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 .Sans nom.

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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMar 27 Avr 2010 - 7:12

Superbe revirement de situation !

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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMer 28 Avr 2010 - 11:08

Merci les p'tis chats cat !Vous êtes adorables.
Bon, me rev'là pour la première partie du chapitre 19
Ce chapitre est très difficile à écrire, d'une part parce que c'est assez mouvementé et d'autre part parce que je vois la fin du récit arriver :(

J'éspère vraiment que ça va vous plaire, et que l'action est bien retranscrite.
Smile Smile Smile

_________________________________________________________

19

Soudain une lumière aveuglante inonda les environs faisant disparaitre ma deuxième vue. D’énormes projecteurs accrochés sur le toit éclairaient l’endroit. La maison était en briques couleur rouille avec des volets blanc écaillés. Au premier étage une des fenêtres pendouillait dangereusement, retenue seulement par un morceau de caoutchouc. Le bois sur le côté droit était moins effrayant en pleine lumière, la végétation n’était très pas dense. Benjamin m’attrapa la main et me tira derrière un mur de pierres à l’abri de la lumière.

_ Elle sait qu’on est là, chuchota Benjamin inutilement.

_ Fichu l’effet de surprise, il va falloir se battre plus dur encore, dit Nicolas à mon adresse. Il faut qu’on y aille tout de suite, pas le temps d’expliquer. Emilie dès que tu verras Irina mets ta deuxième vue.

Sur ces mots ils se levèrent Benjamin me tenant toujours la main. Nous détalâmes vers la maison. Le sol devant à cet endroit était un peu boueux mais ça ne dérangeait en rien notre course. Je me préparai faire affluer les picotements vers mes yeux. Nicolas fracassa la porte d’un coup de pied, je supposai donc qu’il était inutile de ne pas faire de bruit. Ma poitrine sembla soudain s’emplir d’un liquide acide. Benjamin lâcha ma main pour s’introduire dans la maison juste après Nicolas. Je le suivis, à l’intérieur une odeur de renfermé m’attaqua le nez alors que la présence de la chimère se faisait sentir de plus en plus en moi.

Nous avançâmes rapidement le long d’un couloir étroit qui donnait apparemment sur un grand hall au sol vert. Des planches et des débris jonchaient le sol, à chaque pas la brûlure dans ma poitrine était plus intense, venant lécher l’intérieur de ma gorge. Benjamin devant moi avançait d’un pas rapide mais prudent. Nous nous approchions inexorablement du danger, dans l’entre du monstre.

J’avais peur maintenant, une peur qui me déchirait les entrailles. J’avais peur de ce que j’allais découvrir et de ce que j’allais faire. Madame Bleau. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point je tenais à elle. Qu’elle soit insupportable n’avait plus la moindre importance. Je réprimai un frisson en imaginant ce qu’Irina avait pu lui faire. Nous approchions de la chimère et pourtant je ne sentais pas l’odeur de Madame Bleau. Un feulement furieux m’échappa, les picotements affluèrent vers ma tête. D’un saut je me retrouvai devant les deux amazones qui n’avançaient pas assez vite. Je me ruai en avant.

J’arrivai la première dans le hall au sol vert bouteille, trois piliers blancs soutenaient le plafond. Tout au fond à droite une double porte grise donnait sur un escalier. Sur le mur d’en face une petite étagère où trônaient de vieilles coupes de tournois de rugby à en juger le ballon ovale doré. Une grande baie vitrée donnait sur un grand jardin où les mauvaises herbes faisaient la loi. On aurait dit une mini jungle, ne manquaient plus que les animaux sauvages. Quoi que, il y en avait déjà assez dans le coin.

Je cherchai Irina des yeux, et fus surprise de la voir assise en tailleur par terre. Je m’étais attendue à la trouver prête au combat, les cheveux blond voletant autour d’elle comme une crinière, mi-accroupie mi-debout toute dents dehors. Là, elle avait l’air inoffensif presque fragile. Les yeux fermés, on ne voyait plus son regard noir et sa petite fossette lui donnait l’air d’un bébé. De longues mèches dorées encadraient son visage poupin. Elle me fit vaguement penser à une de ces poupée de porcelaine de l‘époque.
Je remarquai qu’elle serrait les dents, la bouche pincée elle tremblait légèrement. On aurait dit qu’elle était malade et qu’elle s’empêchait de vomir. Je reçu un petit coup sur l’épaule droite, Benjamin regardait droit devant lui. Je ne l’avais pas entendu arriver, Nicolas posté à ma gauche, non plus. Ils avaient tout les deux adopté une position défensive face à la petite poupée assise par terre. Comme s’ils s’attendaient à une attaque particulièrement violente.

Deuxième coup de Benjamin, je bougeai la tête vers lui, ses iris fendus étaient voilés. J’avais complètement oublié que j’étais censée me servir de ma deuxième vue. Les picotements se précipitèrent vers mes yeux bien que le hall soit très bien éclairé. Je vis l’image devant moi en noir et blanc dessinée en bleu. Je ne voyais pas vraiment ce que ça changeait de ne plus voir comme tout le monde.
Je reportai mon regard sur Irina, elle tremblait de plus en plus. Je ne savais pas pourquoi mais la panthère m’interdisait d’attaquer tout de suite alors qu’elle paraissait si vulnérable. Je fis un tout petit pas en avant, il y avait comme un champ magnétique très puissant autour d’Irina, impossible de l’atteindre. Soudain, il se passa quelque chose qui dépassait mon imagination. Je compris alors pourquoi les forces de Benjamin et Nicolas réunies n’étaient pas suffisantes pour terrasser la chimère.

Un cauchemar. Irina avait le dos légèrement courbé et émettait de longs sifflement aigus alors que la peau sur ses clavicules se déformait, du haut des bras jusqu’à la base de son cou. Je fus tellement choquée que je relâchais ma concentration, le hall m’apparut de nouveau en couleur. Dans la lumière Irina était normale, certes elle tremblait légèrement mais son corps était tout ce qu’il y a de plus normal. Je refis affluer les picotements vers mes yeux et la chimère en noir et blanc avait de nouveau les épaules complètement tordues. Ses tremblements se firent plus intenses, sous la peau quelque chose pointait en diagonale donnant une forme bizarre à ses clavicules. On aurait dit qu’elle se brisait à l’intérieur d’elle-même, peut-être pour mieux se reconstituer ? J’étais loin du compte ! Je ne pus réprimer un long grognement, aussitôt imitée par les deux amazones à mes côtés. Je sentais que le danger était grand et pourtant je ne voyais pas ce qui allait arriver. La panthère rugit en moi, bientôt je devrais me battre.

