s'essuya vivement le visage. Le grand homme qu'avait été Manichéus n'aurait sûrement pas voulu qu'il s'apitoie sur son sort. Tellement de choses restaient à faire dans ce monde. Même si Vahnan ne savait pas vraiment par où commencer, il devait bien se l'avouer.
Le vent se mit à souffler plus fort, toujours aussi froid malgré le soleil que l'on devinait percer derrière les nuages gris plombés. C'était une bonne chose. Il avait toujours aimé la pluie. Le chevalier ramena sa cape bordée de fourrure sur ses épaules et s'assit en tailleur. La première chose qu'il devait faire était de retrouver la magie. Et quel meilleur endroit que le temple lui-même ? Là haut, l'arc en ciel avait été vivace comparé à ces années de sevrage mais il devinait qu'aucun endroit au monde ne pourrait lui fournir de point de départ plus approprié que celui où tout avait commencé.
Régulant son souffle comme le lui avait enseigné Deran toutes ces années, il ferma les yeux et tenta d'accéder à cette partie de son esprit, étrangère à lui et pourtant toute entière à son service. Il visualisa le noir. Noir de la nuit, puis le noir du désespoir, noir de la mort, noir du néant. Le chevalier se laissa envahir par cette perception, laissant refluer ce qui n'appartenait pas à ces chères âmes qu'il s'apprêtait à rejoindre.
Comme la veille, le flot de couleurs qui le submergea était particulièrement pauvre en intensité. Néanmoins cela lui procura une indicible joie. Il avait retrouvé la magie ! Il pouvait de nouveau invoquer le symbole de son ordre ! De nouvelles larmes cascadèrent sur sa peau tannée mais elles étaient faite de joie. Et de soulagement. Tout ce qu'il avait cru perdu à jamais venait de lui être rendu et pour cela il ne serait jamais assez reconnaissant.
Il flottait dans un univers d'allégresse, l'arc-en-ciel déployé devant lui sur ce tableau noir, trame d'un secret unique et réservé à une élite. Dont il faisait partie. Dont il faisait toujours partie. Vahnan aurait pu rester là toute sa vie. Mais le spectacle de ces couleurs mornes et privées d'existence finit par affecter son esprit et sa joie retomba, lui rappelant des mauvais souvenirs qu'il aurait préféré oublier.
Une vibration soudaine remplit l'air. C'était quelque chose d'inhabituel et le chevalier fronça les sourcils. Jamais auparavant il n'avait entendu parler d'un tel phénomène. S'efforçant de conserver sa concentration il attendit la suite des évènements. Le bourdonnement s'amplifia jusqu'à atteindre une fréquence presque insoutenable pour une oreille humaine. Vahnan luttait pour rester conscient, des trilles aigus traversant violement son crâne.
Il ne comprenait pas ce qui ce passait. Parmi l'ordre, il était de notoriété public que rien ne pouvait altérer l'arc-en-ciel. C'était pourtant ce qui était en train de se passer. Quand Vahnan eut le sentiment qu'il allait s'écrouler de douleur, la vibration cessa aussi brusquement qu'elle avait commencée. Un instant plus tard un éclair lumineux la remplaça. Celui-ci fut très bref cependant, mais aveugla assez l'homme pour qu'il tombe face contre terre et ne bouge plus.
L'étalon noir s'approcha de son cavalier et le poussa du bout des naseaux. Doucement d'abord, puis avec plus d'insistance. Vahnan finit par émerger des brumes qui encombraient son esprit et s'aidant des poings, parvint à se mettre à genoux. Il avait le souffle court et une douleur sourde parcourait tous ses nerfs. Portant la main à son visage, il sentit vaguement qu'il saignait du nez. Il l'essuya d'un revers de main et tenta de se redresser. Plus faible qu'un nouveau né, il retomba et fut pris de nausée.
Vahnan était conscient que quelque chose d'unique venait de se produire. Il avait vu les couleurs. Comme la veille, elles ne luisaient plus –excepté la sienne et celle de Partacos. Comme la veille, il avait ressentit la présence de ses compagnons morts depuis longtemps, mais plus diffuse qu'un grain de sel dans la mer. Et puis cette vibration. Ce renouveau. Parce que Vahnan était sur qu'il s'agissait de cela. D'un signe. Le vert de Manichéus lui était apparu, plus brillant qu'aux jours les plus glorieux du grand homme, éclairant la nuit noire du vide tel un phare. Le dragon vivait toujours –et lui envoyait un signe.
Il était temps de reformer l'ordre et de repartir en campagne.
Prenant appui sur sa monture, le Chevalier Dragon s'avança jusqu'aux ruines de l'ancien temple. Il ne pourrait jamais le rebâtir et voulait s'en excuser. A nouveau du bout des doigts, il parcourut la forme délicatement sculpté du plus bel animal qui ait jamais hanté les terres de Fithiel: le dos droit et large, le long cou arqué synonyme de grâce et de majesté, la queue flottant derrière lui comme la plus somptueuse des capes, et les griffes acérées qui terminaient les robustes membres. Même la couleur ambre de la bête était fidèlement rendue.
Une bouffée de nostalgie envahit l'homme lorsqu'il s'agenouilla, plantant son épée ornée d'un rubis en terre –le salut rituel au dragon. La pierre brilla encore mais refusa de rester plus longtemps dans cet état. Comme pour faire croire à son porteur que tout ce qu'il avait vécu avant n'était qu'un rêve, quelque chose en lequel il voulait croire pour écarter la menace de mort qui pesait sur ses épaules. Comme s'il lui était possible de changer ce qui avait été prédit.
Qu'avait dit Partacos déjà hier, lorsqu'il était arrivé ? "Tu peux changer cela Vanhan. Reste avec nous. Le dragon s'est déjà trompé. Il n'y a pas de voie toute tracée". Non, il n'y avait pas de voie toute tracée. Vahnan commençait à le comprendre. Etait-ce pour cela que Manichéus n'avait pas voulu entendre sa prédiction ? Parce qu'il craignait de ne pouvoir rester maître de son destin ? Ce n'était jamais que des hypothèses –et jamais il n'aurait la réponse.