La forme se précisa de plus en plus laissant apparaitre l’esquisse d’une gueule d’animal. La peau se tirait, se déformait tellement que s’en était écœurant. Brusquement, deux énormes lions aux crinières imposantes surgirent des protubérances et posèrent leurs pattes sur le sol. Alors que tout autour de nous était en noir et blanc, je voyais les animaux en couleur. Ils étaient rouge-orangé et avaient les yeux bleu perçants. Leur pelage brillait comme s’il avait été au soleil et leurs iris étaient presque hypnotiques. On aurait dit qu’ils étaient faux, que ce n’était que la représentation non pas d’un monstre mais d’une déesse dont les lions seraient les gardiens. Le spectacle qui se jouait sous mes yeux était effarant et fascinant à la fois. Malheureusement tout était bien réel, soudain l’image de la blonde avec deux félins lui sortant des épaules m’arracha un feulement.

La chimère poussa un long sifflement alors qu’avec souplesse les animaux se dégageaient de son corps. Ils s’avancèrent vers nous majestueux tels des rois. Un troisième animal, que je n’avais pas vu sortir du dos de la chimère se posta à côté des autres puis ils se posèrent sur leurs pattes arrières en même temps. Dans cette position ils m’arrivaient presque à l’épaule. Ils n’étaient qu’a quelques mètres de nous, immobiles comme des statues. J’avais presque envie de les toucher pour voir s’ils étaient aussi doux qu’ils paraissent. Nicolas rugit, comme s’ils avaient entendu mes pensées. Un nouveau sifflement retentit alors qu’Irina faisait apparaitre d’autres lions. Je me concentrai sur elle.

On eut le droit à son petit tour de magie trois fois, et nous étions impuissants. Nous ne pouvions rien faire pour l’en empêcher, elle était protégée par le champ d’énergie. Lorsqu’elle ouvrit enfin les yeux, neuf énormes félins se tenaient devant nous, disciplinés, formant une ligne parfaite. Les lions écarlates détonant dans cette vision grise me donnèrent l’impression d’être dans un jeu vidéo ou dans une autre dimension… Irina resta assise, mais je sentis que sa protection disparaissait peu à peu. A ma gauche Nicolas gronda, pour nous dire de nous tenir prêts.

La blonde se releva lentement tandis que les lions se séparaient en trois groupes, chaque trio venant se placer docilement devant chacun d’entre nous. C’est seulement là que je me rendis compte de ce que qui allait suivre. Je ne voyais plus que sur les lions, j’occultai tout le reste pour me concentrer sur ce qui allait arriver. Soudain Irina poussa un sifflement à vous faire éclater les tympans.
Les lions réagirent à cet appel en se préparant au combat. Les yeux flamboyant et leurs énormes crocs acérés découverts, ils n’avaient plus l’air docile comme de gros nounours qu’on aurait envie de caresser. Leurs énormes pattes ornées de gigantesques griffes noires se posaient silencieusement sur le sol réduisant peu à peu la distance entre nous. Le silence de mort qui régnait contrastait terriblement avec la gravité de la situation. Comment est-ce qu’on allait pouvoir atteindre Irina avec cette garde rapprochée ? Les muscles tendu, j’attendais.

Un deuxième sifflement perçant retentit. Les trois lions se ruèrent sur moi comme un seul. La panthère rugit méchamment me secouant comme jamais, mon corps ne m’appartenait plus. Je plongeai au dessus des félins pour me retrouver derrière eux. J’attrapai un des lions par la queue, il était extrêmement lourd mais ma force décuplée me permit de l’envoyer s’écraser lourdement contre le mur au fond du hall. Le bruit du choc fut étouffé dans le concert de feulement et de rugissement qui emplissait la pièce. Le lion tomba à terre assommé, laissant un énorme trou dans le mur.

Je me retournai vivement et vis les deux animaux se jeter sur moi. Je ramassai une barre de fer et les frappai avec en pleine gueule, ils tombèrent en arrière. Soudain, on me déchirait le dos, un cri m’échappa. Je fis volte face et tombai nez à nez avec le premiers lion, il était dressé sur ses pattes arrières. Dans cette position l’animal faisait bien trois tête de plus que moi. Je n’eus pas le temps de réagir, il tombait déjà sur moi. Se fut comme si un mur s’était abattu sur moi. Non, en fait c’était pire que ça, c’était plus comme si j’avais été engloutie par une avalanche de poil et de muscles, ou comme si une montagne brulante s’était jetée sur moi. J’avais le souffle coupé, ses pattes bloquaient mes mains et mes pieds je ne pouvais rien faire. C’était étrange ces animaux sauvages se battaient presque comme des humains. Le félin ouvrit grand la gueule, ses énormes crocs n’étaient qu’à quelques centimètres de mon visage et ses yeux bleu perçants fixaient mon cou. Son souffle amer me souleva l’estomac. Il du se redresser un peu pour pouvoir enfoncer ses canines dans ma chair, ses pattes n’exerçaient plus trop de pression sur mes bras, je pus dégager mes mains.

J’eus pour seul réflexe de lui crever les yeux en y enfonçant les pouces puis j’y ajoutai les indexes. Un liquide transparent et chaud m’éclaboussa le visage. L’animal rugit de douleur et se dressa sur ses pattes arrières, j’eus tout juste le temps rouler sur le côté avant qu’il se s’abatte sur le sol. L’action n’ayant prit que quelques secondes, les deux autres lions était tout juste en train de s’approcher.
J’attrapai la barre de fer et les renvoyai voler d’un coup violent.
Le premier monstre était aveugle à présent, je sautai sur son dos et d’un mouvement sec je lui tordis le cou. Il disparut d’un seul coup comme s’il n’avait jamais existé et je tombai à genoux. Je fus tout de suite prise d’assaut par les deux félins restant. Un feulement monta de ma poitrine alors que je me ruai vers eux. Je me battais comme un animal, bondissant d’un côté où de l’autre pour les esquiver. Je leur jetai tout ce que je trouvais pour les atteindre sans avoir à trop m’approcher d’eux.

Bien que la vitesse à laquelle je bougeais rende le hall complètement flou, je remarquai qu’Irina s’enfuyait. Sa chevelure blonde voletant derrière elle avait filé par le petit couloir que nous avions emprunté quelques minutes plus tôt. Instinctivement je savais que plus elle s’éloignerait moins les lions seraient forts, c’est bien pour ça qu’elle était restée. Pourquoi s’enfuyait-elle maintenant ? Mon cœur eut un raté lorsque je vis Benjamin détaler à ses trousses. Benjamin, seul contre Irina. Il était blessé à la jambe gauche, il avait un déséquilibre. Il ne pouvait pas se battre contre elle, pas tout seul. Il fallait que je fasse vite.