Vahnan baissa la tête en signe de respect.
— J'ignore ce que ce que signifie tout ceci, mais sache que je te suis toujours resté fidèle Dragon. Et si tel est ton souhait, alors je partirais reformer l'ordre de Sydonia.
Le vent mordit une nouvelle fois son cou et son dos, mais il n'en avait cure. L'esprit en ébullition il enfourcha l'étalon et le fit volter afin de poursuivre sa route vers la sortie de la cuvette herbeuse. Il avait besoin de rester loin de ses compagnons. Partacos voulait le refonder. Mais pourrait-il le faire loin d'ici ? Laisserait-il Ifalda et Namin ? Non. Pas plus qu'il n'en avait le droit. Alors peut-être était-ce ce qui était prévu. Il devait partir pendant que son ami, en tant que le Premier Maître Dragon qu'il était toujours se chargerait de l'éducation de ceux qu'il lui enverrait. Oui, là était sûrement ce qui arrangerait tout le monde.
Vahnan en était là de ces pensées lorsqu'un long hurlement porté par le vent automnale arriva à ses oreilles. Il n'était pas humain. Redoutant que les loups géants des montagnes du nord ne soient descendus si tôt dans la saison, il se prépara à rentrer. Mais un deuxième cri retentit dans la plaine. Celui d'un homme cette fois. Quel que soit le danger, Vahnan ne pouvait le laisser seul.
Son esprit lui criait de partir mais son coeur était encore trop profondément ancré dans les traditions et le savoir-faire de Sydonia. Sans même réfléchir, il lança le destrier au galop vers les collines qui surplombaient la cuvette. L'étalon ne se fit pas prier et fila comme le vent. Il avait sentit le danger bien avant son cavalier mais était calme et confiant en sa force et sa rapidité –tout comme l'homme qui le chevauchait. Mais d'ailleurs, n'était-ce pas pour cela que Vahnan l'avait choisit voilà plus de douze ans ? Il avait vu son reflet dans les yeux de la formidable bête.
Au sommet de la crête, le chevalier aperçut enfin ce qu'il cherchait. Un homme était adossé contre un arbre solitaire et tenait en respect quatre animaux gigantesques. Les Deathers, comme on les appelait, étaient des loups atteignant souvent un mètre au garrot à l'âge adulte, et d'une redoutable férocité. Ils vivaient dans les cimes les plus reculées des montagnes nordiques, mais une fois l'an descendaient en plaine afin de trouver de quoi survivre.
L'homme en lui-même n'avait rien à envier aux loups en matière de taille et de puissance –voire même de férocité. C'était un colosse blond imposant, aux larges épaules et aux jambes épaisses comme des troncs. Sa chemise de laine beige pendait en lambeaux sur un torse puissant mais couvert de morsures et de griffures ouvertes d'où s'écoulaient des rigoles sanguinolentes. Son pantalon de cuir brun n'avait pas meilleur aspect et une de ses bottes gisait à quelques pas, déchiquetée par de puissantes mâchoires. Il brandissait une énorme hache à une lame en forme de papillon qu'il agitait sous le nez des Deathers pour les tenir en respect. Mais malgré tout son courage il ne tiendrait plus longtemps si Vahnan ne l'aidait pas.
Les loups furent alertés de son arrivée par le bruit de sabots de l'étalon qui pila net à la demande de son cavalier.
Enfer ! Ces animaux étaient encore plus gros que les rares que le chevalier avait affrontés. Le meneur devait dépasser le mètre dix et peser au moins quatre-vingts kilos. Sa gueule garnie de crocs immenses et dégoulinante de bave et de sang se tourna vers lui. Avec un calme qui le surprit lui-même, Vahnan banda l'arc long qu'il avait déjà garni d'une flèche et visa soigneusement. Il n'avait jamais été un grand archer mais avec une cible de cette taille il ne pouvait pas la manquer.
Le trait empenné de noir se ficha dans la gorge du grand loup au moment où ses congénères repassaient à l'attaque sur le colosse. Lançant à nouveau l'étalon, Vahnan dégaina son épée et chargea, lame au clair. L'homme à la hache, surprit par le mouvement brusque des bêtes, faillit se faire renverser mais parvint à dévier l'assaut une seconde avant de se faire égorger. Le papillon de métal vola à travers les chairs de la bête, aspergeant ses cheveux et sa barbe blonde d'un immonde liquide noirâtre.
Dans un second temps, le chevalier enfonça son arme dans le dos d'un Deather tandis que son destrier se chargeait du dernier, lui défonçant le crâne à coup de sabots. Le guerrier, à bout de souffle, s'appuya sur sa hache mais ses jambes se dérobèrent sous son poids. Vahnan mit précipitamment pied à terre et s'agenouilla à son chevet. Il inspecta rapidement les blessures d'un oeil expert et acquiesça intérieurement. Bien que passablement graves, aucune n'était mortelle.
— Merci de ton aide mon ami, souffla le géant avec peine.
— Ne bougez pas. Je vais panser vos plaies les plus graves.
Il s'attaqua à celle qui courait sur le haut de la cuisse, vaste marbrure rouge dont les ramifications descendaient jusqu'à son genou, puis à celle qui barrait son torse de l'épaule gauche jusqu'au milieu du ventre. L'homme grimaça douloureusement mais stoïque, il refusa de crier. Son teint avait viré au gris cendre lorsque le chevalier termina son office, de la sueur dégoulinant le long de son front, collant sa barbe blonde embroussaillée à son menton carré.
— Quel est ton nom compagnon ?
— Vahnan.
Le géant soupira en voyant que son interlocuteur ne semblait pas disposé à la conversation.
— Moi c'est Hoaire.


Dernière édition par le Sam 17 Nov 2007 - 16:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 23 Mai 2007 - 17:36

Hum... comment dire ?

ENCORE !! ^^
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 23 Mai 2007 - 21:02

C'est gentil... Embarassed ::love::
Mais il faut que j'écrive un peu la suite d'abord!
Et puis j'aimerai bien (si le temps,si pas trop la flemme,j'en passe et des meilleures...)que vous me disiez ce que vous pensez réellement de l'histoire.
Je veux dire,les points positifs,les négatifs,les à améliorer parce que j'avoue que parfois j'ai un peu l'impression de tourner en rond...Alors si vous pouviez me dépanner...
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 23 Mai 2007 - 23:06

Je viens de lire ton récit et c'est vraiment sympa, bien écrit et équilibré. J'attends la suite.
La seul critique que je pourrais faire est que par moment j'ai perdu un peu le fil, obligé de relire le passage précédent pour mieux comprendre.
En ce qui concerne l'histoire elle ouvre plein de perspective, c'est trop tôt pour juger. Mais c'est vrais que l'on trouve de petite similitude avec Renégat mais si tu l'avais pas mentionné je ne m'en serait pas aperçu.
En tous cas ça semble prometteur et tu écrit vraiment bien.
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeSam 26 Mai 2007 - 14:11