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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMer 28 Avr 2010 - 18:41

Superbe ce début de bataille et très bien décrit !

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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeJeu 29 Avr 2010 - 18:37

Ben... je trouve cette bataille un peu maladroite. Ce qui se passe est passionnant et haletant, mais c'est pas parfaitement retranscrit. Déjà L'action est un tout petit peu linéaire et manque de swing dans le style... je ne sais pas trop comment le décrire, mais je pense qu'il faudrait un peu revoir ce chapitre.

Mes remarques en passant


Citation :
Soudain une lumière aveuglante inonda les environs faisant disparaitre ma deuxième vue.
Suspect Je n'aime pas trop cette phrase... "une aveulgante lumière fait disparaitre ma seconde vue"... c'est pas super clair, je pense que tu pourrais reformuler.


Citation :
Au premier étage une des fenêtres pendouillait dangereusement,
J'ai un peu de mal à visualiser ça.

Citation :
il va falloir se battre plus dur encore
J'imagine que tu veux dire que "le combat va être encore plus dur" ? Là c pas ocmplètement clair.


Citation :
Le sol devant à cet endroit
"devant à cet endroit" ça fait un peu bizarre.

Citation :
dans l’entre du monstre.
l'antre

Citation :
se déformait tellement que s’en était écœurant.
se déformant tellement que c'en était...

Citation :
Se fut comme si un mur s’était abattu sur moi.
ce fut
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 13:38

Coucou les p'tis chats.
Je reviens, en trainant les pieds, mais je reviens quand même Razz
Tout d'abborrd je tiens à vous remercier pour vos commentaires qui me sont toujours utiles, merci.

Bon deuxième partie du chapitre 19 (sans grand enthousiasme).
Je n'arrive à rien avec cette partie, alors je vous la soumets comme elle est, j'éspère que vos remarques pourront m'aider Smile
Merci les p'tis chats.


________________________________________________
Il fallait que je fasse vite.

Le félin que j’attaquai en suite n’eut pas le temps de réagir, je le frappais déjà avec ma barre de fer. Il ne recula que de quelques pas, je n’avais pas frappé assez fort. D’un coup de patte, il fit voler la barre de mes mains. Son flanc droit était dégagé, je frappai de toutes mes forces. Il s’envola presque gracieusement et traversa la baie vitrée. Dans une pluie de morceaux de verre.

Je n’ai rien vu arriver, je fus engloutie par un mur écarlate. Le sol trembla. J’avais le souffle coupé. Son haleine amère et brulante faisait danser mes cheveux détachés. Impossible de me dégager, ce lion était bien décider à ne pas commettre la même erreur que son semblable. Il allait me déchiqueter, plus le choix, je fis ce qu’inconsciemment je m’étais interdit de faire depuis le début. Ce qu’Emilie Bleau ne voulait pas devenir, un monstre. Tout au fond de ma tête derrière un épais rideau de fer, je savais que j’allais être obligée de faire ça un jour, je savais que j’achèverais ma transformation à un moment ou à un autre.
Un éclair de douleur traversa mes gencives alors que mes canines augmentaient de volume. Elles devinrent plus longues, plus larges, plus acérées, mais surtout plus puissantes que jamais. A ce moment là je cessai d’être moi-même, plus Emilie qui tienne. La gueule du lion à quelques centimètres de ma jugulaire ne me faisait plus peur. Pourquoi ? « Parce qu’ici c’est moi l’animal ! »

Moins d’une seconde plus tard je plantai mes dents dans la chair brulante du félin avant que lui ne puisse le faire. Le pelage de la bête était doux sur ma langue exactement comme je l’avais imaginé, sous ma main s’entend. C’était chaud et amer, manquant de m’étouffer j’avalai le liquide qui emplissait ma bouche. Sur le moment, ça ne me parut pas dégoutant, ni horrible. C’était normal, et même un peu agréable. D’un mouvement brusque je déchirai sa tête. Il disparut aussi. Un sentiment de triomphe indescriptible m’envahi, c’était plus fort que tout ce que j’avais jamais ressentis dans ma vie. Presque tout.
Je ne voyais plus le dernier lion, dans le jardin seul Nicolas s’affairait avec deux monstres. Les picotements tourbillonnaient dans ma tête embrumant tout le reste, je n’étais plus moi-même. Impatiente d’enfoncer les crocs dans sa chair et de la sentir se déchirer dans ma bouche, je jetai des regards frénétiques dans chaque recoin du hall. Sans que je ne fasse aucun effort, mon ouïe prit de dessus sur les autre sens. Un gros cœur battait au dessus de moi. Je me ruai vers l’escalier derrière les doubles portes grises.

A peine arrivée un tas rouge s’abattit sur moi. Nous traversâmes de toit dans un fracas à réveiller les morts. Lorsque nous nous percutâmes le sol, il vibra longuement. La violence du choc, me fit presque perdre connaissance. La deuxième vue avait disparu, j‘avas l‘esprit embrumé. Il n’y avait rien devant moi, mais mon bras fut déchiré. Une longue griffe le parcourrait. Scénario digne des films d’horreur. Curieusement, la douleur me remit les idées en place. Le hall redevint noir et blanc juste au moment où le lion s’apprêtait à me mordre, ses énormes pattes posées de part et d’autre de ma tête. J’attrapai le premier objet qui me tombait sous la main. Un long morceau de verre tranchant, il entama la peau de ma paume avant que je ne le plante dans le cou de la bête. Le lion rugit de douleur, j’en profitai pour planter mes dents dans sa chair. Juste sous sa crinière. Un craquement sinistre retentit, le lion disparut.

Ne raisonnait plus dans ma tête que « Benjamin seul contre Irina ». Un rugissement monta de ma gorge. Sans plus attendre, je me ruai dehors laissant Nicolas qui combattait le dernier lion. Mon dos et mon bras me faisaient souffrir mais j’occultai la douleur, ce n’était pas le moment. Instinctivement, je léchai la plaie sur ma paume. Elle se referma instantanément.