Puis il y eu le retour.
Le travois de fortune à construire pour transporter le géant blessé qui n'aurait pas supporté un voyage à dos de cheval. Les pentes ardues à négocier à cause du mauvais temps automnal des derniers jours, transformant le sol en un grand bourbier. Les dérapages du grand cheval noir qui envoyèrent plus d'une fois Vahnan rouler dans la boue. Les froides rafales de vent soufflant de face qui ralentirent leur progression. Les heures les séparant du coucher du soleil qui défilaient dangereusement. Les hurlements de nouveaux Deathers au loin les poursuivaient. L'odeur fade du sang des monstres et de l'homme assaillait leurs narines en permanence, irritante et persistante, comme une seconde nature. Le chevalier espérait qu'il n'y aurait pas de prédateur à cette heure.
Lanceur commençait à s'épuiser. Tout destrier de guerre qu'il était, la charge qu'il avait à traîner sur une aussi longue distance et sur un relief aussi accidenté menaçait de le laisser sur le flanc. Ce fut donc avec un certain soulagement que Vahnan dépassa les ruines du temple –sans lui accorder un regard cette fois. La chaumière avait un aspect rassurant avec ses larges murs et sa cheminée fumante.
Les muscles raidis par ses efforts des dernières heures et le poids du colosse qu'il transportait, Vahnan franchit le seuil. La pièce principale était inondée d'une chaleureuse lumière rougeoyante et la température clémente. Partacos se leva d'un bond quand il le vit entrer avec son fardeau et l'aida à le transporter dans le grand lit de la chambre du fond.
— Qui est-il ? demanda Partacos lorsqu'ils revinrent dans la pièce principale, laissant Ifalda et son frère s'occuper des blessures de l'homme.
— Il s'appelle Hoaire.
— C'est un barbare.
Ce n'était pas une question, juste une constatation.
— Il a été attaqué par des Deathers, expliqua Vahnan en se mettant dos aux flammes.
— Si tôt dans la saison ? Il va falloir être plus prudent que d'habitude alors, répondit le Premier Maître avec un air sombre. Et toi mon frère ? Tout va bien ?
Vahnan acquiesça mais Partacos remarqua un léger trouble dans son attitude.
— Que se passe-t-il ?
— Je ne t'avais pas parlé de cela hier. Lorsque Ifalda m'a amené voir la tombe de Samiel j'ai revu l'arc-en-ciel. Je sais que cela ne t'est pas arrivé depuis toutes ces années et pourtant c'était réel. Et puis aujourd'hui, c'était encore plus étrange. Au niveau du temple, la couleur de Manichéus s'est ravivée...
Le visage de Partacos ne trahit aucune émotion –comme sa formation le lui avait enseigné – mais au ton de sa voix le chevalier ne fut pas dupe une seconde.
— C'est impossible...Il n'existe plus aucun autre chevalier à notre connaissance, ils ont tous été exterminés. Le dragon aussi –et ses congénères ne sont pas aptes à gouverner l'existence de notre Temple. L'irrydium ne peut être ranimé dans ces conditions, siffla-t-il un ton plus bas. Tu le sais aussi bien que moi.
Sa voix s'était faite plus dure à mesure qu'il réalisait l'énormité de ce qu'il avançait. Qu'un autre homme ait pu être appelé pour faire partie de l'ordre l'avait ébranlé malgré son farouche désir de le voir un jour renaître de ses cendres, car cela signifiait que le nouveau départ ne se prendrait qu'avec des changements, et il n'était pas sur de pouvoir les accepter.
Puis son éducation reprit le dessus sur ses sentiments et il retrouva son impassibilité.
— Pardonne moi, je ne voulais pas te traiter de menteur. Mais tu penses vraiment que cet homme...
— Pourrait être le nouvel appelé ? Oui.

Il courrait plus vite que jamais. Mais cette fois, il ne s'agissait pas juste d'échapper aux gardes après son larcin. Cette fois, il ne pouvait pas aller se cacher en attendant que tout se tasse. De lui dépendait le sort de Maman et Rita, à qui il avait promis de rentrer le plus vite possible –avec de quoi les guérir –parce qu'elles ne tiendraient sûrement pas beaucoup plus longtemps.
Un virage à droite. Un autre à gauche. Eviter les pavés défoncés du milieu de la route. Sauter le muret bas qui entourait la clôture du maréchal-ferrant. Il n'y pensait même plus, ses gestes étaient devenus automatiques. Fuir la garde. Fuir loin. La fiole de médicament battait contre sa cuisse, dangereusement exposée aux aspérités des murs qu'il devait longer. Il n'avait pas le choix cependant –il avait besoin de ses mains. Maman l'attendait.
Des cris à sa gauche lui indiquèrent une artère bloquée par les soldats et il vira à droite, dans une étroite ruelle encombrée d'immondices. Plus qu'une centaine de mètres et il serait à destination. Qu'importait si on le trouvait une fois qu'elles auraient eu le médicament.
Une dernière barrière à franchir. Il retomba souplement sur ses pieds et monta les escaliers miteux quatre par quatre, sans tenir compte du terrible tremblement à son passage.
La vieille serrure était défoncée. Par la porte ouverte, il pouvait voir quatre hommes en livrée royale qui s'affairaient autour des corps inanimés de Maman et Rita. La fillette aux cheveux sombres semblait plus légère qu'une plume dans les bras du grand soldat qui la portait, et Maman n'allait pas bien, il le voyait. C'était flagrant. Ses yeux bleus étaient grands ouverts et ils le regardaient d'une façon qu'il ne lui connaissait pas.
Il brandit sa fiole, le regard fier d'avoir réussit mais le coeur inexplicablement serré. Que faisaient ces hommes ici ?
Un qu'il n'avait pas remarqué –mais qu'il connaissait bien –s'approcha de lui. Il était très fin et d'une grande élégance dans sa livrée azur et argent. Les deux épées croisées cousues en fil d'or sur son pourpoint témoignaient de son grade. Malgré son jeune âge, ses longs cheveux noués en un catogan sur sa nuque avaient la même couleur argentée que son col. Il posa une main douce sur l'épaule du garçon et s'agenouilla face à lui.
— Je suis désolé Loup, dit-il doucement. Nous n'avons rien pu faire pour ta mère –mais on peut encore sauver Rita. Si tu nous laisses l'emmener.
Il n'eut pas la force de répondre à l'homme et hocha la tête, retenant ses larmes.
— Tu peux venir aussi si tu veux. Tu n'as plus rien à faire ici de toute façon.
— C'est ma maison ! protesta le gamin en sortant de sa léthargie. Je ne veux pas partir !
Le soldat soupira.
— Que fait-on capitaine Montclair ? tonna un autre soldat à la barbe grisonnante.
L'officier lui fit signe d'attendre.
— Tu sais Loup, ta mère avait une grave maladie. Une de celles dont on ne revient pas. Par mesure de précaution, on m'a ordonné de brûler ta maison. Tu ne peux pas rester ici. (Le garçon lui jeta un regard implorant). Le roi t'offre une place dans la caserne de la ville. Ca te va ?
— Et Rita ?
— Elle sera la bienvenue dans le pensionnat à côté du tien dès qu'elle sera rétablie.
Montclair se garda d'ajouter qu'il doutait fortement de cette probabilité. Que le gamin n'ait pas attrapé la diphtérie était déjà un miracle en soi, alors pourquoi lui donner d'autres raisons de désespérer après la mort subite de sa mère ?
— Je vous suis.
Le capitaine lui passa un bras autour des épaules et l'emmena dans la rue sous le regard des bonnes gens qui s'attroupaient déjà pour savoir de quoi il retournait, à la recherche de quelques nouveaux commérages. Loup ne se retourna pas lorsqu'il entendit les premières flammes lécher le bois sec et vermoulu de la vieille bicoque, lorsqu'il sentit les premières odeurs de fumée, le poing toujours crispé sur le flacon qui ne les avait pas sauvées. Mais les larmes coulèrent tout le long du voyage sur ses joues crasseuses. Il avait neuf ans aujourd'hui, et Maman n'était pas là pour les lui souhaiter.


Dernière édition par le Sam 17 Nov 2007 - 16:36, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 27 Mai 2007 - 16:23

Yes !!!!^^
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeDim 27 Mai 2007 - 17:10

Yes yes... c'est triste quand meme...