Dehors Benjamin combattait Irina. La chimère bougeait avec une telle rapidité qu’elle en devenait floue. Ses cheveux dorés voletant derrière elle émettait des sifflements aigus, elle avait l’air plus dangereuse que jamais. Benjamin lui aussi était aussi rapide que l’éclair. Alors qu’il assénait un coup de pied à Irina, je vis son visage en pleine lumière. Il était couvert de sang, une longue entaille lui parcourait le front, j’eus un choc. J’étais pétrifiée, comme si c’était la première fois que je voyais du sang. Il fallait que je bouge, mais je n’y arrivai pas. Et si Irina avait tué Madame Bleau, et si j’étais arrivée trop tard. Je fus parcourue d’un frisson d’horreur qui me figea encore plus, si c’était possible. J’étais sûre que si on me faisait tomber à ce moment là, je me serais cassée comme une statue de glace. Il me sembla que quelque chose de lourd tombait sur mon estomac. Non ! Je refusais de penser à ça.

Un cri retentit à l’intérieur de la maison se mêlant aux sifflements d’Irina. Soudain je retrouvai ma mobilité. J’allais aller voir ce qu’il se passait mais Benjamin fut déconcentré l’espace d’une seconde. Irina en profita et le frappa violement derrière la tête, il tomba face contre terre
Elle regarda en ma direction. Ses yeux noir se plantèrent dans les miens et un rictus mauvais se dessina sur son visage de poupée. Soudain, elle s’enfuit vers le bois.

La chimère grimpa à un arbre agile et rapide comme un singe. Benjamin s’élança à sa poursuite, mais elle avait trop d’avance. Encore près le de la porte, j’eus une idée. Il fallait faire vite, tant qu’elle était encore à ma portée. Je ramassai la portière de voiture, qui me parut légère comme une plume après les lions.

_ Benjamin, criai-je pour qu’il regarde en ma direction.

Ca me fit bizarre d’entendre ma voix, et en même temps cela me donna de la force.

Il jeta un bref coup d’œil en arrière sans ralentir puis, comprenant mes intentions, il dévia vers la gauche. Je pris une grande inspiration espérant que ça marche, puis lançai la portière comme un frisbee tout droit vers l’arbre que lequel était Irina. Une fraction de seconde et la taule percuta l’arbre dans un fracas digne d’un coup de tonnerre. Le bois explosa alors que la portière traversait le tronc, elle alla décapiter trois arbres avant de finir sa course profondément enfoncée dans le sol. Irina fut déséquilibrée et sauta sur un autre arbre qui lui aussi était en train de s’écrouler. La chimère parut un peu perdue puis sauta à terre, elle détala alors vers le pont. Légèrement plus rapide que nous, il était difficile de l’atteindre. Elle allait nous échapper, je forçai sur mes muscle pour aller plus vite, en vain. Si elle s’échappait s’en était fini de Madame Bleau.

Elle avait parcouru la moitié du pont lorsque d’un seul coup la lumière disparut. Je profitai de son hésitation pour bondir en avant comme je l’avais fait au dessus du lac. J’atterris juste devant elle.

Benjamin fut en en un instant près de la chimère encore déboussolée par l’obscurité. Je remerciai mentalement Nicolas pour avoir pensé à éteindre les projecteurs. Oui, les chimères n’y voient presque rien dans le noir, mais elles y voient assez pour se battre. Nous commençâmes un jeu de pieds, tournant en rond. Irina était concentrée sur nos pas. Puis tout ce passa très vite, je ne sus pas comment mais je lus les intentions de Benjamin dans ses yeux. Il se rua vers elle, Irina plongea à gauche juste là où je m’étais positionnée lorsqu’il avait fait mine de frapper. Je lui décochai un coup de poing en plein ventre. Sans attendre, d’un coup de pied, Benjamin l’envoya voler plus loin, je me postai à l’endroit où elle devait atterrir avant même qu’elle ne touche de sol. Je l’attrapai par le cou alors qu’elle était encore dans les airs et accompagnai sa chute en y mettant le plus de force possible. Le sol trembla lorsque sa tête claqua dessus. Un genoux bloquant ses jambes et l’autre appuyé contre sa poitrine, elle ne pouvait plus faire le moindre mouvement.

_ Où est Madame bleau ?, soufflai-je à son oreille sans plus attendre.

Ma voix la faisait souffrir, elle hurla les yeux exorbités. Je me demandai vaguement comment ma seule voix pouvait torturer une telle créature.

_ Je ne sais pas, hurla-t-elle. Je ne l’ai pas vue, je ne l’ai pas touchée.



Sa réponse me mit dans une colère noire, si bien que j’eus envie de la mordre. De la déchiqueter, de lui faire payer son mensonge. La panthère ne demandait qu’à l’achever. Je refreinai mes envies meurtrières, avant je devais savoir.

_ Où est Madame Bleau ?, rugis-je de nouveau.

Sa réponse se perdit dans un long cri.

_ Emilie, elle ne peut pas te mentir. Pas sous l’emprise de la Voix, dit-Benjamin tendu.

Hébétée, je ne comprenais pas. J’avais sentis son odeur sur elle, si elle n’était pas là où était-elle ? Je ne sais pas comment elle s’y prit, mais Irina profita de cette interruption pour me décocher un coup dans les côtes qui devaient être en mille morceaux à présent. J’étouffai un cri. Elle me repoussa violement.

_ Benjamin, comment va ta mère ?, siffla-t-elle une fois debout.

Ce fut sa dernière provocation. A peine avait-elle fini sa phrase que Benjamin et moi plongeâmes sur elle. Encore affaiblie pas la Voix, elle n’eut pas le temps de réagir, nos crocs s’enfoncèrent chacun d’un côté du cou d’Irina. Mes dents transpercèrent la peau comme si j’avais mordu dans une barbe à papa. Un peu en dessous de l’épiderme il y avait une deuxième membrane plus dure. Nous lutions chacun d’un côté de la chimère qui se débattait comme une diablesse. Soudain la deuxième peau de perça, un liquide chaud et amer emplit ma bouche. Je concentrai toute ma force dans la mâchoire. Dans un dernier craquement la tête se sépara du corps et vola par-dessus le pont emportant avec elle la vie d’Irina. La chimère s’effondra, décapitée, enfin morte. Le silence s’abattit sur nous, apaisant et terrifiant à la fois.

Je fus coupée du monde ne pouvant pas lever les yeux du corps sans tête d’Irina. Je n’arrivais pas à croire à ce que je venais de faire. Je me rendis compte de ce dont j’étais capable, ce que je pouvais faire, de l’ampleur de mon pouvoir. Les crocs dans ma bouche me gênaient, je ne voulais plus être un monstre.

Je priai intérieurement la panthère pour qu’elle me laisse « seule ». Victorieuse, elle était satisfaite et alla lentement se loger dans sa bulle chaude derrière mon estomac trainant avec elle les picotements qui parcouraient mes muscles. Mes canines se résorbèrent douloureusement pour retrouver leur taille normale, je n’avais plus de crocs. Enfin l’instinct retrouva sa cage et, pour la première fois, ce ne fut pas douloureux. Il fallait croire que la panthère avait renoncé à me mordre avant d’être réduite au silence.
Maintenant il faisait noir.