Mais toujours aussi bien !
Revenir en haut Aller en bas
Morrigan
modératrice
Morrigan


Féminin Nombre de messages : 3518
Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie
Date d'inscription : 11/03/2007

Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeLun 28 Mai 2007 - 19:30

Le passage de la bagarre des gamins est largement à refaire,mais j'ai pas encore eu le temps,désolée...

Les premières semaines furent les plus dures pour le jeune garçon qui fut malmené par tous ses camarades. Montclair l'avait bien avertit que cela se passerait ainsi, et puis progressivement il serait accepté. Après vingt-cinq jours à souffrir des brimades et injures de toute sorte, Loup commençait à douter. Le réfectoire était devenu un enfer, et le dortoir ne valait guère mieux. Sans les interventions répétées du maître de salle il n'aurait sûrement pas tenu plus de quelques jours. Sa maigreur ne s'était pas améliorée et des nombreux bleus venaient grossir les rangs de ses vieilles plaies.
Un jour, près d'un mois après son admission à la caserne, il fut introduit auprès du commandant en chef. C'était un homme dur, aux grands principes, mais jamais injuste et qui aimait profondément sa tâche. Il se dévouait corps et âme pour que ces orphelins puissent un jour trouver leur place. Sous sa houlette, la plupart entamait une carrière dans la Garde, et souvent fructueuse. Les autres embrassaient diverses activités –mais aucun ne tournaient jamais mal, comme les prédestinait leur ancienne vie. Dragster réussissait un coup de force permanent.
Le soldat trouva Loup prostré dans un coin du dortoir commun réservé aux jeunes nouveaux. De nouveaux hématomes enrichissaient son visage et son nez saignait. Le garçon étouffa un sanglot et essuya le sang, puis se mit au garde à vous.
— Le commandant veut te voir, fit le militaire.
Le garçon le suivit le long des couloirs de pierre nue, pataugeant pitoyablement dans ses grandes bottes, son uniforme trop grand pour lui tombant bizarrement sur ses hanches décharnées. Les coursives éclairées par des torches à moitié brûlées n'aidaient pas à rendre l'atmosphère agréable mais l'enfant ne s'en formalisa pas. Il était bien au delà de ces considérations.
Le soldat s'arrêta si brutalement devant une porte bardée de renforts métalliques que Loup faillit lui rentrer dedans. Il stoppa au dernier moment, s'évitant ainsi des remontrances supplémentaires. Lorsque l'homme eut frappé deux coups au battant, il l'ouvrit et le fit rentrer avant de refermer derrière lui. Loup ne se faisait pas d'illusion: si le commandant le demandait en pleine journée, ce ne pouvait pas être pour des raisons particulièrement plaisantes.
Il avança mais s'arrêta le plus loin possible du grand bureau les mains croisées dans le dos et la tête baissée, presque honteux.
— Approche mon garçon, dit doucement l'officier.
Dragster avait beau avoir dépassé la soixantaine, il gardait un regard perçant qui glaça le sang du gamin. Il passa un doigt dans sa barbe grise et sourit. Loup fit un nouveau pas tout aussi timide.
— Le capitaine Montclair m'a parlé de toi.
Il marqua une pause pour le laisser enfin proférer un mot.
— Vraiment monsieur ? dit-il d'une petit voix.
— Et il m'a dit beaucoup de bien. (Loup baissa encore plus la tête.) Maintenant raconte-moi ce qui te tracasse.
— Rien monsieur.
Le gamin devint écarlate jusqu'aux oreilles et porta la main à son nez pour essuyer le sang qui recommençait à couler, dessinant une fine traînée rougeâtre le long de sa pommette gauche. Il essaya de cligner des paupières afin de refouler de nouvelles larmes, mais le pourtour de son oeil droit était tellement boursouflé qu'à peine arriva-t-il à le fermer de quelques millimètres.
Dragster se pencha un peu plus par dessus son bureau.
— Je ne comprends pas. Pourquoi les laisses-tu te traiter de la sorte ? Tu n'as pas envie d'avoir des amis ?
— Si monsieur, répondit-il penaud.
— Alors ? Que comptes-tu faire ?
— Je... je ne sais pas monsieur...
Dragster soupira théâtralement. Il n'en attendait pas moins du gamin. Arrivé depuis peu, il était normal qu'il soit aussi réservé. Surtout face aux autres gosses qui prenaient comme malin plaisir de traiter les nouveaux comme leurs souffre-douleur. Pourtant les autres en étaient tous passés par là. Il était certes rare qu'il doive les faire venir dans son bureau, mais cela arrivait parfois, comme aujourd'hui.
Loup. Dragster n'avait jamais vu un prénom si mal porté... pour l'instant. Pourtant, si tout se déroulait tel qu'il le souhaitait, d'ici quelques années il serait capable d'intégrer l'armée royale, et dans le corps d'élite encore !
— A ton avis, quel est le but de ta formation ?
Le jeune garçon se mordit les lèvres et releva la tête, sans parvenir à regarder le commandant dans les yeux.
— Monsieur, je...
— Réponds-moi. D'après toi, qu'es-tu censé apprendre ?
— A me battre, monsieur. Connaître la stratégie.
— Et surtout ?
— Savoir quand et comment il faut s'en servir, récita Loup.
— C'est à dire ?
— "Protéger les faibles, défendre les démunis, assurer le maintien de l'ordre et châtier les coupables."
Il avait cela d'une voix atone, rassemblant juste ce qu'il fallait de mémoire pour ressortir les préceptes du maître officier Salow. Son esprit était ailleurs. Il se demandait pourquoi, puisque ces soldats avaient jurés de protéger les faibles, Maman avait pu mourir de la sorte, pourquoi toutes ces années ils en avaient été réduits à mendier ou à voler pour pouvoir survivre. Et surtout, pourquoi il avait de nombreuses fois faillit être puni pour ces larcins.
Sans les innombrables interventions de Montclair, il aurait depuis longtemps intégré une école de correction.
— Sais-tu d'où vient ce code, mon garçon ?
— Non monsieur.
— De l'ancien ordre de Sydonia. Ce n'est pas pour rien que nous avons voulu perpétuer leurs traditions: elles font des hommes respectables, quel que soit le métier qu'ils choisissent d'embrasser. Peu importe au final que tu deviennes soldat ou non. L'important pour toi doit d'être en paix avec toi-même. Et crois moi ou non, mais si tu manies une épée avec ton coeur plutôt qu'avec ta tête, tu ne seras jamais en paix.
«Maintenant, réfléchis. Que peux-tu faire pour qu'ils cessent de te maltraiter ?
— Me battre ?
L'idée ne semblait pas l'enthousiasmer outre mesure. S'il l'avait pu, il serait sans doute resté caché au fond de son lit toute la journée pour éviter les autres et se morfondre tout son saoul. Il était clair que ce gamin serait beaucoup mieux dehors. Mais Dragster ne pouvait pas se permettre de le laisser partir. Parce qu'aucun enfant en dessous de quinze ans ne pouvait vivre seul dans la rue, sous peine d'être conduit dans un orphelinat. Et si la vie à la caserne était dure, que dire de celle d'un tel établissement ?
— Qu'est-ce qui te gêne tant là dedans ? Tous les gamins de ton âge aiment se battre pour jouer.
— Maman m'a toujours dit que c'était mal. Que s'il y avait un moyen de l'éviter je devais le préférer.
— C'était une femme sage, acquiesça Dragster, et tu ferais bien de l'écouter. Mais il y a des moments où tu ne peux pas éviter le conflit. Alors la prochaine fois que Warwisk et ses petits copains te tombent dessus, je t'interdis de renoncer comme tu le fais d'habitude. Je me fiche de savoir comment tu vas agir –mais fais-le. Si ce n'est pas le cas, j'en serais avertis, crois moi. Et ce qui t'attendra te fera encore moins plaisir que de retomber entre leurs mains. (Alarmé par le ton autoritaire qui venait de changer si brusquement, les yeux de Loup brillèrent un instant de nouvelles larmes avant de retourner à la contemplation de ses bottes.) A présent, file. Tu as d'autres devoirs à accomplir.
L'officier le congédia d'un geste, replongeant dans ses papiers. L'enfant sortit sans bruit.
— Tu crois que c'est la bonne solution ? demanda Montclair en entrant.
— Je ne sais pas. Nous verrons bien de toute façon: il doit réagir.
— Oui, tu as sans doute raison. Mais j'ai peur qu'il ne se laisse aller. Il a beaucoup de potentiel et s'il comprend comment s'en servir…
— Alors nous aurons réussit.
Montclair secoua doucement la tête.