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Bon il ne reste plus qu'un petit chapitre pour cloturer ce récit.
::rolling::
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 18:32

Plutôt bien, j'arrive à visualiser assez bien la bagarre !

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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMar 4 Mai 2010 - 21:45

Vraiment pas mal du tout, bp mieux que le passage précédent. Rapide rythmé dicté par l'action. Vraiment bien.

Citation :
je le frappais déjà avec ma barre de fer.
frappai

Citation :
je n’avais pas frappé assez fort
tu répètes "frappé" une peu rapidement.

Citation :
je frappai de toutes mes forces
Même chose ^^

Super Bien la transformation complète Super

Citation :
plus Emilie qui tienne
manque un "" d' "" je pense

Citation :
A peine arrivée un tas rouge s’abattit sur moi.
"Tas rouge" :/ tu peux trouver mieux.

Citation :
mais mon bras fut déchiré
Surtout pas la voix passive durant une scène d'action. "un truc déchira mon bras" c'est directement plus puissant.

Citation :
s’en était fini de Madame Bleau
c'en était fini

Wow affraid Violente la mort de la chimère affraid


En plus une bonne petite fin en cliffhanger Smile La suite la suite la suite Smile
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 16:28

Merci tout les deux, vous êtes super!
C'est grace à votre aide et à vos encouragement que je poste aujourd'hui le dernier passage de mon récit.
Voilà on y est.
Je reviens pour la dernière fois pour ce récit.
Chapitre 20, je le mets entiers parce qu'il n'est pas aussi long que les autres.
J'éspère que vous allez aimer.
Bon la fin ce n'est pas de ma faute si elle est comme ça, je l'ai vue en rêve. Et y'a pas de SAV des rêves! Razz

_____________________________________


20

Je ne voyais plus clair, ma deuxième vue s’était éteinte lorsque la panthère avait été réduite au silence, pourtant je n’arrivais pas à détacher mes yeux de l’endroit où gisait le corps de la chimère.

_ Emilie.

Je ne souhaitais pas entendre qui que ce soit. Plus rien ne comptait à part le cadavre invisible devant moi.

_ Emilie, bouge !, s’impatienta-t-on.

Une main se posa sur mon épaule, je relevai enfin la tête. Malgré la pénombre je réussis à distinguer les contours du visage de Nicolas.

_ Va m’attendre dans la voiture, je vais cacher le corps. Elle disparaitra aux premiers rayons du soleil.

« Va m’attendre dans la voiture » aurait largement suffit. Je n’avais pas besoin de savoir deconnaître les détails. Pourquoi fallait-il qu’il m’explique tout maintenant ? Lui qui aimait tant parler par énigmes. Voyant que je ne réagissais pas il me secoua vivement.

_ Emilie !

Sa main était humide sur mon épaule dénudée, surement du sang. L’image du visage de Benjamin s’imposa à moi.

_ Benjamin ?, demandai-je soudain paniquée en me retournant vers l’endroit où il devait se trouver.

_ Il est parti, répondit Nicolas.

_ Parti ?, répétai-je bêtement.

Je ne l’avais pas entendu s’en aller. Pourquoi était-il parti ?

_ Va dans la voiture Emilie, répéta Nicolas. J’arrive tout de suite.

J’obligeai mon corps gelé à se mettre en marche. Nicolas eut la gentillesse d’attendre que je me sois éloignée pour faire ce qu’il avait à faire. Il me semblait que mes côtes étaient toutes brisées, mais la douleur n’était pas pire que celle aux endroits où les lions avaient profondément enfoncé leurs griffes et déchiré la chair. Je marchai lentement, je n’utiliserais pas mes pouvoirs d’amazones quitte à mettre une heure à arriver à la voiture.

Le silence de la nuit était étrangement apaisant, malheureusement pas assez pour dissiper le sentiment horrible en moi. J’avais tué. Non, j’avais sauvagement arraché la tête d’un autre monstre, comme moi. Pendant cette bataille je n’étais plus qu’une bête sauvage. J’avais même apprécié le goût du sang. J’avais tué mais le pire c’est que j’avais aimé ça l’espace d’un instant. «C’était pour sauver Madame Bleau », me dit la petite voix.

Madame Bleau n’était pas là ! Elle n’avait jamais été là. J’eus soudain le besoin de la voir, de vérifier l’exactitude des paroles d’Irina. J’avais encore plusieurs kilomètres à parcourir. En soufflant longuement je fis parcourir les picotements dans mon corps. Je me rendis compte que je n’avais jamais vraiment contrôlé l’instinct jusqu'à maintenant. La panthère m’obéirait à présent. A ma grande surprise, la chaleur qui envahit mon corps fut réconfortante en quelque sorte. Je filai.

En quelques secondes je fus près de la voiture, Nicolas m’attendait installé derrière le volant le moteur en marche. Je montai, en silence il se mit en route. La tête appuyée contre la vitre, je fus tout de suite absorber par mes pensées. L’image du corps mort de la chimère s’imposa de nouveau à moi, je n’arrivai plus à me l’enlever de la tête, elle était comme imprimer sur mes rétines. Je fermai fort les yeux mais rien à faire, je voyais toujours le corps décapité gisant dans une sorte de flaque d’un liquide transparent aux légers reflets bleu. C’était de pire en pire, maintenant je distinguai les détails.

Quelque chose s’était brisé en moi. Peut-être était-ce ce qu’on appelle l’innocence ? Mon premier « meurtre », j’avais du mal à accepter l’idée que j’avais tué quelqu’un ou quelque chose, peu importe. Si j’avais su à l’époque ce qu’avaient fait les chimères, je n’aurais pas ressenti tout ce tumulte à l’intérieur de moi. J’aurais accepté ma nature avec joie. Mais non, à ce moment là je me sentais salie, comme si mon âme avait été perforée pour ne plus être entière. J’aurais voulu perdre connaissance et ne me réveiller seulement lorsque cette horrible sensation aurait disparue. Mais non il fallait faire face, je ne pouvais pas fuir cette fois ci, ni me cacher.

_ Emilie, ne penses pas ça, soupira Nicolas. Tu as fait ce qu’il fallait faire, tu n’as rien à te reprocher. Irina nous aurait tués si elle avait pu, elle aurait tué beaucoup d’autres personnes. Tu ne sais pas ce qu’elle a fait.

Je n’avais pas pu cacher mes sentiments, je n’en avais pas la force. De toute façon je me fichais bien qu’il lise en moi ou non. Ces paroles m’effleurèrent à peine, je ne réagis pas m’enfermant dans la contemplation de la nuit qui défilait derrière la vitre. Trop lentement à mon goût, j’avais toujours le besoin urgent de voir Madame Bleau et de m’assurer qu’elle était en vie, malgré que mes pensées soient portées sur tout autre chose.

_ Tu peux accélérer ?, demandai-je d’une voix plate.

Le moteur rugit alors qu’il s’exécutait. Nous passions près d’une ville à ce moment là, les lampadaires étaient allumés. La voiture fut éclairée, un instant je vis Nicolas. Il était blessé, une longue entaille profonde courait sur son bras. Il remarqua mon regard, et eut un petit sourire.

_ Ne t’inquiète pas, je ne suis pas en plus mauvais état que toi, dit-il.

Je m’en fichais bien, tout ça c’était loin de moi. Dans un coin de ma tête tous mes nerfs hurlaient la douleur. Je ne saurais expliquer comment, mais les informations étaient bloquées si bien que je ne ressentais qu’une vague souffrance qui n’était située nulle part dans mon corps. Enfin nous arrivâmes dans ma rue, la voiture à peine arrêtée je bondis dehors. Nicolas se tenait déjà devant moi, il me tendit une veste.

_ Mets ça, dit-il. Et soigne vite tes blessures.

_ Merci, murmurai-je.

Sans le moindre effort, je fis taire la panthère. En enfilant la veste je courus vers le manoir, le gravier crissant légèrement sous mes pas. J’entendis le bruit du moteur lorsque Nicolas partit. J’ouvris la porte du manoir, tout doucement et entrai. Dans le salon à droite était assise Madame Bleau. Je fus paralysée par le soulagement. Ce fut comme quelque chose de chaud éclatait en moi envahissant peu à peu tout mon corps. Mes genoux manquèrent de se dérober sous moi tant la sensation était forte. Madame Bleau n’avait rien, rien du tout. Elle portait un tailleur couleur saumon et un foulard de soie blanc était attaché autour de son cou. Ses cheveux étaient attachés en un chignon bien serré, come d’habitude. Rien à signaler, elle était intact aussi bien physiquement que mentalement. Son esprit n’était pas abimé par la découverte de créatures mythologiques, elle était plus qu’intacte elle restait inconsciente du monde qui l’entourait.

_ Emilie !, s’écria-t-elle en se retournant.

Je me ruai vers elle, et la serrai dans mes bras. Ainsi Irina ne l’avait jamais kidnappée, je m’étais faite des idées. Pourtant son parfum était sur la chimère et elle avait semblé reconnaitre Madame Bleau dans mes souvenirs. De toute façon ça n’avait plus d’importance, elle était en vie. C’est tout ce qui m’importait pour le moment.

_ Enfin, mais qu’est ce qui te prends ?, s’impatienta-t-elle en se dégageant de mon étreinte.

Ses yeux s’agrandirent de surprise, en remarquant mon état.

_ Mais qu’est ce que tu as fait ?, s’écria-t-elle. Tu te dois d’être présentable en toutes circonstances. Regarde toi tu as l’air d’une sauvageonne. J’attends tes explications !

Même ses réprimandes me paraissaient agréables à l’instant. Heureusement que la veste cachait mes blessures et mes vêtements déchirés.

_ Je suis tombée en me promenant à la Ceinture Boisée, dis-je. Je me suis juste écorché poignets ajoutai-je envoyant le sang sur mes mains.

Elle leva un sourcil, Madame Bleau n’était pas dupe et en plus de ça mon excuse ne tenait pas la route. Je ne lui laissai pas le temps de réagir.

_ Désolée, dis-je, je ferais attention la prochaine fois. Je vais me changer.
Je fus soulagée qu’elle ne m’embête pas plus avec ça, et montai les escaliers deux par deux. James m’attendait en haut.

_ Emilie, s’exclama-t-il. Tu es revenue. Madame Bleau n’avait rien. J’ai complètement paniqué lorsque je l’ai vu revenir. Qu’est ce qu’il s’est passé ?... Je n’ai même pas pensé à essayer de te retrouver, ajouta-t-il confus.

Sa dernière phrase fit éclater la petite bulle de joie qui s’était formée dans ma poitrine lorsque je l’avais aperçu. J’eus un pincement au cœur en me souvenant que je l’avais forcé à rester ici, et en même temps j’étais contente de l’avoir fait.

_ Oui, je sais. Je suis désolée. Je t’expliquerai ce qu’il s’est passé plus tard… J’ai besoin d’une heure, tu pourrais lui dire que je suis dans la salle de bain si elle demande après moi, ajoutai-je en désignant les escaliers du menton.

Il sembla hésiter.

_ Je ne vais pas loin, juste chez Benjamin… C’est promis, ajoutai-je voyant son air perplexe.

Il acquiesça d’un bref signe de tête. Je lui souris du mieux que je pus, puis partis vers ma chambre. J’enlevai la veste que m’avait passée Nicolas, je fus surprise lorsque je me rendis compte que c’était une veste de fille, longue en cuir noir. Alors que j’allai enlever mon pull mon téléphone sonna. Je fouillai les poches de mon manteau encore posé sur ma commode. Appel privé, j’hésitai avant de décrocher.

_ Oui, dis-je.

_ Emilie?, demanda une voix stressée.

Selena.

_ Emilie?

_ Oui, répétai-je.

_ Je sais que tu ne veux pas me parler, mais c‘est important. Il y a une certaine Irina Sark…

Ah non ! Je ne voulais pas en entendre plus. C’était trop pour moi.

_ Elle est morte, la coupai-je.

Il y eut un long silence, seulement troublé par nos deux respirations. J’attendis qu’elle dise quelque chose, de toute façon qu’est ce que j’aurais bien pu dire. Le silence dura un long moment, je me demandai vaguement ce à quoi elle pensait à cet instant précis. Pour ma part, je comprenais maintenant le combat qu’elle voulait m’éviter. Je pouvais imaginer ce qu’il s’était passé dans sa tête lorsqu’elle avait décidé de partir. Peut-être qu’un jour je pourrais lui faire confiance.

_ Je suis désolée, dit-elle.

_ Moi aussi, répondis-je. Je dois raccrocher, au revoir.

Je n’attendis pas sa réponse et pressai le bouton rouge sur le téléphone. Je n’avais pas le temps ni le courage de me demander comment était-elle au courant pour Irina. J’avais d’autres choses en tête.

J’allai me nettoyer un peu dans la salle de bain. Enlever mon pull fut extrêmement difficile mais je fini par y arriver. J’attrapai une boite de coton-tige et en mis un dans ma bouche cependant que je passai un gant de toilette humide sur les plaies. L’entaille sur mon bras se referma rapidement. La blessure dans mon dos fut plus dure à soignée. Le lion m’avait griffé au niveau de l’omoplate gauche, je me contorsionnai comme je le pouvais mais n’arrivai pas à l’atteindre complètement.

Je soupirai d’agacement et de douleur, et remis correctement mon débardeur avant de sortir prudemment de la salle de bain. De toute façon il fallait bien que ça arrive un jour, j’appelai James discrètement dans le couloir, heureusement il était encore en haut.

_ J’aurais besoin d’aide s’il te plait.

_ Bien sur.

_ Entre, dis-je.

Il leva un sourcil, puis s’exécuta.

_ Tiens passe ça sur mes blessures, dis-je en lui tendant un coton-tige.

Lorsque je me retournai, je vis dans le miroir son regard choqué, qui devint soudain confus en faisant le lien entre ma blessure et le coton-tige. La situation me fit honte. J’avais honte de moi-même, de ma nature. J’avais honte d’être un monstre. Plus que tout j’avais honte de lui imposer ça.

_ James ?, demanda-je pour le tirer de sa réflexion. Je t’expliquerai tout plus tard.

Il s’exécuta, le contact du coton humide sur les griffures brulantes me fit du bien, déjà la douleur diminuait. James étouffa une exclamation de stupeur lorsqu’il vit la plaie de refermer lentement.

_ Merci, dis-je en me retournant.

Il me souriait timidement, je répondis à son sourire puis enfilai mon pull. James avait cette façon de rester silencieux tout en parlant. Ce petit sourire voulait dire « Je suis un peu déboussolé, mais ça ne me gêne pas». Je n’avais pas le temps de retourner chercher d’autres vêtements alors j’enfilai la veste que Nicolas m’avait passée.

_ Je vais fermer la porte à clé, pour qu’elle ne se doute de rien, dis-je.

_ J’exige que tu m’expliques tout depuis le début lorsque tu rentreras, ce contenta-t-il de répondre.

J’acquiesçai, et il sortit de la salle de bain. Je m’empressai de fermer la porte et ouvris la fenêtre. Je pris une grande inspiration qui me déchira les côtes, puis sautai. J’atterris sur mes pieds comme un chat, puis courus le plus vite que je pus tout en me demandant pourquoi j’agissais comme ça. J’aurais du attendre, demain pour aller le voir, le temps qu’il se remette, que je me remette ou je ne sais quoi. Mais je ne pouvais pas rester chez moi comme ça, avant de l’avoir vu. Je ne savais pas vraiment pourquoi mais j’avais besoin de le voir. Avant… Avant je ne sais pas quoi. Mais il fallait absolument que je le vois, que je m’assure qu’il était en un seul morceau. Un sentiment d’urgence indescriptible me labourait de l’intérieur.

Arrivée chez Benjamin, Nicolas m’attendait sur le perron.

_ Et tu n’as même pas pris la peine de te changer, dit-il.

_ Où est Benjamin ?, demandai-je.

_ Il n’est pas là. Il est rentré, puis est ressortit avant même que nous revenions.

Je commençai à m’inquiéter sérieusement, plus vraiment pour sa santé mais pour quelque chose d’autre. Et en même temps je n’arrivai pas à mettre le doigt sur ce qui me faisait peur.

_ Essaye le parc, me dit Nicolas.

_ Merci, dis-je.

_ Tu t’es très bien battue, me dit-il.

Cette dernière phrase m’arracha une grimace, je n’avais pas envie d'entendre ce genre de choses. Jamais. Je partis vers le portail en courant. La souffrance physique menaçait d’exploser à chaque pas. Bien que mes blessures soient guéries, il restait encore mes côtes qui avaient subit l’assaut d’Irina et celui des lions. J’avais déjà très mal, après être rentrée du lac et ce combat avait empiré les choses.

Le lac. J’avais l’impression que tout c’était passé plusieurs jours avant. Je n’arrivai pas à croire que tout avait basculé en quelques heures seulement. Ma vie serait différente maintenant, à jamais. Je repoussai le flot de souvenir et de douleur, je devais garder toute mes capacités physiques et mentales.


Benjamin était assis sur un banc juste devant les jeux pour enfants. Il s’était changé. Vêtu d’une chemise blanche et d’un jean bleu, il n’y avait plus aucune trace du combat sur lui. Bien qu’il m’ait entendu arriver il ne bougea pas, les mains jointes et la tête baissée. J’allai m’assoir près de lui en silence. Nous restâmes un long moment comme ça, dans le silence de la nuit. Je ne ressentais rien de sa part, il était inaccessible, j’en fus soulagée et en même temps ça me faisait peur. Le vent léger me faisait du bien. Ah!, s’il avait pu éparpiller tous nos tourments, les dissoudre en de minuscules particules. Les disloquer pour les priver de leur pouvoir, puis les emporter loin, de cette ville, de ce monde.

_ Désolé, dit-il brisant le silence.

Je ne répondis pas, et me contentai de poser ma tête sur son épaule, puis me ravisai en me souvenant que j’étais toute sale encore. Il restait du sang dans mes cheveux, bien que je me sois nettoyée un peu. Il me jeta un regard interrogateur.

_ Ta chemise, dis-je.

Regard insistant.

_ Elle est blanche. Je vais te salir.

L’ombre d’un sourire se dessina sur son visage.

_ Ne dis pas n’importe quoi, dit-il en me tirant vers lui.

Je reposai ma tête, sur son épaule. Le silence était agréable et pourtant, je savais qu’il ne durerait pas. J’avais une boule dans l’estomac. La pluie commença à tomber, doucement d’abord puis se transformant peu à peu en une grosse averse. Malgré ça, nous restâmes là. J’aurais aimé que cette pluie me lave de ce sentiment de culpabilité horrible qui me tiraillait. Qu’elle me fasse oublier ce que je venais de faire, et ce que j‘étais. Mais le vent n’est que du vent, et la pluie n’est que la pluie. Aucun élément, aussi puissant fut-il, n’aurait pu effacer ce que je ressentais ni ce que je présageais.

_ Et ça change quoi, cracha soudain Benjamin avec tant de haine que je sursautai presque.

Je me redressai pour le regarder, mais n’osai pas demander ce dont il parlait. Parce que je le savais. Le pire était à venir. Ses mains commencèrent à trembler légèrement et son expression devint dur, pleine d’une rage trop longtemps contenue.

_ Elle est morte, et ça change quoi, siffla-t-il.

Je restai silencieuse comme une idiote. Aujourd’hui encore je m’en veux je ne pas avoir parlé, bien que je sache que ça n’aurait rien changé.

_ Ca ne change rien, rien du tout.

Un flot de sentiments m’assaillirent, une haine profonde et douloureuse. Je réprimai une exclamation tant les sentiments étaient forts et violents, destructeurs. J’eus aussi mal que lui, les larmes me montèrent aux yeux. La vengeance ne résout rien, voilà ce qui le tuait presque maintenant. Il se leva d’un coup. Benjamin respira longuement et redevint inaccessible.

_ Emilie, je dois partir, souffla-t-il d’une voix d’où perçait la souffrance.

Je savais ce qu’il entendait par partir, j’en eus le cœur serré. M’efforçant de garder mes sentiments pour moi, je relevai la tête pour le regarder.

_ Où ?, demandai-je.

_ Je ne sais pas. Mais je dois partir.

L’entendre une deuxième fois, me fit vraiment prendre conscience de qu’il se passait. La barrière qui retenait mes sentiments céda.

_ Je suis désolé, pour tout, dit-il.

« Ne t’en fais pas, je comprends. », aurais-je du dire. Parce que, oui, je comprenais. Je serais partie moi aussi si j’avais pu, j’aurais quitté la ville le pays même. Pas pour les mêmes raisons exactement, mais le besoin de fuir la réalité était le même. Je regrettai de ne pas pouvoir disparaitre de la circulation moi aussi, aller me percher sur le sommet d’une montagne et n’en descendre que lorsque mes cheveux auraient poussé jusqu’au sol. C’était à peu près le temps dont j’aurais besoin pour passer à autre chose normalement. Je ne pouvais pas partir, mais lui si.

_ Quand est-ce que tu pars ?, demandai-je.

Ses lèvres se pincèrent, et ses sourcils se froncèrent, ça ne présageait rien de bon.
_ Maintenant, lâcha-t-il.

Je m’en doutais, mais ce n’en fut pas moins douloureux heureusement que j’avais de nouveau bloqué mes sentiments.

_ Tu reviendras un jour ?

Il sembla hésiter.
_ Oui… Oui je reviendrais, ajouta-t-il comme pour s’en persuader.

Il y avait peu d’espoir, je n’en fus que plus déchirée. Il ne reviendrait surement pas de si tôt s’il pensait comme moi. Combien de temps pour qu’il se fasse pousser la barbe sur plusieurs milliers de mètres ?

_ Je le promets, dit-il, dans pas longtemps.

Cette phrase fut plus assurée que la première, et la promesse paraissait sincère. Je me forçai à lui sourire.

_ Au revoir alors, dis-je aussi calmement que possible, comme si j’allai le revoir demain en cours.

J’avais bien insisté sur le « au revoir », il venait de promettre qu’il ne reviendrait alors pas d’adieu. Il me gratifia d’un demi-sourire et partit. Comme ça, sans un mot de plus. Je le suivis des yeux, jusqu'à ce qu’il disparaisse dans la nuit…
Il m’arrive encore de lui en vouloir. Tout aurait été différent s’il ne m’avait pas laissée seule. Et en même temps il ne pouvait pas rester.

Après ça, mon destin était scellé. Peu après la chasse a commencé, le combat d’une vie, le tourment d’une âme, l’apogée du crime, la fin d’une existence. Mes choix pervertis par la solitude, je ne serais plus qu’une marionnette. Malheureusement je ne savais pas tout ça, et même si je l’avais su je n’aurais pas pu changer grand-chose, à part peut-être mon regard sur le monde.

Et je restai là, sous la pluie. Bientôt je devrais rentrer, tout expliquer à James et faire face à la vie. Mais pour le moment je savourais amèrement le calme environnant.


_____________________________________________________

Voilà c'est fini Emilie Bleau pour le moment.
Alors qu'est-ce que vous en avez pensé pour un premier récit?
(bon j'avoue c'est le deuxième mais le premier je ne l'ai jamais fini et n'avais écrit que quelques pages Razz)
Est-ce qu'il y a eu des incohérence?
Est ce qu'il y a des points que j'aurais du éclaircir?
Surtout est ce qu'il a des choses qui vous ont parut trop cliché?
Et bien sur est-ce que ça vous à plu?
Est-ce que vous auriez envie de lire la suite?^^

(Un titre qui vous vient en tête pour ce récit? Razz)

Voili voilou! En tout cas ça a été un plaisir de partager ça avec vous, et je ne me serais jamais cru capable d'écrire une vraie histoire avec un début un milieu et une fin.

::rolling:: bounce ::rolling::
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 0:34

Encore un bon chapitre, il y a de petites choses à revoir, mais seulement des détails.

Citation :
Je n’avais pas besoin de savoir deconnaître les détails.
"De savoir" en trop.

Citation :
j’avais sauvagement arraché la tête d’un autre monstre, comme moi.
Je pense que tu devrais choisir entre "Un autre montre" ou "un monstre comme moi" les deux en même temps c'est trop.

Citation :
je fus tout de suite absorber par mes pensées
Déjà c'est "absorbée" et je n'aime pas trop la formulation.

Citation :
elle était comme imprimer sur mes rétines
imprimée

Citation :
elle était intact aussi bien
intacte

Citation :
elle était plus qu’intacte elle restait inconsciente du monde qui l’entourait.
"d'autant plus" ?

Citation :
ce contenta-t-il de répondre.
se contenta-t-il

Citation :
Après ça, mon destin était scellé. Peu après la chasse
répétition de après

et enfin génial Super génial Super

Le conclusion est sympa... manque un tout petit peu de punch. Mais là je suis un peu fatigué je n'ai pas de suggestions. Je repasserai demain ^^


Beau travail ! Très beau travail Very Happy Cette histoire est vraiment très sympa, et ça a été un plaisir de la suivre d'un bout à l'autre. Ton histoire a une très grande force, c'est la personnalité de l'héroine, j'aime énormémént émilie, et je suis très impatient de découvrir ses nouvelles aventures Smile

Je n'ai pas remarqué d'incohérences, mais je vais relire un peu tout à tête reposée et je te dirai ça. Même chose sur les points à éclaircir.

Non justement pas de cliché c'est une des forces de l'histoire Smile

Oui ça m'a plu cheers Prix du jury Gringo de cannes Very Happy

La suite La suite Smile
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 8:17

Joli petit massacre : Brrr ! Une fin un peu étrange, mais qui laisse la place à une suite ! Very Happy

Spoiler:
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MessageSujet: Re: .Sans nom.   .Sans nom. - Page 8 Icon_minitime

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