— Non –pas dans le sens où je l'entends. Il doit réagir c'est sur, mais imagine qu'il devienne pire qu'eux ? Ça c'est déjà vu, souviens toi.
— Roman, acquiesça Dragster en fronçant ses sourcils broussailleux. Loup ne tournera pas de la même façon. Ce gamin a le respect chevillé au corps ce qui n'était pas le cas de l'autre. Et il est plus jeune, donc plus susceptible de changer.
— C'est bien ce qui me fait peur…
— Je crois que tu t'en fais trop pour lui. Laisse-lui un peu de temps, ce n'est pas la première fois que nous avons un cas un peu délicat. Et nous n'avons presque jamais échoué.
Le capitaine ne releva pas le "presque", mais cela se sentit dans le regard qu'il jeta à Dragster.
En bas, dans la cour pavée où se relevaient les militaires en herbe, des cris retentirent. Les deux officiers se précipitèrent à la fenêtre.
Un groupe de gamins faisaient cercle autour de deux autres. L'un était à terre et l'autre se tenait au dessus, poings serrés. Le capitaine aux cheveux argentés reconnut celui à genoux. Loup. "Allez gamin, bats-toi bon sang ! "pensa-t-il.
Mais il ne semblait pas l'avoir entendu. Le grand se prépara à lui donner un nouveau coup de poing lorsque Loup se projeta de côté, lui fauchant les jambes au passage. L'autre tomba avec un bruit sourd, faisant monter de nouvelles exclamations du groupe d'enfants. Avant qu'il n'ait pu se relever, le jeune garçon lui plaqua un genou sur la poitrine, l'empêchant de bouger.
Sourd aux exclamations et aux encouragements de ses camarades, il refusa de lui donner le coup de grâce qui l'aurait envoyé au tapis, inconscient, à être ramené par les soldats. C'était toujours un moment humiliant pour les gamins, et Loup l'avait vécu plus que de raison. Le laissant se relever, il emboîta le pas au groupe qui l'entraîna loin, vers les casernements où se réunissaient les factions et clans. C'était dur d'y gagner sa place. Il venait de payer pour le savoir. Lorsque Warwisk, le "chef" des gamins apprendrait ce qu'il avait fait à son second, il y aurait deux solutions: il pourrait soit le rosser à son tour pour se venger de l'affront, soit lui donner la place du garçon déchu. La mine inquiète mais néanmoins réjouie, Loup sentait son coeur se gonfler de fierté...et de soulagement. Il craignait encore plus les punitions du commandant que les coups des autres enfants.
— Fer et acier ! Il a réussit ! jubila Dragster en gloussant.
— Oui. Il a eu de la chance de tomber sur Martin plutôt que Warwisk lui-même, mais c'est déjà un bon début. Il sera en confiance maintenant.
— Et il a gagné des amis, ajouta le commandant avec plaisir.
— Non. (Montclair se retourna, un sourire aussi éclatant que celui de Loup après sa victoire peint sur ses traits fins.). Il a fait mieux que ça. Il a gagné leur respect.


Dernière édition par le Sam 17 Nov 2007 - 16:38, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://roxannetardel.wordpress.com/
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMar 29 Mai 2007 - 21:58

Je vais dire comme myrthe jadore!!! La suite la suite!!!
Sinon je retrouve un un peu de la geste des dragons ?? Critique: très bien écrit par contre comment un dragon mort peu ne pas l'être ??? Suite au prochain numéro je suppose.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 30 Mai 2007 - 8:38

Bon, c'est pas pour dire, mais je te lacherais pas tant que ce récit ne sera pas achevé !!!!
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitimeMer 30 Mai 2007 - 12:03

Moi pareil, j'adore !

Critique ==> Et bien... euh... très bien =_="
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Chevaliers dragon Empty
MessageSujet: Re: Chevaliers dragon   Chevaliers dragon Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Chevaliers dragon
Revenir en haut 
Page 1 sur 8Aller à la page : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
 Sujets similaires
-
» Les chevaliers dragons
» Le cercle du Dragon
» Dragon de rubis
» Le dragon
» Silver Dragon.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Atelier d'écriture :: Au coin du feu :: Archives fantasy-
Sauter vers: